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lundi 7 novembre 2005

Robert Schuman - Père de l'Europe

Robert Schuman

Biographie

Robert Schuman (29 juin 1886 à Luxembourg dans le quartier de Clausen - 4 septembre 1963 à Scy-Chazelles) était un homme d'État français.

Sa mère était luxembourgeoise, c'est ainsi que le jeune Robert Schuman fréquenta l'école primaire et secondaire à Luxembourg. Ayant fait ses études supérieures de droit en Allemagne à Berlin, Munich, Bonn et Strasbourg, il ouvre un cabinet d'avocat à Metz en juin 1912. Deux ans plus tard, la Première Guerre mondiale éclate ; Robert Schuman est réformé pour des raisons de santé.

En novembre 1918, l'Alsace Lorraine fête son retour à la France et Robert Schuman entre en 1919 au Parlement comme député de la Moselle. En 1939, une nouvelle guerre éclate et en mars 1940, Robert Schuman est nommé sous-secrétaire d'État pour les Réfugiés. Le 10 juillet 1940, il attribue avec 568 autres parlementaires les « pleins pouvoirs » au maréchal Pétain. De retour en Lorraine, il est arrêté par la Gestapo et mis au secret dans la prison de Metz, puis transféré à Neustadt en Rhénanie-Palatinat le 13 avril 1941. Il s'évade et réussit à rejoindre la zone libre en août 1942 en passant par l'abbaye de Ligugé.

Président du Conseil (1947) (MRP), puis Ministre des Affaires étrangères (1948-1952), il fut le grand négociateur de tous les traités majeurs de la fin de la Seconde Guerre Mondiale (Conseil de l'Europe, pacte de l'Atlantique Nord, CECA, etc.).

C'est à ce titre qu'il proposa, par sa Déclaration du 9 mai 1950, de placer la production franco-allemande du charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. Cette proposition entrainera la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier qui est à l'origine de l'actuelle Union européenne.

De 1958 à 1960, il est le 1er Président du Parlement européen qui lui décerne, à la fin de son mandat, le titre de « Père de l'Europe ».

Un procès en béatification de Robert Schuman a été ouvert par l'Eglise catholique.

Source : Wikipedia

La déclaration Schuman

Le timbre Robert Schuman

La "déclaration Schuman" du 9 mai 1950, relative à la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, soigneusement préparée avec Jean Monnet et son équipe, illustre bien les finalités de la construction européenne; elle reposait sur un tryptique fondamental : réconciliation, solidarité, paix.

Quelle actualité encore aujourd'hui !

Le texte : Déclaration Schuman

La vidéo : Déclaration Schuman

Son message politique

Voici ce que Robert Schuman, Président au Parlement européen de 1958 à 1960, écrivit, au cours de l'été 1963, peu avant sa mort le 4 septembre, dans l'avant-propos de son livre "Pour l'Europe" :

"Les dures leçons de l'histoire ont appris à l'homme de la frontière que je suis à se méfier des improvisations hâtives, des projets trop ambitieux, mais elles m'ont appris également que lorsqu'un jugement objectif, mûrement réfléchi, basé sur la réalité des faits et l'intérêt supérieur des hommes, nous conduit à des initiatives nouvelles, voire révolutionnaires, il importe -même si elles heurtent les coutumes établies, les antagonismes séculaires et les routines anciennes- de nous y tenir fermement et de persévérer".

Robert Schuman était un visionnaire. Ainsi, plusieurs de ses déclarations se révèlent aujourd’hui, plus de 50 ans plus tard, d’actualité :

« L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle dans le sens le plus élevé de ce terme. » (Pour l’Europe)

« Une tâche européenne, constructive et valable, consiste sans doute à assurer la défense collective contre toute agression possible. » (Pour l’Europe)

« Nous devons faire l’Europe non seulement dans l’intérêt des peuples libres, mais aussi pour pouvoir y accueillir les peuples de l’Est qui, délivrés des sujétions qu’ils ont subies jusqu’à présent, nous demanderaient leur adhésion et notre appui moral. » (1963)

« L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain. » (déclaration du 9 mai 1950)

Source : Le message politique de Robert Schuman

Sa maison

La maison de Robert Schuman

En 1926, Robert Schuman achète une propriété conforme à ses goûts, à Scy-Chazelles, un village niché sur le versant du Saint-Quentin, hauteur qui forme la toile de fond du pays messin. On peut aujourd’hui visiter cette maison historique, une demeure, simple et austère, ancrée dans un paysage symbolique d’une grande harmonie.

Elle surplombe la vallée de la Moselle. Celle-ci, depuis la nuit des temps, établit un lien vivant entre des régions et des pays à la fois bien distincts et complémentaires. Le lieu est propice à la méditation. Les aléas de l’histoire se reflètent, en bas, dans les eaux calmes du fleuve.

Le parc de la Maison de Robert Schuman a été en partie transformé en un « jardin des plantes de chez nous» et un jardin d’ombre. Ce jardin fait partie du réseau « Jardins sans frontières ». Il a été mis en place par le Conseil général de la Moselle et le Kreis de Merzig-Wadern.

De l'autre côté de la propriété, à deux pas, au-delà de la rue paisible, s'élève une émouvante église fortifiée, édifiée au XIIe siècle dans laquelle repose le Père de l'Europe.

Source : La maison de Robert Schuman

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le Centre Robert Schumann.

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samedi 29 octobre 2005

Chirine Ebadi, Prix Nobel de la Paix en 2003

Chirine Ebadi

Chirine Ebadi (شیرین عبادی en persan ; née en 1947) est une avocate iranienne, défenseur active des droits de l'homme. Elle a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2003 pour son action en faveur des droits de l'homme et la démocratie. C'est la première femme musulmane et la première iranienne à recevoir ce prix.

Elle fut aussi la première femme en 1974 à être juge en Iran. Elle a dû abandonner son poste en 1979 à cause de la révolution iranienne lorsque des religieux conservateurs ont pris en main le pays et fortement limité le rôle des femmes.

Elle enseigne actuellement le droit à l'Université de Téhéran et œuvre pour la défense des droits des enfants et des femmes.

Elle est la porte-parole officieuse des femmes iraniennes qui ont joué un rôle clé dans la campagne présidentielle de Mohammad Khatami et depuis elle se bat pour que les femmes aient un plus grand rôle dans la vie publique.

Elle est aussi connue pour prendre la défense des dissidents de premier plan comme celle de la famille de Dariush Farouhar et de son épouse qui ont été retrouvés battus à mort. Il s'agit d'intellectuels menacés par des extrémistes opposés à la politique de Khatami qui a libéré le droit d'expression.

En 2000, Ebadi a été accusée d'avoir distribué une cassette vidéo montrant un de ces extrémistes révélant que des dirigeants conservateurs sont à l'origine de ces violences. Elle a été condamnée pour cela à une peine d'emprisonnement et une interdiction d'exercer. Ceci a attiré l'attention du monde sur les violations des droits de l'homme en Iran.

Elle fait partie de la direction de l'Organisation iranienne de protection des droits de l'enfant et de l'Association des défenseurs des droits de l'Homme en Iran.

Source : Wikipedia

Citation sur la loi française sur l'interdiction des signes religieux à l'école

Je suis d'autant plus contre cette loi qu'elle concerne les écolières. Je considère que celles-ci subissent ainsi une double punition. La première est d'être nées, bien involontairement, dans une famille fondamentaliste qui les oblige à porter le voile. La deuxième est d'être interdites d'écoles, donc de ne pouvoir profiter de la culture qui est leur seule chance de pouvoir s'émanciper. En voulant lutter contre les fondamentalistes, cette loi ne fait que les aider. Parce que ces filles, qui n'auront accès ni à la culture ni à l'instruction, seront les meilleures proies des fondamentalistes : exclues, elles vont se marier, avoir des enfants qui seront les intégristes de demain. D'une manière triviale, je vous dirais que cette loi sert la soupe à tous les extrêmistes : les intégristes, mais aussi les radicaux du Front national !.

Paru dans Le Monde des religions (Juillet-Août 2004) - Article : Sur la loi française sur l'interdiction des signes religieux à l'école

Source : Wikiquote

Réflexions

Les mots "intégriste", "extrémiste" nous mettent dans une position de rejet par rapport à ces personnes, ce qui nourrit davantage cet "intégrisme". Nous-mêmes nous nous comportons alors comme ceux-là mêmes que nous condamnons.

Il est évident que l'intégrisme existe, et qu'il ne faut pas le nier. Mais, il est plus profitable d'offrir une ouverture vers les autres quelles que soient leurs idées et reconnaître leur statut humain ainsi que leurs droits sans pour autant adhérer à leurs idées.

En outre, l'intégrisme existe car des valeurs fondamentales sont bafouées. L'intégrisme est donc une réaction à une injustice qui existait déjà avant. Plutôt que combattre l'intégrisme, nous devrions y rechercher les causes profondes.

Les Nations Unies ont compris cela, c'est pourquoi il y a une telle insistance sur la dimension sociale du développement durable, sur les droits de l'Homme, sur le respect des cultures, religions, croyances de chacun.

lundi 24 octobre 2005

La Kényane Wangari Muta Maathai : aux arbres citoyens !

Wangari  Muta Maathai
Wangari Muta Maathai (née le 1er avril 1940 à Nyeri, au Kenya) est une militante écologiste et politique. En 2004, elle devient la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ».
Source : Wikipedia

Propos recueillis par Ethirajan Anbarasan, journaliste au Courrier de l’UNESCO.

Cette grande figure de la lutte pour la protection de l’environnement, pour la démocratie et pour les droits des femmes espère qu’une nouvelle génération de dirigeants africains donnera la priorité aux besoins du peuple.

Il est impossible, à vos yeux, d’améliorer la qualité de l’environnement tant que les conditions de vie de la population n’auront pas elles-mêmes été améliorées. Pourquoi ?

Si nous voulons sauvegarder la nature, commençons par protéger les êtres humains: ils font partie de la biodiversité. Si nous ne pouvons pas préserver notre propre espèce, à quoi rime de sauver les espèces d’arbres ? On a parfois l’impression que les pauvres détruisent la nature. Mais ils sont si préoccupés par leur survie qu’ils ne peuvent pas s’inquiéter des dégâts durables qu’ils infligent à l’environnement. Donc, paradoxalement, les pauvres, qui dépendent de la nature, sont aussi en partie responsables de sa destruction. Voilà pourquoi je répète que nous devons améliorer leurs conditions de vie si nous voulons réellement sauver notre environnement.

Ainsi, dans certaines régions du Kenya, les femmes font des kilomètres à pied pour aller chercher du bois de chauffe en forêt: près de chez elles, il n’y a plus d’arbres; elles doivent aller toujours plus loin pour en trouver. Comme le bois est rare, les repas cuits sont moins nombreux, l’alimentation en pâtit, la faim gagne du terrain. Si ces femmes étaient moins pauvres, elles n’iraient pas dégrader une précieuse forêt.

Quels sont les enjeux actuels pour les forêts du Kenya et d’Afrique orientale ?

Depuis le début du siècle, la tendance est claire: on abat des forêts primaires et on replante des espèces exotiques commercialisables. Nous en mesurons mieux les conséquences aujourd’hui. Nous avons compris qu’il ne fallait pas abattre les forêts locales, afin de préserver notre riche biodiversité. Mais déjà, les dégâts sont importants. En 1977, quand notre mouvement Ceinture verte (voir encadré) a commencé sa campagne de plantation d’arbres, le couvert forestier du Kenya était d’environ 2,9%. Aujourd’hui, il est de 2%. Nous perdons plus d’arbres que nous n’en plantons.

Autre gros problème: l’environnement de l’Afrique orientale est très vulnérable. Nous sommes proches du Sahara et, selon les experts, le désert pourrait s’étendre vers le sud comme un fleuve en crue, si nous continuons à abattre des arbres sans discernement: ce sont eux qui empêchent l’érosion des sols par la pluie et le vent. En défrichant les bouts de forêt qui nous restent, nous créons en fait quantité de micro-Sahara. Nous en voyons déjà les isgnesen voir des preuves. Notre mouvement organise des séminaires d’éducation pour les ruraux, en particulier les cultivateurs, dans le cadre de campagnes de sensibilisation sur les questions d’environnement. Si l’on demande à 100 agriculteurs combien parmi eux se souviennent d’une source ou d’un cours d’eau qui s’est tari de leur vivant, près de 30 lèvent la main.

Quelles sont les réalisations du mouvement Ceinture verte? Dans quelle mesure a-t-il empêché la dégradation de l’environnement au Kenya ?

Son plus grand succès, à mes yeux, a été d’éveiller les citoyens ordinaires, en particulier les ruraux, aux problèmes écologiques. Les gens ont compris que l’environnement est l’affaire de tous et pas seulement du gouvernement. C’est en partie grâce à cette prise de conscience que nous avons désormais l’oreille des responsables politiques: les citoyens les mettent au défi de protéger la nature.

Ceinture verte a aussi promu l’idée de préserver l’environnement par les arbres, qui satisfont beaucoup de besoins essentiels dans les communautés rurales. A nos débuts, en 1977, nous avons planté sept arbres dans un petit parc de Nairobi. A cette époque, nous n’avions ni pépinières, ni équipes, ni argent mais une conviction: les gens ordinaires des campagnes ont leur rôle à jouer pour résoudre les problèmes écologiques. Aujourd’hui, nous avons planté plus de 20 millions d’arbres dans tout le Kenya. Cet acte est porteur d’un message simple: tout citoyen peut au moins planter un arbre pour améliorer son cadre de vie. Chacun réalise ainsi qu’il peut prendre en charge son environnement, premier pas vers une participation plus active au sein de la société. Comme les arbres que nous avons plantés sont bien visibles, ils sont les meilleurs ambassadeurs de notre mouvement.

Malgré le sommet de la Terre de Rio en 1992 et le protocole de Kyoto sur le climat signé en 1997, les programmes et les campagnes de protection de l’environnement au niveau mondial n’avancent pratiquement pas. Pourquoi ?

Pour beaucoup de dirigeants de la planète, le développement continue malheureusement de signifier culture extensive de denrées agricoles exportables, barrages hydroélectriques ruineux, hôtels, supermarchés et produits de luxe, qui contribuent au pillage des ressources naturelles. C’est une politique à courte vue qui ne répond pas aux besoins essentiels des gens: une alimentation suffisante, de l’eau potable, un toit, des hôpitaux de proximité, de l’information et la liberté. Cette frénésie de prétendu «développement» a relégué la protection de l’environnement à l’arrière-plan. Le problème, c’est que ceux qui portent une lourde responsabilité dans la destruction de l’environnement sont précisément ceux qui devraient soutenir des campagnes écologiques. Ils ne le font pas. Les détenteurs du pouvoir politique font des affaires et entretiennent des liens étroits avec les multinationales. Et celles-ci n’ont d’autre but que de gagner de l’argent aux dépens de l’environnement et de la population.

Nous savons que les multinationales persuadent de nombreux dirigeants politiques de ne pas prendre au sérieux les conférences internationales sur l’environnement. Je suis fermement convaincue que nous devons refuser, en tant que citoyens, d’être à la merci de ces sociétés. Elles peuvent être absolument impitoyables: elles sont sans visage humain.

Vous avez d’abord été universitaire, puis écologiste. Aujourd’hui, vous vous définissez comme une militante en faveur de la démocratie. Comment analysez-vous cette évolution ?

Rares sont aujourd’hui les écologistes qui se soucient exclusivement du bien-être des abeilles, des arbres et des papillons. Ils savent qu’il est impossible de préserver l’environnement si le gouvernement ne contrôle pas les industries polluantes et le déboisement. Au Kenya, des promoteurs immobiliers ont été autorisés à construire de coûteuses résidences au cœur des forêts primaires. Il est de notre devoir, en tant qu’individus responsables, de nous y opposer. Mais dès qu’on intervient dans ce type d’affaires, on se trouve en conflit direct avec des responsables politiques et on se fait traiter d’agitateur.

Dans les années 70, j’ai d’abord enseigné à l’Université de Nairobi. J’ai alors eu le sentiment que les droits des enseignantes au sein de l’université n’étaient pas respectés parce qu’elles étaient des femmes. J’ai donc milité pour revendiquer ces droits. Parallèlement, je me suis trouvée confrontée à d’autres problèmes comme les droits de l’homme, qui étaient étroitement liés à mon travail mais qui n’étaient pas clairs pour moi, au début. Cela m’a conduit à aborder les questions de gouvernance.

J’ai compris, au cours de ces années 70 que, dans une jeune démocratie comme la nôtre, il était très facile pour des gouvernants de devenir dictateurs, puis d’utiliser les ressources nationales comme leur propriété privée: la Constitution leur donnait le pouvoir de faire mauvais usage de l’appareil d’Etat. Je me suis donc engagée dans le mouvement pour la démocratie. J’ai réclamé des réformes constitutionnelles et un espace politique pour assurer les libertés de pensée et d’expression. Nous ne pouvons pas vivre sous un régime qui tue la créativité et encourage la lâcheté.

Avec vos diplômes, vous auriez pu vivre confortablement en Occident. Vous avez préféré regagner le Kenya. Or, pendant 25 ans, on vous a abreuvée d’injures, menacée, battue, jetée en prison et interdit à plusieurs reprises de quitter le territoire. Avez-vous jamais regretté d’être rentrée au pays et d’y militer ?

Devenir militante n’a pas été une décision délibérée. Mais je n’ai jamais regretté d’être restée ici, pour contribuer au développement de mon pays et de ma région. Je sais que j’ai fait un petit quelque chose. De nombreuses personnes viennent me voir et me disent que mon travail les a inspirées. Cela me réjouit parce qu’au début, en particulier pendant la dictature, il était difficile de parler. Il y a encore quelques années, des passants m’approchaient dans la rue et chuchotaient: «Je suis avec vous; je prie pour vous.» Ils ne voulaient pas qu’on les entende. Beaucoup avaient peur de me parler et d’être vus avec moi car ils risquaient d’être sanctionnés.

J’ai eu plus d’impact en subissant des procès et autres tribulations que si j’étais partie à l’étranger, si j’avais dit, en vivant en Occident: «Mon pays devrait faire ceci ou cela.» Sur place, j’encourage beaucoup plus de gens.

Avez-vous été en butte à tant d’attaques virulentes et d’exactions parce que vous contestiez des décisions prises par des hommes ?

Nos hommes pensent que les Africaines doivent être dépendantes et soumises — et surtout pas meilleures que leur mari. Au début, beaucoup de gens étaient effectivement contre moi parce que je suis une femme: ils ne supportaient pas que j’aie des opinions tranchées. Je sais qu’à certains moments, des hommes haut placés, dont le président Daniel Arap Moi, m’ont tournée en dérision. Un jour, des parlementaires railleurs m’ont reproché d’être divorcée. Au fond d’eux-mêmes, ils espéraient qu’en mettant en cause ma féminité, ils allaient me faire taire. Ils ont compris plus tard qu’ils s’étaient trompés.

En 1989 par exemple, nous avons eu un grave affrontement avec les autorités: nous nous sommes battus pour sauver le parc Uhuru de Nairobi. Je soutenais qu’il était absurde de supprimer ce parc magnifique, en plein centre-ville, pour construire des immeubles. C’était le seul endroit de Nairobi où les citadins pouvaient passer un moment en plein air avec leur famille, sans être importunés. Quand j’ai lancé la campagne contre la construction du «monstre du parc», surnom du projet immobilier, on m’a ridiculisée, on m’a accusée de ne rien comprendre au développement. Je n’ai pas étudié cette discipline mais je sais que, dans une ville, on a besoin d’espace. Heureusement, d’autres ONG et des milliers de citoyens se sont joints à nous et le parc a finalement été sauvé. Le gouvernement qui voulait le détruire l’a depuis déclaré patrimoine national. Merveilleux. Ils auraient pu le faire en évitant violences et moqueries à mon encontre.

Pourquoi vous êtes-vous présentée aux présidentielles de 1997 ? Et pourquoi, malgré votre popularité, n’avez-vous pas recueilli un nombre important de suffrages ?

En 1992, quand le multipartisme a été légalisé au Kenya, j’avais fait de gros efforts, avec d’autres groupes politiques, pour unir l’opposition. En vain. Je me suis alors retirée parce trop de candidats d’opposition étaient en lice pour la présidence. Comme il était prévisible, l’opposition a perdu, et tout le monde admet aujourd’hui dans ses rangs que la campagne que nous avions lancée pour l’union était une bonne idée. Nous voulions former une sorte d’unité nationale au sein de l’opposition dès 1992. Exactement ce qu’elle prône aujourd’hui.

Pour les élections de 1997, j’ai cherché à persuader l’opposition de s’unir afin de présenter contre la KANU1, parti dominant au Kenya, un candidat fort issu d’une des communautés ethniques. Mais certaines de ses composantes m’ont traitée de «tribaliste» pour avoir émis cette idée. Devant l’échec de tous mes efforts unitaires, j’ai décidé de me présenter seule. Pendant la campagne, je me suis aperçue que, dans ce pays, il est très difficile de se faire élire sans argent. Je n’avais pas d’argent. J’ai compris que la valeur, l’honnêteté, les sentiments démocratiques importaient peu, si l’on n’a pas d’argent à donner aux électeurs. Alors, j’ai perdu.

J’ai aussi constaté que la population n’est pas encore prête pour la démocratie, qu’il nous faudra beaucoup d’éducation civique et de prise de conscience politique. On reste dominé par l’ethnie, on vote en fonction de clivages ethniques. Cette question est d’ailleurs devenue un enjeu majeur lors des dernières élections.

Malgré ses immenses ressources naturelles, l’Afrique est le continent à la traîne du développement et de la croissance. Pourquoi ?

Parce qu’elle est mal gouvernée, c’est évident. Ses dirigeants passeront dans l’histoire comme une génération d’irresponsables, qui ont mis leur continent à genoux. Durant les 30 dernières années, l’Afrique a manqué de gouvernants altruistes et visionnaires, soucieux du bien-être du peuple.

Il y a des raisons historiques à cela. Juste avant d’octroyer l’indépendance à de nombreux pays africains, les colons ont promu de jeunes Africains à des postes jusque-là inaccessibles aux indigènes, ils les ont formés pour prendre le relais. Ces nouveaux administrateurs, ces élites noires naissantes, ont joui du même mode de vie, des mêmes privilèges économiques et sociaux que les hauts fonctionnaires des empires coloniaux. Et, sur le plan des objectifs pour le pays, rien ne distinguait les nouveaux dirigeants des anciens, sauf la couleur de la peau. C’est ainsi que les gouvernants africains ont abandonné leur peuple. Pour conserver le pouvoir, ils ont suivi exactement la recette du colonialisme: dresser une communauté contre une autre. Ces conflits ont duré des décennies dans quantité de pays, drainant leurs maigres ressources. Donc, nous devons améliorer notre gouvernance. Sinon, il n’y a pas d’espoir. Si notre peuple est incapable de se protéger lui-même, il continuera à être exploité, et ses ressources également. Par ailleurs, les puissances occidentales, notamment les anciens maîtres coloniaux, ont continué à exploiter l’Afrique et à coopérer très étroitement avec ces dictateurs et ces dirigeants irresponsables.

Voilà pourquoi nous sommes si accablés de dettes, impossibles à rembourser. L’Afrique a besoin d’une aide internationale pour améliorer sa position économique. Or, l’aide étrangère qu’elle reçoit relève surtout de l’assistance thérapeutique: secours d’urgence contre la famine, aide alimentaire, contrôle des naissances, camps de réfugiés, forces de maintien de la paix, missions humanitaires. Il n’y a pratiquement pas d’argent pour le développement humain durable: éducation et formation, développement des infrastructures, production alimentaire, aide à la création d’entreprises. Il n’y a pas un sou pour les initiatives culturelles et sociales qui donneraient aux individus une certaine prise sur leur vie et libéreraient leur énergie créatrice.

J’espère qu’au cours du prochain millénaire, de nouveaux dirigeants apparaîtront en Afrique, qu’ils penseront davantage à leur peuple et se serviront des ressources du continent pour aider les Africains à sortir de la pauvreté.

Source : UNESCO

Autre page intéressante sur le prix Nobel de la Paix 2004 : Afrik.com

jeudi 29 septembre 2005

Robert Baden-Powell

Robert Baden-Powell
Robert Stephenson Smyth Baden-Powell of Gilwell
(22 février 1857 à Londres - 8 janvier 1941 au Kenya)
le fondateur du scoutisme.

Biographie

Très jeune, il a vécu de nombreuses aventures avec ses frères, surtout en mer. Il n'a jamais été un très bon élève car il préférait observer les animaux dans la nature, jouer des pièces de théâtre ou encore imiter ses professeurs.

Après avoir raté les examens pour entrer à l'université, il s'est présenté dans une école militaire où il a brillamment réussi. À l'âge de 20 ans, il est envoyé comme sous-lieutenant en Inde, colonie britannique à cette époque. C'est pendant ses loisirs qu'il s'intéressait plus particulièrement au travail des « éclaireurs », et qu'il se rendit compte de leur importance dans les opérations militaires.

A l'âge de 26 ans, il fut promu capitaine. Son régiment fut ensuite déplacé en Afrique du Sud, où il eut l'occasion d'entrer en contact avec des « éclaireurs » indigènes pour lesquels il eut beaucoup d'admiration. Il se perfectionna ainsi dans l'art de l'approche et de l'exploration. C'est en Afrique qu'il eut pour la première fois la possibilité de former lui-même des patrouilles d'éclaireurs selon ses idées, mais toujours dans le cadre militaire.

L'événement qui rendit Baden-Powell célèbre dans tout l'empire britannique fut le sauvetage de la petite ville de Mafeking, durant la guerre des Boers. Avec beaucoup d'astuce et de courage communicatif, il réussit à sauver la ville qui était assiégée par des troupes ennemies quatre fois plus nombreuses. Il prouva que - contrairement à ce que l'on pensait à cette époque - des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance. BiPi utilisa les jeunes pour transmettre des messages à pied et à vélo.

A son retour en Angleterre, BiPi fut accueilli triomphalement. Malgré ce succès et ses promotions, Baden-Powell abandonna sa carrière militaire. Il constata qu'un petit livre qu'il avait écrit pour des éclaireurs militaires avait un immense succès auprès des garçons britanniques. Et il recevait toujours plus de lettres de garçons lui demandant des conseils.

« À la fin de ma carrière militaire », dit BiPi, « je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n'a rien de commun avec les principes militaires ».

C'est alors qu'il organisa le premier camp pour des garçons sur l'île de Brownsea en 1907. Il put y tester ses idées d'éducation par le jeu, d'indépendance et de confiance. Après l'immense succès de ce camp, BiPi comprit que la demande des garçons était tellement grande que le mouvement ne pourrait plus être arrêté. Sur les conseils de ses amis, il se mit à écrire un livre pour les jeunes, Scouting for boys traduit en français sous le titre Eclaireurs, qui eut lui aussi un immense succès. Des groupes de scouts se créaient partout en Angleterre. Les filles s'intéressaient aussi au scoutisme, et dès 1909, elles furent accueillies dans le mouvement sous le nom de » guides «.

En 1912, BiPi se maria avec Olave Saint Claire Soames, qui devint Chef-guide mondiale.

Le mouvement prit vite beaucoup d'importance, et bientôt il y eut des scouts dans de nombreux pays du monde. Le Jamboree de 1920 réunit pour la première fois des scouts de 21 pays. BiPi fut nommé » World Chief « (chef scout mondial).

Et ce n'était qu'un début...

Aujourd'hui, il y a plus de 28 000 000 de scouts dans plus de 216 pays du monde entier.

Son dernier mot

BiPi et son épouse passaient beaucoup de leur temps à parcourir le monde pour soutenir le scoutisme dans son développement, et participaient aux cérémonies de création du mouvement dans un nouveau pays. À la fin de sa vie, BiPi s'était retiré au Kenya et fit parvenir aux scouts du monde entier son dernier message :

« Ceci est juste un petit mot d'adieu, pour vous rappeler, quand j'aurai disparu, que vous devez tâcher dans la vie d'être heureux et de rendre les autres heureux. Que cela paraît facile et agréable, n'est-ce pas ? C'est tout d'abord par la bonne action quotidienne que vous apprendrez à apporter le bonheur aux autres. La meilleure manière d'atteindre le bonheur est de le répandre autour de vous.

J'ai eu une vie très heureuse, et j'aimerais qu'on puisse en dire autant de chacun de vous. Je crois que Dieu vous a placé dans ce monde pour y être heureux et jouir de la vie. Ce n'est ni la richesse, ni le succès, ni l'indulgence envers soi-même qui créent le bonheur.

L'étude de la nature vous apprendra que Dieu a créé des choses belles et merveilleuses afin que vous en jouissiez. Contentez-vous de ce que vous avez et faites-en le meilleur usage possible. Regardez le beau côté des choses et non le plus sombre.

Essayez de laisser ce monde un peu meilleur qu'il ne l'était quand vous y êtes venus et quand l'heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous n'avez pas perdu votre temps et que vous avez fait « de votre mieux ».

Soyez prêts à vivre heureux et à mourir heureux. Soyez toujours fidèles à votre promesse même quand vous serez adultes.

Que Dieu vous aide.

Votre ami

Baden-Powell »

Tombe de Robert Baden-Powell
BiPi mourut le 8 janvier 1941 au Kenya où il est enterré.
Sur sa tombe est gravé un symbole, le signe "Je suis rentré à la maison."

Source : Wikipedia

Pour en savoir plus sur le scoutisme, consultez l'OMMS

mercredi 10 août 2005

Markus Rogan, porte-parôle des Nations Unies dans la lutte contre la drogue

Le nageur professionnel et le médaillé olympique, Markus Rogan, est le porte-parole pour la campagne de cette année d'abus et de trafic de drogue de l'UNODC. L'Autrichien de 23 ans, qui tient actuellement le titre de "sportif de l'année" dans son pays, pormouvra le slogan de l'événement :  "Tu vaux mieux que ça....choisis la santé."  La campagne qui dure une année commence par le jour international contre l'abus de drogue et le trafic illicite le 26 juin. Louise Potterton a demandé à Markus  s'il y avait une motivation personnelle derrière sa décision à participer à la campagne.

Vous agissez en tant que porte-parole pour la campagne contre l'abus de drogue de l'UNODC. Y avait-il une motivation personnelle derrière votre décision à participer à la campagne ?

J'ai eu certainement plusieurs amis que j'ai observés entrer dans des drogues. Amis qui ont commencé à prendre la cocaïne quand elles avaient 18 ou 19 ans. Sans savoir les conséquences biologiques ou biochimiques j'ai vu leur niveau d'attention et leur humeur changer. D'abord vous pensez, c'est juste eux, mais après un moment vous commencez à découvrir des schémas et alors vous voyez ce que certaines drogues peuvent faire sur certaines personnalités. Quand vous comprenez que certaines choses que vous pensiez définies par la personnalité sont en fait définis par des matériaux - des drogues dans ce cas-ci - vous commencez à penser que quand vous avez une chance, comme moi maintenant, vous devriez essayer de faire quelque chose à ce sujet.

Vous a-t-on offert des drogues quand vous étiez adolescent et si oui comment avez-vous réagi ?

Oh certainement, on m'a tout de la nicotine à la cocaïne et je dois dire que j'ai essayé certaines choses. Mais vous réalisez le premier instant qu'elle n'en vaut pas la chandelle et si vous ne le réalisez pas alors, vous voyez vos amis qui l'ont pris le jour suivant et c'est alors que vous vous rendez compte que vous devez faire très attention avec ce qui est offert. J'aime ce dicton 'la misère aime la compagnie". Ainsi, quelqu'un qui prend des drogues veut vous les offrir et alors vous pouvez éprouver ce qu'ils disent, en premier "un truc super", mais qui finit en traversant plein de moments de dépression chaque fois que vous cherchez votre drogue encore. Si vous voulez vraiment prendre quelque chose, je ne peux pas vous arrêter, mais j'essayerai de tenir un miroir devant vous de telle façon que vous puissiez voir si vous aimez l'image de vous-même prenant n'importe quelle sorte de drogue. 

Le slogan de la campagne cette année est "Tu vaux mieux que ça... choisissez la santé." Dans quelle mesure ceci reflète votre manière de vivre ?

C'est ma profession d'être un athlète. Si je ne respecte pas mon corps, ma santé, je ne peux pas accomplir mon travail. Je dois pouvoir donner 100 pour cent chaque fois, ainsi je note très rapidement quand mon corps n'est pas dans la bonne forme. Je dois écouter mon corps très soigneusement et j'aimerais donner ce message que tout le monde devrait écouter leur corps. C'est une machine fantastique, un cadeau fantastique que chaque personne a. Il peut faire des choses étonnantes. Il peut libérer des endorphines quand vous le voulez et de la sérotonine d'une manière natuelle si bien que vous n'avez pas besoin de toutes sortes de suppléments.

En tant que sportif, pensez-vous que le sport peut être employé comme moyen d'empêcher l'abus de drogue parmi les jeunes ?

Je dirais beaucoup de personnes prennent de la drogue parce qu'ils n'ont rien d'autre à faire. Ils recherchent des émotions et je crois, particulièrement à un jeune âge et je suis également fier de dire à un âge professionnel, vous pouvez produire des émotions à travers le sport. Vous pouvez avoir la sorte extrême de plaisir de gagner une course et la crainte extrême de l'échec de perdre une course et cela est la sorte d'émotion qu'aucune drogue ne peut vous donner. Je pense que les sports peuvent agir en tant que passage, non seulement pour réduire l'ennui de notre jeunesse mais pour enseigner le respect de soi que nous voudrions tous avoir.

Article original en anglais

Le message radio de Markus Rogan (mp3 en anglais)
L'interview de Markus Rogan (mp3 en anglais)