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lundi 23 janvier 2006

Sri Sri Ravi Shankar

Sri Sri Ravi Shankar est né en 1956 en Inde du Sud au sein d'une famille réputée pour sa grande piété. Ses grands-parents, de riches brahmanes, avaient cédé toute leur fortune aux pauvres. Les enfants vivaient donc avec le juste nécessaire dans un climat familial tourné vers l'élévation spirituelle. Les dispositions naturelles du jeune Ravi n'en étaient pas moins étonnantes. Dès l'âge de quatre ans, il pouvait réciter par cœur des pages de la Bhagavad Gita, et trouvait déjà plus d'attrait à la méditation qu'aux jeux de ses camarades. L'inquiétude de ses parents pour son avenir fut de courte durée : les Sages consultés virent dans le petit prodige le très grand Maître qu'il allait devenir. Ils annoncèrent son destin hors du commun, joignant les mains devant l'enfant en signe de respect.

Ses études supérieures en littérature védique furent assurées par le professeur de sanskrit de Gandhi. À la suite de l'assassinat du Mahatma, celui-ci refusait d'enseigner à quiconque jusqu'à ce qu'on lui eût présenté Ravi, âgé alors de neuf ans seulement.

Quand Sri Sri Ravi Shankar entreprit de parcourir le monde pour raviver les valeurs humaines, il était un jeune érudit qui avait clos son cycle d'études à dix-sept ans après avoir atteint le niveau le plus élevé dans toutes les disciplines, y compris les mathématiques, les sciences modernes et les beaux-arts qui regroupent en Inde l'ensemble des sciences humaines.

Ainsi, plutôt que de vivre à l'abri des tumultes du monde, le Maître choisit de se mettre, en prise directe, au service de l’humanité. Cette humanité démunie face à la souffrance, au stress et à la violence, entraves à l'instauration d'une paix individuelle et collective dont lui-même, par la sagesse millénaire qu'il avait reçue, par une connaissance approfondie des mécanismes de l'esprit et par un don de pédagogue manifeste, possédait les clés.

"Il est rafraîchissant de rencontrer quelqu'un comme Sri Sri Ravi Shankar", témoigne son ami le Dalaï Lama, "car il a réussi à réconcilier son éducation scientifique avec sa formation védique pour trouver un chemin qui réponde aux besoins contemporains."

Depuis le début des années 80, Sri Sri Ravi Shankar voyage inlassablement pour apporter des outils concrets adaptés à la prévention et à la résolution des conflits dans le monde. "Exister est un fait, vivre est un art" dit-il. Et cet art, quelles que soient les dispositions naturelles, s'apprend.

En 1982, il crée "l'International Art of Living Foundation", une organisation à but non lucratif, accréditée en tant qu'ONG à statut consultatif spécial auprès des Nations Unies, dont les programmes éducatifs, largement développés dans ses ashrams mais aussi dans les écoles, dans les prisons, sur les terrains de la guerre, sont aujourd'hui proposés dans plus de 140 pays. L'essentiel du soulagement apporté aux diverses populations tient à une profonde réparation du système nerveux par le « souffle » grâce, en particulier, aux effets d'une technique inédite mise au point par Sri Sri Ravi Shankar ("Yoga Shiromani" c'est-à-dire "Instructeur suprême dans la voie du Yoga") : le Sudarshan Kriya. En 1998 et 1999, le processus bénéficie d'une reconnaissance scientifique officielle avec la publication des études médicales confirmant ses bienfaits.

En 1998, Sri Sri Ravi Shankar crée l'Association Internationale pour les Valeurs Humaines. Une autre façon de travailler à la paix et à l'harmonie des sociétés dans le respect des différences. Dans certaines parties du monde les gens vivent dans des conditions de pauvreté sordide. Le manque d'hygiène et l'absence d'éducation engendrent problèmes de santé et maladies diverses. Dans d'autres parties du monde plus favorisées, on rencontre insatisfaction, manque d'harmonie, stress, violence, crime et toutes sortes de maladies sociales. Ailleurs, la guerre a fracturé le tissu social et engendré de grandes souffrances. Dans chacune de ces situations, l'Association Internationale pour les Valeurs Humaines apporte soins et attention à travers son programme des 5H qui comprend plusieurs volets :

- Le programme 5H proprement dit (5H comme health, hygiene, home, human values, harmony in diversity) répond aux besoins des populations démunies en matière de santé, d'hygiène, d'habitat, sans oublier l'indispensable complément des valeurs humaines et de l'harmonie dans la diversité. Le programme propose une approche holistique du développement social. C'est un programme simple qui répond aux besoins variés de différentes populations, cultures et secteurs de société. Sa priorité actuelle est le développement social et communautaire dans les zones rurales des pays en voie de développement.

- PrisonSmart : spécifiquement conçu pour les détenus, les délinquants ou la jeunesse "à risque" comme celle des banlieues. En leur apprenant à gérer leur stress et leurs pulsions, ce programme prévient le crime, évite la récidive et favorise la réhabilitation sociale. Une variante de ce programme s'adresse aussi bien au personnel de la justice pénale qu'aux victimes d'agressions. La réussite incontestable des objectifs poursuivis à travers cet atelier a conduit différents gouvernements -États-Unis en tête- à le subventionner.

- ART Excel : destiné aux jeunes de 7 à 17 ans sur lesquels pèsent aussi les méfaits de la violence. Ce programme interactif et ludique les aide à tirer le meilleur parti de leurs émotions et à développer toutes leurs capacités. Ils en deviennent, de fait, plus efficaces à l'école.

Et Sri Sri Ravi Shankar crée sans cesse d'autres projets satellites afin de venir en aide de façon plus spécifique à telle ou telle catégorie sociale, tels que :

  • le Projet Pieds Nus - une œuvre de formation professionnelle pour l'avancement économique des femmes des pays en voie de développement.
  • Un Euro pour un Heureux - une œuvre charitable qui apporte à des enfants des villages nourriture, services médicaux, eau saine, vêtements et éducation.

En hommage aux services rendus par l'action humanitaire du Maître, la ville de Washington a inscrit à son calendrier une journée dédiée aux valeurs humaines : le "Sri Sri Ravi Shankar Day". Citations aussi des villes de New York et de San Francisco, des États du New-Jersey et de Floride pour le "rôle actif pris dans l'amélioration des vies de nos enfants". Et autres proclamations en Amérique Latine -en Colombie, au Costa Rica, à Hawaï, au Panama.- en remerciement du mieux-vivre acquis. Ce Sage de l’Inde est par ailleurs le seul membre non-occidental admis au Conseil de la Divinity School de l'Université de Yale aux États-Unis.

Sri Sri Ravi Shankar, éminent conférencier et humaniste, est invité chaque année dans près de 50 pays, par des chefs d’états, des dirigeants d’entreprises et des organisations telles que les Nations Unies et le parlement européen. Il fait plusieurs fois le tour de la planète chaque année pour faire savoir partout que les solutions à la violence existent et qu'elles sont à la portée de chacun. Mais aussi pour inciter les partisans de la paix à passer davantage à l'action. Il décourage cependant la fièvre de vouloir tout révolutionner pour la bonne cause, sans même être en état de le faire : "Tous les problèmes dans le monde sont créés par ceux qui veulent la perfection, dit-il (...) Vous voulez tout changer sauf vous-mêmes, sauf votre mental, sauf votre vision. Ce désir est une illusion."

"Ce dont nous avons le plus besoin, c'est d'être nous-mêmes, " dit-il encore, "car le bonheur ne dépend de rien qui nous soit extérieur. (...) La seule vraie sécurité qu'on puisse trouver en ce monde réside dans le fait même de donner de l'amour."

Liens externes

Source : Wikipedia

lundi 16 janvier 2006

Al-Walid ben Talal ben Abd al-Aziz Al Saoud

Al-Walid ben Talal ben Abdul Aziz Al Saoud (الوليد بن طلال بن عبد العزيز السعود) dit aussi Al-Walid ben Talal Ibn Saoud, ou plus simplement le prince Al-Walid (ou encore à l'anglaise Al-Waleed) est un prince et homme d'affaire saoudien né en 1955.

  • membre de la famille princière Ibn Saoud,
  • fils du prince Talal ben Abdel Aziz Ibn Saoud et de Muna,
  • petit-fils du roi Abdel Aziz Ibn Saoud, fondateur de la dynastie.
  • petit fils du premier 1er ministre libanais (Riad Al Solh) du côté maternel

Ses affaires

En août 2005, sa fortune était évaluée à 23,7 milliards de dollars, au 5e rang mondial, mais contrairement aux autres princes du pétrole, il a bâti sa fortune en achetant et vendant des sociétés diverses.

C'est donc un homme d'affaires important via la Kingdom Holding Company, qui détient des parts dans de nombreuses multinationnales:

  • dans la Banque (Citigroup) — Sa plus belle affaire est d'être entré dans le capital de cette banque, aujourd'hui, la plus grand banque du monde.
  • dans la construction
  • dans l'immobilier
  • dans l'hôtellerie : 180 hôtels dont l'hôtel George-V à Paris
  • principal actionnaire de Disneyland Paris.

Son positionnement dans l'Islam

C'est un homme très pratiquant qui fait les cinq prières quotidiennes de la religion musulmane dans n'importe quel lieu (en avion, dans le désert ou à la neige...).

Cependant c'est une personnalité plutôt progressiste de son pays, en témoignant sa décision de payer à une femme, Hanadi Hindi, ses frais de formation de pilote aérien avant de l'embaucher... dans un pays où les femmes n'ont pas le droit de passer le permis de conduire automobile.

Car pour lui le vrai Islam, doit être modéré — il compte d'ailleurs créer une chaine de télévision arabe pour promouvoir sa vision — et il prêche pour la fraternité entre les trois religions monothéistes et l'entente entre les peuples. Il souhaite améliorer la perception de son pays et renforcer ses relations avec l'Occident en gardant toujours ses traditions. Ainsi il utilise la technologie moderne mais reste entouré de bedouins du désert.

Dans l'interview, donnée à l'émission «Zone interdite», il explique que les chrétiens, les musulmans et les juifs, doivent être mis sur un pied d'égalité, et que Ben Laden est un personnage qu'il ne souhaite pas rencontrer. Il se dit révolté par ce « petit groupe d'hommes qui a kidnappé notre religion ».

Toujours proche de la population, du plus aisé au plus humble, il aime se réfugier dans le désert avec ses amis bédouins. Il les écoute assis à même le sable, alors qu'il est capable de dépenser près de 500 000 euros pour quatre jours passés à l'Hôtel George V à Paris — hôtel qui lui appartient. Car pour le Prince, la seule richesse est celle du coeur que tout le monde peut donner et recevoir.

Source : Wikipedia

Vous pouvez consulter aussi un article très intéressant sur une donation très importante que ce prince aurait fait au musée du Louvre pour faire connaître davantage l'art islamique, ainsi que sa biographie.

vendredi 13 janvier 2006

Antoine le Grand

Antoine le Grand (par Francisco de Zurbarán)
Antoine le Grand (par Francisco de Zurbarán)

Antoine le Grand

Antoine le Grand ou Antoine d'Égypte est considéré comme le fondateur de l'érémitisme chrétien. Sa vie nous est connue par le récit qu'en a fait saint Athanase vers 360. Il serait né en 251 et mort en 356, ce qui le fait vivre en tout cent cinq ans.

Né en Égypte à Qeman (Fayyoum) et fervent chrétien, dès l'âge de vingt ans il prend l'Évangile à la lettre et distribue tous ses biens aux pauvres, puis part vivre dans le désert en ermite dans un fortin à Pispir, près de Qeman. Là, à la manière du Christ, il subit les tentations du Diable; mais si pour le Christ cela ne dure que quarante jours, pour Antoine c'est beaucoup plus long et plus difficile, les démons n'hésitant pas à s'attaquer à sa vie. Mais Antoine résiste à tout et ne se laisse pas abuser par les visions tentatrices qui se multiplient.

En 312 il change de désert et va en Thébaïde, sur le mont Qolzum (où se trouve aujourd'hui le monastère Saint-Antoine). Le Diable lui apparaît encore de temps en temps, mais ne le tourmente plus comme autrefois. Vénéré par de nombreux visiteurs, Antoine leur donne à chaque fois des conseils de sagesse, les invitant à la prière plutôt qu'à la violence.

Les religieux ayant adopté le mode de vie solitaire de saint Antoine sont appelés anachorètes, s'opposant aux cénobites qui choisissent la vie en communautés monastiques.

La vie de saint Antoine et ses tentations ont inspiré de nombreux artistes, notamment Jérôme Bosch, Pieter Bruegel, Dali, Max Ernst, Matthias Grünewald, Diego Vélasquez. Gustave Flaubert lui a également consacré un récit (La Tentation de saint Antoine). Les artistes ont aussi souvent représenté sa rencontre avec saint Paul de Thèbes, peu de temps avant la mort des deux ermites (cathédrale de Chartres).

De nombreuses représentations du saint nous le montrent accompagné d'un cochon portant une clochette. Selon Émile Mâle (*), qui signale que cette tradition date de la fin du XIVe siècle, le cochon n'a rien à voir avec la vie du saint mais avec un ordre religieux fondé en Dauphiné en 1095 (les Antonins) : les porcs n'avaient pas le droit d'errer librement dans les rues, à l'exception de ceux des Antonins, reconnaissables à leur clochette.

En janvier 2006, pour la première fois, les reliques d'Antoine le Grand se deplaceront de la France (Arles) vers l'étranger, en Italie sur l'île d'Ischia.

Saint Antoine est fêté le 17 janvier.

(*) L'Art religieux du XIIIe siècle en France, 1898.

Source : Wikipedia

Monastère Saint-Antoine

Le monastère Saint-Antoine ou Deir Mar Antonios est un important monastère copte orthodoxe situé à environ 155 km du Caire en Égypte, dans la région montagneuse proche de la mer Rouge.

Fondé par les disciples de Saint-Antoine du désert (Saint-Antoine le Grand) au 4e siècle (peut-être en 356 juste après la mort du saint), c'est le plus ancien monastère du monde.

Il est occupé sans interruption depuis plus de 16 siècles.

Source : Wikipedia

Citation de Saint Antoine

  • Prêtez attention à ce que je vous dis : qui que vous puissiez être, gardez toujours Dieu avant vos yeux ; quoi que vous fassiez, faites-le selon le témoignage des Ecritures saintes ; Où que vous viviez, n'en partez pas facilement. Gardez ces trois concepts et vous serez sauvés.

Source : Saint Antony The Great

Vie de Saint Antoine par Saint Athanase

Athanase d'Alexandrie a écrit un récit contant la vie de Saint Antoine qui a eu un grand succès et a permis de faire connaître les grands mérites de Saint Antoine et d'inspirer ainsi de nombreux chrétiens à une vie monastique.

On peut trouver deux traductions numérisées que l'on peut lire sur le site de la BNF (Bibliothèque nationale de France) :

Notes :

  • Le site de la BNF ne fonctionne pas toujours très bien, victime de son succès.
  • En cliquant sur Télécharger, on a la possibilité de récupérer le livre en version pdf.

Il existe aussi une version par Gustave Flaubert, peu appréciée à l'époque, que l'on trouve sur Wikisource.

lundi 9 janvier 2006

Platon

Source : Wikipedia

Platon par Raphael

Platon (en grec ancien Πλάτων / Plátôn, Athènes, 427 av. J.-C. / 348 av. J.-C.) est un philosophe grec, disciple de Socrate. Surnommé le « divin Platon », il est considéré comme le premier grand philosophe. Sa philosophie est l'une des plus importantes de l'histoire de l'Occident.

Sa vie, son œuvre et son influence

Sa vie et son éducation

La vie de Platon est assez mal connue ; comme pour beaucoup d'autres philosophes de l'Antiquité, il est souvent difficile de faire la distinction entre ce qui relève de l'histoire, de la légende ou simplement du ragot.

Il naquit sous l'archontat d'Aminias, un 7 mai, jour anniversaire de la naissance d'Apollon (selon Diogène Laërce, la légende fait de ce dieu le père du philosophe) à Athènes dans le dème de Collytos en 428/427 et y mourut vers 348 dans un repas de noces. Il appartenait à une famille aristocratique : son père, Ariston, prétendait descendre du dernier roi d'Athènes (Codros), et sa mère, Périctioné, descendait d'un certain Dropidès, proche de Solon. Elle était également la cousine de Critias, l'un des Trente Tyrans.

Il eut deux frères aînés, Adimante et Glaucon, et une sœur, Pôtôné, mère de Speusippe, son successeur à l'Académie du nom du jardin où il s'installa. Le vrai nom de Platon serait Aristoclès, nom de son grand-père, Platon étant supposé être un surnom signifiant largeur, peut-être en référence à sa taille : c'est son maître de gymnastique qui le lui aurait donné. Une autre explication est qu'il parlait abondamment (mais il avait une voix grêle), ou encore qu'il avait le front large.

Il reçut l'éducation habituelle à un enfant de haute naissance. Il s'initia à la peinture, écrivit des poèmes, des dithyrambes, des vers lyriques et des tragédies. Il a peut-être participé aux jeux Isthmiques.

Il fut élève de Cratyle (disciple d'Héraclite) et d'Hermogène (disciple de Parménide), puis devint l'élève de Socrate vers l'âge de 20 ans. La légende raconte que Socrate, la veille de sa rencontre avec Platon, vit en songe un cygne s'envolant. À la suite de cette rencontre, Platon abandonna l'idée de concourir pour la tragédie et brûla toutes ses œuvres. Platon transmettra l'enseignement de son maître en se l'appropriant et en le transformant.

Après la mort de Socrate (à laquelle il n'assista pas), il partit à Mégare. Il voyagea ensuite en Égypte, à Cyrène, en Italie (où il rencontra Philolas et Timée) et en Sicile. Il fut reçu à la cour de Denys, à Syracuse, et gagna à la philosophie Dion, beau-frère du tyran.

Près de Colone et du gymnase d'Acadèmos, il créa une école, l'Académie, sur le modèle des pythagoriciens. Il eut de grandes ambitions politiques, mais fut profondément déçu par la vie de sa cité, Athènes, qu'il jugeait décadente, notamment à la suite du gouvernement des Trente :

« Du temps de ma jeunesse, je ressentais en effet la même chose que beaucoup dans ce cas ; je m'imaginais qu'aussitôt devenu maître de moi-même, j'irais tout droit m'occuper des affaires communes de la cité. Et voilà comment le hasard fit que je trouvais les choses de la cité. Le régime d'alors étant en effet soumis aux violentes critiques du plus grand nombre, une révolution se produisit. (...) Et moi, voyant donc cela, et les hommes qui s'occupaient de politique, plus j'examinais en profondeur les lois et les coutumes en même temps que j'avançais en âge, plus il me parut qu'il était difficile d'administrer droitement les affaires de la cité. Il n'était en effet pas possible de le faire sans amis et associés dignes de confiance -et il n'était pas aisé d'en trouver parmi ceux qu'on avait sous la main, car notre cité n'était plus administrée selon les coutumes et les habitudes de nos pères. » (Lettre VII)

Le jeune Aristote (dit le « lecteur » par son maître) suivra ses enseignements, puis s'en détachera pour fonder sa propre école : le Lycée.

But de la philosophie de Platon

Le philosophe est la figure centrale des dialogues de Platon. C'est la nature et la place de ce type d'homme qui est constamment l'objet de ses réflexions. Le philosophe, selon Platon, doit devenir un législateur et un réformateur politique afin d'obtenir l'instauration de la justice dans la cité. Toutefois, il faut le forcer à le devenir, car il est fort probable qu'il ne consente pas à « retourner dans la caverne » avec la masse. Mais, si ceci est réalisé à tour de rôle par tous les philosophes, et pour le bien de tous, il est fort probable qu'ils acceptent.

Le platonisme après Platon

La signification des œuvres de Platon a fait l'objet de nombreuses controverses depuis l'Antiquité. Certains font de Platon un dogmatique ; d'autres un sceptique. Platon fut tantôt récupéré par des courants mystiques (élévation de l'âme vers le bien au-delà de l'être), tantôt par des philosophies purement rationalistes. La diversité de ses dialogues, leurs formes variées, les nombreuses apories qui y sont soulevées expliquent ces importantes divergences des interprétations.

Dans l'Antiquité, l'ensemble des dialogues fut organisé d'après un ordre progressif de lecture, alors que les modernes, qui prétendent à un savoir plus critique, se sont surtout efforcés d'établir l'ordre réel de leur composition ainsi que leur authenticité. Ces essais d'organisation du corpus dépendent en fait toujours de l'idée que l'on se fait du platonisme, ce qui a conduit des critiques à exclure plus ou moins arbitrairement certains dialogues (et tous les dialogues ont pu ainsi être suspectés).

« La plus sûre description d'ensemble de la tradition philosophique européenne est qu'elle consiste en une série d'annotations à Platon. » (A. N. Whitehead, Process and Reality, 1929)

Théorie de la connaissance

Platon dans son académie

Dialogues socratiques

Problème de la connaissance sensible

Outre les difficultés d'une science du bien, Platon doit lutter contre le relativisme sophistique selon lequel « l'homme est la mesure de toute chose » (Protagoras). Ce relativisme anéantit en effet la connaissance en la faisant dépendre d'un état subjectif et empirique de l'individu. Le problème qui se pose à Platon est donc celui de la fondation du savoir ; on peut le formuler ainsi : l'intelligence que nous avons des choses doit avoir une origine non sensible, sans quoi toute pensée serait nécessairement fausse.

Théorie des Idées

Platon a développé toute une philosophie des Idées. Selon lui, les Idées sont la vraie réalité, celle dont dérive l’être des choses dans le monde ; elles sont donc permanentes. Notre pensée implique un niveau qui ne provient pas de l’expérience, mais qui va influencer notre perception de l’expérience. L’expérience en effet ne nous permet pas d’atteindre l’absolu des Idées. Notre connaissance des Idées provient de ce que Platon appelle la réminiscence. Selon Platon, notre âme perd à sa naissance le clair souvenir des Idées. Le « je sais que je ne sais rien » de Socrate est ainsi un « Je sais que j’ai oublié » chez Platon où la connaissance vraie n’existe qu’au niveau des Idées. L’homme, quant à lui, se tient dans l’entre-deux, puisque même les réalités empiriques appartiennent au domaine de l’approximation.

Voir aussi Parménide.

Il faut noter que, malgré la multiplicité des ouvrages publiés sur le sujet, la présence d’une théorie des idées chez Platon est largement questionnable. À la fois Erik Voegelin, Léo Strauss et Mathieu de Ménonville ont tenté de réfuter, par une exégèse détaillée des dialogues platoniciens, que l’on puisse trouver une « théorie des idées » chez Platon, que ce soit dans Parménide, dans les images mythiques du Phèdre ou dans la République. Cette interprétation est aujourd’hui largement acceptée par les spécialistes de Platon en Amérique du Nord. Il faut donc traiter le sujet avec une certaine prudence.

Qu'est-ce qu'une Forme intelligible ?

L'idée, ou la forme (traduction du grec eidos) est :

  • une réalité invisible (elle est perçue par une intuition de l'esprit) ;
  • une essence immatérielle et éternelle ;
  • un archétype de la réalité.

« Il faut convenir qu'il existe premièrement ce qui reste identique à soi-même en tant qu'idée, qui ne naît ni ne meurt, ni ne reçoit rien venu d'ailleurs, ni non plus ne se rend nulle part, qui n'est accessible ni à la vue ni à un autre sens et que donc l'intellection a pour rôle d'examiner ; qu'il y a deuxièmement ce qui a même nom et qui est semblable, mais qui est sensible, qui naît, qui est toujours en mouvement, qui surgit en quelque lieu pour en disparaître ensuite et qui est accessible à l'opinion accompagnée de sensation. » (Timée, 5152)

Platon est un réaliste (ou un idéaliste objectif) : ce réalisme métaphysique consiste à soutenir la thèse de l'existence de formes ou d'archétypes extérieurs et indépendants de nous, archétypes qui servent de modèles aux choses du monde sensible, au devenir. Ce sont ces Formes qui constituent la réalité de toutes choses, leur essence par quoi nous pouvons les penser, permettant ainsi à la science d'avoir une assise immuable. Les choses du monde sensible, en perpétuel devenir, participent à ces archétypes, dont elles reçoivent le nom. Mais l'intelligibilité même des Formes est reçue d'une réalité que Platon situe au-delà de l'être, et qui est le Bien, comparable au soleil. C'est ce monde métaphysique auquel le philosophe aspire, et il doit s'efforcer de le contempler et de le connaître, autant que sa nature mixte (esprit et corps) y peut parvenir, en attendant d'y séjourner, après la mort (Phédon).

La dialectique ascendante
Monde intelligible Monde sensible
Science Opinion
Idées Objets mathématiques Objets sensibles Ombres des objets sensibles
Connaissance rationnelle intuitive Connaissance rationnelle discursive Croyances Imaginations

L'Un infini et l'infinité non-qualifié

Méthode de la connaissance

Outre la dialectique des dialogues socratiques, Platon a développé plusieurs méthodes de conduite du raisonnement :

  • méthode des conséquences, qui consiste à examiner toutes les conséquences d'une hypothèse ;
  • méthode de division, qui consiste à diviser l'objet que l'on cherche à définir en procédant à l'analyse des espèces et des différences qu'il contient.

C'est la réminiscence qui selon Platon nous permet de connaître les Idées. Cette thèse suppose l'immortalité de l'âme qui, en séjournant dans un monde intelligible supérieur au monde empirique, se souvient des réalités divines qu'elle y a vues.

Cosmologie

Utilisation du mythe

Platon utilise le mythe à plusieurs reprises. Cette utilisation, dans le cas de la description du monde s'explique par la difficulté suivante : si, pour connaître une chose, il faut connaître sa causalité, comment connaître l'acte créateur de la cause ?

L'acte de connaissance doit en effet être le reflet d'un acte créateur qui est inconcevable : comment dans ce cas parler de l'origine du monde ? L'acte créateur n'est-il pas au-delà de tout discours rationnel ? Pourtant l'acte créateur fonde la possibilité de la rationalité. C'est ainsi que Platon se demande comment parler de l'origine du monde sensible, puisque la connaissance dialectique, qui articule les Formes intelligibles, est ici inopérante. On ne peut parler du monde que par un discours qui lui ressemble : un mythe vraisemblable, apparenté au sensible. Le mythe vraisemblable décrit une situation en transposant dans l'espace et le temps les relations que la pensée conçoit sans pouvoir les exposer dialectiquement ; le mythe doit donc être interprété, il ne doit pas être confondu avec la réalité. Il faut traduire en rapport d'idées ce que le mythe a assemblé en fait. Le récit de l'organisation du cosmos par le démiurge va en donner un exemple.

L'organisation du cosmos par le démiurge

Pour connaître le monde, il faut se rapporter à sa cause. La question est de savoir comment exprimer l'antériorité logique d'une cause par rapport à son effet dans le récit.

Ainsi, dans le Timée, Platon décrit le démiurge ; pour que le monde sensible existe, il faut qu'un démiurge le crée. Or, cela ne signifie pas que le démiurge a existé antérieurement au monde : il s'agit d'une simple dépendance ontologique. Il faut donc lire une rationalité derrière le déroulement des faits.

Le démiurge met les éléments constitutifs du monde en ordre, par une unité proportionnelle. Il organise les éléments avec le même rapport entre eux : c'est l'unité proportionnelle du monde visible et corporel. La création se fait donc suivant une mesure ; le temps est fabriqué suivant le nombre. Le monde sensible est un dieu vivant engendré : pour accroître cette ressemblance, le démiurge fabrique une image mobile de l'éternité, résultat d'une activité productrice, qui règle les mouvements des astres pour leur donner un mouvement circulaire uniforme : les astres deviennent les instruments de mesure du temps par leur révolution apparente. Le temps imite l'éternité dans la mesure où il se meut en cercle suivant le nombre, l'éternité étant éternellement identique à elle-même. La partie éternelle de l'âme est directement produite par le démiurge avec les ingrédients même de l'âme du monde.

Le démiurge ne produit pas les corps directement, mais délègue à des dieux subalternes qui les fabriquent tels des potiers. En revanche, l'âme du monde est produite directement de toute pièce par le démiurge.

Le monde est un être vivant, un corps et une âme, engendré à la suite d'une décision réfléchie d'un dieu, selon des procédés artisanaux. Le monde sensible est un cosmos (ordre, arrangement) qui se constitue à partir d'éléments qui lui préexistent. C'est un assemblage de Formes intelligibles et de matière chaotique. Ce n'est donc pas une création ex nihilo.

L'âme du monde est un être vivant qui possède âme, mouvement, animation ; son mouvement est mouvement de connaissance, cause de régularité des cycles célestes. L'âme est automotrice, se meut elle-même et est donc principe du mouvement de chaque être. Elle est donc aussi immortelle et impérissable. L'âme du monde est principe et cause première de l'univers ? En tant que principe premier, elle doit être inengendrée ; or, dans le mythe, le démiurge la fabrique.

Chaque chose, cité, univers, âme, détient un cosmos auquel elle doit se conformer.

Philosophie politique et morale

Structure de l'âme

« Ce qui est divin, immortel, intelligible, ce qui est indissoluble et possède toujours en même façon son identité à soi-même, voilà à quoi l’âme ressemble le plus. » (Phédon)

Pour Platon, l'âme :

  • est un être apparenté aux idées ;
  • a un mouvement propre ;
  • est immortelle ;
  • se divise en trois parties :
    • l'élément raisonnable (nous),
    • l'élément irascible (thumos) ,
    • et l'élément concupiscible (epithmetikov).

« Le corps est une entrave pour l'âme », « Le corps est un tombeau pour l'âme pour celui qui ne l'ouvre pas. »

Platon expose cette constitution tripartite de l'âme dans le Phèdre et dans La République. Le premier, privilégié par le philosophe, est le plus noble des trois. Le second, caractéristique de la volonté d'enrichissement personnel, de bonne réputation et des tentatives de prouesses qui en découlent, n'est utile que s'il se met au service de l'élément raisonnable, afin de maîtriser le troisième, qui mène irrémédiablement au vice. Chacune de ces parties possède une vertu qui lui est propre : la sagesse, le courage et la tempérance ; l'harmonie de ces trois parties est la vertu de justice.

Platon croyait l'âme immortelle et chercha à le prouver dans le Phédon. Cette immortalité se lie à la thèse de la migration des âmes et leurs purifications après la mort qu'il décrit dans des mythes (Gorgias par exemple).

La Cité platonicienne

Platon estime que la science (ou contemplation des Idées) est supérieure à la pratique, à l'art, à la simple technique empirique : l'aspirant au savoir (le philosophe), au-dessus de la foule esclave des passions et des illusions des sens (la caverne de la République que nous modernes, nous pourrions comparer aux médias), est le seul vrai politique (comme Socrate le pensait de lui-même). La politique de Platon est donc une politique qui prétend régir intégralement la vie des hommes, en les organisant dans un système de fonctions dont la tripartition (philosophes, gardiens et travailleurs) est d'origine indo-européenne (on la retrouvera dans l'Ancien Régime). Cette organisation politique doit éviter que les sociétés ne tombent dans la décadence. Platon refuse en conséquence tout individualisme, tout droit à l'originalité et à la liberté subjective (qui n'est qu'un manque de discipline, le résultat d'une éducation défectueuse), car la vérité est une et absolue : c'est elle seule que l'on doit suivre, et elle est connue du seul philosophe.

Ainsi, par sa thèse fondamentale d'une réalité ultime sur laquelle les philosophes établissent leur autorité, on a pu dire que le platonisme est une doctrine politico-théologique préfigurant les développements totalitaires du christianisme (cf. Père de l'Église) ou du marxisme léniniste.

Parallèles entre l'homme juste et la Cité juste

C'est dans La République que Platon expose les théories relatées ci-dessus. Le but de cet ouvrage est de définir la justice chez l'homme. Mais avant d'étudier cette notion à l'échelle de l'individu, Socrate réalise une étude à plus grande ampleur, dans le cadre de la cité.

Tout d'abord, la Cité juste est définie comme étant celle qui est gouvernée par les philosophes, appuyés par les gardiens (oi phulakoi), afin de dominer la masse et de lui imposer les décisions les plus justes possibles.

Platon établit alors un parallèle avec l'âme humaine : dans l'âme du juste, l'élément raisonnable, appuyée par l'élément irascible, domine l'élément concupiscible, l'empêchant ainsi de nuire.

La notion de justice, au final, résulte donc de l'instauration d'un ordre strict et conforme à la nature, afin de réaliser ce qui est bon, et ce, à quelque échelle que ce soit.

Classification des régimes

Platon décrit l'évolution des régimes politiques dans La République (545c - 576b) ; selon lui, cinq régimes se succèdent, du meilleur (le régime parfait) au pire :

  • la gouvernance des philosophes, qu'il nomme « aristocratie » est le seul régime parfait ; il correspond à l'idéal du « philosophe-roi » qui réunit pouvoir et sagesse entre ses mains pour guider l'Homme. Comme « tout ce qui naît est soumis à corruption », ce régime est suivi par quatre régimes imparfaits :
  • la timocratie (régime fondé sur l'honneur)
  • l'oligarchie (régime fondé sur les richesses)
  • la démocratie (régime fondé sur l'égalité)
  • la tyrannie (régime fondé sur le désir) ; ce dernier régime marque la fin de la politique, puisqu'il abolit les lois.

Cette dégradation est le fait du temps, qui est la loi inéluctable à laquelles sont soumises toutes les constitutions.

Œuvres

L'ensemble des œuvres de Platon se compose de 35 Dialogues, de lettres, d'un livre de définitions et de six dialogues apocryphes.

  • Premiers dialogues :
    • Premier Alcibiade
    • Second Alcibiade
    • Hippias mineur
    • Euthyphron
    • Lachès
    • Charmide
    • Lysis
    • Hippias majeur
    • Ion
  • Protagoras
  • Euthydème
  • Gorgias
  • Ménexène
  • Ménon
  • Cratyle
  • Apologie de Socrate
  • Criton
  • Phédon
  • Le Banquet
  • Phèdre
  • La République
  • « Lettre 7 »
  • Théétète
  • Parménide
  • Le Sophiste
  • Politique
  • Philèbe
  • Timée
  • Critias
  • Les Lois
  • Authenticité douteuse :
    • Hipparque
    • Rivaux
    • Théagès
    • Clitophon
    • Minos
    • Épinomis
    • Définitions
  • Dialogues apocryphes :
    • Axiochos
    • De la Justice
    • De la vertu
    • Démodocos
    • Sisyphe
    • Eryxias

Note : on peut trouver les traductions de ces œuvres, entre autres, dans la collection de poche Garnier-Flammarion. Le texte (avec la traduction) est édité dans la Collection des Universités de France (Belles Lettres)

Bibliographie

  • Victor Brochard, La théorie platonicienne de la participation ;
  • Victor Brochard, La morale de Platon ;
  • Léon Robin, Platon ;
  • Léon Robin, La Théorie platonicienne des Idées et des Nombres d'après Aristote ;
  • Jean Brun, Platon et l'Académie, PUF, coll. « Que sais-je ? » ;
  • Alexandre Koyré, Introduction à la lecture de Platon ;
  • G. Lewis-Rodis, Platon ;
  • Karl Popper, La société ouverte et ses ennemis ;
  • François-Xavier Ajavon, L'eugénisme de Platon, L'Harmattan, 2002 ;
  • U. von Wilamowitz-Moellendorf, Platon ;
  • Alain, Platon.
Voir aussi : bibliographie Platonicienne 1992-1994 par Luc Brisson.

Liens externes

mercredi 21 décembre 2005

Jean Jaurès

Jean Jaurès

Jean Jaurès était un homme politique français, né à Castres le 3 septembre 1859 et mort assassiné à Paris le 31 juillet 1914.

Biographie

Fils de la bourgeoisie de province, il est reçu premier à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm en 1878 puis troisième à l'agrégation de philosophie en 1881. Il a tout d'abord enseigné à Albi, puis a rejoint Toulouse en 1882 pour exercer sa chaire de maître de conférences à la faculté des Lettres. Il est élu député républicain à Castres, en 1885. C'est sa défaite aux mêmes élections quatre ans plus tard qui l'a conduit à se présenter à Toulouse, cette fois-ci sous la bannière socialiste, et sur la liste municipale.

L'opportunisme

Jaurès n'a pas toujours été socialiste et marxiste. Quand la République s'installe pour de bon, après une décennie de tergiversations au sujet du régime (en 1870 le Second Empire s'effondre, la République est proclamée mais les monarchistes, divisés, dominent à la Chambre des députés), Jaurès n'a que vingt ans. Il s'engage en politique en 1885, devenant député du Tarn à 25 ans. Il est alors le fils spirituel de Jules Ferry et siège parmi les « opportunistes », républicains socialement modérés. Il trouve alors les radicaux de Clemenceau trop agités et les socialistes violents et dangereux pour l'ordre républicain en construction. Il ne s'en intéresse pas moins au sort de la classe ouvrière et met son éloquence devenue mythique au service des premières lois sociales du régime (liberté syndicale, protection des délégués, création des caisses de retraite ouvrière...). Fils de 1789, il croit cependant au réformisme institutionnel et républicain, à l'alliance des ouvriers et de la bourgeoisie laborieuse pour le triomphe de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.

En 1889 les Républicains gagnent les législatives mais lui, ce Républicain qui prône le contrôle de l'État sur les entreprises, est battu dans la circonscription de Carmaux (Tarn), par le marquis de Solages, président des mines. Il est professeur à Toulouse et soutient ses 2 thèses, puis se présente aux municipales (1890).

La grande grève de Carmaux

Jaurès est à l'écart de la vie politique nationale quand, en 1892, éclate la grande grève des mines de Carmaux. Le maire élu, Jean Baptiste Calvignac, syndicaliste et socialiste, ouvrier mineur, est licencié par le marquis de Solages pour s'être absenté à plusieurs reprises afin de remplir ses obligations d'élu municipal. Les ouvriers se mettent en grève pour défendre ce maire dont ils sont fiers. La République envoie l'armée, 1500 soldats, au nom de la « liberté du travail ». La République semble prendre le parti du patronat monarchiste contre les grévistes. En France, on est en plein scandale de Panama. Jaurès ne supporte plus cette République qui semble montrer son vrai visage, de députés et ministres capitalistes pour qui la finance et l'industrie priment sur le respect des personnes : Carmaux et la mine seront le tremplin politique qu'il cherchait. Il fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, il sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme.

Sous la pression de la grève et de Jaurès, le gouvernement arbitre le différent Solages-Calvignac au profit de Calvignac. Solages démissionne de son siège de député. Jaurès est tout naturellement désigné par les ouvriers du bassin pour les représenter à la Chambre : désormais, c'est un col blanc, et non plus le mineur Calvignac, qui est leur leader. Il est élu malgré les votes ruraux de la circonscription qui ne veulent pas des « partageux ». Jaurès va alors se lancer dans l'incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. À Albi il est à l'origine de la fameuse Verrerie ouvrière. Dans le Languedoc viticole il ira visiter les « vignerons libres de Maraussan » qui créent la première cave coopérative.

L'affaire Dreyfus

Au début de l'affaire Dreyfus, Jaurès ne prend pas clairement position. Il va même jusqu'à condamner dans un premier temps la sentence de déportation, jugée trop clémente (un simple sous-officier aurait été purement et simplement condamné à mort). Cependant, à la suite de la pression populaire, et aussi grâce à l'engouement de la jeune promotion normalienne, Jaurès et les socialistes se mettent à défendre Alfred Dreyfus sans ambages.

Il s'oppose alors aux marxistes orthodoxes, dont le meneur, Jules Guesde, pour qui Dreyfus est un officier bourgeois et donc sa défense ne serait pas prioritaire. Pour Jaurès, l'accablement de malheurs et d'injustices dont Dreyfus est victime gomme les différences de classe. Dreyfus n'est plus un privilégié ou un exploiteur : il est un homme qui souffre injustement. Jaurès fonde le journal L'Humanité en 1904. En 1905, sous pression de l’Internationale, il participe à la fondation de la SFIO, unifiant les différentes sensibilités socialistes de France.

Le pacifisme

Ses prises de position en faveur du pacifisme, peu avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le rendent très impopulaire parmi les nationalistes et il est assassiné au Café du Croissant, rue Montmartre à Paris, trois jours avant le déclenchement des hostilités. Cet assassinat atteint d'ailleurs son but, car il facilite le ralliement de la gauche, y compris beaucoup de socialistes qui hésitaient, à l'« Union sacrée ».

* Voir aussi : L'Union sacrée et les socialistes

À l'issue de la « Grande Guerre » et en réaction au massacre qu'elle occasionna, un grand nombre de communes françaises nomment des rues et des places en son honneur, en rappelant qu'il fut le plus fervent opposant à un tel conflit. Une station du métro parisien porte aussi son nom.

Son meurtrier, Raoul Villain, après 56 mois de détention préventive, est acquitté le 29 mars 1919.

Hommages

La chanson de Jacques Brel intitulée Jaurès (1977), reprise par la suite par Zebda, rappelle à quel point l'homme politique était devenu une figure mythique des classes populaires.

Le parti socialiste français a choisi de lui rendre hommage à travers sa fondation politique, la Fondation Jean Jaurès.

De nombreux collèges et lycées portent son nom :

Quelques citations

  • « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » (Discours à la jeunesse, 1903)
  • « Je n'ai jamais séparé la République des idées de justice sociale, sans laquelle elle n'est qu'un mot ».(1887)
  • « Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup y ramène ».
  • « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage »
  • « Le communisme doit être l'idée directrice de tout le mouvement » (Comment se réalisera le socialisme ?, 1901)
  • « La France n'est pas schismastique, elle est révolutionnaire ». 1905

Liens externes

Source : Wikipedia

Autres citations

Journal officiel (8 avril 1895)

  • Messieurs, il n'y a qu'un moyen d'abolir la guerre entre les peuples, c'est d'abolir la guerre économique entre les individus, le désordre de la société actuelle, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie – qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille – un régime de concorde sociale et d’unité.

Citations

  • Il est bien vrai que la beauté de la science et de l'art est consolatrice.
  • L'oeuvre d'art, quand elle est vraiment belle, est quelque chose de complet, d'achevé.
  • Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots.
  • Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir.
  • Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire.
  • Il faut aller à l'idéal en passant par le réel.
  • Qu'est-ce que l'idéal ? C'est l'épanouissement de l'âme humaine. Qu'est-ce que l'âme humaine ? C'est la plus haute fleur de la nature.
  • Donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises.

Source : Wikiquote