La crise mondiale aujourd'hui est un livre écrit par l'économiste français Maurice Allais en 1999, en tant qu'ouvrage polémique plus que de recherche économique. La dédicace du livre va dans ce sens :

« Ce livre est dédié aux innombrables victimes dans le monde entier de l'idéologie libre-échangiste mondialiste, idéologie aussi funeste qu'erronée, et à tous ceux que n'aveugle pas quelque passion partisane. »

Ci-dessous une note de lecture de Luc Douillard concernant ce livre :

Cet auteur qui est et se dit « libéral » fait des propositions de réformes du système financier mondial bien plus décisives que celles de James Tobin, au point qu'elles pourraient être qualifiées d'utopiques et farfelues si elles venaient d'un économiste « de gauche ».

Extraits
  • « La mondialisation précipitée et excessive qui s'est développée a entraîné par elle-même des difficultés majeures. » « Une instabilité sociale potentielle est apparue partout, une accentuation des inégalités particulièrement aux États-Unis, et un chômage massif en Europe occidentale. »
  • « Ce qui est pour le moins affligeant, c'est que les grandes institutions internationales sont bien plus préoccupées par les pertes des spéculateurs (indûment qualifiés d'investisseurs) que par le chômage et la misère suscités par cette spéculation. »

Remèdes proposés par l'auteur au fonctionnement actuel des institutions financières et monétaires :

Réforme du crédit

  • Toute création monétaire doit relever de l'État et de l'État seul.[1] Les gains provenant de la création monétaire permettraient d'alléger très sensiblement les impôts actuels.[2]
  • Tout financement d'investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts au moins de même terme. Aucun emprunt à long terme ne peut être financé par des emprunts à court terme.

Moyens

Dissociation totale des activités bancaires et leur attribution à trois catégories d'établissements distincts et indépendants.

  • Banques de dépôts : encaissements, paiements, gardent les dépôts de leurs clients.
  • Banques de prêts : le montant global des prêts ne peut excéder le montant global des fonds empruntés.
  • Banques d'affaires : investissent dans les entreprises les fonds empruntés au public ou aux banques de prêts.

Buts

Chaque économie comporte une certaine quantite de monnaie, ainsi qu'en décide la banque centrale, et des titres qui en font office qui peuvent être émis par des personnes privées. Les dépositaires de fonds, par exemple les banques, vont prêter contre intérêt une certaine quantité de l'argent deposé chez eux sans en avertir le propriétaire qui n'a plus son argent mais qui dispose d'un titre sur la banque. Cette somme s'élève a 80% du total des depôts selon le système dit "de Palmstruch". L'argent prêté est ainsi reinjecté dans l'économie ex nihilo puisque le proprietaire des fonds conserve la possibilité de le retirer en échange de son titre, provoquant une inflation qui va à terme annuler l'effet de cette "création".

Les depositaires vont également prêter aux organismes de crédit. Ceux-ci vont répartir cet argent en divers sous credits, aux taux plus eleves (par exemple en crédits à la consommation). Ceux-ci sont légalement limités par un ratio entre leurs ressources financières et le montant prêté, afin de limiter les risques encourus par une fragilisation de l'économie. Mais un mécanisme permet de contourner cette protection en payant des tiers pour qu'ils récupèrent les créances des clients (la titrisation). Chaque dépôt en argent est étiré pour être démultiplié, laissant l'économie à la merci du premier retrait de fonds.

Devant la fragilité de la chaîne financière, qui n'a pourtant aucun impact à long terme, on comprend qu'Allais ait cherché à dissocier les activités de dépôt et de prêt afin de limiter cette gestion à flux tendu du financement.

Réforme de l'indexation

Indexation obligatoire de tous les engagements sur l'avenir : prêts, emprunts, salaires, etc. aussi bien entre particuliers, entreprises et État.

But

Libérer l'économie de toutes les contraintes attachées à l'incertitude de l'avenir, établir pleinement le principe d'honnêteté dans l'exécution des contrats. En finir avec la spoliation des débiteurs ou des créanciers.

Réforme des marchés boursiers

Le système actuel est fondamentalement anti-économique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il s'agit de :

  • Rendre impossible le financement des opérations boursières et de la spéculation par la création de moyens de paiement ex nihilo.
  • Augmenter les garanties en liquidités.
  • Supprimer la cotation en continu et la remplacer par une seule cotation par jour pour chaque place financière et pour chaque valeur.[3]
  • Supprimer les programmes d'achat/vente automatiques.
  • Interdire la spéculation sur les indices et les produits dérivés.[4]

Réforme du système monétaire international

  • Abandonner le système de changes flottants pour un système de taux de changes fixes mais revisables.
  • Interdire toute dévaluation compétitive.
  • Abandonner le dollar comme monnaie de compte, d'échange et de réserve.
  • Etablir progressivement une unité de compte commune sur le plan international par un système approprié d'indexation.
  • Interdire la spéculation aux banques sur les changes, les actions, obligations et produits dérivés.

« Il s'agit de réformes fondamentales qui intéressent la vie de tous les jours de millions de citoyens. Ces réformes indispensables n'ont été réalisées, ni même envisagées, ni par les libéraux justement préoccupés de favoriser l'efficacité de l'économie, ni par les socialistes justement attachés à l'équité de la distribution des revenus… Les uns et les autres n'ont cessé d'être aveuglés par la répétition incessante de toutes parts de pseudo-vérités et par des préjugés erronés. »

« Il faut se méfier des experts quels qu'ils soient, et des économistes en particulier. Comme les médecins, ils sont indispensables, mais il faut bien se garder de les suivre les yeux fermés »

Notes

  1. « Dans son essence la création de monnaie ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique… à la création de monnaie par des faux monnayeurs. Concrètement, elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. »
  2. Ces gains procurés aux États et que Maurice Allais estime, en France, presque aussi importants que ceux de l'impôt sur le revenu ne pourraient-ils pas, tout aussi bien (comme la taxe Tobin) servir à éradiquer la pauvreté ?
  3. « …soutenir que la cotation continue des cours est nécessaire revient à supposer que les opérateurs sont capables de déterminer immédiatement l'influence de l'indice… » des prix américains qui, par exemple, vient d'être connu, sur la valeur d'autres actions. « En réalité il n'existe aucun opérateur ayant cette capacité… Le seul cas où une information de dernière heure pourrait avoir une influence déterminante sur l'estimation, par exemple, de la valeur boursière des actions Peugeot en France relève en réalité d'un délit d'initié. » « La cotation continue des cours permet toutes les manipulations et elle permet toutes les opérations déshonnêtes des intermédiaires. Elle n'a qu'un seul résultat : tromper et spolier les épargnants. »
  4. « Les énormes profits des fonds spéculatifs (hedge-funds) impliquent d'énormes risques… Inutilité de ces spéculations pour un fonctionnement normal de l'économie, mais également instabilité fondamentale qu'elles génèrent et risques considérables qu'elles font courir à l'ensemble de l'économie… Interdire les spéculations sur les produits dérivés et dissoudre tous les hedge-funds… On ne peut prendre le risque de déstabiliser l'économie mondiale sous le seul prétexte de maintenir les gains éventuels des spéculateurs. » « L'organisation actuelle des marchés boursiers a été conçue dans le seul intérêt de ceux qui participent à la mise en œuvre de ces nouveaux instruments ». « …cette organisation est fondamentalement nuisible pour l'ensemble de l'économie ; elle est éminemment déstabilisatrice ; elle favorise une volatilité excessive des marchés ; elle se prête à toutes les manipulations ; elle est génératrice de fraude et inutilement coûteuse. » « Il paraît difficile de qualifier d'"investisseurs" des opérateurs dont la seule motivation est de spéculer sur le comportement grégaire de l'ensemble des spéculateurs. Il ne s'agit pas ici de décisions économiques d'investissements, mais de pures opérations de spéculation, où seuls les initiés peuvent effectivement gagner. » « La spéculation sur les produits dérivés est en tout point comparable à ce que sont les spéculations sur les jeux de course, ou les spéculations sur les loteries » (Commentaire : à la différence des courses et loteries la spéculation sur les produits dérivés peut avoir des conséquences économiques graves.) « Elles n'offrent réellement aucun avantage pour l'économie et elles ne peuvent que compromettre sa stabilité. »

Source : Wikipedia.