mardi 18 juillet 2006

Inondation de la mer du Nord de 1953

La tempête

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, une très violente tempête du Nord-ouest propulsa l'eau à des hauteurs inouïes dans l'étroit goulet au sud de la mer du Nord. À Hoek Van Holland, où l'eau atteint normalement 80 cm au-dessus du niveau de la mer marée haute – par rapport au niveau zéro d'Amsterdam, NAP, Normaal Amsterdam Peil – on a mesuré cette nuit là un niveau jamais atteint de 385 centimètres !

Les tempêtes sont fréquentes en mer Du Nord, et le vent vient généralement du sud-ouest. C'est-à-dire qu'il souffle parallèlement a la côte des Pays-Bas. Mais cette nuit là, le vent soufflait du nord-ouest, donc perpendiculairement à la côte, ce qui est très dangereux pour les Pays-Bas. De plus la tempête fut exceptionnellement longue. A cause de cela, l'eau refoulée par la marée montante, dans l'après-midi du samedi 31 janvier, avait peu baissé à la marée suivante. Si bien que pendant la marée montante à l'aube du dimanche matin 1er février, l'eau avait encore monté. De plus, la nuit de la catastrophe coïncidait avec une marée de vives eaux.

Les marées de vives eaux sont dûes à la concordance de l'attraction lunaire et solaire : si la Lune et le Soleil se trouvent sur une même ligne par rapport a la Terre, ils renforcent mutuellement leur attraction et donc la force de la marée. Ce phénomène se produit deux fois par mois, à la pleine lune et à la nouvelle lune. Comme la Lune a une trajectoire elliptique autour de la Terre, la distance entre la Terre et la Lune varie.

Durant la nuit de la catastrophe, la Lune était relativement loin de la Terre. Son influence sur le niveau de l'eau fut donc minime, comparée à celle de la tempête. Mais on frémit à l'idée que deux semaines plus tard, la marée de vives eaux étant plus forte, les niveaux d'eau auraient été encore plus élevés. En effet, dans ce cas, une grande partie de la province de la Hollande méridionale aurait put être inondée. Et la catastrophe aurait pu être pire encore, si la force du vent n'avait pas diminué lorsque la tempête atteignit la côte. A ce moment-là, le vent était de force 10 mais peu de temps auparavant, au large de la côte orientale de l'Ecosse, avaient été mesurés des vents de force 12.

Les conséquences de ce raz-de-marée furent désastreuses : plus de 1.800 morts, 160.000 hectares de terres inondées, de nombreuses têtes de bétail noyées, et de beaucoup de bâtiments détruits ou endommagés.

La genèse du plan Delta

Oosterscheldekering
Oosterscheldekering, le plus important ouvrage du Plan Delta

La cause de la catastrophe fut d'abord imputée à un malheureux concours de circonstances. Après la tempête, il apparut clairement que les facteurs humains avaient aussi joué un rôle. L'entretien des digues avait laissé à désirer avant la guerre, pendant les années de crise. En 1939, le ministre des Transports et de la Gestion des Eaux avait crée une "commission des marées et tempêtes". Dans les années qui suivirent, différents rapports attirèrent l'attention sur l'état préoccupant des digues.

Pendant la guerre la situation ne s'améliora pas, et en 1943 on évita de peu une inondation catastrophique. Après la guerre, le budget du ministère des Transports n'en fut pas moins réduit. La reconstruction, la crise du logement et la tension politique croissante entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest exigeaient d'importants investissements.

Cependant on étudiait depuis de nombreuses années déjà les possibilités d'accroître la sécurité des îles du sud-ouest. C'est ainsi qu'on avait construit, dès 1950, un barrage sur la Brielse Maas. La discussion s'engagea ensuite sur la question de savoir s'il fallait continuer à construire de grands barrages de fermeture, ou bien s'il valait mieux surélever et renforcer l'intégralité des 700 km de digues marines dans la région du Delta ; mais c'est la catastrophe de 1953 qui incita les pouvoirs publics à prendre rapidement une décision et à mettre en oeuvre le plan Delta.

Le 18 Février 1953, le ministre des Transports et de la Gestion des Eaux créa une commission composée essentiellement d'ingénieurs, la commission Delta. Un an plus tard, cette commission publia un avis recommandant de fermer tous les bras de mer, a l'exception de l'Escaut occidental et du Nieuwe Waterweg, par de solides barrages. Ce plan fut adopté en novembre 1957.

Étant donné que plus d'un tiers du pays se trouve sous le niveau de la mer, la tâche s'annonçait difficile. Les dunes le long de la côte furent relevées de plus de 5 mètres, et les îles de la Zélande furent reliées par des digues et divers ouvrages d'art. Le plus sophistiqué d'entre eux est l'Oosterscheldekering, qui peut être ouvert ou fermé pour protéger la baie formée tout en gardant sa salinité, pour la pérennité de la faune sauvage et de l'industrie de la pêche. Les ouvrages d'art, d'une longueur totale de 25 kilomètres, ont réduit en revanche la côte maritime des Pays-Bas d'environ 700 kilomètres.

D'après le calendrier d'alors, le projet devait être achevé en 1978, exactement un quart de siècle après la catastrophe. A cause de modifications et d'agrandissements du plan, cette date n'a pas été tenue. Le barrage anti-tempête sur l'Escaut occidental, considéré par beaucoup comme la conclusion des travaux du plan Delta, fut terminée en 1986, et le barrage anti-tempête sur le Nieuwe Waterweg, dont la construction n'a été décidée qu'après 1986, ne le sera qu'en 1996, soit 43 ans après la catastrophe.

Cependant, il y a un débat fondamental à propos des fondements du Plan Delta : le niveau de la terre baisse et celle-ci est soumise au réchauffement global et au changement de climat. Le niveau des océans monte. Les digues vont sans doute devoir être renforcées et rehaussées, créant davantage d'enfoncement du terrain. Certains avancent que le déplacement des villes et l'abandon de terres à la mer seraient une solution plus viable à long terme qu'une bataille contre les eaux.

Sources : Inondation de la mer du Nord et Plan Delta (Wikipedia).

Le patio des Lions de l'Alhambra

Le patio des Lions de l'Alhambra

Le développement des connaissances de l'Occident sur l'art islamique a influencé le courant artistique de l'Orientalisme, qui se mêle lors de son apogée au XIXe siècle avec la vision romantique donnée par les peintres.
Ici, le patio des Lions de l'Alhambra, seul palais islamique accessible aux peintres en Occident.
Gouache par Adolf Seel, effectuée à l'occasion d'un voyage d'études, 1886.

Source : Wikipedia où vous trouverez un article intéressant sur l'histoire de l'art islamique.

portique de la tour des Dames, jardins du Partal

portique de la tour des Dames, jardins du Partal

Source : Wikipedia.

Nuit de lune

Nuit de Lune (1835)


Joseph von Eichendorff


Traduction: Wikisource

C'était comme si le ciel
Eût embrassé la terre,
Comme si dans la clarté des fleurs,
Elle eût à rêver de lui.

L'air passait à travers champs,
Les épis se berçaient lentement,
Les forêts bruissaient doucement,
Tant la nuit était claire d'étoiles.

Et mon âme étendait
Largement ses ailes,
Volait à travers des campagnes calmes,
Comme pour rentrer chez elle.

Source : Wikisource.

lundi 17 juillet 2006

Technique culturale simplifiée

En agriculture, les techniques culturales simplifiées (TCS) sont des méthodes de travail limitant le travail du sol. Les TCS ont été initialement développées en Amérique du Sud où les méthodes classiques, importées par les colons européens, n'étaient pas adaptées aux conditions pédoclimatiques (interaction entre le climat et le sol). En effet, du fait de la chaleur et des pluies abondantes et fortes, le sol subit une minéralisation importante des éléments nutritifs qui sont ensuite lessivés.

La principale remise en cause a été celle du labour. Le labour « profond », inventé sous des climats tempérés, favorise le lessivage des sols et peut rendre stériles des terrains entiers. Parfois, on parle de non-labour pour désigner les TCS.

Les TCS préconisent de laisser dans les champs les débris végétaux, chaumes et pailles, pour limiter l'érosion des sols. Cela favorise le développement de la microfaune, et notamment les vers de terre, qui ameublissent la terre à la place du paysan. Un travail superficiel du sol avant le semis sera, selon les cas, plus ou moins nécessaire. Cela peut aller d'une préparation très sommaire juste sur la ligne de semis, le semis direct, jusqu'à un déchaumage complet sur l'intrégalité de la surface.

Avantages agronomiques

Les TCS limitent le lessivage des sols. Ces techniques font parties des « bonnes pratiques agricoles » dans les milieux fragiles. L'intérêt, de ce point de vue, est nettement plus limité dans les régions traditionnelles de labour.

Les TCS agrandissent également les « fenêtres météorologiques » : nécessitant moins de temps de travail, l'agriculteur a plus de sécurité pour réaliser son travail dans les conditions optimales.

Avantages économiques

Les TCS nécessitent moins de matériel agricole et donc moins de capitaux.

Inconvénients agronomiques

La formation d'un « mulch » (mélange de terre et de débris végétaux) favorisent les parasites et les maladies des plantes. En effet, le labour n'est pas seulement une préparation du sol pour l'amener à une bonne structure, mais joue aussi un rôle dans les contrôles des adventices. Le non-labour se traduit ainsi par une surconsommation de produits chimiques si l'agriculteur ne posséde pas une excellente maîtrise des techniques de traitements phytosanitaires.

La maîtrise des mauvaises herbes (adventices) et des parasites est plus délicate qu'avec les techniques classiques essentiellement chimiques (désherbant).

Les TCS impliquent notamment une bonne rotation. Il est quasiment impossible d'exploiter le sol en monoculture avec un travail réalisé en TCS. Cela aurait pour incidence de conserver les mauvaises herbes, les parasites...

Inconvénients économiques

Les inconvénients économiques portent essentiellement sur la maîtrise des adventices et des parasites (notamment les limaces). Si l'agriculteur est étranger aux dernières technologies agricoles, les coûts de produits phytosanitaires peuvent devenir prohibitifs, ou le rendement peut en souffrir.

Conclusion

Certains agriculteurs refusant l'emploi de produits chimiques, associent techniques biologiques et TCS. C'est la permaculture.

En remettant en cause l'outil le plus symbolique de l'agriculture, les TCS ont réalisé une vraie révolution dans les pays à écosystème fragile comme les pays tropicaux. Dans les pays à climat tempéré, le labour reste une technique tout à fait adaptée, mais les TCS trouvent un écho favorable notamment pour leur intérêt économique.

Liens externes

Source : Wikipedia.

Jethro Tull

Jethro Tull est un pionnier anglais en agronomie né en 1674 à Basildon et mort le 21 février 1741 à Shalbourne. Son nom a été repris par le groupe Jethro Tull.

Biographie

Influencé par les débuts du Siècle des Lumières, Tull est considéré comme l'un des premiers à aborder l'agriculture de manière scientifique et empirique. Il a transformé les pratiques agricoles en inventant et en améliorant plusieurs concepts, le fait le plus notoire étant son invention en 1701 du semoir alors qu'il vivait à Crowmarsh Gifford. Avant ce système mécanique, les graines étaient répandues sur le sol à la main et germaient à sa surface. La machine de Tull améliorait considérablement ce principe en creusant un trou à une profondeur spécifique, en y déposant une graine et en recouvrant le tout à la fin de l'opération. Le semoir pouvait traiter trois rangées à la fois. Le résultat immédiat fut une augmentation du taux de germination, et une récolte accrue (d'un facteur pouvant aller jusqu'à 800%).

Tull était partisan de l'utilisation des chevaux en lieu et place des bœufs, et inventa une machine tractée par un cheval pour nettoyer la terre et retirer les mauvaises herbes. Ce travail fut le sujet de son livre New Horse Hoeing Husbandry en 1731, un ouvrage qui lança une controverse. Il apporta également des modifications à la charrue. Il s'intéressait à cette dernière car elle faisait partie de la gestion des mauvaises herbes. Tull pensait que l'utilisation d'engrais n'était pas nécessaire et que les plantes trouvaient suffisamment de nutriments dans le sol, si celui-ci était correctement utilisé. Il prônait la pulvérisation et la dispersion de la terre au lieu d'un enrichissement avec du fumier qui apportait des mauvaises herbes. Une fois dispersée en une fine couche, la terre devait théoriquement libérer ses nutriments.

Si Tull s'est trompé sur l'importance des engrais en agriculture et que certaines de ses inventions furent controversées et restèrent peu utilisées à son époque, il reste pour beaucoup l'un des pionniers les plus significatifs de l'agriculture moderne et efficace.

Source : Wikipedia.

René Dubos

René Dubos (1901-1982) était un agronome, biologiste et écologiste français.

Vers la fin de sa vie, sa carrière de chercheur se réoriente vers l'écologie et notamment l'écologie globale. Il prépare en 1972, avec Barbara Ward, le rapport de base de la première conférence internationale des Nations unies sur l’environnement humain de Stockholm, qui a pour titre Nous n’avons qu’une terre. Il est ensuite à l'origine de la création du Programme des Nations unies pour l'environnement.

Citations

  • « Penser globalement, agir localement. »
  • « Tendance n'est pas destinée. »
  • « L'important dans la recherche c'est l'imprévisible. »

Œuvres

  • Louis Pasteur, franc-tireur de la science 1955
  • Mirage de la santé 1964
  • La Leçon de Pasteur 1960
  • Les Rêves de la raison 1964
  • L’homme et l’adaptation au milieu 1973
  • Cet animal si humain 1972 (Prix Pulitzer)
  • Les dieux de l’écologie 1973
  • Choisir d’être humain 1974
  • Chercher avec J.P. Escande 1982
  • Courtisons la terre 1980
  • Les célébrations de la vie 1982

SOurce : Wikipedia.

mercredi 12 juillet 2006

Lettre d'Amadou Hampâté Ba adressée à la jeunesse

Mes chers cadets

Celui qui vous parle est l`un des premiers nés du vingtième siècle. Il a donc vécu bien longtemps et, comme vous l`imaginez, vu et entendu beaucoup de choses de par le vaste monde. Il ne prétend pas pour autant être un maître en quoi que ce soit. Avant tout, il s`est voulu un éternel chercheur, un éternel élève, et aujourd`hui encore sa soif d`apprendre est aussi vive qu`aux premiers jours.

Il a commencé par chercher en lui-même, se donnant beaucoup de peine pour se découvrir et se bien connaître en son prochain et l`aimer en conséquence. Il souhaiterait que chacun de vous en fasse autant.

Après cette quête difficile, il entreprit de nombreux voyage à travers le monde : Afrique, Proche-Orient, Europe, Amérique. En élève sans complexe ni préjugés, il sollicita l`enseignement de tous les maîtres et tous les sages qu`il lui fut donné de rencontrer. Il se mit docilement leur à écoute. Il enregistra fidèlement leurs dires et analysa objectivement leur leçon, afin de bien comprendre les différents aspects de leur comportement. Bref, il s`efforça toujours de comprendre les hommes, car le grand problème de la vie, c`est la MUTUELLE COMPREHENSION.

Certes, qu`il s`agisse des individus, des nations, des races ou des cultures, nous sommes tous différents les uns les autres ; Mais nous avons tous quelque chose de semblable aussi, et c`est cela qu`il faut chercher pour pouvoir se reconnaître en l`autre et dialoguer avec lui. Alors, nos différences, au lieu de nous séparer, deviendront complémentaires et sources d`enrichissement mutuel.

De même que la beauté d`un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, penseraient et vivraient de la même façon ! N`ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s`enrichirait-on soi-même ?

A notre époque si grosse de menaces de toutes sortes, les hommes doivent mettre l`accent non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu`ils ont de commun, dans le respect de l`identité de chacun. La rencontre et l`écoute de l`autre sont toujours plus enrichissantes, même pour l`épanouissement de sa propre identité, que les conflits ou les discussions stériles pour imposer son propre point de vue. Un vieux maître d`Afrique disait : il y a " ma " vérité et " ta " vérité, qui ne se rencontreront jamais. " LA " Vérité se trouve au milieu. Pour s`en approcher, chacun doit se dégager un peu de " sa " vérité pour faire un pas vers l`autre…

Jeunes gens, derniers-nés du vingtième siècle, vous vivez à une époque à la fois effrayante par les menaces qu`elle fait peser sur l`humanité et passionnante par les possibilités qu`elle ouvre dans le domaine des connaissances et de la communication entre les hommes. La génération du vingt et unième siècle connaître une fantastique rencontre de races et d`idées. Selon la façon dont elle assimilera ce phénomène, elle assurera sa survie ou provoquera sa destruction par des conflits meurtriers.

Dans ce monde moderne, personne ne peut plus se réfugier dans sa tour d`ivoire. Tous les Etats, qu`ils soient forts ou faibles, riches ou pauvres, sont désormais interdépendants, ne serait-ce que sur le plan économique ou face aux dangers d`une guerre internationale. Qu`ils le veuillent ou non, les hommes sont embarqués sur un même radeau : qu`un ouragan se lève, et tout le monde sera menacé à la fois. Ne vaut-il pas mieux avant qu`il ne soit trop tard ?

L`interdépendance même des Etats impose une complémentarité indispensable des hommes et des cultures. De nos jours, l`humanité est comme une grande usine où l`on travaille à la chaîne : Chaque pièce, petite ou grande, a un rôle défini à jouer qui peut conditionner la bonne marche de toute l`usine.

Actuellement, en règle générale, les blocs d`intérêt s`affrontent et se déchirent. Il vous appartiendra peut-être, ô jeunes gens, de faire émerger peu à peu un nouvel état d`esprits, d`avantage orienté vers la complémentarité et la solidarité, tant individuelle qu`internationale. Ce sera la condition de la paix, sans laquelle, il ne saurait y avoir de développement.

Je me tourne maintenant vers vous, jeunes africains noirs. Peut-être certains d`entre vous se demandent-ils si nos pères avaient une culture, puisqu`ils n`ont pas laissé de livre ? Ceux qui furent pendant si longtemps nos maîtres à vivre et à penser n`ont-ils pas presque réussi à nous faire croire qu`un peuple sans écriture est un peuple sans culture ? Mais, il est vrai que le premier soin de tout colonisateur quel qu`il soit (à toutes les époques et d`où qu`il vienne) a toujours été de défricher vigoureusement le terrain et d`en arracher les cultures locales afin de pouvoir y semer à l`aise ses propres valeurs.

Heureusement, grâce à l`action de chercheurs tant africains qu`européens, les opinions ont évolué en ce domaine et l`on reconnaître aujourd`hui que les cultures orales sont des sources authentiques de connaissances et de civilisation. La parole n`est-elle pas, de toute façon, mère de l`écrit, et ce dernier n`est-il pas autre chose qu`une sorte de photographie du savoir et de la pensée humaine ?

Les peuples de race noire n`étant pas des peuples d`écriture ont développé l`art de la parole d`une manière toute spéciale. Pour n`être pas écrite, leur littérature n`en est pas moins belle. Combien de poèmes, d`épopées, de récits historiques et chevaleresques, de contes didactiques, de mythes et de légendes au verbe admirable se sont ainsi transmis à travers les siècles, fidèlement portés par la mémoire prodigieuse des hommes de l`oralité, passionnément épris de beau langage et presque tous poèmes !

De toute cette richesse littérature en perpétuelle création, seule une petite partie a commencé d`être traduite et exploitée. Un vaste travail de récolte reste encore à faire auprès de ceux qui sont les derniers dépositaires de cet héritage ancestral hélas en passe de disparaître. Quelle tâche exaltante pour ceux d`entre vous qui voudront s`y consacrer !

Mais la culture, ce n`est pas seulement la littérature orale ou écrite, c`est aussi et surtout un art de vivre, une façon particulière de se comporter vis-à-vis de soi-même, de ses semblables et de tout le milieu naturel ambiant. C`est une façon particulière de comprendre la place et le rôle de l`homme au sein de la création.

La civilisation traditionnelle (je parle surtout de l`Afrique de la savane au Sud du Sahara, que je connais plus particulièrement) était avant tout une civilisation de responsabilité et de solidarité à tous les niveaux. En aucun cas un homme, quel qu`il soit, n`était isolé. Jamais on n`aurait laissé une femme, un enfant, un malade ou un vieillard vivre en marge de la société, comme une pièce détachés. On lui trouvait toujours une place au sein de la grande famille africaine, où même l`étranger de passage trouvait gîte et nourriture. L`esprit communautaire et le sens du partage présidaient à tous les rapports humains. Le plat de riz, si modeste fût-il, était ouvert à tous.

L`homme s`identifiait à sa parole, qui était sacrée. Le plus souvent, les conflits se réglaient pacifiquement grâce à la " palabre " : " Se réunir pour discuter ", dit l`adage, " c`est mettre tout le monde à l`aise et éviter la discorde ". Les vieux, arbitres respectés, veillaient au maintien de la paix dans le village. " Paix ", " La paix seulement ! ", Sont les formules-clé de toutes les salutations et des religions traditionnelles était l`acquisition, par chaque individu, d`une totale maîtrise de soi et d`une paix extérieure. C`est dans la paix et dans la paix seulement que l`homme peut construire et développer la société, alors que la guerre ruine en quelques jours ce que l`on a mis des siècles à bâtir.

L`homme était également considéré comme responsable de l`équilibre du monde naturel environnant. Il lui était interdit de couper un arbre sans raison, de tuer un animal sans motif valable. La terre n`était pas sa propriété, mais au dépôt sacré confié par le créateur et dont il n`était que le gérant. Voilà une notion qui prend aujourd`hui toute sa signification si l`on songe à la légèreté avec laquelle les hommes de notre temps épuisent les richesses de la planète et détruisent ses équilibres naturels.

Certes, comme toute société humaine, la société africaine avait aussi ses tares, ses excès et ses faiblesses. C`est à vous jeunes gens et jeunes filles, adultes de demain, qu`il appartiendra de laisser disparaître d`elles-mêmes les coutumes abusives, tout en sachant préserver les valeurs traditionnelles positives. La vie humaine est comme un grand arbre et chaque génération est comme un jardinier. Le bon jardinier n`est pas celui qui déracine, mais celui qui, le moment venu, sait élaguer les branches mortes et, au besoin, procéder judicieusement à des greffes utiles. Couper le tronc serait se suicider, renoncer à sa personnalité propre pour endosser artificiellement celle des autres, sans y parvenir jamais tout à fait. Là encore, souvenons-nous de l`adage : " il flottera peut-être, mais jamais il ne deviendra caïman ! ".

Soyez, jeunes gens, ce bon jardinier qui sait que, pour croître en hauteur et étendre ces branches dans les directions de l `espace, un arbre a besoin de profondes et puissantes racines. Ainsi enracinés en vous-mêmes vous pouvez sans crainte et sans dommage ouvrir vers l`extérieur, à la fois pour donner et pour recevoir.

Pour ce vaste travail, deux outils vous sont indispensables : tout d`abord, l`approfondissement et la préservation de vos langues maternelles, véhicules irremplaçables de nos cultures spécifiques ; ensuite, la parfaite connaissance de la langue héritée de la colonisation (pour nous la langue française), tout aussi irremplaçable, non seulement pour permettre aux différentes ethnies africaines de communiquer entre elles et de se mieux connaître, mais aussi pour nous ouvrir sur l`extérieur et nous permettre de dialoguer avec les cultures du monde entier.

Jeunes gens d`Afrique et du monde, le destin a voulu qu`en cette fin de vingtième siècle, à l`aube d`une ère nouvelle, vous soyez comme un pont jeté entre deux mondes : celui du passé, où de vieilles civilisations n`aspirent qu`à vous léguer leurs trésors avant de disparaître, et celui de l`avenir, plein d`incertitudes et de difficultés, certes, mais riche aussi d`aventures nouvelles et d`expériences passionnantes. Il vous appartient de relever le défi et de faire en sorte qu`il y ait, non rupture mutilante, mais continuation sereine et fécondation d`une époque par l`autre.

Dans les tourbillons qui vous emporteront, souvenez-vous de nos vieilles valeurs de communauté, de solidarité et de partage. Et si vous avez la chance d`avoir un plat de riz, ne le mangez pas tout seul !

Si les conflits vous menacent, souvenez-vous des vertus du dialogue et de la palabre !

Et lorsque vous voulez vous employez, au lieu de consacrer toutes vos énergies à des travaux stériles et improductifs, pensez à revenir vers notre Mère la terre, notre seule vraie richesse, et donnez-lui tous vos soins afin que l`on puisse en tirer de quoi nourrir tous les hommes. Bref, soyez au service de la vie, sous tous ses aspects !

Certains d`entre vous diront peut-être : " c`est trop nous demander ! Une telle tâche nous dépasse ! ". permettez au vieil homme que je suis de vous confier un secret : de même qu`il n`y a pas de " petit incendie (tout dépend de la nature du combustible rencontré), il n`y a pas de petit effort. Tout effort compte, et l`on ne sait jamais, au départ de quelle action apparemment modeste sortira l`événement qui changera la face des choses. N`oubliez pas que le roi des arbres de la savane, le puissant et majestueux baobab, sort d`une graine qui, au départ, n`est pas plus grosse qu`un tout petit grain de café…

Amadou Hampaté BA 1985

Source : Lettre ouverte politique.

mardi 11 juillet 2006

L'Âme et le corps - l'énergie spirituelle - Henri Bergson

Ce philosophe s'intéresse au domaine de l'existence hypothétique ou non de l'âme et des rapports avec le corps. Il démontre que la conscience, le moi est quelque chose qui dépasse le corps, ou plus exactement que c'est un fait d'expérience. Aux scientifiques alors revient d'infirmer cette théorie : thèse de l'apparence du "moi". Bien sûr, cela n'a pas encore été infirmé et il y a peu de chance que cela le soit un jour. En allant plus loin, il s'intéresse aux souvenirs et démontre que le cerveau ne conserve pas les souvenirs mais se contente seulement de les solliciter. Enfin, sans démontrer que l'âme est immortelle, chose propre aux religions, il affirme vraisemblable, compte-tenu des capacités de l'esprit bien plus étendues que celle du cerveau, sa survivance à la mort du corps. Et il revient aux scientifiques encore une fois de démontrer le contraire.

Source : Wikisource.

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lundi 3 juillet 2006

15 défis mondiaux pour l'humanité

Les 15 défis mondiaux ont été définis en 1997 par le projet Millenium du Conseil Américain de l'Universite des Nations Unies.

  1. Comment réaliser le développement durable pour tous ?
  2. Comment faire pour que chacun ait suffisamment d'eau propre sans conflit ?
  3. Comment équilibrer les ressources et la croissance de la population ?
  4. Comment la démocratie véritable peut-elle émerger des régimes autoritaires ?
  5. Comment rendre la politique plus sensible aux perspectives à long terme et mondiales ?
  6. Comment apporter l'information et les technologies de communication pour tous ?
  7. Comment le marché éthique peut-il être encouragé afin de réduire les inégalités entre les riches et les pauvres ?
  8. Comment la menace des maladies nouvelles et réémergentes et des micro-organismes immunisés peut-elle être réduite ?
  9. Comment la capacité de décider peut-elle être améliorée alors que la nature du travail et des institutions change ?
  10. Comment les valeurs partagées et les nouvelles stratégies de sécurité peuvent-elles réduire les conflits ethniques, le terrorisme, et l'utilisation des armes de destruction massive ?
  11. Comment le changement de statut des femmes peut-il améliorer la condition humaine ?
  12. Comment empêcher les réseaux criminels organisés internationaux de devenir des entreprises mondiales plus puissantes et plus sophistiquées ?
  13. Comment répondre à la demande énergétique croissante sans risque et efficacement ?
  14. Comment les percées scientifiques et technologiques peuvent-elles être accélérées pour améliorer la condition humaine ?
  15. Comment intégrer les considérations éthiques d'une manière systématique dans les décisions mondiales ?

Source : 15 Global Challenges (Wikipedia)

Réflexions

Ce sont de bonnes questions à se poser. On peut comprendre que la recherche des richesses telles qu'elle se fait actuellement au détriment des autres et de l'environnement dans le court terme nous causera du tort à plus long terme. Le développement durable, c'est aussi se poser les bonnes questions, être sage, respecter la nature, les autres et aussi bien sûr nous-mêmes.