mardi 28 février 2006

Crise des missiles de Cuba

Source : Wikipedia.

Du 22 octobre au 31 octobre 1962, le monde fut au bord de la guerre nucléaire.

Événements précurseurs de la crise

Durant les années 50, les États-Unis contrôlent plus ou moins l'île de Cuba depuis l'indépendance de l'île vis-à-vis de l'Espagne (1898). En janvier 1959, le dictateur Fulgencio Batista est renversé par une guérilla soutenue par le peuple cubain, avec à sa tête Ernesto « Che » Guevara et Fidel Castro.

Fidel Castro entreprend rapidement, le 17 mai une réforme agraire, et chasse les compagnies états-uniennes de Cuba, dont United Fruit Co.

Le 21 octobre 1959 les États-Unis lancent une attaque sur La Havane. Deux avions mitraillent la ville, causant 2 morts et 50 blessés.

Le 15 avril 1961, 1500 hommes soutenus par une force aérienne débarquent dans la Baie des Cochons. Ces troupes sont principalement constituées d'exilés anticastristes, entraînés par la CIA dans un camp au Guatemala, dans le cadre d'une opération financée par l'administration Eisenhower. Différentes villes sont bombardées, mais les forces cubaines viennent à bout de cette invasion. Très peu de combattants ont été tués quant aux autres, définis par Fidel Castro comme des "guzanos" (vermine), ils ont été faits prisonniers pour pouvoir échanger leur liberté contre des médicaments.

Le 24 avril 1961, J. F. Kennedy qui succède à D. Eisenhower, déclare assumer la pleine responsabilité de cette action, l'embargo contre Cuba commence alors.

En novembre 1961, les États-Unis déploient 15 missiles Jupiter en Turquie, capables d'atteindre le territoire soviétique et 30 autres en Italie.

Début de la crise

En mai 1962, Nikita Khrouchtchev déclenche l'opération « Anadyr » et envoie 50 000 soldats, 36 missiles nucléaires SS-4 et 2 SS-5 et 4 sous-marins à Cuba pour le défendre de nouvelles invasions potentielles des États-Unis et pour rééquilibrer les forces nucléaires.

Cette île alliée de l'Union soviétique, considérée comme ennemi en pleine guerre froide, et contrôlée partiellement par l'armée des États-Unis, à Guantanamo se trouve à moins de 200 km de la Floride. Cela rend le territoire des États-Unis vulnérable à ces missiles, ceux-ci ne pouvant être détectés avec suffisamment d'avance pour garantir la riposte immédiate exigée par la politique de dissuasion. À l'inverse les États-Unis se trouvent dans l'impossibilité d'envahir l'île avec des méthodes conventionnelles.

Le 2 octobre 1962 débute l'opération « Kama ». 4 sous-marins d'attaque diesel-électrique de classe Fox-trot appareillent de la presqu'île de Kola. À bord des torpilles nucléaires (la nature "nucléaire" de ces torpilles ne sera connue qu'en 2001 ; leur utilisation aurait déclenché un conflit atomique à l'initiative de l'URSS !). Les commandants Shumkov, Ketov, Savisky et Dubivko avaient pour mission de rejoindre le convoi de cargos soviétiques qui faisait route vers Cuba avec à leur bord les missiles nucléaires destinés à compléter le dispositif en place à Cuba. Ils avaient pour mission de protéger le convoi, si besoin au prix du torpillage des navires qui tenteraient de s'interposer.

John Mc Call, directeur de la CIA rend compte au Conseil National de Sécurité que compte tenu des mauvaises conditions météo, les prises de vues par les avions espions U2 sont impossibles.

Le 13 octobre, les sous-marins soviétiques franchissent la barrière Açores - Terre-Neuve, après avoir essuyé le 9, une tempête qui a causé à bord des avaries.

Le 14 octobre, le Major Enderson, à bord de son U2, survole les sites d'installation des missiles et prend des photographies aériennes. Le 15, la lecture des films révèlent aux États-Unis que l'URSS était en train d'installer des missiles SS-4 à tête nucléaire à Cuba. Le niveau de préparation des sites laisse penser que les missiles seront opérationnels dans une semaine.

Le 16 octobre, le Président Kennedy informé convoque le Conseil national de Sécurité. Kennedy prône une action militaire directe. Mc Namara, propose un blocus maritime de l'île jusqu'au retrait des missiles de Cuba.

Le 22 octobre, alors que l'Amiral Enderson annonce que la mise en place du blocus maritime prendra environ 14 jours, Mc Call informe le président de la présence de 4 sous-marins soviétiques. JFK annonce au peuple américain la teneur des informations révélées par l'avion U2 et les mesures de blocus naval décidées. Il demande à Khrouchtchev l'arrêt des opérations en cours.

Le 23 octobre l'ordre de blocus est signé par JFK. Les sous-marins soviétiques atteignent la ligne de blocus en même temps que les navires de la flotte US. Moscou ne peut en être informé à cause de la saturation des réseaux de communication. La liaison enfin rétablie, les commandants des sous-marins reçoivent de Moscou l'ordre de poursuivre leur route. Khrouchtchev fait savoir à JFK, par le biais d'un homme d'affaire américain en voyage à Moscou qu'il continuera son action : « Si les USA veulent la guerre, alors nous nous retrouverons en enfer ».

Le 24 octobre à 10h00, le blocus est en place. 30 cargos soviétiques sont en route. Parmi eux 4 ont des missiles nucléaires dans leurs soutes. Deux arrivent sur la ligne de blocus : le Khemov et le Gagarine. À 10h25 les cargos stoppent. Khrouchtchev ne juge pas utile de rompre le blocus. Les missiles déjà en place à Cuba suffisent.

Le 25, 12 cargos rebroussent chemin. Les autres poursuivent leur route.

Le 26, un des sous-marins est détecté au sonar. La chasse est lancée.

Le 27 octobre, l'U2 du major Enderson est abattu. Khrouchtchev n'avait pas donné cet ordre. Il ne souhaitait pas accomplir le premier geste. Mais le Conseil national de Sécurité analyse cette action comme une escalade. JFK donne l'ordre en cas de nouvelle agression de bombarder les sites de missiles.

Le 28 octobre, la CIA annonce que 24 missiles sont désormais opérationnels et pointés sur des objectifs sur le sol américain. Khrouchtchev annonce sur radio Moscou qu'il donne l'ordre de démanteler les sites de missiles. La chasse aux sous-marins bat son plein. Deux d'entre eux font surface, batteries à plat, pour les recharger. Ils font comprendre aux navires de la Navy de ne pas les provoquer. Dubivko, lors d'une manœuvre se fait arracher son mat d'antenne par un de ses poursuivants. Il prend cette action comme une manœuvre délibérée. Shumkov est toujours en plongée. Trois grenades d'exercices sont lancées par son poursuivant pour lui intimer l'ordre de faire surface. Il choisit de plonger en lançant un leurre. Le bruit de ce dernier est pris pour un lancement de torpille, puis sa manœuvre d'évasion est éventée. À bout de ses réserves d'oxygène, Shumkov fait surface au milieu de 4 contre torpilleurs de la Navy. Rendant compte de la situation à Moscou, il se voit intimer l'ordre de se tenir en mesure de réagir. Une torpille nucléaire est insérée dans le tube lance torpille numero 1.

Le 1er novembre trois des quatre sous-marins sont détectés. Ketov est toujours introuvable. Les sous-marins sont raccompagnés en haute mer.

Le 7 novembre, Khrouchtchev accepte que les cargos soient inspectés par les navires de la Navy. La crise est évitée de peu. On ne saura qu'en 2001 que les sous-marins soviétiques étaient armés de torpilles à tête nucléaire.

Fin de la crise

Le retrait des missiles (décidé par Nikita Khrouchtchev le 25 octobre) après engagement écrit de non-invasion de Cuba par le président Kennedy. Cette clause de non-engagement est vue aujourd'hui comme un point très important de la négociation : il aurait accéléré la sortie de crise en permettant aux Russes de sauver la face.

Les Soviétiques retirent leurs missiles de Cuba et les États-Unis les missiles Jupiter de Turquie. Le retrait des Jupiter dût cependant rester secret. L'URSS crût alors marquer un point de plus avec le retrait des Jupiter. Mais ils furent trompés, car le retrait des Jupiter avait été décidé par JFK avant la crise. Les Jupiter furent retiré en 1963.

Les 2 gouvernements décident de construire le téléphone rouge pour avoir une relation directe entre les chefs d'État.

L'affaire des missiles est devenue depuis un cas d'école en théorie des jeux à somme non-nulle. Chaque étape en est minutieusement examinée avec inventaire des réponses possibles de chaque partie, et des risques associés. L'étude suggère que la crise ne pouvait se résoudre de façon rationnelle que comme elle l'a été.

22 novembre 1963: JFK est assassiné à Dallas. 1964: Khrouchtchev est limogé.

Chronologie des événements

Les États-Unis qui participèrent à l'indépendance de Cuba vis-à-vis de l'Espagne, gardèrent le contrôle sur l'île jusqu'en 1902, ils gardèrent un contrôle indirect de l'île jusqu'à la révolution castriste.

  • janvier 1959 : Fidel Castro renverse le dictateur d'extrême droite Fulgencio Batista. Les USA sont le second pays du monde à reconnaître le nouveau régime, juste derrière l'URSS.
  • 17 mai 1959 : une réforme agraire, et chasse des compagnies américaines, dont United Fruit Co, de Cuba.
  • 21 octobre 1959 : attaque de 2 avions des États-Unis sur la Havane
  • novembre 1961 : installation de missiles Jupiter américains en Turquie
  • 3 janvier 1961 : suite à des saisies de propriétés privées appartenant à des sociétés américaines (en particulier quelques hôtels), rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba.
  • 16 avril 1961 : tentative américaine de débarquement (16-20 avril) anticastriste à Cuba dans la Baie des cochons. La tentative est un échec.
  • 1er mai 1961 : Ernesto "Che" Guevara proclame le caractère socialiste de la révolution cubaine.
  • 14 février 1962 : exclusion de Cuba de l'Organisation des États Américains (OEA).
  • 2 septembre 1962 : « renforcement » de l'aide soviétique à Cuba.
  • 13 septembre 1962 : les États-Unis mettent en garde Moscou contre l'installation de missiles à Cuba.
  • 22 octobre 1962 : début du blocus naval US (jusqu'au 31 octobre). Les journaux de l'époque évoquent un risque élevé de guerre.
  • 25 octobre 1962 : les navires soviétiques en route pour Cuba, bloqués, font demi-tour.
  • 28 octobre 1962 : Nikita Khrouchtchev annonce le démantèlement des armes offensives installées à Cuba, en contrepartie de l'engagement de non-invasion de l'île de John F. Kennedy et du démantèlement des missiles Jupiter en Turquie. Cet accord enclenche la fin de la crise.
  • 30 octobre 1962 : ultime échange de lettres entre Fidel Castro et Khrouchtchev.
  • 20 novembre 1962 : Castro accepte le retrait des bombardiers soviétiques et Kennedy la fin de la quarantaine.

Liens externes

Consensus et prise de décision

Étymologie

Consensus est un mot latin qui signifie « accord », « conformité de sentiments ». Il a été lexicalisé dans la langue française au XIXe siècle sous le sens de « large accord ». Le mot latin dissensus, bien qu'il ne soit pas lexicalisé en français (il n'apparaît pas dans les dictionnaires) est parfois utilisé pour designer soit l'échec d'une recherche de consensus, soit l'attitude qui consiste à vouloir opposer les différentes opinions sans chercher à les rapprocher.

Du fait du changement de sens récent qui fait du consensus une « simple » large majorité, on en vient à parler de « consensus absolu » ou de « consensus parfait » pour désigner un accord qui ne recueille aucune opposition.

Par ailleurs, la prononciation du mot est couramment fautive : on doit dire kɔ̃nsɛ̃sys (la deuxième syllabe se prononce sain) et non kɔ̃nsɑ̃sys.

Prise de décision par consensus

Il y a de nombreuses façons, pour un groupe, de prendre des décisions, et aucune d'elles n'est parfaite. La plupart d'entre nous ont été élevés dans une culture qui considère que la démocratie occidentale est la meilleure, et que le vote est le seul pouvoir qui peut servir aux gens. Il apparaît pourtant une grande désillusion quant aux potentiels de ce système pour une collégialité dans la prise de décision, et encore plus, à une plus grande échelle, pour changer quoi que ce soit dans le système. La démocratie devient le système qui permet soit d'élire un gouvernement, soit un exécutif ou comité de pilotage, qui prend toutes les décisions, et déçoit trop souvent.

Habituellement, lors d'un vote démocratique, à n'importe quelle échelle, une minorité importante est mécontente du résultat. Et même si cette minorité accepte la décision prise, parce qu'elle accepte la « règle du jeu », elle résistera activement ou essayera d'atténuer les conséquences de cette décision jusqu'à la prochaine opportunité de vote.

Le compromis est une autre méthode pour prendre une décision, habituellement par la négociation. Deux parties, ou plus, annoncent leur position respective et la changent petit à petit, par des concessions mesurées. La négociation peut conduire à une insatisfaction des deux parties, car personne n'est totalement satisfait.

A côté de ça, le consensus est un moyen de prendre une décision qui fait appel à la créativité de chacun. C'est un processus dans lequel aucune décision ne peut être prise tant que tous les participants ne l'acceptent. Ca peut être long à mettre en place, car le consensus est le produit patient de toutes les meilleures idées et volontés dans un groupe, dans un esprit de cohésion et d'équilibre. Les minorités sont entendues au cours du processus, et pas seulement à la fin : la décision est élaborée collectivement.

Mise en place du processus

Il y a de nombreuses façons pour trouver un consensus, mais nous vous proposons cette procédure simplifiée, pour comprendre les mécanismes.

  1. Le problème, ou la décision à prendre, est défini et nommé. Cette étape préliminaire aide à séparer la problématique à traiter des enjeux personnels.
  2. Faire fuser toutes les solutions possibles (brainstorming) pour résoudre le problème ou répondre à la question. Les écrire toutes, même les plus folles.
  3. Se réserver un moment dans le processus pour les questions diverses et la clarification de la situation.
  4. Discuter et débattre des propositions écrites, les modifier, les regrouper, et en faire une liste, la plus courte possible. Lesquelles sont les préférées du groupe ?
  5. Bien expliquer toutes les propositions, et leurs différences pour que tout le monde comprenne bien (on peut utiliser là l'ancienne méthode qui consiste à donner un temps égal à quelqu'un qui est pour et quelqu'un qui est contre la proposition pour s'exprimer).
  6. Discuter les « pour » et les « contre » de chaque proposition. Faire en sorte que chacun puisse s'exprimer (tour de table, petits groupes...).
  7. S'il y a une opposition majeure, recommencer au point 6. Il est parfois nécessaire de recommencer au point 4.
  8. S'il n'y a pas d'opposition majeure, faire état de la décision et voir s'il peut y avoir un accord.
  9. Reconnaître les objections mineures et incorporer des petits amendements.
  10. Discuter de la proposition, et vérifier le consensus.

Le droit de veto

Le droit de veto, détenu par chacun sur une proposition du reste du groupe, est la pierre angulaire de la méthode du consensus. La « permission » de chaque membre du groupe est indispensable pour prendre une décision, c'est pourquoi écouter et répondre à tous les participants et prendre en compte tous les avis devient la préoccupation du groupe dans son ensemble.

Ce qui fait que le résultat n'est pas seulement un groupe plus égalitaire, mais aussi un groupe plus « satisfait », dans lequel chaque membre a une chance de se sentir important au sein du groupe. Les responsabilités sont mieux partagées, les membres sont plus réceptifs aux autres, et l'envie de faire des choses ensemble est partagée. Le veto sur une proposition qui a demandé de longues discussions et une synthèse ardue est un acte sérieux. Il peut être fait en ayant bien pesé le pour et le contre, comme un ultime recours, sur des bases éthiques, ou à cause des conséquences qu'une décision peut avoir. Il peut aussi être fait à cause d'une émotion forte (peur, dégoût), mais en aucun cas à cause de préférences personnelles ou d'impulsions égocentriques.

Quand la prise de décision a fait son chemin, prenant en compte des opinions diverses, se modifiant, et que quelqu'un est toujours en désaccord avec la solution trouvée, il y a d'autres formes que le veto à envisager, qui ne contrent pas le processus. Par exemple, ne pas soutenir une décision : « Je ne ressens pas le besoin de ça, mais je peux quand même participer ». Ou encore rester réservé : « Je pense que ça peut être une erreur, mais je peux l'assumer ». Ou ne pas s'impliquer : « Je ne participerais pas, mais je n'empêcherais pas les autres de le faire ».

Dans certaines descriptions du processus de prise de décision par consensus, la notion existe que quelqu'un qui sent le besoin de faire un véto sur une proposition devrait envisager de se retirer du groupe, au moins pour un temps. Or, cette idée tend à l'inverse extrême du but de la méthode : plutôt que d'encourager l'inclusion des opinions et des souhaits de tous, ceux et celles qui ont une opinion minoritaires risquent de se sentir obligés de s'exclure du groupe. L'eventualité d'une exclusion du groupe est, pour certains, un mécanisme tout à fait opposé au principe d'inclusivité de la méthode de consensus, tendant à exclure ceux et celles qui sont non-conformistes, plutôt que d'encourager les critiques envers l'opinion majoritaire.

Les prises de décision par nombreuses communautés virtuelles, comme celles de la Wikipédia, souvent suivent ce type d'approche.

Liens externes

Source : Prise de décision par consensus et Consensus (Wikipedia).

Pensée de groupe

La pensée de groupe ou GroupThink est un terme inventé par Irving Janis en 1972. Le terme décrit le processus selon lequel un groupe peut prendre de mauvaises décisions ou des décisions irrationnelles. Dans une situation de pensée de groupe, chaque membre du groupe essaye de conformer son opinion à ce qu'il croit être le consensus du groupe. La conséquence en est une situation dans laquelle le groupe finit par se mettre d'accord sur une action que chaque membre du groupe croit peu sage.

La définition originale de Jarvis est :

a mode of thinking that people engage in when they are deeply involved in a cohesive in-group, when the members' strivings for unanimity override their motivation to realistically appraise alternative courses of action.

Le terme rappelle ceux utilisés par George Orwell dans 1984, tel que DoubleThink et NewSpeak.

Autre terminologie: Décisions absurdes.

La pensée de groupe se produit généralement lors de réunions de groupe.

Parmi les mécanismes utilisés par les managers, il est suggéré de placer la responsabilité et l'autorité de la prise de décision finale dans les mains d'une seule personne, vers laquelle les autres se tournent pour avis.

Une autre option consiste à pré-sélectionner une personne qui aura le rôle de s'opposer à toute suggestion présentée, aidant ainsi les différents membres du groupe à présenter leurs propres idées, et mettant en évidence les défauts de raisonnement des autres. L'identification du rôle de cette personne permet de limiter la stigmatisation associée avec le fait d'être le premier à prendre une position négative.

Une autre solution est celle consistant à mettre à disposition un moyen de réponse (feed-back) anonyme (boîte à idée, discussion anomyme en ligne). Les points de vue négatifs ou dissonants pouvent ainsi être exprimés sans que l'individu soit identifié. De cette façon, le capital social du groupe est préservé, puisque tous les membres du groupe ont autant de chance d'être à l'origine du désaccord.

A noter que la pensée de groupe, prenant le pas sur la personnalité de l'individu, trouve son parallèle, sous forme souvent exacerbée, dans les effets de foule.

Voir aussi : Les décisions absurdes.

Source : Wikipedia.

Erving Goffman - métaphore théatrale et métaphore du rituel

Erving Goffman est un sociologue américain d'origine canadienne né à Mannville, Alberta Canada, le 11 juin 1922 et décédé à Philadelphie, en Pennsylvanie, le 19 novembre 1982.

Biographie

Commençant des études de sociologie à l'université de Toronto (1944), puis à l'université de Chicago, il part pour les Îles Shetland, au nord de l'Écosse, observer la vie locale pendant douze mois. Il se fait passer pour un étudiant intéressé par l'économie agricole : en réalité, il collecte des données pour sa thèse de doctorat qu'il soutient en 1953.

Déménageant en 1954 pour Washington, accompagné de son épouse Angelica Choate et son fils Tom, Goffman décide d'aller vivre plusieurs mois parmi des fous, dans un asile, observant la vie des reclus. Enseignant à l'université de Californie de Berkeley depuis 1958, il est nommé professeur en 1962. Entre temps, il a publié Asiles, sur base de son séjour dans la clinique de Sainte-Élisabeth, introduisant la notion d'Institution totale. En 1963, il publiera Stigmate. Son épouse sombre dans la folie et se suicide en 1964.

Il se centre non sur l'individu, mais sur l'interaction, usant de métaphores didactiques. Avec La présentation de soi (la mise en scène de la vie quotidienne, tome 1), il développe la métaphore théâtrale, considérant les personnes en interaction comme des acteurs qui mènent une représentation. Dans Les rites d'interaction, il parle de métaphore du rituel pour rendre compte des rencontres face à face.

Après un séjour à Harvard, au Center for International Affairs, il occupera une chaire à l'université de Pennsylvanie. En 1974, il publie Les cadres de l'expérience, s'inspirant de la métaphore cinématographique. La vie est, selon lui, composée de multiples constructions de la réalité, des cadrages, qui s'articulent les uns aux aux autres. En 1981, il se remarie avec Gillian Sankoff, avec laquelle il a une fille Alice. Il meurt le 20 novembre 1982 à 60 ans.

Métaphore théâtrale

Goffman, dans La présentation de soi, envisage la vie sociale comme une scène (région où se déroule la représentation), avec ses acteurs, son public et ses coulisses (l'espace où les acteurs peuvent contredire l'impression donnée dans la représentation). Il nomme façade différents éléments avec lesquels l'acteur peut jouer, tel le décor, mais aussi la façade personnelle (signes distinctifs, statut, habits, mimiques, sexe, gestes, etc.). Les acteurs se mettent en scène, offrant à leur public l'image qu'ils se donnent. Ils peuvent avoir plusieurs rôles, sans qu'il y en ait un plus vrai que l'autre, et prendre leur distance vis-à-vis d'eux, jouant sur la dose de respect à la règle qu'il juge nécessaire ou adéquat.

Les acteurs en représentation construisent une définition commune de la situation. Une fausse note est une rupture dans cette définition, suite à une gaffe ou un impair commis par un ou plusieurs acteurs. Cela produit une représentation contradictoire, une remise en question de la réalité commune, causant un malaise général. Pour éviter ces impairs, des techniques de protection, aussi appelé tact, sont mises en œuvre, comme les échanges réparateurs telles les excuses ritualisées, les aveuglements par délicatesse, etc.

Un individu est dit stigmatisé lorsqu'il présente un attribut qui le disqualifie lors de ses interactions avec autrui. Cet attribut constitue un écart par rapport aux attentes normatives des autres à propos de son identité2. Chaque individu est plus ou moins stigmatisé en fonction des ciconstances, mais certains le sont plus que d'autres : tous peuvent être placés sur un continuum. Les stigmates sont nombreux et variés : parmi eux, le passé des individus, les handicaps, les tares de caractère, l'homosexualité, l'appartenance à un groupe donné, etc. L'acteur va donc tout mettre en œuvre afin de cacher ce stigmate ou en tout cas d'éviter qu'il ne constitue un malaise chez son public. Goffman nomme contacts mixtes les interactions à risques entre normaux et stigmatisés. Le risque de fausse note y est théoriquement plus élevé.

L'auteur met toutefois en garde ses lecteurs contre le risque de prendre trop au sérieux cette métaphore.

Métaphore du rituel

La face est la valeur sociale positive qu'une personne revendique effectivement à travers une ligne d'action que les autres supposent qu'elle a adoptée au cours d'un contact particulier, explique Goffman dans Les rites d'interaction. En interaction avec d'autres, la règle fondamentale que doit respecter tout individu est de préserver sa face et celle de ses partenaires. C'est la condition de possibilité de toute interaction, car la face est sacrée. Un travail de figuration assure le respect de sa face et celle des autres, évitant de les compromettre : c'est le tact, le savoir-vivre ou encore la diplomatie. Des échanges réparateurs viennent rétablir l'ordre lorsqu'un incident a eu lieu : le(s) fautif(s) s'excuse(nt), le public lui pardonne, afin de retrouver un équilibre.

Dans toute interaction, un certain niveau d'engagement est requis, ainsi qu'un soutien à l'engagement des autres. Cet engagement peut être défini par le maintien d'une attention intellectuelle et affective pour l'objet officiel de l'interaction. Il n'est pas facile à maintenir, mais si c'est le cas, l'interaction est joyeuse, elle marche.

Source : Wikipedia.

Influence sociale

L' influence sociale ou la pression sociale est l'influence exercée par un groupe sur chacun de ses membres aboutissant à lui imposer ses normes dominantes en matière d'attitude et de comportement.

Définition

L'influence sociale correspond à la modification des attitudes, croyances, opinions d'un individu ou d'un groupe suite au contact avec un autre individu ou groupe. On distingue classiquement trois types d'influence sociale : le conformisme, la soumission à l'autorité, l'innovation.

Le conformisme : l'expérience de Solomon Asch (1952)

- Cette expérience met en jeu un groupe composé de 7 à 9 « compères » (des complices du chercheur) et d'un sujet « naïf » (le véritable sujet de l'expérience). La tâche proposée au groupe est la suivante : il va s'agir de comparer un segment témoin à trois autres, parmi lesquels un seul a la même longueur que le segment témoin.

Comparer la taille d'un segment à 3 autres

Comme on le voit, cette tâche est d'une simplicité enfantine et devrait se solder par une performance avoisinant les 100% pour tous les sujets. Chacun d'entre eux répond à tour de rôle et à haute voix, le sujet « naïf » étant placé en avant-dernière position. On réalise 18 essais ; dans 12 de ces essais, les « compères » donnent une mauvaise réponse de manière unanime. Les résultats montrent que dans cette situation, 33% des sujets « naïfs » donnent une réponse conforme à celle des « compères ».

- Comment expliquer le conformisme ? Dans une situation de groupe, l'unanimité plaide en faveur de l'exactitude de l'opinion exprimée. De plus, généralement, les individus craignent la désapprobation sociale. En résumé, le conformisme s'explique par deux types d'influence : une influence informationnelle (le groupe a raison contre l'individu) et une influence normative (il est plus coûteux de subir la désapprobation du groupe que de se conformer).

- Facteurs influençant le conformisme : ce sont logiquement tous les facteurs qui vont impliquer l'influence informationnelle et/ou l'influence normative (par exemple, la taille du groupe, la difficulté de la tâche, l'attrait du groupe, la confiance en soi du sujet « naïf », etc.).

La soumission à l'autorité : l'expérience de Stanley Milgram (1963)

Cette expérience mesure les limites de l'obéissance à l'autorité. Les résultats de l'expérience montrent que l'absence de sens critique face à l'autorité empêche une majorité d'individu de réagir de manière consciente et volontaire en lui désobéissant, comme ce devrait normalement être le cas quand l'ordre intimé est injuste. Voir la description détaillée de cette expérience.

L'innovation : l'expérience de Serge Moscovici, Elisabeth Lage et Martine Naffrechoux (1969)

- L'expérience se déroule en deux phases : dans la première, la tâche proposée consiste à juger la couleur et l'intensité lumineuse de 6 diapositives bleues. Les groupes expérimentaux sont composés de 4 sujets naïfs et 2 « compères ». Tout le monde donne sa réponse à tour de rôle et à haute voix. Les « compères » répondent soit en position 1 et 2 soit en position 1 et 4 et donnent systématiquement une mauvaise réponse pour la couleur : « vert » au lieu de « bleu ». Les groupes contrôle sont quant à eux composés de 6 sujets « naïfs » qui donnent leurs réponses par écrit. Dans la situation expérimentale, les participants se rallient à la mauvaise réponse donnée par les « compères » dans 8,25% des cas contre 0,25% dans les groupes contrôle. Dans la deuxième phase, les mêmes participants que lors de la première phase reçoivent pour tâche de juger la couleur de pastilles plus ou moins bleues ou plus ou moins vertes. Les résultats montrent alors que dans la situation expérimentale, le seuil de détection du vert était plus faible que dans le groupe contrôle.

- On voit que l'innovation renvoie à un processus d'influence d'une minorité, à l'opposé du conformisme examiné précédemment qui correspond à un processus d'influence majoritaire. Quelles sont les conditions d'efficacité d'une influence minoritaire ? Elles se résument à un mot : la consistance, tant interne (ou intra-individuelle : la personne semble convaincue de ce qu'elle affirme) que sociale (ou inter-individuelle : le groupe minoritaire adopte une position ferme et valide). Le sens commun véhicule l'idée qu'une minorité d'individus ne peut guère influencer une majorité écrasante. La psychologie sociale montre précisément le contraire : tandis que l'influence majoritaire (conformisme) implique un changement temporaire et de façade (je suis l'avis du groupe dans une situation particulière), l'influence minoritaire induit un changement beaucoup plus profond et insidieux et bien sûr plus durable pouvant amener à une conversion brutale (tout commence avec la réflexion courante : « tout de même, ces gens répètent la même chose depuis des années avec une telle certitude, il doit y avoir quelque chose de vrai dans ce qu'ils racontent »). Dans cette optique, les recherches sur l'influence minoritaire prennent tout leur sens : qu'on songe un instant à certains partis politiques extrémistes, minoritaires mais diablement consistants et qui ne cessent de gagner du terrain à chaque élection...

Source : Wikipedia.

L'expérience de la prison de Stanford

L'expérience de la prison de Stanford est une expérience qui visait à étudier l'effet que peut avoir le pouvoir. Les sujets ont été divisés en deux groupes complètement au hasard et des rôles leurs ont été donnés. Les gardiens et les prisonniers.

Elle se déroula durant l'année 1971, à l’Université de Stanford, aux États-Unis.Cette expérience fut menée par le professeur Philip Zimbardo.

Un film allemand réalisé en 2001 met en scène cette expérience, il s'agit de L'Expérience (Das Experiment) qui est représentatif de ce qui s'est passé mais romancé.

L'Expérience (titre original : Das Experiment) est un film allemand réalisé par Oliver Hirschbiegel sorti en 2001. Ce film s'appuie sur le livre de Mario Giordano.

Synopsis du film L'Expérience

Attention : Ce qui suit dévoile tout ou partie de l'œuvre !

Dans le cadre d'une étude comportementale, vingt hommes sont sélectionnés pour une expérience. Huit d'entre eux se voient attribués la fonction de gardiens de prison et douze celle de prisonniers. Les prisonniers se voient attribuer des numéros qui remplaceront leur nom durant l'expérience. Personne ne peut, dans la prison, appeler un prisonnier par son nom, les prisonniers doivent se parler avec leur numéros. Pendant deux semaines, les expérimentateurs étudient les comportements à l'aide de caméras de sécurité.

En quelques heures, les « gardiens » se mettent à prendre leur rôle trop au sérieux, en particulier Berus (Justus von Dohnanyi), deviennent sadiques, et les prisonniers se sentent pris au piège. L'un d'entre eux est un peu rebelle. Son nom est Tarek Fahd (Moritz Bleibtreu) et il a une raison pour agir comme il le fait : il doit effectuer un reportage pour un grand journal. Un autre est colonel dans l'armée de l'air (Christian Berkel), un homme calme et froid qui essaie d'observer ce qui se passe.

Même si la violence est prohibée dans cette prison fictive, les gardiens ne tardent pas à soumettre les prisonniers, plus particulièrement "77", Tarek Fahd, le fauteur de troubles, toujours en tension avec Berus.

Dès la deuxième journée, l'expérience échappe totalement aux expérimentateurs par la révolte des prisonniers et la réprimade brutale des gardiens, menés par Berus.

Un gardien sera même passé à tabac et emprisonné par ses collègues après avoir voulu aider Tarek à communiquer avec l'extérieur.

L'Expérience dérapera totalement lors du départ du docteur Thon par l'emprisonnement des assistants et le cloisonnement total des gardiens.

Voir aussi

Sources : L'expérience de Stanford et L'Expérience (Wikipedia).

lundi 27 février 2006

L'Or du Rhin

Source : Wikipedia.

L'Or du Rhin (Das Rheingold en allemand) est le premier des quatre opéras qui composent L'Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen), de Richard Wagner. La première fut jouée au Théâtre National de la Cour de Munich le 22 septembre 1869, avec August Kindermann dans le rôle de Wotan, Heinrich Vogl dans le rôle de Loge, et Wilhelm Fischer dans le rôle d'Alberich.

Scène I

Les rideaux se lèvent. Sur le lit du Rhin, trois jeunes ondines, les Filles du Rhin (Woglinde, Wellgunde, et Flosshilde) sont en train de jouer. Alberich, un nain de Nibelung, apparaît depuis les profondeurs de la terre et essaye de leur faire la cour. Frappées par sa laideur, les jeunes ondines se moquent de ses avances, et Alberich commence à s'énerver. Il remarque un éclat doré qui provient d'un proche rocher, et leur demande ce que c'est. Les ondines lui disent que c'est l'or du Rhin, que leur père leur a dit de garder; celui qui renonce à l'amour peut en faire un Anneau magique, qui laissera son porteur régner sur le monde. Elle pensent n'avoir rien à craindre de ce nain lubrique, mais Alberich a été tout aigri par leurs moqueries. Maudissant l'amour, il s'empare de l'or.

Scène II

Wotan, souverain des dieux, est endormi au sommet d'une montagne avec Fricka, sa femme. Fricka se réveille et voit un magnifique château derrière eux. Elle réveille Wotan et lui montre que leur nouvelle maison a été terminée. Les géants construisirent le château au nom de Wotan, et en échange Wotan leur a offert Freia, la déesse de l'amour. Fricka est inquiète pour sa sœur, mais Wotan est convaincu qu'ils n'auront pas à donner Freia.

Freia entre, terrifiée, suivie des géants Fasolt et Fafner. Fasolt demande la paye pour le travail achevé. Il met en évidence le fait que le règne de Wotan est régulé par les traités gravés dans sa Lance, dont l'un d'eux est contracté avec les géants. Donner (le dieu du tonnerre) et Froh (le dieu du printemps) arrivent pour défendre leur sœur, mais Wotan les arrête: ils ne peuvent arrêter les géants par la force, et avoue leur arrangement.

Au grand soulagement de Wotan, Loge (le dieu du feu) fait son entrée; Wotan a placé tous ses espoirs dans le fait que Loge puisse trouver un moyen rusé de tourner à son avantage l'affaire. Loge leur dit qu'Alberich le nain a volé l'or du Rhin, et en a fait un puissant Anneau magique. Wotan, Fricka, et les géants commencent tous à convoiter l'Anneau, et Loge leur sous-entend qu'ils peuvent le voler à Alberich. Fafner le demande comme payement à la place de Freia. Les géants s'en vont, emmenant avec eux Freia en otage.

Les pommes d'or de Freia avaient gardé les dieux éternellement jeunes; avec leur absence, ils commencent à vieillir et à s'affaiblir. Pour regagner la liberté de Freia, Wotan est forcé de suivre Loge sous la terre, à la poursuite de l'Anneau.

A ce point, il y a une interlude orchestrale qui « peint » la descente de Loge et de Wotan dans le Nibelheim.

Scène III

En Nibelheim, Alberich a esclavagisé le reste des nains de Nibelung. Il a forcé son frère Mime, un habile forgeron, à créer un heaume magique, le Tarnhelm. Alberich démontre le pouvoir du Tarnhelm en se rendant invisible, pour mieux tourmenter ses sujets.

Wotan et Loge arrivent et tombent sur Mime, qui leur parle de la forge de l'Anneau par Alberich, et de la misère de Nibelung sous son règne. Alberich revient, conduisant ses esclaves pour empiler un énorme monticule d'or. Quand ils ont terminé, il les chasse et tourne son attention vers ses deux visiteurs. Il se vante de ses plans pour dominer le monde. Loge le piège en lui faisant montrer la magie du Tarnhelm en se transformant d'abord en dragon, puis en crapaud. Alors les deux dieux s'emparent de lui, et l'amènent à la surface.

Scène IV

Au sommet de la montagne, Wotan et Loge forcent Alberich à échanger sa richesse contre sa liberté. Ils détachent sa main droite, et il utilise l'Anneau pour appeler ses esclaves de Nibelung, qui lui apportent l'entassement d'or. Après que l'or fut délivré, il demande le retour du Tarnhelm, mais Loge dit que c'est une partie de sa rançon. Enfin, Wotan lui demande de céder l'Anneau. Alberich refuse, mais Wotan l'arrache de son doigt et le place sur le sien. Alberich est anéanti par sa perte, et avant de partir il maudit l'Anneau: quiconque ne le possèdera pas, avant qu'il ne lui revienne, le désirera, et quiconque le possèdera, recevra le malheur et la mort.

Fricka, Donner, et Froh arrivent et sont accueillis par Wotan et Loge, qui leur montre l'or qui va servir à racheter Freia. Fasolt et Fafner reviennent, gardant Freia. Réticent à relâcher Freia, Fasolt insiste qu'il doit y avoir assez d'or pour la cacher de ses yeux. Les dieux entassent l'or sur Freia, mais Fasolt découvre une interstice dans l'or, et demande que Wotan retire l'Anneau pour boucher le trou. Ce dernier refuse, et les géants se préparent à enlever Freia.

Soudainement, Erda, la déesse de la terre, l'être le plus sage du monde, apparaît depuis le sol. Elle prévient Wotan de la fatalité imminente, et l'exhorte à éviter l'Anneau maudit. Troublé, Wotan cède l'Anneau et libère Freia. Les géants commencent à se partager le trésor, mais ils se disputent au sujet de l'Anneau. Fafner assome Fasolt à mort, et s'enfuit avec tout le butin. Wotan, horrifié, réalise à quel point la malédiction d'Alberich a de terribles pouvoirs.

Finalement, les dieux préparent leur entrée dans leur nouvelle demeure. Donner invoque un orage pour nettoyer l'air. Après que la tempête s'est estompée, Froh crée un pont arc-en-ciel qui s'étire jusqu'aux portes du château. Wotan les guide d'un bout à l'autre du pont jusqu'au château, qu'il nomme Valhalla. Fricka le questionne au sujet de ce nom, et il lui répond que sa signification sera révélée plus tard.

Loge, qui sait que la fin des dieux est proche, ne suit pas les autres dans le Valhalla; et, loin en-dessous, les Filles du Rhin pleurent la perte de leur or. Les rideaux tombent.

Légende de Midas

Source : Les Métamorphoses - Livre XI.

Ce n'est pas encore assez pour Bacchus : il quitte ces fatales campagnes, et, suivi d'une troupe moins cruelle, il va visiter ses vignobles aimés du Tmole, et les rivages du Pactole, lequel ne roulait pas encore dans ses ondes un sable d'or envié des mortels. Les satyres, les bacchantes, cohorte accoutumée, accompagnent le dieu ; mais Silène est absent. Les pâtres de Phrygie l'ont surpris chancelant sous le poids de l'âge et du vin : ils l'ont conduit, enchaîné de fleurs, au roi Midas, à qui le chantre de Thrace et l'Athénien Eumolpe ont enseigné les rites des Orgies. A peine a-t-il reconnu le nourricier du dieu, le compagnon de ses mystères, que, pendant dix jours et dix nuits il célèbre, par de joyeux festins, l'arrivée d'un tel hôte. Déjà, pour la onzième fois, l'astre du matin avait chassé du ciel l'armée brillante des étoiles, quand Midas, joyeux, ramène le vieux Silène aux champs de la Lydie et le rend à son jeune nourrisson. Charmé d'avoir retrouvé son compagnon, le dieu donne à Midas le choix d'un voeu, qu'à l'avance il exauce ; récompense flatteuse, mais que l'imprudent va rendre inutile. «Fais, dit-il, que tout ce que j'aurai touché se convertisse en or». Bacchus accomplit ce souhait, et lui fait ce don funeste, en regrettant qu'il n'ait pas mieux choisi. Le fils de Cybèle se retire, joyeux de posséder ce qui fera son malheur. Croyant à peine à son pouvoir, il veut en faire l'essai. Une branche de chêne pendait verdoyante au-dessus de sa tête : il l'arrache, et c'est un rameau d'or. Il ramasse un caillou qui jaunit dans ses mains ; il touche une glèbe, et c'est une masse d'or ; il coupe des épis, et il tient une moisson d'or ; il cueille un fruit, et vous croiriez voir un fruit du jardin des Hespérides ; il applique ses doigts aux portes de son palais, et l'or rayonne sur les portes ; il plonge ses mains dans l'eau, et l'eau qui ruisselle de ses mains pourrait tromper une autre Danaé. A peine peut-il contenir sa joie et ses espérances : il ne voit plus que de l'or.

Cependant ses serviteurs dressent devant lui des tables chargées de mets et de fruits. Mais si sa main touche les dons de Cérès, ils se durcissent sous sa main ; s'il veut broyer les mets, changés en lames d'or, ils fatiguent en vain sa dent ; s'il mêle à une eau pure les présents de Bacchus, c'est un or fondu qui coule dans sa bouche. Effrayé de ce malheur étrange, riche et pauvre tout à la fois, il voudrait se soustraire à ces funestes richesses, et ce don qu'il avait désiré, il le déteste. Rien ne peut apaiser sa faim : une soif ardente dessèche son gosier, et l'or, qui lui est devenu odieux, fait son juste supplice. Alors, levant au ciel ses mains et ses bras tout brillants de l'or qu'ils ont touché : «Pardonne, s'écrie-t-il, ô Bacchus, j'avoue ma faute ; pardonne, et écarte de moi ces fatales richesses». Les dieux sont indulgents : Bacchus pardonne à Midas une faute qu'il avoue, et le délivre du présent qu'il lui fit pour accomplir sa promesse. «Va, lui dit-il, si tu veux te dépouiller de cet or dont ton coupable souhait t'a revêtu, va vers le fleuve qui arrose la ville puissante de Sardes, et remonte ses eaux sur la montagne, jusqu'à ce que tu en aies trouvé la source : là, à l'endroit où l'eau sort avec abondance, tu présenteras ta tête à l'onde écumante, et tu laveras tout ensemble et ton corps et ta faute». Midas exécute ces ordres : la vertu qu'il possède passe de son corps dans les eaux et va teindre le fleuve. Et maintenant encore cette vertu des eaux sème l'or sur les bords jaunissants du Pactole.

Désormais ennemi des richesses, Midas aime les forêts et les champs, et il habite, avec le dieu Pan, les antres des montagnes. Mais son intelligence est demeurée épaisse, et sa sottise lui sera encore une fois fatale. Au-dessus des mers qu'il domine, s'élève la haute montagne du Tmole, dont les deux rampes se terminent au pied de Sardes d'un côté, de l'autre au pied de l'humble Hypépis. C'est là que Pan amuse de ses chants les nymphes assemblées, et module des accords sur des roseaux qu'unit la cire. Pan osa préférer ses chants aux chants d'Apollon, et le défier à un combat inégal, dont le Tmole fut choisi pour juge. Le vieil arbitre s'assied sur sa montagne. Il écarte de ses oreilles la forêt qui les couvre ; seulement une couronne de chêne ceint sa chevelure azurée, et des glands pendent autour de ses tempes profondes. Alors, regardant le dieu des troupeaux : «Le juge est prêt», dit-il. Pan aussitôt enfle ses pipaux, et leur rustique harmonie charme Midas présent à cette lutte. Pan avait terminé ses chants : le dieu du mont se tourne vers Phébus ; la forêt qui couvre sa tête a suivi ce mouvement. Phébus a couronné ses cheveux blonds des lauriers du Parnasse ; les plis de sa tunique de pourpre descendent jusqu'à terre, et sa main gauche soutient une lyre ornée d'ivoire et de pierres précieuses : sa main droite tient un archet ; sa pose est celle d'un maître de l'art ; ses doigts savants touchent les cordes. Emu des sons divins qu'Apollon fait entendre, le Tmole prononce que les roseaux de Pan sont vaincus par la lyre. Tous approuvent la sentence du dieu ; seul, Midas la condamne, et l'accuse d'injustice.

Le dieu de Délos ne voulut pas laisser la forme humaine à des oreilles si barbares : il les allonge, les remplit de poils grisâtres et les rend mobiles. Midas a tout le reste d'un homme : il est puni dans cette seule partie de son corps, et ses oreilles sont celles d'un âne. Il veut dérober sa honte et cacher sous un bandeau de pourpre l'outrage de son front. Mais un de ses serviteurs l'a vu ; c'est celui dont la main taille avec le fer les cheveux de son maître. Il n'ose révéler ce qu'il a vu ; et cependant il veut le dire : il ne pourrait se taire. Se retirant à l'écart, il creuse la terre, et, à voix basse, y dépose le secret de son maître ; puis il recouvre la fosse et s'éloigne en silence. Bientôt à cette même place une forêt de roseaux se balance, et l'automne qui les mûrit vient trahir celui qui les a semés ; car les tiges balancées par le zéphyr laissent échapper les paroles confiées à la terre, et racontent le secret des oreilles de Midas.

Jardins suspendus de Sémiramis

Les jardins suspendus de Babylone
Les Jardins suspensus de Babylone, gravure du XVIe siècle par l'artiste néerlandais Martin Heemskerck

Les jardins suspendus de Sémiramis à Babylone, dans l'Irak actuel, sont la deuxième des sept merveilles du monde.

Ils sont célébrés par Diodore de Sicile, Flavius Josèphe et Strabon, qui s'inspirent tous de sources plus anciennes. Ainsi Flavius Josèphe s'inspire des textes d'un prêtre du dieu Mardouk, Bérose qui vivait à Babylone une trentaine d'année après la conquête de la ville par Alexandre le Grand (fin du IVe siècle av. J.-C.). C'est à ce prêtre que l'on doit la probable légende de la construction de ces jardins par Nabuchodonosor II afin de rappeler à son épouse mède les montagnes boisées de son pays natal.

La réalité historique de ces jardins est de nos jours sérieusement remise en cause. Au XIXe siècle l'archéologue H. Rassam situe les jardins au nord de la cité à proximité du palais extérieur. Lors des grandes fouilles allemandes, Robert Koldewey suggère qu'une construction voûtée du palais sud aurait pu supporter un toit en terrasse et ainsi correspondre à l'emplacement de ces fameux jardins. En fait, aucune localisation formelle n'a été trouvée. Ce qui ajoute au doute des archéologues et des historiens c'est qu'aucun des documents cunéiformes trouvés sur le site de Babylone ne fait allusion à ces jardins. Il est en effet curieux qu'un roi comme Nabuchodonosor II qui ne cesse de se féliciter de ses réalisations (murailles, portes, palais...) reste muet sur ces hypothétiques jardins.

Au cours des années 1990, l'assyriologue anglaise Stéphanie Dalley a émis une autre hypothèse qui semble plus plausible, à savoir que les historiens de l'Antiquité aient confondu Ninive et Babylone. En effet, aucune source babylonienne ne mentionne les jardins, aucun auteur grec classique n'y fait allusion (Hérodote par exemple est totalement muet sur le sujet). Les seuls auteurs y faisant référence sont des historiens de l'époque hellénistique ou romaine dont il est fréquent qu'ils confondent les deux capitales des deux empires précédant l'empire perse. Enfin les souverains assyriens, en particulier au VIIe siècle av. J.-C., font construire dans Ninive des jardins. Un texte de Sennachérib évoque ainsi ceux qu'il a fait aménager et décrit les machines nécessaires pour l'irrigation. Un bas-relief du palais d'Assurbanipal montre une colline couverte de végétation et alimentée en eau par un aqueduc et un système de canaux. Par ailleurs, nous savons que, du fait de l'encaissement des cours d'eau, l'irrigation avait recours à un système de « vis sans fin » qui, en tournant, faisait remonter l'eau jusqu'au niveau des cultures. Les cultures ainsi irriguées, semblaient donc suspendues, ou, en tout cas, nettement au dessus du niveau de l'eau. Stéphanie Dalley en conclut que les jardins suspendus étaient donc à Ninive et non à Babylone. Cette explication, quoique probable, reste cependant encore en débat.

Bibliographie

  • Brigitte Lion, À la recherche des jardins suspendus, revue l'Histoire n° 301 (septembre 2005) ;
  • S. de Serdakowska, Les Jardins suspendus de Sémiramis, 1965.

Source : Wikipedia.

Bouddha d'or en Thaïlande

Bouddha d'or

Le Bouddha d'or est une statue en or massif, la plus importante au monde, qui se trouve à Bangkok (Thaïlande) et dont l'histoire est surprenante.

Histoire de la statue

Au début des années 30, des travaux d'aménagement des berges du fleuve Chao Phraya, près du quartier chinois de Bangkok, nécessitèrent la destruction d'un vieux temple abandonné qui contenait une statue de Bouddha en stuc doré. Comme il était hors de question de détruire la statue, malgré son aspect peu attrayant, il fut décidé de la transférer au Wat Traimit, une pagode sans importance comme il en existe des centaines dans la ville et pour qu'elle reste dans le quartier chinois. Le temple n'avait pas de bâtiment susceptible de la recevoir et la statue resta 20 ans dehors sous un simple toît de tôles.

En 1955, un nouveau bâtiment ayant été construit, les moines décidèrent d'y installer la statue. Une grue devait la déplacer avec précaution, mais malencontreusement une élingue cèda et la statue chuta dans la boue. Ce mauvais présage effraya tout le monde et après une fuite générale, la statue se retrouva abandonnée sur le terrain. C'était la saison des pluies, et comme pour donner raison aux mauvais augures, un formidable orage se déchaîna toute la nuit, noyant la ville sous des trombes d'eau.

Au petit matin, le supérieur de la pagode revint quand même évaluer les dégâts, il commença à essayer de laver la statue des traces de boue mais remarqua que le stuc détrempé s'était fendu et laissait apparaître un métal brillant. Après quelques investigations on s'aperçut que sous le stuc, la statue était en or massif. Cette nouvelle fit le tour de la ville, assurant au temple une renommée, une richesse et une fréquentation jamais démentie depuis.

On suppose que la statue, provenant d'Ayutthaya avait été dissimulée sous une couche de plâtre pour la soustraire à la convoitise des Birmans qui assiègaient la ville. Plus tard, transportée à Bangkok, son souvenir s'était perdu et le fait était tombé dans l'oubli pendant presque 200 ans.

Caractéristiques de la statue

Elle a une hauteur de 3m et un poids de 5,5 tonnes. C'est la plus grande statue en or massif au monde. Elle est travaillée dans le style de Sukhothai (1238-1370) mais aurait pû etre fabriquée postérieurement. Sa provenance de l'ancienne capitale Ayutthaya interdit cependant d'envisager une date postérieure à 1750 environ.

Le Bouddha est représenté dans la posture traditionnelle du Bhumisparshamudra (prise de la terre à témoin, la main droite vers le sol). Les statues classiques de style Sukhothai sont assises sur un socle ordinaire. La flamme qui surmonte la protubérance du crâne ou ushnisha est une innovation de Sukhothai qui symbolise le rayonnement de son énergie spirituelle. La ligne de sa coiffure forme un large « V » à la racine des cheveux, soulignée par la courbe élégante des sourcils qui se rejoignent sur l'arête du nez aquilin en forme de « bec de perroquet », selon les règles prescrites. Les trois plis sur le cou et les lobes des oreilles très allongés, signe de son précédent statut de prince, font également partie du code, de même que ses larges épaules, la poitrine gonflée par une imaginaire inspiration.

Source : Wikipedia.

vendredi 24 février 2006

Proverbes japonais

Source : Wikipedia.

Silence

  • 雄弁は銀、沈黙は金
    yûben wa gin, chinmoku wa kin
    La parole est d'argent, mais le silence est d'or
  • 言わぬが花
    Iwanu ga hana
    Les mots qu'on n'a pas prononcés sont les fleurs du silence.

Récompense et punition

  • 蝦で鯛を釣る
    Ebi de tai wo tsuru
    En donnant sans arrière-pensée, on peut recevoir bien plus. (lit., Avec une crevette on peut pêcher un bon poisson)
  • 悪銭身につかず
    akusen mi ni tsukazu
    (le mauvais argent ne reste pas longtemps chez son acquéreur) Bien mal acquis ne profite jamais
  • 因果応報
    inga ôhô
    (même cause, même effet) Qui sème le vent récolte la tempête
  • 思えば、思わるる
    omoeba, omowaruru
    (si l'on aime, on est aimé) Le prix de l'amour, c'est l'amour
  • 嘘は一時
    uso wa ittoki
    (le mensonge n'aide pas longtemps) Le menteur ne va pas loin

Apprendre

  • 人の振り見てわが振り直せ
    Hito no furimite wagafurinaose
    Apprend la sagesse dans la sottise des autres. (lit., Corrige-toi en regardant les autres)
  • 猿も 木から 落ちる。
    Saru mo ki kara ochiru
    L'erreur est humaine. (lit., Même le singe tombe de son arbre)
  • 百聞一見に如かず
    hyakubun ikken ni shikazu
    (mieux vaut voir une fois que d'entendre cent fois) Voir, c'est croire
  • 艱難汝を玉にす
    kan-nan nanji o tama ni su
    (la difficulté vous transforme en bijou) L'adversité rend sage
  • 負けるが勝ち
    makeru ga kachi
    (la défaite est une victoire) Qui perd gagne
  • 六十の手習い
    rokujû no tenarai (les exercices d'écriture d'un sexagénaire)
    On apprend à tout âge.

Discernement

  • 一期一会
    Ichigo ichie
    Toute rencontre est importante, car elle est peut-être unique. (lit., Une fois, une rencontre)
  • 猿の尻笑い
    Saru no chiri warai
    Se moquer des points faibles des autres en ignorant ses propres points faibles (lit., la moquerie des fesses du singe)
    Les macaques japonais sont célèbres pour leurs fesses d'un rouge éclatant. Ce dicton, siginifie que les singes, ignorant avoir eux-mêmes les fesses rouges, se moquent de la couleur des fesses de leurs congénères...
  • 頭隠して尻隠さず
    atama kakushite, shiri kakusazu
    (se cacher la tête et laisser les fesses au dehors) Pratiquer la politique de l'autruche
  • 楯の両面を見よ
    tate no ryômen o miyo
    (regarder les deux côtés du bouclier) Toute médaille a son revers
  • 蝸牛角上の争い
    kagyû kakujô no arasoi
    (une querelle sur les cornes d'un escargot) Une tempête dans un verre d'eau
  • 本末転倒
    hon-matsu tentô
    (intervertir le fondamental et le secondaire) Mettre la charrue avant les boeufs
  • 損して得とれ
    son shite, toku tore
    (tirez profit de la perte) Il faut savoir perdre pour gagner
  • 大山鳴動、ねずみ一匹
    taizan meidô nezumi ippiki
    C'est la montagne qui accouche d'une souris Beaucoup de bruit pour rien

Bonheur

  • 犬も歩けば棒に当たる
    Inu mo arukeba bou ni ataru
    Le bonheur sourit à ceux qui agissent (lit., Même les chiens, s'ils marchent, se cognent au bâton)
  • 笑う門には福来る
    Warau kado niha fuku kitaru
    Le bonheur va vers ceux qui savent rire.

Confiance

  • 果報は寝て待て
    Kahou ha nete mate
    Si tu as fait le maximum, tu n'as plus qu'à attendre tranquillement (lit., Attend la bonne nouvelle en dormant)

Courage

  • 聞くは一時の恥聞かぬは一生の恥
    Kiku ha ittoki no haji kikanu ha isshô no haji
    Demander ne coûte qu'un instant d'embarras. Ne pas demander, c'est être embarrassé toute sa vie.

Agir

  • 思い立ったが吉日
    Omoitatta ga kichijitsu
    N'attend pas pour faire ce que tu as decidé (lit., Le bon jour pour faire quelque chose, c'est le jour où on l'a decidé)
  • 不言実行
    fugen jikkô
    (parler peu, mais agir) Plus d'actes et moins de paroles
  • 虎穴に入らずんば虎児を得ず
    koketsu ni irazunba koji o ezu
    (si l'on n'entre pas dans la tanière du tigre, on ne peut atteindre ses petits) Qui ne risque rien n'a rien

Patience

  • 旅は道連れ
    Tabi ha michidure
    Aucune route n'est longue aux côtés d'un ami.
  • 塵も積もれば山となる
    chiri mo tsumoreba yama to naru
    (poussières entassées font montagnes) Les grandes choses se font petit à petit
  • 石の上にも三年
    ishi no ue ni mo san nen
    (trois ans, même assis sur une pierre)
    La persévérance vient à bout de tout
  • 待てば海路の日和あり
    mateba kairo no hiyori ari
    (qui attend aura beau temps en mer) Tout vient à point à qui sait attendre

Détermination

  • 精神いっとう何事か奈良ならざらん
    seishin ittô nanigoto ka narazaran
    (avec une volonté tenace tout peut être accompli) Vouloir c'est pouvoir

Sagesse

  • 己の頭の蝿をおえ
    onore no atama no hae o oe
    (chassez les mouches de votre propre tête) (occupez vous de vos propres affaires) Que chacun balaie devant sa porte
  • 三人寄れば文殊のちえ
    san-nin yoreba Monju no chie
    (trois personnes ensemble ont la sagesse de Monju) Deux têtes valent mieux qu'une
  • 過ぎたるは猶及ばざるが如し
    sugitaru wa nao oyobazaru ga gotoshi
    (trop est comme pas assez) L'excès en tout est un défaut
  • 火のない所に煙は立たぬ
    hi no nai tokoro ni kemuri wa tatanu
    Il n'est point de fumée sans feu
  • 勝って兜の緒を締めよ
    katte kabuto-no-o o shimeyo
    (attachez solidement votre casque même après une victoire) Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers
  • 転ばぬ先の杖
    korobanu saki no tsue
    (utilisez une canne avant de tomber) Mieux vaut prévenir que guérir
  • 所変われば品変わる
    tokoro kawareba, shina kawaru
    (si le lieu change, les objets changent) Autres pays, autres moeurs

Vérité

  • 馬鹿と子供は正直
    baka to kodomo wa shôjiki
    (les idiots et les enfants sont honnêtes) La vérité sort de la bouche des enfants
  • 人は見かけによらぬもの
    hito wa mikake ni yoranu mono
    (les gens ne sont pas ce qu'ils paraissent) Les apparences sont souvent trompeuses > (il faut se méfier des apparences)

Innocence

  • 知らぬが仏
    shiranu ga Hotoke
    (les ignorants sont comme Bouddha) Qui ne sait rien, de rien ne doute

Humilité

  • 柳に雪折れなし
    yanagi ni yuki-ore nashi
    (le poids de la neige ne brise jamais les branches du saule) Il vaut mieux plier que rompre

Détachement

  • 去る者は日々に疎し
    saru mono wa hibi ni utoshi
    (le souvenir de ceux qui sont partis diminue jour après jour) Loin des yeux, loin du cœur

Effet Placebo

L'effet placebo (du latin : « je plairai », sous-entendu : « à qui me demande de prescrire... ») est le résultat d'une mesure thérapeutique d'efficacité intrinsèque nulle ou faible, sans rapport logique avec la maladie, mais agissant, si le sujet pense recevoir un traitement actif, par un mécanisme psychologique ou psycho-physiologique. Le Médicament placebo ne contient a priori aucun composé chimique avec activité démontrée.

Dès le début de sa pratique de l'homéopathie, Samuel Hahnemann prescrivait, entre les prise de remède actif, souvent espacées de plusieurs jours, une prise quotidienne de grains de lactoses naïfs de toute autre substance, pour "plaire" au malade et le faire "patienter".

Ce phénomène a été mis en lumière notamment par H. Bernheim (Bernheim H. De la suggestion et de ses applications thérapeutiques, 1886) au cours de ses recherches sur la suggestion, dont le placebo constitue, avec l'hypnose, une des figures majeures. Une des premières mentions du terme se situe dans un dictionnaire anglais médical anglais datant de 1811 : médication destiné plus à plaire au patient qu'à être efficace.

L'effet placebo illustre l'influence du mental sur l'organisme, le psychosomatisme et complique sérieusement l'évaluation de l'efficacité de nouveaux produits. C'est la raison pour laquelle les tests sont effectués par la méthode dite en double aveugle. Celle-ci consiste à composer plusieurs groupes dans lesquels ni le patient, ni le médecin, ne savent si le produit administré est un médicament ou seulement un placebo, permettant ainsi d'avoir un avis objectif sur l'efficacité réelle de la molécule étudiée (pour être mis sur la marché, un médicament doit prouver qu'il est significativement plus efficace qu'un placebo).

En l'absence d'études cliniques en double aveugle probantes, la communauté scientifique considère majoritairement que certaines médecines parallèles, comme l'homéopathie, l'acupuncture et autres aromathérapies relèvent uniquement de l'effet placebo et donc que l'effet de ces thérapeutiques est exclusivement subjectif. Certains travaux de synthèse soutiennent cette opinion dans le cas de l'homéopathie. Une étude menée par un groupe de huit chercheurs de nationalités suisse et britannique dirigés par le docteur Aijing Shang (département de médecine sociale et préventive, université de Berne) a effectué une analyse des publications médicales de 19 banques électroniques, comparant l'effet placebo à l'homéopathie et l'effet placebo à la médecine conventionnelle ; les études portaient en moyenne sur 65 patients (10–1 573). Les résultats de cette étude, publiés dans The Lancet (27 août 2005) n'ont mis en évidence aucune supériorité de l'homéopathie sur l'effet placebo, contrairement à l'allopathie [4].

L'effet inverse existe également, c'est l'effet nocebo. On a ainsi pu observer l'apparition de troubles chez des riverains d'une antenne relais de radiotéléphonie, alors même que l'installation n'avait pas encore été mise en service.

Notons enfin que le placebo ne se présente pas uniquement sous la forme d'un médicament : il peut s'agir d'une opération chirurgicale inadéquate, d'un traitement physiothérapeutique mal conduit ou inutile, et de toute autre intervention thérapeutique dont l'indication est mal pausée, ou la réalisation incorrecte. Tout geste thérapeutique, valide ou non, comporte d'ailleurs une part significative d'effet placebo [5].

Bibliographie

Liens externes

Source : Wikipedia.

La fournaise ardente

Source : Ancien Testament - Livre de Daniel (3.1 - 3.30)

Le roi Nebucadnetsar fit une statue d'or, haute de soixante coudées et large de six coudées. Il la dressa dans la vallée de Dura, dans la province de Babylone.

Le roi Nebucadnetsar fit convoquer les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, pour qu'ils se rendissent à la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar.

Alors les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, s'assemblèrent pour la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar. Ils se placèrent devant la statue qu'avait élevée Nebucadnetsar.

Un héraut cria à haute voix: Voici ce qu'on vous ordonne, peuples, nations, hommes de toutes langues !

Au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d'or qu'a élevée le roi Nebucadnetsar.

Quiconque ne se prosternera pas et n'adorera pas sera jeté à l'instant même au milieu d'une fournaise ardente.

C'est pourquoi, au moment où tous les peuples entendirent le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, et de toutes sortes d'instruments de musique, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues se prosternèrent et adorèrent la statue d'or qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar.

A cette occasion, et dans le même temps, quelques Chaldéens s'approchèrent et accusèrent les Juifs.

Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar: O roi, vis éternellement !

Tu as donné un ordre d'après lequel tous ceux qui entendraient le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments, devraient se prosterner et adorer la statue d'or, et d'après lequel quiconque ne se prosternerait pas et n'adorerait pas serait jeté au milieu d'une fournaise ardente.

Or, il y a des Juifs à qui tu as remis l'intendance de la province de Babylone, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, hommes qui ne tiennent aucun compte de toi, ô roi; ils ne servent pas tes dieux, et ils n'adorent point la statue d'or que tu as élevée.

Alors Nebucadnetsar, irrité et furieux, donna l'ordre qu'on amenât Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et ces hommes furent amenés devant le roi.

Nebucadnetsar prit la parole et leur dit: Est-ce de propos délibéré, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mes dieux, et que vous n'adorez pas la statue d'or que j'ai élevée ?

Maintenant tenez-vous prêts, et au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue que j'ai faite; si vous ne l'adorez pas, vous serez jetés à l'instant même au milieu d'une fournaise ardente. Et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ?

Schadrac, Méschac et Abed-Nego répliquèrent au roi Nebucadnetsar: Nous n'avons pas besoin de te répondre là-dessus.

Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi.

Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n'adorerons pas la statue d'or que tu as élevée.

Sur quoi Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et il changea de visage en tournant ses regards contre Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Il reprit la parole et ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu'il ne convenait de la chauffer.

Puis il commanda à quelques-uns des plus vigoureux soldats de son armée de lier Schadrac, Méschac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise ardente.

Ces hommes furent liés avec leurs caleçons, leurs tuniques, leurs manteaux et leurs autres vêtements, et jetés au milieu de la fournaise ardente.

Comme l'ordre du roi était sévère, et que la fournaise était extraordinairement chauffée, la flamme tua les hommes qui y avaient jeté Schadrac, Méschac et Abed-Nego.

Et ces trois hommes, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise ardente.

Alors le roi Nebucadnetsar fut effrayé, et se leva précipitamment. Il prit la parole, et dit à ses conseillers: N'avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés? Ils répondirent au roi: Certainement, ô roi !

Il reprit et dit: Eh bien, je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu, et qui n'ont point de mal; et la figure du quatrième ressemble à celle d'un fils des dieux.

Ensuite Nebucadnetsar s'approcha de l'entrée de la fournaise ardente, et prenant la parole, il dit: Schadrac, Méschac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu suprême, sortez et venez! Et Schadrac, Méschac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu.

Les satrapes, les intendants, les gouverneurs, et les conseillers du roi s'assemblèrent; ils virent que le feu n'avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n'avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n'étaient point endommagés, et que l'odeur du feu ne les avait pas atteints.

Nebucadnetsar prit la parole et dit: Béni soit le Dieu de Schadrac, de Méschac et d'Abed-Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en lui, et qui ont violé l'ordre du roi et livré leurs corps plutôt que de servir et d'adorer aucun autre dieu que leur Dieu !

Voici maintenant l'ordre que je donne: tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu'il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac et d'Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d'immondices, parce qu'il n'y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui.

Après cela, le roi fit prospérer Schadrac, Méschac et Abed-Nego, dans la province de Babylone.

jeudi 23 février 2006

Le songe de la grande statue de Nebucadnetsar

Source : Ancien Testament - Livre de Daniel (2.1 - 2.49)

La seconde année du règne de Nebucadnetsar, Nebucadnetsar eut des songes. Il avait l'esprit agité, et ne pouvait dormir.

Le roi fit appeler les magiciens, les astrologues, les enchanteurs et les Chaldéens, pour qu'ils lui disent ses songes. Ils vinrent, et se présentèrent devant le roi.

Le roi leur dit: J'ai eu un songe; mon esprit est agité, et je voudrais connaître ce songe.

Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne: O roi, vis éternellement! dis le songe à tes serviteurs, et nous en donnerons l'explication.

Le roi reprit la parole et dit aux Chaldéens: La chose m'a échappé; si vous ne me faites connaître le songe et son explication, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en un tas d'immondices.

Mais si vous me dites le songe et son explication, vous recevrez de moi des dons et des présents, et de grands honneurs. C'est pourquoi dites-moi le songe et son explication.

Ils répondirent pour la seconde fois: Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en donnerons l'explication.

Le roi reprit la parole et dit: Je m'aperçois, en vérité, que vous voulez gagner du temps, parce que vous voyez que la chose m'a échappé.

Si donc vous ne me faites pas connaître le songe, la même sentence vous enveloppera tous; vous voulez vous préparer à me dire des mensonges et des faussetés, en attendant que les temps soient changés. C'est pourquoi dites-moi le songe, et je saurai si vous êtes capables de m'en donner l'explication.

Les Chaldéens répondirent au roi: Il n'est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi; aussi jamais roi, quelque grand et puissant qu'il ait été, n'a exigé une pareille chose d'aucun magicien, astrologue ou Chaldéen.

Ce que le roi demande est difficile; il n'y a personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux, dont la demeure n'est pas parmi les hommes.

Là-dessus le roi se mit en colère, et s'irrita violemment. Il ordonna qu'on fasse périr tous les sages de Babylone.

La sentence fut publiée, les sages étaient mis à mort, et l'on cherchait Daniel et ses compagnons pour les faire périr.

Alors Daniel s'adressa d'une manière prudente et sensée à Arjoc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone.

Il prit la parole et dit à Arjoc, commandant du roi: Pourquoi la sentence du roi est-elle si sévère? Arjoc exposa la chose à Daniel.

Et Daniel se rendit vers le roi, et le pria de lui accorder du temps pour donner au roi l'explication.

Ensuite Daniel alla dans sa maison, et il instruisit de cette affaire Hanania, Mischaël et Azaria, ses compagnons, les engageant à implorer la miséricorde du Dieu des cieux, afin qu'on ne fît pas périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.

Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit. Et Daniel bénit le Dieu des cieux.

Daniel prit la parole et dit: Béni soit le nom de Dieu, d'éternité en éternité! A lui appartiennent la sagesse et la force.

C'est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui ont de l'intelligence.

Il révèle ce qui est profond et caché, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui.

Dieu de mes pères, je te glorifie et je te loue de ce que tu m'as donné la sagesse et la force, et de ce que tu m'as fait connaître ce que nous t'avons demandé, de ce que tu nous as révélé le secret du roi.

Après cela, Daniel se rendit auprès d'Arjoc, à qui le roi avait ordonné de faire périr les sages de Babylone; il alla, et lui parla ainsi: Ne fais pas périr les sages de Babylone! Conduis-moi devant le roi, et je donnerai au roi l'explication.

Arjoc conduisit promptement Daniel devant le roi, et lui parla ainsi: J'ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui donnera l'explication au roi.

Le roi prit la parole et dit à Daniel, qu'on nommait Beltschatsar: Es-tu capable de me faire connaître le songe que j'ai eu et son explication ?

Daniel répondit en présence du roi et dit: Ce que le roi demande est un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont pas capables de découvrir au roi.

Mais il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps. Voici ton songe et les visions que tu as eues sur ta couche.

Sur ta couche, ô roi, il t'est monté des pensées touchant ce qui sera après ce temps-ci; et celui qui révèle les secrets t'a fait connaître ce qui arrivera.

Si ce secret m'a été révélé, ce n'est point qu'il y ait en moi une sagesse supérieure à celle de tous les vivants; mais c'est afin que l'explication soit donnée au roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.

O roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue; cette statue était immense, et d'une splendeur extraordinaire; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible.

La tête de cette statue était d'or pur; sa poitrine et ses bras étaient d'argent; son ventre et ses cuisses étaient d'airain ; ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d'argile.

Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue, et les mit en pièces.

Alors le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été; le vent les emporta, et nulle trace n'en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre.

Voilà le songe. Nous en donnerons l'explication devant le roi.

O roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t'a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire ; il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t'a fait dominer sur eux tous: c'est toi qui es la tête d'or.

Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien; puis un troisième royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre.

Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces.

Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile.

Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile.

Tu as vu le fer mêlé avec l'argile, parce qu'ils se mêleront par des alliances humaines; mais ils ne seront point unis l'un à l'autre, de même que le fer ne s'allie point avec l'argile.

Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement.

C'est ce qu'indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d'aucune main, et qui a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine.

Alors le roi Nebucadnetsar tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu'on lui offrît des sacrifices et des parfums.

Le roi adressa la parole à Daniel et dit: En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il révèle les secrets, puisque tu as pu découvrir ce secret.

Ensuite le roi éleva Daniel, et lui fit de nombreux et riches présents; il lui donna le commandement de toute la province de Babylone, et l'établit chef suprême de tous les sages de Babylone.

Daniel pria le roi de remettre l'intendance de la province de Babylone à Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et Daniel était à la cour du roi.

De la sagesse de Daniel et du végétarisme

Source : Ancien Testament - Livre de Daniel (1.1 - 1.21)

La troisième année du règne de Jojakim, roi de Juda, Nebucadnetsar, roi de Babylone, marcha contre Jérusalem, et l'assiégea.

Le Seigneur livra entre ses mains Jojakim, roi de Juda, et une partie des ustensiles de la maison de Dieu. Nebucadnetsar emporta les ustensiles au pays de Schinear, dans la maison de son dieu, il les mit dans la maison du trésor de son dieu.

Le roi donna l'ordre à Aschpenaz, chef de ses eunuques, d'amener quelques-uns des enfants d'Israël de race royale ou de famille noble, de jeunes garçons sans défaut corporel, beaux de figure, doués de sagesse, d'intelligence et d'instruction, capables de servir dans le palais du roi, et à qui l'on enseignerait les lettres et la langue des Chaldéens.

Le roi leur assigna pour chaque jour une portion des mets de sa table et du vin dont il buvait, voulant les élever pendant trois années, au bout desquelles ils seraient au service du roi.

Il y avait parmi eux, d'entre les enfants de Juda, Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria.

Le chef des eunuques leur donna des noms, à Daniel celui de Beltschatsar, à Hanania celui de Schadrac, à Mischaël celui de Méschac, et à Azaria celui d'Abed-Nego.

Daniel résolut de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin dont le roi buvait, et il pria le chef des eunuques de ne pas l'obliger à se souiller.

Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce devant le chef des eunuques.

Le chef des eunuques dit à Daniel: Je crains mon seigneur le roi, qui a fixé ce que vous devez manger et boire; car pourquoi verrait-il votre visage plus abattu que celui des jeunes gens de votre âge? Vous exposeriez ma tête auprès du roi.

Alors Daniel dit à l'intendant à qui le chef des eunuques avait remis la surveillance de Daniel, de Hanania, de Mischaël et d'Azaria :

Eprouve tes serviteurs pendant dix jours, et qu'on nous donne des légumes à manger et de l'eau à boire ;

tu regarderas ensuite notre visage et celui des jeunes gens qui mangent les mets du roi, et tu agiras avec tes serviteurs d'après ce que tu auras vu.

Il leur accorda ce qu'ils demandaient, et les éprouva pendant dix jours.

Au bout de dix jours, ils avaient meilleur visage et plus d'embonpoint que tous les jeunes gens qui mangeaient les mets du roi.

L'intendant emportait les mets et le vin qui leur étaient destinés, et il leur donnait des légumes.

Dieu accorda à ces quatre jeunes gens de la science, de l'intelligence dans toutes les lettres, et de la sagesse; et Daniel expliquait toutes les visions et tous les songes.

Au terme fixé par le roi pour qu'on les lui amenât, le chef des eunuques les présenta à Nebucadnetsar.

Le roi s'entretint avec eux; et, parmi tous ces jeunes gens, il ne s'en trouva aucun comme Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria. Ils furent donc admis au service du roi.

Sur tous les objets qui réclamaient de la sagesse et de l'intelligence, et sur lesquels le roi les interrogeait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les magiciens et astrologues qui étaient dans tout son royaume.

Ainsi fut Daniel jusqu'à la première année du roi Cyrus.

Le comportement végétarien dans son environnement social contemporain

Source : Le comportement végétarien dans son environnement social contemporain sur le site de Denis Bloud où vous pouvez trouver d'autres textes intéressants.

Université de Genève - Département de sociologie

Cours du 26 février 1990

Intervention de M. Denis BLOUD

Il faut remercier le professeur Jean Ziegler et son assistant Muse Tegegne d'avoir eu le courage d'ouvrir une brèche dans le mur du dogmatisme universitaire afin de faire entendre d'autres discours que les incantations autocentrées et à usage interne des mandarins cooptés par eux-mêmes.

L'intention n'est pas de faire un sermon de prosélytisme en faveur du végétarisme, qui peut très bien s'en passer. Elle n'est pas non plus d'aller à la cuisine et de donner des recettes. L'objet est de situer le comportement végétarien dans son environnement social contemporain, face aux conformismes qui s'y opposent.

Introduction au menu de l'exposé

Cet exposé ira du particulier au général, en partant de l'aspect psychologique le plus immédiat, celui de mon cas personnel ; puis en plaçant ce comportement face à l'environnement médical, social, historique, économique et politique, à l'aide de quelques illustrations projetées par épidiascope. Il est évident que le tour de la question ne pourra pas être bouclé en seulement deux heures et qu'il y aura lieu d'effectuer des recherches plus approfondies sur certains points, ce dont nous pourrons parler lors de la discussion méthodologique. L'objet est ici de présenter le fait sociologique du comportement végétarien face à d'autres conduites alimentaires qui voudraient le garder marginal et anticonformiste pour conserver leur position dominante.

La surdétermination des rapports de l'homme à son alimentation, imposée par les classes détentrices du pouvoir politique, économique et idéologique, dont il a été question dans le cours d'introduction à ce cycle, sera bien mise en évidence par l'analyse du comportement végétarien que nous allons entreprendre maintenant, même si mes souvenirs des cours de Bourdieu à la Sorbonne sont un peu estompés maintenant... Mais comme ce dernier me l'avait un jour déclaré à l'issue d'un exposé, "l'essentiel n'est peut-être pas de résoudre le problème, mais de bien le poser." Je vous propose donc le canevas suivant, qui comporte sept volets formant un tout indissociable, mais où j'ai tenté d'aller du particulier au global. Nous pourrions suivre un autre ordre du jour mais je vais suivre ce plan, quitte à accélérer parfois ou à sauter à des éléments qui vous intéressent plus particulièrement, en fonction du temps disponible et de la possibilité d'engager un dialogue entre nous, ce qui doit rester possible à tout moment. Le menu qui vous est proposé est végétarien mais n'exclut pas que certaines analyses soient un peu saignantes...

Menu de l'exposé

  • I. La motivation psychologique du végétarien
  • II. Le végétarisme face à l'imposture de la thanatocratie
  • III. Le tabou et l'interdit alimentaire
  • IV. Le terrorisme alimentaire par l'occultation dominante
  • V. La filiation historique de l'éthique végétarienne
  • VI. Le végétarisme comme réponse à la crise écologique
  • VII. Le végétarisme face à l'anthropophagie du tiers monde par les riches
  • Bases bibliographiques

I- La motivation psychologique du végétarisme : mon cas personnel

Mes dernières tentatives d'expression à l'université remontent à 1968, en Sorbonne, à la faculté des Sciences et à la faculté de Médecine, sur des thèmes un peu différents, du type "Informatique et société : pour une application des modèles naturels aux théories du pouvoir". Le combat a continué ensuite dans l'ombre, toujours dans le même esprit de contestation des impostures et de défense des modèles biologiques, de ce qu'on peut appeler les "lois naturelles" de notre univers. Le comportement végétarien m'est peu à peu apparu comme un aboutissement logique de cette démarche et aussi comme le point de départ d'analyses multidisciplinaires touchant à tout ce qui concerne au fond le problème de la vie et de la mort. En ce sens, le végétarisme heurte de plein fouet le système thanatocratique disséqué dans "Les Vivants et la Mort" en 1975 par le professeur Ziegler.

Il m'a fallu sept ans pour devenir tout à fait végétarien après les événements de 68, par un processus qui m'a conduit à quitter Paris et à venir travailler à Genève dans une organisation internationale technique comme traducteur, tout en suivant les débuts du mouvement écologiste moderne, représenté à l'époque par la revue intitulée "La Gueule Ouverte". La défense de l'environnement prolonge et complète celle de nos propres cellules physiques et en ce sens il n'y a pas de véritable frontière spatiale entre hygiénisme et écologie: l'air pur que l'hygiéniste revendique ne peut pas exister aujourd'hui sans un combat contre ceux qui le polluent à grande échelle pour le profit immédiat.

Les motivations du comportement végétarien sont personnelles et diverses, irréductibles à une analyse purement psychologique, faisant par exemple appel à des pulsions masochistes ou ascétiques. Ce serait trop simple comme manière d'évacuer la question et tout à fait représentatif des méthodes de réduction conceptuelle face à une valeur supérieure. Si la norme sociale est le comportement d'autosatisfaction à tout prix, il est évident que le végétarisme peut être taxé d'ascétisme. Mais si, comme je souhaite le montrer, il s'agit plutôt du mode d'alimentation normal, c'est le comportement hédoniste et carnivore qui peut être considéré comme autodestructeur et réellement masochiste. Par exemple du fait que le carnivorisme raccourcit la qualité et la durée de la vie ici-bas.

Faut-il être marginal pour être végétarien ? Pour moi, cela n'a pas été le cas : au contraire, c'est parce que j'ai choisi de devenir végétarien que mon intégration sociale s'est trouvée quelque peu réduite. Mais j'ai fait ce choix à un moment où cela ne posait plus guère de problèmes d'identité, à 35 ans environ, où je pouvais en assumer les inconvénients sociaux. Si j'étais resté à Paris dans mon milieu familial, je ne serais sans doute pas resté célibataire ni devenu un étranger sans voix d'expression politique. Et le végétarisme serait peut-être resté une voie idéale que les circonstances ne m'auraient pas permis d'explorer. Mais la poursuite de ma recherche intérieure m'aurait peut-être conduit, de toute manière, aux règles de vie que je considère comme normales et définitives pour moi.

La diversité des histoires personnelles fait qu'une ethnologie du comportement végétarien me paraît tout à fait illusoire. La tribu constituée par les "adeptes du végétarisme", comme les désigne un peu ironiquement Laurence Ossipow dans son essai sur le Végétarisme (Cerf, 1989, 125 p.) n'existe pas car il ne s'agit pas d'un échantillon homogène, très clairement défini. Le psychologisme n'explique pas plus le végétarisme que l'ethnologisme car il s'agit d'un état de conscience qui, à mon avis, se rattache à une sorte d'archétype biologique, lui-même fondé sur notre appartenance physique à l'ordre des primates mammifères, végétariens en conditions normales, comme l'ont montré les analyses faites de dents de tout premiers hominidés (études de Leakey et al., Nature 1976, in "Les Dents de la Viande et les Dents du Blé", Dr M. Bader, Science et Vie, nov. 1985, p. 166). C'est peut-être plus le refus inconscient de l'homme de reconnaître son animalité et ses origines qui explique son régime alimentaire actuel qu'un choix vraiment délibéré pour les plaisirs gastronomiques. Ce refus s'exprime par exemple dans les dessins ci-après.

CALQUES 1.1 ET 1.2

Les végétariens reviennent à la naturalité évacuée comme non rentable par les forces de profit surdéterminantes, pour lesquelles la nature n'est qu'un environnement, un décor de théâtre pour leur plaisir, et une ressource facile pour une prise au tas primaire, par les plus forts. La nature fait peur et on la ridiculise sous les espèces de l'écolo rêveur, du végétarien sectaire et mangeur d'herbe. La nature est assimilée, par la classe parvenue au pouvoir, aux valeurs rurales dont elle a mis si longtemps à s'éloigner, aux vagues souvenances de glèbe, de vie dure, d'origines frustes dont on ne voudrait pas retrouver les contraintes. Le "retour en arrière" aux cavernes est une crainte souvent exprimée dans l'idéologie dominante, rituellement exorcisée par l'incantation au progrès continu par la science humaine. Les traditions religieuses ou mythologiques font pourtant souvent référence au comportement végétarien. Mais tout cela est relégué aux oubliettes, sauf quand un végétarien pose une revendication directe au système marchand. Cela a par exemple été le cas pour moi au Japon en 1983.

Au Japon, j'ai éprouvé beaucoup de difficultés à me faire identifier comme végétarien dans les restaurants. Les termes "végétal" et "nourriture" sont si étroitement liés qu'il est pratiquement impossible de les distinguer, ce qui reflète sans doute une tradition végétarienne ancienne. En fin de compte, il m'a fallu faire une déclaration du genre "je fais dévotion" pour que, avec une certaine révérence mêlée d'étonnement, l'on consente à saisir que je ne mangerais pas de produits animaux.

L'option du comportement végétarien implique donc moins l'entrée dans un groupe particulier que l'éloignement d'une conduite conditionnée, profane et prosaïque. Le végétarisme n'est pas triste car c'est une aventure constante, une forme de résistance permanente aux pressions commerciales imposées par l'ordre thanatocratique. Il faut chaque jour ruser avec lui pour échapper à ses conditionnements et découvrir, sous ses valeurs marchandes, les valeurs d'usage réel, de vie et non de maladie et de mort. Cela implique donc un dépassement des tentations de plaisir immédiat et une rationalisation des choix. C'est là que l'information a un rôle fondamental à jouer.

La notion de groupe social ou ethnologique est difficile à cerner, dans les pays latins en particulier. Les tentatives de regrouper les végétariens au sein d'une association remontent à la fin du siècle dernier dans la plupart des pays d'Europe. Mais le résultat n'a jamais été très probant. La "Vegetarian Society" anglaise regroupe tout de même plusieurs milliers de membres et est très active. Mais sa propre documentation montre que le nombre des végétariens non enrôlés est beaucoup plus important (environ 3,25 millions de personnes soit 6 % de la population). A Genève, la "Société Végétarienne de Genève et de Suisse Romande", malgré l'impulsion donnée par feu son président Armand Dumoulin, est restée confinée à une marginalisation réelle malgré les efforts de ses membres. Le végétarien est souvent, comme l'a fait observer justement le professeur Ziegler au début de ce cycle, une personnalité assez forte, aguerrie par ses choix non conformistes, qui répugne naturellement à l'enrôlement dans un cadre social, même fraternel. Mais il accepte souvent de telles contraintes pour propager sa conviction profonde et militer pour les valeurs d'usage qu'il estime pouvoir intéresser ses semblables.

CALQUE 1.3

La motivation principale de 40 % de ceux qui mangent moins de viande est d'ordre médical. Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes (1 sur 14 contre 1 sur 24) dans leur propre catégorie. Et de 1983 à 1987, le nombre des végétariens a augmenté de 30 % en Angleterre (Der Vegetarier, mars 1987), sans doute aussi pour des raisons d'ordre économique, ce que nous verrons plus tard. En Allemagne, la progression est très nette également, puisque 22 % des repas pris aux restaurants universitaires de Munich (la "mensa") sont végétariens (100 000 repas par semaine en novembre 1986) (Uni-Berufs-Magazin, fév. 1987). Mais parallèlement la consommation de viande a quintuplé depuis 1850 en Allemagne, et le coût "de la santé" a triplé au cours des dix dernières années, car "les gens ont les moyens de se faire plaisir" (Der Tagesspiegel, 15 janvier 1987). Il se produit donc une sorte de polarisation des comportements dans la société actuelle : prenant conscience qu'il n'est plus possible de jouer sur deux tableaux en même temps, les hommes choisissent soit les plaisirs de la vie avec les contraintes que cela implique, ou bien les plaisirs de la mort, surdéterminés et imposés comme valeurs marchandes indispensables pour l'intégration sociale. Le problème de la motivation personnelle dépasse donc largement les simples pulsions psychologiques intérieures des individus. Il remet en cause l'ensemble du système de santé, d'agriculture, de distribution des richesses économiques.

C'est donc un ferment politique par essence.

Ce calque de la société végétarienne anglaise montre aussi que le végétarisme est presque deux fois plus répandu dans la population estudiantine que dans la population générale (11 %). Quelques noms de personnalités végétariennes modernes sont données à titre de leaders ou modèles, connus surtout au Royaume-Uni. Nous relevons toutefois les noms de Brigitte Bardot, de Madonna, de Yehudi Menuhin et de Michael Jackson. Les appels au comportement végétarien se fondent sur quatre thèmes principaux : la santé, la souffrance des animaux, l'environnement et le tiers monde, ce que nous examinerons ensemble si le temps nous le permet.

Passons donc du point de vue psychologique et personnel à la motivation plus large de la santé publique.

II - Le végétarisme face à l'imposture médico-industrielle

Le végétarisme, en tant que comportement individuel marginalisé, met en évidence les stratégies de séduction et d'aliénation des défenseurs de l'alimentation industrielle et de la médecine palliatrice et réparatrice. Car au lieu se présenter comme un complément récupérable, parmi d'innombrables "thérapies" plus ou moins naturelles ou industrielles, le végétarisme réel se revendique comme étant une conduite d'autonomie préventive, qui évacue les comportements artificiels induits par les thérapeutiques de l'a-posteriori.

Le végétarisme radicalise le débat en le portant au niveau des fondements mêmes de la connaissance et de la tradition. Sa réponse au serpent de mer des coûts dits "de la santé" est celle d'Hippocrate : QUE TA NOURRITURE SOIT TON MEDICAMENT ET QUE TON REMEDE SOIT TA NOURRITURE.

A partir de cet axiome de sagesse, le végétarisme est en droit de renvoyer dos à dos les thérapeutes autopatentés et les divers mages modernes qui se rejoignent tous dans l'interventionnisme dirigiste et paternaliste du : "faites-vous plaisir sans remords, nous sommes là pour réparer quand cela n'ira plus très bien dans votre corps". En ce sens, le végétarisme véritable refuse d'être considéré et exploité commercialement comme une "thérapeutique auxiliaire" analogue au thermalisme ou à l'ozonothérapie. Ce refus est évidemment taxé de sectarisme par ceux qui voudraient faire du végétarisme un alibi de plus pour la survie du scientisme médical.

Nous avons parlé d'autonomie préventive par le végétarisme. Cette prévention au niveau du terrain physiologique ne saurait se prêter aux manipulations marchandes puisque -par définition- elle implique une prise en charge individuelle, une responsabilisation volontaire, au lieu d'une confiance naïve dans les diktats publicitaires. Le principe même de la thérapie palliatrice est infantilisant et participe au fond des valeurs de domination mercantilistes par ceux qui détiennent le pouvoir médical. Ces valeurs visent à court-circuiter le "médecin intérieur", la "vix medicatrix" des Anciens.

L'idéologie du système sanitaire paternaliste et matérialiste ne croit pas à l'existence en l'homme de cette force, de cette "natura naturans" en action, comme elle ne croit pas non plus à l'existence de l'âme et de ses diverses formes traditionnelles, plus ou moins subtiles. Mais elle utilise ces énergies lorsque les résultats ne peuvent plus être niés, comme dans le cas de l'acupuncture. Tout en se gardant bien, dans sa démarche récupératrice et instrumentaliste, de réintégrer les valeurs spirituelles que cette tradition véhicule pour sous-tendre ces techniques de soins.

Le végétarisme est une voie de choix individuel de non-maladie. Il ne peut donc se concilier avec les techniques qui, comme un titre du Journal de Genève l'annonçait en 1983, se fondent sur l'acte de foi que "LA SANTE EST AU FOND DU TIROIR-CAISSE". Si elle y était, on l'aurait déjà trouvée, surtout en Suisse ! Malheureusement, c'est le contraire que l'on constate : les coûts de la maladie ont augmenté de 1000 % depuis 1960 mais le cancer fait toujours autant de victimes, proportionnellement s'entend. Le constat d'échec de ce système d'irresponsabilisation et de traitements épidermiques, dont le summum est atteint avec le mythe du préservatif, aura fait ou fera bientôt l'objet d'autres exposés de ce cycle, après avoir été magistralement démontré par Ivan Illitch et ses étudiants dans La Némésis Médicale (Seuil, 1975) dont la lecture a été déterminante pour ma prise de conscience de l'impuissance fondamentale du dogme médico-industriel à considérer les valeurs hygiénistes naturelles.

Puisque enfin l'occasion m'en est donnée, je tenterai d'analyser plus en profondeur cette incompatibilité épistémologique entre les deux attitudes, celle du Faust moderne et celle du nouvel Emile. Les thanatocrates vendent de la mort plus que de la vie. L'occultation systématique des valeurs naturelles pour les remplacer par une verroterie marchande a une finalité de rentabilité car le profit énorme qui est tiré des contre-valeurs de l'alimentation industrielle se prolonge par celui qui découle de l'exploitation de la maladie et de la mort, conséquences obligées et rapides du régime cafétéria imposé.

Une phrase suffira à décrire ce processus : il y a plus de gens qui vivent du cancer ou du sida que de gens qui en meurent. Comme Hans Ruesch le développe dans son livre "L'Impératrice Nue ou la Grande imposture Médicale" (Naked Empress, CIVIS, 1982, Klosters), si la naturopathie était officialisée aux Etats-Unis, ce serait une catastrophe pour le cancer social qui vit du cancer des individus. C'est pourquoi un Index des hérétiques est tenu à jour par le "Vatican de la mafia du cancer", autrement dit par l"American Cancer Society". Houston et Null écrivaient dans "Our Town" (3 septembre et 29 octobre 1978) en effet ceci: "L'American Cancer Society, en tant qu'Eglise médiévale de l'actuel Moyen Age du cancer, s'est arrangée pour mettre sur une liste noire les voies de recherche cancérologique les plus innovatrices et les plus prometteuses. L'ennemi véritable n'est pas le cancer -qui n'est qu'un phénomène naturel- mais la mafia qui en vit et tend systématiquement à détruire tout ce qui pourrait apporter une solution de fond. Et qui cherche à conforter sa position prédatrice, en tant que parasite de la souffrance humaine." (Naked Empress, p.67).

La morbidité du corps social doit donc être entretenue par les thanatocrates pour que ces derniers puissent prospérer. En 1990, les cotisations aux assurances-maladie vont encore augmenter malgré une désolidarisation par les franchises. Le thanatocrate type se présente sous les espèces avenantes du "biocrate", comme un régisseur de la vie. Il n'opère aucune distinction entre les plaisirs de la vie et ceux de la mort. Tous les toxiques légaux sont autorisés, puisqu'il est là pour les réparations ultérieures. Vendre de l'agréable est évidemment plus rentable et plus populaire que d'interdire ou de poser des tabous alimentaires, en un mot que de faire de la prévention active. De même, en agriculture, il est plus facile de cultiver des fraises ou des tomates stimulées chimiquement que de s'occuper de la vie micro-organique du sol et de planter des espèces qui ne porteront leurs fruits que plus tard.

Cette comparaison me conduit à souligner que le comportement végétarien ne consiste pas seulement à s'abstenir de consommer des animaux, vertébrés ou non (poisson et fruits de mer inclus) mais aussi à éviter les toxiques en général, par un choix d'aliments issus de l'agriculture biologique. Le végétarisme compris comme une prévention de terrain remet donc en cause tout le système actuel d'agriculture et d'approvisionnement, ce qui fera l'objet de l'analyse d'ordre économique et politique de cet exposé.

La santé naturelle implique, par le respect de lois biologiques inéluctables, une valeur d'ordre, de raison, tandis que l'option faustienne, hédoniste et industrielle consiste à vendre n'importe quoi, donc du désordre et de l'immédiat, pour reporter sur les thérapeutes la prise en charge apparente de la dette biologique ainsi contractée.

Le calque 2.1 illustre ce que font les traitements symptomatiques : donner un très bref sursis, une illusion de santé.

Le calque 2.2 précise le précédent : "Voici une liste des effets secondaires possibles du médicament que je vais vous prescrire. Lisez-la et téléphonez-moi demain matin pour me dire si malgré cela vous estimez que la vie vaut encore la peine d'être vécue."

Après avoir payé le non-aliment immédiatement gratifiant, puis le thanatocrate déguisé en biocrate, censé rétablir l'équilibre biochimique compromis, puis les substances chimiques issues de la recherche pharmaceutique (euphémisme pour ce qui est en réalité de la pseudo-science vivisectrice), puis les surprimes d'assurance entraînées par cette débauche moléculaire, le patient va devoir affronter les mêmes thanatocrates sous leur masque hospitalier, comme l'illustreront à grands traits les calques 2.3 et 2.4.

"Je me fous de ce que dit votre ordinateur. Je paierai pour l'opération de la hernie mais je ne veux pas payer pour l'hystérectomie". "Je voudrais vous présenter l'équipe de chirurgie. Je suis le chirurgien-en-chef, Mme Tully est l'assistante, M. Potts est l'anesthésiste et M. Wilburn est le médecin légiste". "Il paraît qu'ils portent ces masques chirurgicaux pour que les patients ne puissent pas les reconnaître lors des procès...". (CALQUE 2.5)

Les erreurs et bavures sont extrêmement courantes dans les hôpitaux, comme cela est rapporté dans "Naked Empress" ou dans "Medicine on Trial" (Prentice-Hall Division of Simon & Schuster, People's Medical Society, 1983) pour les Etats-Unis,où 50 % des diagnostics sont faux et plus de 40 % des décès hospitaliers sont dus à la violence des remèdes, d'après une récente enquête (documentation Phytodif). Les Etats-Unis consomment 30 % des produits pharmaceutiques du monde et assurent 40 % des bénéfices correspondants (Tribune de Genève du 6 janvier 1988, p. 3).

"La médecine ne guérit plus. Elle ne fournit plus que des prothèses, des palliatifs, des rafistolages de fortune" déclare le docteur Elmiger dans son livre "La Médecine Retrouvée" (p. 11). Il ajoute ailleurs (p. 104): "Le fanatisme doctrinaire des matérialistes est si net en médecine que toute opinion émanant d'une autre école est brutalement écartée. Les allopathes ne peuvent pas souffrir qu'une élite minoritaire puisse un jour enseigner dans nos facultés". A propos des vaccinations, qu'il appelle "la plus gigantesque imposture médicale de tous les temps" (p. 144), il cite l'excellent ouvrage du Dr Chavanon "La Guerre Microbienne" (1950, Paris, Dangles) pour affirmer : "Le lancement du BCG est un modèle de gangstérisme économique, une gigantesque et malhonnête opération commerciale. Les 20 familles qui tiennent la santé en otage (entendez son enseignement, ses laboratoires, ses temples et son commerce) ont réussi le tour de force de faire voter en 1949, à la sauvette, par l'Assemblée nationale et par le Conseil de la République, l'obligation vaccinale par le BCG." (p. 132).

Pour un végétarien, le vaccin est un viol alimentaire car la substance animale qui lui est injectée est en plus une toxine pure. Le rejet des vaccinations fait donc partie de l'éthique et de l'épistémologie végétariennes.

"En introduisant la Bête dans l'Homme -précise génialement Elmiger- le médecin se mue en sorcier maléfique qui procède à une sorte de bestialisation rituelle de la tribu" (p. 150). La vivisection est le pendant de la vaccination et,comme de nombreux médecins, le Dr Elmiger la récuse : "La médecine de demain ne peut pas se construire sur le malheur des innocents ; elle n'a pas besoin du sacrifice des animaux et n'a que faire des coûteuses équipes de chercheurs ivres de gloriole pseudo-scientifique" (p. 274). (CALQUES 2.6a,b, 2.7)

"La vivisection est faite pour des raisons légales et non pas scientifiques" a avoué en 1964 le Dr Gallagher, directeur des recherches du laboratoire Lederle (JAMA: 14/3/1964). Et pourtant 1 752 265 animaux ont été rituellement sacrifiés en Suisse en 1984. Hans Ruesch démontre que non seulement aucun résultat clinique sérieux n'est à mettre au crédit de la vivisection mais que cette imposture est la cause de catastrophes sanitaires innombrables et bloque la recherche scientifique véritable. Les végétariens s'associent pleinement aux conclusions de Ruesch, telles qu'elles sont exposées dans "Ces Bêtes qu'on Torture inutilement" (Favre, 500 p.,1980), traduit de "Slaughter of the Innocent" (CIVIS, 1979, 480 p.); et dans ses autres oeuvres.

"Seul celui qui guérit est réellement médecin" affirme Elmiger (supra, p. 188). Si 60 % des maladies cliniques sont dues à des médicaments et si 85 % à 95 % des tumeurs humaines sont dues à des produits chimiques (Mitteilungen, 12/87, p. 16) et si en un an 1 500 000 personnes ont été hospitalisées, dont 140 000 (9 %) sont mortes aux Etats-Unis en raison de médicaments défectueux, mis au point sur des animaux (H.R. Report 5, p.7), c'est que la médecine est une "impératrice nue" dangereuse, dont le pouvoir doit s'écrouler. Mais pour cela, il faut que les hommes puissent éviter d'avoir à la consulter, ce qui implique le comportement hygiéniste de prévention, donc le végétarisme.

(+calques 2.8, 2.9, 2.10)

L'hygiéniste végétarien refuse d'entrer dans le jeu morbide et modifie donc son alimentation et son attitude face à son corps, quitte à se marginaliser; ce qui nous conduit à l'analyse proprement sociologique du comportement végétarien.

III - Végétarisme et tabous alimentaires

Le tabou alimentaire apparent du végétarisme actuel ne procède pas d'une règle dogmatique, d'une survaleur traditionnelle imposée par une classe dominante, théocratique dans son essence, comme cela a pu être le cas dans certaines religions. Mais ces dernières n'ont peut-être fait qu'institutionnaliser et ritualiser ce qui au début était conscience rationnelle d'un avantage biologique.

Depuis le fruit défendu de l'Eden, les interdits alimentaires ont jalonné le passage de l'état de nature à l'état de culture. Mais les règles dogmatiques ne tiennent pas très longtemps sans vérification naturelle. L'ordre artificiel est un jour contesté, transgressé. Le mur finit par tomber car le tabou appelle sa vérification expérimentale.

Les carnivores, qui refusent de manger leurs chiens, leurs chats, souvent leurs chevaux, ou les sauterelles pourtant très semblables aux crevettes -paraît-il- ont des tabous souvent moins rationnels que les végétariens. Muse Tegegne pourra sans doute confirmer que manger du chameau est cause d'excommunication pour les chrétiens en Ethiopie.

D'un côté comme de l'autre, il est à noter que les interdits portent presque toujours sur des animaux, comme dans la Sourate 6 du Coran. Mais en Polynésie, certaines plantes sont prohibées, comme chez nous 99 % des champignons. La compréhension et la connaissance de la Règle, grâce à la Culture, peuvent remplacer le processus personnel de transgression du tabou.

L'expérience de l'aliment défendu, une fois subie la conséquence négative, nous reconduit à la règle. Savoir reconnaître une amanite mortelle est une valeur d'usage précieuse, mais n'empêche pas des dizaines d'intoxications chaque année par ceux qui ont voulu vérifier l'interdit traditionnel.

Comme l'a déclaré Emerson, "la vie tient une école très dure, mais pour les fous il n'y en a pas d'autre" ! Il n'est pas nécessaire de devenir alcoolique pour prendre conscience du fait que l'alcool, ou le tabac, ou une autre drogue, nous détruit. Mais certains individus sceptiques se croient obligés de passer par cette voie longue, douloureuse et coûteuse pour le corps social. C'est le cas pour l'alimentation industrielle comme pour d'autres contre-valeurs : l'être social inquiet quant à sa liberté d'action veut tout redécouvrir par lui-même et rejette la tradition des anciens, avec ses interdits ou garde-fous,même justifiés. Intérioriser le tabou par expérience et non par connaissance et réflexion conduit la société actuelle à un vécu morbide de première grandeur. Selon le bilan du "Worldwatch Institute" (L'Etat de la Planète, Lester Brown, préface de René Dumont, 1989), cette planète n'en a plus que pour 10 ans avant d'atteindre le point de non-retour définitif. "Nous sommes au bord d'une effroyable famine" écrit Dumont et nous en sommes à nous demander comment perdre quelques kilogrammes en améliorant un peu notre régime... L'apocalypse sera le prix du non-végétarisme, à mon avis.

Bien que très ancien puisque remontant à notre filiation phylogénétique dans l'ordre des Primates, le tabou végétarien n'a jamais été vraiment dogmatique car sa valeur d'usage s'est constamment trouvée vérifiée et confirmée par les faits comme par les analyses modernes. Les quelques courbes suivantes illustreront cela. (CALQUES 3.1 A 3.7)

Schéma des effets d'une alimentation riche en protéines sur l'espérance de vie. Ross a montré que pour 17 des 23 enzymes étudiées chez de petits animaux, on trouve un niveau enzymatique correspondant au jeune âge chez les animaux adultes dont l'alimentation est pauvre en protéines : par contre le niveau enzymatique des animaux nourris avec une alimentation riche en protéines correspond à celui des animaux âgés. ("Viande et Santé", Dr Scharffenberg).

Mortalité due à des affections circulatoires en Norvège de 1938 à 1948.

Densité osseuse comparée dans trois populations de femmes âgées de 70 à 79 ans, par rapport à la consommation de viande ("Transition to Vegetarianism", Dr Ballentine). L'ostéoporose commence à la fin de la trentaine chez les Esquimaux, gros consommateurs de viande, soit une vingtaine d'années plus tôt que dans la population américaine moyenne.

Corrélation entre consommation de graisses et taux de mortalité par cancer du sein. Les adventistes végétariennes ne présentent que 65 % du taux habituel de mortalité par cancer du sein, alors que les étudiantes qui en consomment plus de 5 fois par semaine ont un taux presque double, de 118 %. (3.7) Nous pourrions accumuler ainsi d'autres preuves expérimentales, que nous pourrons facilement retrouver dans des ouvrages de base comme "Viande et Santé" du Dr Scharffenberg, ou "Transition to Vegetarianism" du Dr. Ballentine. Mais revenons à notre analyse du comportement végétarien dans la société moderne, étant admis d'emblée que, pour chacun de ceux qui ont choisi cette conduite, il existe un ensemble déterminé de justifications.

Au plan national suisse par exemple, le végétarisme est perçu par les autorités comme une valeur d'usage très exceptionnel: pour une survie de la population en cas de guerre ou de catastrophe analogue. C'est-à-dire que le végétarisme, par ses vertus intrinsèques, se fait déjà admettre comme utile pour un état de crise, de pénurie, comme l'illustrent les documents suivants.

(CALQUES 3.8 A 3.12)

(3.8,3.9)Le plan alimentaire fédéral PA-90 prévoit en cas de crise une consommation de calories diminuée de 30 % (de 3 300 à 2300 kcal) car la production agricole indigène ne pourrait assurer que 60 % des besoins alimentaires. Avec une consommation de viande diminuée des deux tiers, l'on admet que le régime des Suisses serait "plus équilibré" et plus sain, permettant de "se retrouver en pleine forme" (Tribune de Genève, 18 août 1988).

(3.10) La comparaison de cette information avec le fait qu'au cours de la même année 1988 la consommation de viande a augmenté de 6 % met en évidence une certaine contradiction, sinon schizophrénie ou dichotomie entre le discours officiel et la réalité concrète. "Les Suisses aiment la viande" lit-on le 21 mars 1989 : 30,4 kg par personne et par an en moyenne, dont le tiers en charcuterie et saucisses. Si l'on inclut les os des animaux ainsi consommés, il faut multiplier cette masse par trois, soit 92 kilos par personne et par an en 1988, avec une tendance à préférer les viandes importées du tiers monde, moins chères ici. Nous reviendrons plus tard sur ce problème.

(3.11) Qualitativement, l'on a pu parler de "mal-bouffe" du Suisse, comme l'a montré le deuxième Rapport suisse de l'alimentation, qui conclut que la consommation optimale, de 2 400 kcal, est dépassée de 20 % à 30 %, puisque la moyenne journalière se situe à 3 080 kcal. 66 % des Suisses ont trop de poids et 43 % de ces calories proviennent de denrées animales. Le sucre dépasse de peu la viande avec les ossements : 136 kilos par personne et par an. Caricature de l'homo sapiens consumentus : à chaque Suisse son demi-porc par année (Vers un développement solidaire, Déclaration de Berne, numéro spécial sur la Viande, juin 1985, Lausanne).

(3.12) Alors que l'apport de protéines d'origine animale était de 27 % en 1880, il était de 45 % en 1935, et de 71 % en 1980. Cela ressemble à un compte à rebours pour notre santé et pour celle de notre planète. 89 % des aliments modernes sont pauvres en fibres végétales. Il est dès lors intéressant de comparer les pourcentages du régime alimentaire de masse avec ceux des facteurs pathogènes constatés dans la population et reflétés fidèlement par les augmentations des cotisations d'assurance maladie: aux 22 % de viande et oeufs dans le régime correspondent 25 % de risques ; aux 12 % de produits laitiers correspondent 15 % de risques liés à ces produits. Aux 19 % de sucre et d'alcool dans le régime moyen correspondent 15 % de risques morbides et les 18 % de graisses raffinées peuvent s'associer aux 20 % de maladies mortelles dues à l'obésité et au manque d'exercice; le tabac prenant en charge le quart restant des raisons de tomber à la charge du système de mutualité.(3.13, 3.14).

Devant un tel bilan statistique, il est difficile de continuer à croire aux incantations rassurantes du système médico-industriel, très désireux que rien ne soit changé à ces habitudes dont le résultat n'est finalement que de lui drainer des clients toujours plus nombreux et toujours plus soumis. Les contradictions ne manquent cependant pas à ce niveau entre forces en présence : Etat, caisses d'assurance, population cotisante et pouvoir médical. Il s'agit là d'un manège à quatre, où le jeu consiste à renvoyer la balle au suivant, comme l'illustre le document ci-après: "Manège à quatre". (3.15)

En conclusion de ce troisième volet sur l'aspect social du comportement végétarien, nous pouvons conclure que la communion rituelle de viande procède bien d'une conduite autodestructrice de la société. Pourquoi alors occulte-t-elle le végétarisme ? Cela pose je crois le problème écomomique et politique.

IV. Végétarisme et terrorisme alimentaire : l'occultation économico-politique

Les forces d'argent dominantes se trouvent prises entre d'une part la nécessité, pour continuer à paraître crédibles, de se mettre un peu à jour et de reconnaître les avantages de l'hygiène et de la prévention, et d'autre part l'obligation de continuer à faire des affaires en vendant ce qui fait plaisir aux consommateurs. C'est là que le végétarisme, en radicalisant cette contradiction, devient un outil de démasquage social et politique très efficace. Il est devenu tabou et considéré comme "extrémiste", "sectaire", car trop menaçant pour le système de gratification-palliation industrielles. La tendance des écoles diététiques reflète exactement cette situation : on admet qu'il faut manger moins de viande, de graisse, de sucre, on parle de "régime équilibré" sans exclusive, avec "un peu de tout"; ce qui permet de continuer à vendre tout ce qui flatte le palais des consommateurs, avec l'alibi publicitaire de paraître avoir fait tout le possible pour se montrer favorable à l'hygiène publique et à l'environnement. Ce discours bien-pensant et sirupeux ne résiste pas à l'examen un tant soit peu approfondi, comme les documents ci-après nous le démontreront clairement. (CALQUE 4.1)

Voici tout d'abord une lettre que j'ai adressée au début de cette année 1989, en tant que vice-président de la Société végétarienne de Genève et de Suisse Romande, à l'hebdomadaire des coopératives Migros, "Construire". Ce dernier avait publié un article consacré à la "bonne nutrition" et répondait ainsi à la question "Vit-on en meilleure santé sans viande ?" dans les termes suivants : "manger de la viande peut être ou tout aussi sain ou malsain que de ne pas en manger"; mettant donc sur un pied de stricte égalité les deux comportements. Une telle déclaration faisait bon marché des preuves accumulées en faveur du végétarisme par rapport à la consommation de viande et je tenais à ce que la Migros veuille au moins rectifier son information, sans d'ailleurs que le débat reste limité au seul plan médical. Par exemple en lui rappelant qu'il faut -nous le verrons plus tard si nous en avons le temps- 5 mètres carrés de forêt tropicale pour obtenir une boulette de viande pour hamburger.

(CALQUE 4.2)

La réponse de la diététicienne attitrée de la Migros, Nicole Oehninger, m'est parvenue un mois plus tard. Elle y reconnaît qu'on "recommande en effet de manière générale de consommer moins de viande. Pourtant, une stricte interdiction de la viande serait injustifiée. Il serait contraire à nos principes de chercher à rééduquer les Suisses et les contraindre à se faire végétariens par une interdiction de la vente de viande !".

En 6 lignes, la Migros revient deux fois sur le spectre d'une éventuelle interdiction de la viande, qu'elle agite frileusement pour protéger son profit. Cette lettre est hors du sujet que j'avais posé et élude immédiatement mon droit de réponse et ma demande de rectification en dramatisant et en déformant mon intention. Alors que je demandais à ce journal de bien vouloir rétablir son information, la seule vue du papier à en-tête de la Société végétarienne a provoqué une sorte de panique à la Migros et suscité cette réaction tout à fait symptomatique et révélatrice. Les valeurs marchandes ne supportent pas d'être menacées. La Société végétarienne romande, qui compte un tout petit noyau d'une vingtaine d'adhérents militants et un fichier de quelques centaines de sympathisants passifs, se voit considérée comme un foyer de terrorisme antimercantiliste, dont la moindre intervention, même bénigne, doit être interprétée comme portant atteinte potentielle au chiffre d'affaires.

Sur le plan fédéral, les contradictions internes sont moins évidentes car il n'y a pas d'intérêt commercial apparent. Comme nous l'avons vu à propos des tabous alimentaires (calques 3.8 et 3.9), l'Etat reconnaît la valeur du végétarisme pour faire face à une crise grave dans le pays. Mais d'autre part on tient à repousser cette éventualité dans le futur: c'est un moindre mal à éviter si possible, comme les abris anti-atomiques; c'est une boîte de survie spéciale pour une reprise en main totale de la population sous couvert de protection civile; cela ne va pas plus loin que le voeu pieux. En réalité, si les médecines naturelles comme l'acupuncture et l'homéopathie commencent à entrer dans les facultés de médecine, il n'est pas encore question de donner droit de cité aux méthodes de prévention active comme le végétarisme et l'hygiénisme en général. En voici un témoignage récent. (CALQUE 4.3).

Il s'agit d'un article paru dans la Tribune de Genève le 23 février 1989, intitulé "Vivre sainement ne suffit pas", à propos de prévention anti-sida. Le conseiller national René Longet avait, avec raison, demandé par une question ordinaire " s'il n'était pas possible de montrer, dans le cadre des campagnes préventives anti-Sida, comment chacun peut renforcer ses défenses immunitaires en adoptant un mode de vie plus équilibré. Les campagnes anti-Sida recommandent l'utilisation du préservatif comme moyen de prévention principal mais ne disent rien des facteurs liés au mode de vie, qui affaiblissent les défenses de l'organisme : alcool, alimentation trop riche en graisses animales, sucre raffiné, tabac, abus de médicaments, stress. Apprendre au public comment vivre pour maintenir le système immunitaire à son niveau optimal contribuerait aussi à lutter contre le Sida, estimait René Longet dans sa question." Il vaut la peine de citer maintenant la réponse officielle à cette demande frappée au coin du bon sens.

"Le Conseil fédéral convient qu'un mode de vie plus sain peut renforcer le système immunitaire mais ajoute que cela n'est pas scientifiquement prouvé. Un tel renforcement ne suffit toutefois pas à protéger d'une infection par le virus HIV. De nombreuses personnes menant une vie saine, dotées d'un système immunitaire intact, ont contracté le virus du Sida. En conséquence, il serait DANGEREUX de diffuser, dans la campagne Stop-Sida, des conseils pour vivre SAINEMENT, qui pourraient laisser croire qu'une vie saine constitue déjà à elle seule une protection contre l'infection par le virus HIV, ajoute le Conseil fédéral dans sa réponse."

Je crois qu'il convient maintenant de bien centrer notre analyse sur ce texte, très révélateur, à partir duquel la dialectique sociologique du déterminant et du déterminé est très clairement exposée par les faits. Pour placer le deuxième volet de ce non-dialogue, je me permettrai de citer ici, in extenso, ma réponse à cette prise de position du Conseil fédéral, parue 15 jours après dans la Tribune de Genève du mercredi 8 mars 1989, tout en soulignant que la réponse des responsables politiques, dans ses termes mêmes, n'est qu'un reflet servile de la position qui leur a été très certainement dictée par la force dominante réelle : le trust médico-pharmaceutique suisse. Madame Kousmine nous a déjà bien démontré les étonnantes possibilités offertes par la méthode d'alimentation saine dans toutes les maladies de dégénérescence comme le cancer et le SIDA. Ce n'est donc pas à titre de franc-tireur isolé et marginal que je me suis senti habilité à contester la position des autorités, mais en tant que porte-parole d'un puissant courant de survie.

(CALQUE 4.4)

"L'article paru dans la "Tribune de Genève" du 23 février sous le titre "Vivre sainement ne suffit pas" ne peut que décevoir ceux qui militent pour la prévention et l'hygiénisme en général, moins rentables que la vente de solutions de réparation. Serait-il dangereux de donner des conseils pour vivre sainement tant qu'il n'est pas prouvé scientifiquement qu'une vie saine ne peut pas, à elle seule (sans préservatifs), assurer une protection contre le virus HIV ?

Les expériences faites sur des individus sains, humains ou d'espèce proche (chimpanzés) montrent que le virus ne prend pas si le niveau immunitaire est normal (Science et Vie, octobre 1985). Par ailleurs, deux cas de séropositifs redevenus négatifs ont été scientifiquement vérifiés par le Dr André Fribourg-Blanc, comme la "Tribune de Genève" l'a signalé dans un article du 21 avril 1988 ("Sida: le virus qui s'évapore").

Donner de l'espoir est toujours favorable au système immunitaire, comme on l'a constaté scientifiquement aux Etats-Unis. Même un faux espoir vaut mieux qu'une certitude morbide ! Il est donc, à mon avis, dangereux pour les malades touchés par ce virus de ne pas les encourager à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour augmenter leur immunocompétence, qu'un "mode de vie plus sain peut renforcer", comme le reconnaît le Conseil fédéral suisse.

Il n'est pas non plus "scientifiquement prouvé" que le seul usage du préservatif suffise à protéger contre l'infection HIV: pourquoi la "vie saine" (qui reste à définir plus précisément et qui implique l'hygiène élémentaire) ne serait-elle pas encouragée au même titre que le seul préservatif, qui semble faire l'objet d'un fétichisme particulier de la part des "responsables" ?

Quelques centièmes des sommes allouées à l'industrie des préservatifs suffiraient à des sociétés de "vie saine" (comme la Société végétarienne ou la Fondation Soleil) pour apporter au moins de plus grandes espérances de guérison que les seules "recherches" officielles et leur inapplicable recommandation de prévention épidermique.

Nous sommes nombreux à considérer comme irresponsables le rejet, sans preuves scientifiques, de la prévention de terrain -alimentaire en particulier- et l'imposition d'un dogme superficiel et non générateur d'espoir en l'état actuel des connaissances.

La vie "saine" implique plus que des mesures d'ordre physique et englobe l'âme, le psychisme; ce qui explique pourquoi certaines personnes, menant une "vie saine" en apparence, ont pu devenir positives HIV.

Qui est vraiment en mesure d'apprécier en quoi consiste une vie saine ?

Se mesure-t-elle seulement au taux d'immunoglobulines?" (CALQUES 4.5 A, B)

Aucune réaction ne m'est parvenue à la suite de cette mise au point dans la presse. Pour ceux que cela intéresse, j'ai publié deux autres textes de la même veine à propos du Sida, parus dans "24 Heures" et "Construire". Le premier m'a valu un appel téléphonique d'appui de la part de Madame Kousmine, qui a bien voulu me considérer comme un de ses disciples spirituels. J'ai remis ce texte à jour pour un journal du personnel, tout récemment; mais sa parution fait actuellement l'objet du veto d'un mandarin de l'Organisation Mondiale de la Santé. Nous pourrons revenir ultérieurement sur cette question fondamentale de l'acquisition d'une immunodéficience et sur l'attitude de rejet systématique des pontifes de la mort et de la maladie: les biocrates et les thanatocrates. Par exemple en citant les chasses aux sorcières engagées par ces derniers contre des génies comme Solomidès et maintenant les Beljanski. (4.6, 4.7)

La compréhension d'un telle attitude de rejet ne s'explique pas seulement -à mon avis- par des motifs d'ordre économique et politique. Il existe aussi une résistance plus profonde encore, d'ordre philosophique, que je vais maintenant tenter d'aborder.

V. - Histoire et philosophie du comportement végétarien

Ce qu'il importe pour le moment de noter, c'est l'opposition systématique des autorités à ce qui n'est finalement que du bon sens et de l'évidence. Car au-delà du débat sanitaire, il y a un problème politique. La prévention de terrain implique une prise en charge responsable qui automatiquement va déterminer des choix individuels, libres, éventuellement divergents des lignes directrices imposées à la masse par les autorités. En ce sens le comportement végétarien n'est que la partie émergente d'un comportement conforme aux lois biologiques de la nature, donc en conflit direct avec tout ce qui est faustien, artificiel et fondé sur le développement de l'ego humain pour manipuler à son profit les lois naturelles.

Le végétarien radicalise la revendication hygiéniste et se voit donc immédiatement marginalisé par des arguments d'autorité plus que par la logique. Il représente, par son existence même, un rappel vivant de la situation de crise, passée ou à venir. Il renvoie autant à une époque de cueillette immémoriale qu'à une éventualité de disette et de pénurie : il ne peut donc pas être très populaire, même chez ceux qui n'ont pas d'intérêt commercial à l'alimentation industrielle et qui même verraient un avantage financier à un régime plus strict. Les réactions des carnivores, selon notre expérience de végétariens, sont souvent celles d'enfants qui craignent de se voir retirer leurs jouets ou qui se sentent agressés par un comportement plus responsable que le leur. Mais la marginalisation sociale ne suffit plus à faire peur aujourd'hui, au contraire.

Autrefois, un végétarien était très mal vu. Au XIIIe siècle par exemple, le refus de manger de la viande dans une auberge suffisait à vous faire accuser d'hérésie cathare et à conduire au bûcher, comme cela est souvent arrivé aux fidèles de cette religion gnostique. Et avant eux à ceux de la même filiation : les orphiques, les pythagoriciens, les zoroastriens et manichéens, les platoniciens, nazaréens puis ébionites, pauliciens, bogomiles et jaïnistes.

Le refus des sacrifices d'animaux -qui ne sont que des formes ritualisées de la boucherie- a toujours été la pierre d'achoppement et en même temps la pierre de touche des gnostiques et des purs dans l'histoire de l'humanité.

En même temps, l'histoire du comportement végétarien se confond en grande partie avec celle de l'élite intellectuelle et spirituelle : les plus grands noms peuvent facilement être rattachés à ce mouvement depuis Pythagore : Socrate, Platon, Plotin et son école, Sénèque, Ovide, Pline. Les disciples Pierre, Matthieu et Jean. Saint Jérôme, la plupart des Pères fondateurs de l'Eglise romaine jusqu'au concile d'Ankara où il fut décrété que les prêtres qui refuseraient de manger de la viande seraient destitués. Puis Abélard, Bacon donc peut-être Shakespeare- saint Bernard, Gassendi, Rousseau, Voltaire à la fin de sa vie, Newton, Bossuet, Fénelon, Pascal; jusqu'au père spirituel du végétarisme moderne, le Français J.A. GLEIZES (1773-1843) qui écrivit les 1 300 pages du premier livre de synthèse sur le sujet: "Thalysie ou la Nouvelle Existence", paru en 1840, alors que l'école romantique reprenait le flambeau avec Shelley, Lamartine, Nodier, Bernardin de Saint-Pierre, Byron, puis Victor Hugo, Michelet et Richard Wagner. Nous sommes donc en très bonne compagnie, même si ces fortes personnalités n'ont pas toujours fait l'unanimité sur leur production. La plupart de ces génies ont confirmé que sans leur régime, ils n'auraient jamais pu travailler aux niveaux où ils voulaient se placer.

Dans les campagnes comme autrefois, ou dans les milieux manuels soumis à un fort conformisme social, la communion aux rites alimentaires acceptés conditionne encore l'intégration. Un ami médecin d'un pays de l'Est, travaillant depuis plus de vingt ans en Suisse, s'est vu refuser la bourgeoisie d'un bourg valaisan parce qu'il était végétarien et ne participait donc pas à la vie populaire. Le conformisme alimentaire est encore de règle dans la plupart des communautés humaines telles que les armées, les hôpitaux, les prisons, les écoles et dans la plupart des communautés monastiques, à part les Chartreux, Carmes et Trappistes et certaines petites Eglises.

Etre végétarien, c'est donc plus affirmer le rejet de fausses valeurs marchandes que celui d'aliments particuliers. Car refuser l'aliment industriel c'est presque toujours refuser de consommer des produits issus de l'exploitation du règne animal, médicaments inclus par le biais de l'alibi des expériences animales. Les leurres et appâts jetés sur le marché pour flatter la convoitise se placent en fin de chaîne alimentaire, l'usine agro-alimentaire constituant en quelque sorte un nouveau chaînon entre les consommateurs humains et les produits naturels. Le végétarien court-circuite cet intermédiaire parasite et recherche un aliment végétal encore proche de l'état naturel, moins manipulé et donc moins pollué.

Le végétarisme est à la source d'une contre-culture qui intéresse non pas tellement la vie gastronomique de l'individu mais plutôt le tissu de ses relations sociales. Il remet en cause tout le système primaire des gratifications orales par lequel le pouvoir a prise sur les consommateurs. En Angleterre et en Allemagne par exemple, les végétariens commencent à se poser en minorité agissante, qui revendique le droit à la vie de ceux qui sont encore considérés comme des objets dans les législations humaines : les animaux, mammifères en particulier.

La philosophie mécaniste de Descartes ou de Malebranche, où les hurlements de la chienne gravide éventrée ne sont que des "vents passant par des tuyaux", est encore à la base de la médecine "mécanistique" comme l'appelle Hans Nieper, avec ses rites sacrificatoires aussi immuables qu'inutiles. La morale élémentaire voudrait que l'on respecte la valeur intrinsèque des autres êtres que, selon Kant, "nous devons toujours considérer comme étant des fins qui se justifient par elles-mêmes, comme trouvant leur propre but en eux".

L'argument des adversaires du végétarisme est évidemment de confondre règne végétal et règne animal et donc de dénier aux végétariens le droit de s'alimenter. Bien que de nombreux cas de non-alimentation -ou inédie, respirianisme- aient été constatés chez des mystiques ou des ascètes, il existe tout de même des degrés dans le comportement végétarien. Ne pas manger d'êtres vertébrés -donc mammifères, oiseaux, poissons, reptiles- est déjà un grand pas en avant. Eviter ensuite les mollusques et les insectes, peu appétissants par ailleurs, en est un autre que l'on franchit dans la même foulée en général.

Ensuite, au niveau des monocellulaires, l'on peut discuter s'il convient de manger des bacilles lactiques de choucroute. Mais l'on est déjà très loin de la désagrégation d'organismes supérieurs. A mon avis, il existe une différence fondamentale entre le règne animal et le règne végétal, qui fait qu'à partir des unicellulaires et des végétaux, il n'existe plus de "sang" ou de souffle ou d'âme mais une énergie enzymatique simple. A ce niveau, les ésotéristes diraient qu'il n'y a plus de "corps de désir" mais seulement un corps chimique et un corps éthérique, directement assimilables. Il est démontré que les cellules humaines assimilent les cellules végétales sans vraiment les détruire, par exemple les molécules -pourtant énormes et très proches de celles de l'hémoglobine- de la chlorophylle. Absorber un végétal cru n'est pas le tuer mais le transférer à un autre niveau d'activité moléculaire. En revanche, chauffer à plus de 60 degrés Celsius tue effectivement le végétal et l'animal, en détruisant ce qui est finalement l'essence de la vie : les enzymes. Lire à ce sujet l'excellente étude du Dr Edward HOWELL : "Food Enzymes for Health and Longevity", Omangod Press, 1980, dont la traduction française a été réalisée à Genève par la Fondation Soleil. Par ailleurs la plante n'est en général ni "tuée" ni détruite, dans la mesure où le végétarien n'en prend que les fruits dans le sens large, c'est-à-dire les graines et les divers péricarpes et même tubercules et feuilles, sans réellement porter atteinte à la vie de la plante.

Prendre les racines ou la plante entière implique une destruction apparente, mais il faut tenir compte du fait que la vie même des plantes potagères est limitée à un ou deux ans dans la presque totalité des cas. Au lieu de pourrir en terre et d'être décomposée par les micro-organismes du sol, la racine comestible sera métabolisée et assimilée avec ses énergies vivantes, encore utiles; ce qui explique sans doute les vertus thérapeutiques étonnantes des racines. Avec toujours cette notion que je ressens fortement d'une absorption sans destruction, par une sorte d'osmose, sans discontinuité de la vie tant que l'aliment n'a pas été soumis à la manipulation de la cuisson. La dialectique du Cru et du Cuit de Lévi-Strauss est une structure utile mais je crois que l'état de véritable culture est mieux représenté par le cru -par le respect du tissu vivant des plantes- que par la détérioration thermique de la cuisson. Ce n' est pas pour autant que je défende "l'instinctothérapie" de Burger, dont je retiens surtout la démonstration biochimique mais dont je récuse l'artificialité naïve d'une table coûteuse, offrant une variété luxueuse d'aliments jamais vraiment disponibles en même temps dans la réalité. Et surtout prenant pour époque de référence les périodes glaciaires pendant lesquelles certains groupes humains n'ont pu survivre que par la consommation de viande, qu'ils faisaient cuire pour pouvoir surmonter leur dégoût et pour neutraliser les effets de la putréfaction. Pourquoi alors ne pas prendre pour référence les survivants d'accidents d'avion et prôner l'anthropophagie ? Manger "la plante jaunissante" ou mûrie, comme cela est prescrit aux premiers hommes au début de la Genèse, est un ordre clair, qui met en relief le fait que la plante en fin de vie peut être consommée sans remords, sans enfreindre l'interdiction de manger "la chair avec le sang".

Cette référence au texte biblique mérite un certain examen (CALQUE 4.1) où nous constaterons que la régression humaine, illustrée par la chute et par l'éloignement de Dieu, s'accompagne d'une régression alimentaire et vitale: l'être humain passe du fruitarisme initial (avant la chute)à l'agriculture (après la chute),puis au nomadisme et à l'élevage(après le meurtre d'Abel); pour finir après le déluge) par l'omnivorisme de la décadence actuelle, malgré l'exemple donné par le végétarien Daniel au roi Nabuchodonosor. (calques 5.2a/b)

Cette incursion dans l'aspect philosophique, historique et traditionnel du comportement végétarien repose le problème de la vie et de la mort sous un nouvel éclairage, qui nous oblige à une vision globale, donc écologique et planétaire. Sans refouler la question du tiers monde, qu'un seul schéma suffira à bien poser, celle de l'environnement, par son urgence intrinsèque, vient tout naturellement à la suite des considérations précédentes.

VI - L'écologie carnivore est une imposture

Pour revenir à cette nouvelle défense de la vie par ceux qui la respectent le plus logiquement, les végétariens, nous constaterons que ces derniers associent normalement d'autres revendications à leur comportement, qui pourrait rester discret et tolérant. Mais le silence n'est plus possible pour les raisons décrites précédemment. Défendre la vie animale implique forcément, non seulement d'être végétarien, mais de protester contre l'industrie de la fourrure, contre la chasse, contre les élevages en général et contre certains zoos concentrationnaires, contre la plupart des spectacles d'animaux "savants" et surtout contre la vivisection dans les laboratoires de cosmétiques, d'armements et de drogues médicamenteuses, qui se partagent à peu près également cet ignoble marché de dupes. De la croisade pour les frères animaux, le végétarien en arrive tout naturellement à la défense du milieu naturel de ces derniers et des hommes : l'environnement, le milieu vital. Et aussi à la défense des autres minorités exploitées par les mêmes forces négatives du profit : le tiers monde, le quart monde et les autres oubliés de ce qui se croit "un progrès".

L'ensemble des revendications impliquées par un comportement végétarien responsable a été parfaitement décrit par Armand Dumoulin,ancien président de la Société Végétariene de Genève et de Suisse Romande, dans un manifeste ainsi rédigé en août 1985, que l'on peut considérer comme la charte du néovégétarisme actuel. (CALQUE 6.1)

"Nous, végétariens du monde, demandons à chaque individu et à tous les gouvernements nationaux et organisations internationales de se joindre à nous pour une prise de conscience globale, permettant à l'homme de se transformer et de retrouver sa place dans l'Univers.

Vu la situation dans laquelle se trouve notre planète, il est urgent de passer à l'action, selon les principes suivants.

  1. Arrêter immédiatement tout déboisement et déclarer "parcs internationaux" toutes les forêts vierges qui restent sur la planète.
  2. Eliminer les causes de la pollution de l'espace vital.
  3. Entreprendre le reboisement à l'échelle mondiale, en imitant la nature : régénérer les sols et reverdir les déserts par des méthodes biologiques.
  4. Développer les énergies douces et renouvelables, pour remplacer les carburants fossiles (avant tout le pétrole) et le nucléaire, énergies polluantes et dangereuses.
  5. Abolir les systèmes militaires, instruments de pouvoir et de profit, indignes de l'homme.
  6. Réinstaurer la confiance universelle entre les hommes en développant une dynamique de fraternité.
  7. Réaliser le végétarisme pour qu'il devienne la règle générale de vie.

Il faut dix fois plus de terre arable pour nourrir un carnivore que pour nourrir un végétarien. Chaque citoyen du monde doit avoir accès à la terre pour cultiver sa propre nourriture. Par le végétarisme, le problème de la famine peut être résolu.

Depuis Hermès Trismégiste en ancienne Egypte, Pythagore en Grèce et le naturaliste latin Pline l'Ancien, jusqu'à nos jours, de grands sages et thérapeutes n'ont cessé de prôner les vertus nutritives et curatives, pour le corps et pour l'esprit, d'une alimentation naturelle fondée sur le végétarisme.

Si l'humanité veut que le monde change, il faut qu'elle modifie ses habitudes de vie, en prenant conscience de la valeur spirituelle du végétarisme."

Ce credo du nouveau végétarisme peut paraître ambitieux et aller au-delà d'un simple régime alimentaire. Mais à la réflexion, le choix de la vie contre la mort pose une dialectique rigoureuse avec un enchaînement déterministe implacable, qui n'avait peut-être pas été perçu antérieurement : le comportement végétarien, par sa logique interne en faveur de la vie naturelle contre les antivaleurs marchandes, apparaît comme la base sur laquelle les autres mouvements doivent finalement venir se poser sous peine de rester superficiels. Avant de venir apporter de nouvelles règles de vie pour un monde plus sain, il faut avoir intégré en soi-même ce choix. Or le comportement végétarien me semble être l'attitude la plus sincère qui soit compatible avec une survie dans le monde industrialisé, tout en offrant une solution écologique vraiment à la mesure du problème actuel, auprès de laquelle les thèses des "Verts" actuels paraissent bien timides et bien pâles. A mon avis, si l'humanité veut survivre, ce ne sera que par un retour au végétarisme de ses origines. (CALQUE 6.2)

Comme le disait Héraclite, "la santé de l'homme est le reflet de celle de la Terre": force nous est de constater que l'une et l'autre sont bien compromises par le comportement carnivore et agressif des non-végétariens. Il faut en effet autant de combustibles fossiles pour fabriquer la nourriture moderne qu'il en faut pour chauffer les maisons ou propulser les voitures. Et il faut autant de matières premières pour l'alimentation industrielle que pour fabriquer des voitures ou des machines. Cette industrie alimentaire utilise 20 fois plus d'eau que les ménages: il faut 400 litres d'eau par heure, 24 heures sur 24, pour faire face aux besoins alimentaires d'une seule personne. La production de boeuf nécessite 80 fois plus d'eau que celle des pommes de terre ou des bananes. Le bétail contribue bien plus à la pollution de l'eau que toute l'industrie et tous nos égouts combinés. La production, le transport, la préparation et la vente des aliments absorbent environ 16,5 % de toute l'énergie des Etats-Unis, où 75 % de l'alimentation est d'origine industrielle.

Il a été calculé qu'il suffirait de 5 % des surfaces arables si la population des Etats-Unis adoptait le régime végétarien, et cela en agriculture dite biologique, sans produits chimiques artificiels. Un programme de reboisement massif pourrait alors être entrepris. Le meilleur rendement alimentaire à l'hectare est obtenu par les vergers. Les routes pourraient être plantées de noyers et de châtaigniers : une double rangée de ces arbres, sur une distance de seulement 16 kilomètres, correspondrait déjà à une surface de 46 hectares. Les arbres fruitiers peuvent participer au reboisement, avec les mêmes avantages écologiques de conservation de la couche d'humus. Une société entièrement nouvelle pourrait se dégager du chaos actuel si les choix fondamentaux étaient acceptés, comme le comportement végétarien.

Un auteur américain resté inconnu, Bruno Schubert, avait publié en 1967, en Californie, un petit livre excellent, qui démontrait comment un changement alimentaire de ce type, accompagné d'une réforme économique proche des thèses de l'économie franche de Gesell ou de l'économie distributive de Duboin, pouvait transformer la société et la conduire vers un âge d'or inespéré. Ce livre est introuvable maintenant mais j'en ai fait la traduction française il y a quelques années, à toute fin utile. Le manuscrit est chez un petit éditeur parisien, "Le Courrier du Livre", qui n'a toujours pas pu le faire paraître, malheureusement. Son titre: "La Survie de l'Humanité". Il est rare de nos jours de trouver réunis, dans un ensemble rationnel, les réformes économiques, écologiques et alimentaires, indissociables en fait. Cela pourrait devenir la base d'une nouvelle discipline de synthèse, peut-être d'une "éconologie sociale".

Il faut en effet tenir compte en même temps de facteurs tels que le genre d'alimentation, la structure de propriété de la terre, la redistribution du revenu national, l'équilibre et la conservation des ressources naturelles, tant animales que végétales et minérales, si l'on veut faire une écologie digne de ce nom. C'est pourquoi, sachant que sur la surface de 5 terrains de football, cent personnes peuvent vivre de graines germées mais seulement deux avec de la viande de boeuf, je maintiens que le végétarisme est la clé du problème planétaire et donc de la survie de notre espèce.

Mais il nous faut maintenant dire un mot du tiers monde, qui est pour la société ce que la maladie est pour l'individu ou la pollution pour l'environnement, c'est-à-dire la démonstration criante d'un échec, d'une erreur fondamentale. Car lorsqu'il est question de destruction de l'environnement et d'atteintes à l'homéostasie planétaire, c'est à cause de ce qui se passe dans le tiers monde, considéré sous le même angle que l'environnement, c'est-à-dire comme un réservoir naturel pratique, pour une prise au tas et un saccage sans aucuns scrupules. (CALQUE 6.3)

C'est ainsi que 50 hectares de forêt tropicale humide disparaissent du globe toutes les MINUTES, pour faire de la viande et rembourser des dettes imaginaires, des écritures abstraites, menaçant ainsi l'approvisionnement de l'humanité en oxygène. C'est pourquoi les végétariens anglais affirment que la viande n'est pas seulement un meurtre, c'est un suicide. (CALQUE 6.4)

Le désastre écologique du carnivorisme ne concerne pas seulement le tiers monde. La désertification du sol grâce auquel nous existons est en cours aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. Pour ce pays par exemple, nous citerons quelques données d'un article paru dans la revue mensuelle américaine "The Atlantic" en novembre 1989 sous le titre "Back to Eden", par Evan Eisenberg.

Cet article rend compte des analyses du généticien Wes Jackson, qui a fondé en Arkansas un "Land Institute" qui prône l'abolition de l'agriculture actuelle et le retour à la prairie de graminées sauvages. Le processus d'évolution qui a commencé il y a 400 millions d'années pour aboutir aux espèces actuelles s'est inversé il y a 10 000 ans environ, avec l'arrivée d'une forme de vie appelée "le paysan". Le soc de la charrue a sans doute plus privé d'avenir les futures générations que l'épée. La prairie vit du revenu de ses intérêts, tandis que le champ de blé vit sur le capital. Aux Etats-Unis, un tiers de l'humus a déjà disparu, brûlé par l'inondation chimique. En 1948, il fallait 7 500 tonnes d'insecticide pour ne laisser aux insectes que 7 % des récoltes. En 1988, 40 ans plus tard, les insectes en consomment le double malgré dix fois plus d'insecticides! Tout cela pour la viande, puisque 88 % de toute la matière végétale ainsi obtenue sert à nourrir les porcs, les boeufs et la volaille. Si 4 millions de paysans américains ont quitté la terre depuis 1938, ce n'est que pour laisser la place à des entreprises de destruction agricole toujours plus performantes, qui exportent leurs méthodes et leurs produits chimiques, et même leurs semences traitées par la biotechnologie, vers le tiers monde. Ajoutons le fait qu'actuellement nous voyons des régions entières privées d'eau potable en raison de pollution par nitrates et lisiers; ainsi que des épidémies d'encéphalite chez les bovins ingérant des déchets animaux comme nourriture...

VII. Du carnivorisme à l'anthropophagie du tiers monde par les riches

(Calque 7.1)

Ce titre peut surprendre mais n'est que le reflet lapidaire d'une réalité concrète et mesurable, que le schéma fondamental suivant illustrera clairement. Le tiers monde meurt de faim pour que les pays riches meurent de pléthore. Toutes justifications hygiénistes ou autres du végétarisme mises de côté, cette seule constatation a suffi pour ouvrir les yeux et le coeur de nombreux végétariens.

"Le bétail des pays riches mange autant de céréales que les Indiens et les Chinois réunis. Il faut en effet une moyenne de 7 kilos de denrées alimentaires consommables directement par l'homme pour obtenir un seul kilo d'aliment d'origine animale." (Sauvez votre Corps, Dr. Kousmine, p. 215). Un atelier géant de Californie groupant 100 000 bovins consomme chaque jour 850 tonnes de maïs, de quoi nourrir 1,7 millions d'Est-Africains (ibid.).

La moitié de l'eau des Etats-Unis sert à engraisser le bétail à viande, soit 5 fois la consommation de la population du pays, avec 20 fois plus d'excréments et 85 % de perte d'humus. Ce qui se passe dans les pays pauvres eux-mêmes, non seulement pour se nourrir mais pour payer une dette purement comptable, c'est-à-dire des écritures de crédit bancaire créé ex nihilo à 90 % et cependant assorti d'intérêts non encore créés, est encore bien pire. Il faut en effet, comme indiqué précédemment, une moyenne de 5 mètres carrés de forêt tropicale à défricher pour obtenir en viande l'équivalent d'un hamburger toxique.

Le problème de la faim dans le monde est faussé à la base dans la mesure où il n'est pas tenu compte d'un éventuel retour au végétarisme, souvent traditionnel dans les sociétés du tiers monde. Importer d'Ethiopie, en pleine famine, la nourriture du bétail à viande revient, d'une manière indirecte certes, à retirer le pain de la bouche des exploités et à les pousser à tous les extrêmes, dont la mort. C'est pourquoi je pense pouvoir affirmer que les pays carnivores ont une conduite anthropophage à l'égard du tiers monde, uniquement pour des satisfactions d'ordre gastronomique. Les pays de l'Est, l'URSS en particulier, achètent sur le marché mondial d'énormes quantités de céréales (52 millions de tonnes en 1984 pour l'URSS), dont une grande partie alimente leurs animaux à viande. (7.2)

Dans les pays industrialisés occidentaux, seuls 22 % des céréales sont utilisés pour l'alimentation humaine, alors que dans les pays en développement ce taux est de 87 %, selon la FAO (chiffres de 1981). La Suisse importe chaque année 1,4 million de tonnes de céréales, dont 71 % pour les animaux de boucherie. Il suffirait que les Etats-Unis, par exemple, mangent 10 % de moins de viande pour que 60 millions de personnes ne meurent pas de faim (valeur citée par le Dr Christian Schaller dans la Tribune de Genève du 30 novembre 1989 et dans "Le Lien" de ce même mois). (7.3)

René Dumont affirme qu' "avec notre façon actuelle de nous nourrir, nous sommes devenus de véritables cannibales". Il souligne par exemple que la production de viande absorbe en céréales ce qui aurait pu nourrir 2 milliards d'êtres humains, cela chaque année !

(7.4) Avec la quantité de céréales que l'on utilise pour nourrir les animaux d'élevage dans les pays occidentaux, on pourrait nourrir toute la population du globe. 1 seul hectare donne 7 800 000 calories avec du pain, 3 millions avec du lait mais seulement 121 576 avec de la viande. En termes de protéines, cela correspond à 255, 153 et 13 grammes respectivement (Dr Schlemmer).

(7.5) Tragédie mondiale : 300 Boeing Jumbo s'écrasent chaque jour. Plus de 500 millions de personnes sur cette planète sont gravement sous-alimentées et 40 millions meurent chaque année d'inanition ou de maladies de carence alimentaire. C'est l'équivalent du naufrage de 300 Jumbo-Jet par jour, sans survivants. Ce prospectus de la Société végétalienne anglaise vise non seulement à l'abstention de la viande mais à celle de tous les sous-produits animaux, comme les oeufs, le fromage et le lait. La documentation des "Vegans" est très bien faite et approfondit le débat ouvert par le lacto-végétarisme courant. En quatre images, le circuit du lait en poudre est dénoncé ici: "Votre bébé n'a pas le droit de manger les cacahuètes que vous cultivez parce que nous devons les exporter....afin d'engraisser les vaches européennes, pour qu'elles puissent donner plus de lait que tous les gens riches ne peuvent en consommer.

Qu'est-ce qu'ils en font alors ? Eh bien ils le transforment en poudre et le renvoient ici pour alimenter votre ..." Mais le bébé du tiers monde est mort de faim entre-temps. De toute façon, le lait en poudre n'est pas approprié pour l'alimentation des enfants.

(7.6) L'ordre injuste du monde est bien illustré par ces graphiques. Moins de 1 % de gros propriétaires brésiliens possèdent 46 % des terres, tandis que 89 % de petits propriétaires n'en ont que 18 %, le reste (34 % des terres) étant entre les mains des propriétaires moyens (9 %). Quant aux exportations de viande du Brésil, leur croissance est superposable à celle de la "dette" et à celle de la désertification de la forêt amazonienne. Tout cela pour satisfaire la demande en viande des nantis. Cette superposition sera mieux illustrée par la courbe suivante, tirée du Monde Diplomatique.

(7.7-7.8)La faim n'est pas un problème de production agricole puisque par exemple le Brésil pourrait fournir 6 000 kcal par jour à chacun de ses 125 millions d'habitants. C'est un problème de distribution. De 1960 à 1980, les 5 % des plus riches Brésiliens ont vu leur part du revenu national passer de 28 % à 38 %, tandis que celle de la moitié pauvre de ce pays tombait de 17 % à 12 % ! En 1961, 38 % des Brésiliens étaient sous-alimentés (moins de 2240 kcal/jour) mais en 1984 ce taux était de 65 % de la population entière, soit 86 millions de personnes.

(7.9) Pour ce qui concerne la Suisse, peu de gens savent que le tiers de la fameuse "viande des Grisons" vient d'Argentine... La Suisse n'importe que 4 % environ de son fourrage concentré (tourteaux de soja) du tiers monde, le reste venant de la CEE. Or il faut savoir que celle-ci en importe l'équivalent de la production de 10 % de ses surfaces agricoles, soit 18 millions de tonnes en 1984, directement du tiers monde, pour en réexporter une partie en Suisse; qui est donc, d'une manière ou d'une autre, complice de la désertification de ces pays par l'intermédiaire des grossistes pour les chaînes de restauration rapide ou gastronomique, pour les supermarchés etc.

MA FORET POUR UN HAMBURGER ! (7.10) Pour chaque kilo de viande exporté par le Costa Rica, ce pays sacrifie deux tonnes et demie de sa mince et unique couche d'humus. Et plus de mille tonnes de boeuf sont transformées chaque jour dans les McDonald des Etats-Unis.

En 1950, 72 % du territoire du Costa-Rica était boisés. Aujourd'hui, sa couverture forestière n'est plus que de 26 %, 60 000 hectares étant essartés chaque année. Au cours de la première année qui suit l'essartage, il faut un hectare de prairie artificielle pour qu'une tête de bétail mange normalement.

Au bout de 5 ans, la mince couche d'humus est épuisée au point qu'il faut pour chaque animal 5 à 7 hectares. Il suffit ensuite de 3 à 5 ans pour que le désert soit installé. Alors on allume un incendie plus loin: au cours des mois de juillet et août 1989, 59 000 incendies ont dévasté en Amazonie quelque 33000 kilomètres carrés, soit plus que la Belgique. (Tribune de Genève du 1er septembre 1989, p. 7).

Et, toutes les 17 heures, s'ouvre quelque part dans le monde un nouveau McDonald, pour débiter plus de 25 millions de hamburgers par JOUR; ce qui correspond à 125 kilomètres carrés de désert supplémentaire par jour; et à la disparition d'espèces végétales et animales irremplaçables puisque l'on ne connaît guère que quelques centièmes des propriétés biochimiques des plantes et que l'on découvre constamment de nouvelles espèces vivantes dans ce qui reste de surfaces sauvages.

L'accumulation de ces données donne le vertige, tant par leur énormité que par leur absurdité fondamentale. Mais à la source de cette frénésie autodestructrice, il y a toujours les deux pulsions de Freud : être grand et se faire plaisir; c'est-à-dire, en termes macro-analytiques, faire du profit financier et consommer des valeurs marchandes. Ce qui nous reconduit aux motivations individuelles et aux déterminations sociales, économiques et politiques. Si, chaque jour, le tiers monde est en mesure de nous verser 200 millions de dollars d'intérêts, c'est que nous prenons au tas sur lui et que lui prend au tas de l'environnement : le résultat sera le même pour tout le monde, sauf que seule une toute petite partie des hommes en aura profité pour ses plaisirs.

Conclusion : végétarisme ou apocalypse ?

Le comportement végétarien remet en cause l'ensemble de cet ordre injuste et le dénonce car il a autre chose à proposer. Albert Einstein disait à ce sujet: "selon mon point de vue, le mode de vie végétarien, par ses effets physiques sur le tempérament humain, pourrait influencer, d'une manière extrêmement bénéfique, le sort de l'humanité". La réciproque est que le mode de vie non végétarien peut influencer, ce que nous constatons, de manière extrêmement destructive le sort de cette humanité. René Dumont annonce le point de non-retour pour l'an 2000 : si d'ici à la fin de ce siècle le végétarisme n'est pas devenu le comportement normal et conscient des hommes, l'apocalypse aura lieu. C'est peut-être ce que, inconsciemment, la société attend, se sentant confusément tombée dans un monde qui n'est pas le sien. Mais comment retrouver une dimension surhumaine perdue par une chute immémoriale si l'on n'est pas capable de s'harmoniser avec ses congénères et les autres espèces vivantes ?

Bibliographie

Chapitre I - La motivation personnelle

  • J. Ziegler : LES VIVANTS ET LA MORT, Seuil, Paris, 1975.
  • LA GUEULE OUVERTE, revue mensuelle, Paris, 1969
  • L. Ossipow : LE VEGETARISME, Cerf, Paris, 1989.
  • Leakey et alii : Nature 1976, in M. Bader : LES DENTS DE LA VIANDE ET LES DENTS DU BLE, Science et Vie, 11-1985, p. 166.
  • DER VEGETARIER, 03-1987 (Vegetarier Bund Deutschlands)
  • Uni-Berufs-Magazin, 02-1987.
  • Der Tagesspiegel, 15-01-1987.

Illustrations :

  • Stern v.3-12-87, in Der Vegetarier.
  • Süddeutsche Zeitung, 7-12-86, in Der Vegetarier.
  • Documentation de la "Vegetarian Society",Parkdale, Dunham Rd., Altrincham,
  • Cheshire WA14 4QG (Royaume-Uni).

Chapitre II - L'imposture médico-industrielle

  • M.J. Brélaz: LA SANTE EST AU FOND DU TIROIR-CAISSE, J. de Genève, 24-9-1983.
  • I. Illitch : LA NEMESIS MEDICALE, Seuil, 1975.
  • H. Ruesch : NAKED EMPRESS, Civis, Klosters, 1982.
  • H. Ruesch : CES BETES QU'ON TORTURE INUTILEMENT, Favre, Lausanne, 1980.
  • H. Ruesch : Report nr. 5, p. 7., Spring 89, POB 152 - 6900 Massagno-Lugano.
  • Houston et Null, revue Our Town, 3-9 et 29-10-1978.
  • People's Medical Society : MEDICINE ON TRIAL, Prentice-Hall, 1983.
  • Tribune de Genève, 6-01-1988, p.3.
  • Dr Elmiger : LA MEDECINE RETROUVEE, Lausanne, 1985.
  • Dr Chavanon : LA GUERRE MICROBIENNE, Dangles, Paris, 1950.
  • Dr Gallagher, in Journ. Americ. Medic. Assoc. 14-03-1964.
  • Mitteilungen, 12-1987, Max Keller, 8038 Zürich.
  • Dr Samuze, RIRE C'EST LA SANTE, Soleil, Genève, 1986.

Livres non cités mais recommandés à ce sujet :

  • Morris A. Bealle: THE DRUG STORY, Biworld Publishers, Orem, Utah, USA.
  • Dr K.A. Lasko : THE GREAT BILLION DOLLAR MEDICAL SWINDLE, Bobbs-Merrill Co.,
  • Indianapolis, N.Y., 1980.
  • Dr R. Kunnes : YOUR MONEY OR YOUR LIFE, Dodd, Mead, New York, 1974.
  • Dr R. Mendelsohn : CONFESSIONS OF A MEDICAL HERETIC, Warner, 1978.
  • P. Collier et D. Horowitz : THE ROCKFELLERS - AN AMERICAN DYNASTY, 1976.
  • F. Lundberg : THE RICH AND THE SUPER-RICH, Lyle Stuart, 1968.

Chapitre III - Végétarisme et tabous alimentaires

  • L. Brown: L'ETAT DE LA PLANETE, Worldwatch Institute, 1989.
  • Dr J.A. Scharffenberg: VIANDE ET SANTE, Soleil, Genève, 1985
  • Dr R. Ballentine : TRANSITION TO VEGETARIANISM, Himalayan Institute, Honesdale, USA, 1987.
  • LE SUISSE VEGETARIEN, Tribune de Genève, 18-08-1988.
  • Déclaration de Berne, DOSSIER VIANDE, Vers Un Dév. Solidaire, Lausanne, 06-1988
  • CORAN, sourate VI.
  • D. Bloud: MANEGE A QUATRE, TdG 25-07-1984, p. 14.
  • D. Bloud: L'ALIMENTATION ET L'AGRESSIVITE, TdG 26-04-1984, p. 20.

Chapitre IV - Végétarisme et terrorisme alimentaire: l'occultation politique

  • Féd. Coop. Migros: LA BONNE NUTRITION, Construire, Lausanne, 25-01-1989.
  • D. Bloud - Société Vég. Romande: LETTRE A MIGROS, 25-01-1989.
  • N. Oehninger - F.C.M. : LETTRE A D. BLOUD, 20-02-1989.
  • VIVRE SAINEMENT NE SUFFIT PAS, TdG, 23-02-1989.
  • D. Bloud : VIE SAINE, TdG, p. 44, 08-03-1989.
  • SIDA, Science et Vie, Paris, 10-1985.(M. Contig :"SIDA: LA PISTE DU MOUTON")
  • SIDA: LE VIRUS QUI S'EVAPORE, TdG, 21-04-1988.
  • D. Bloud : VIE SAINE CONTRE SIDA, 24 Heures, Lausanne, 05-03-1987.

Chapitre V - L'écologie carnivore est une imposture

  • A. Dumoulin: MANIFESTE VEGETARIEN, Soc. Vég. de Genève, 08-1985.
  • B. Schubert: SURVIVAL OF MANKIND, 1967 - Trad. fr. D. Bloud : LA SURVIE DE L'HUMANITE, Le Courrier du Livre, Paris, inédit à ce jour.
  • D.S. Nelson: THE ECOLOGICAL ASPECTS OF A HYGIENIC/FRUITARIAN DIET, Life on Earth, P.O. Box 872, Santa Cruz, CA 95061, USA - Trad. fr. M. Dégallier et D. Bloud : LES ASPECTS ECOLOGIQUES D'UN REGIME DE SANTE FRUITARIEN, Document-Santé 38, Dégallier, Morges.
  • E. Eisenberg:BACK TO EDEN, The Atlantic, nov. 1989

Chapitre VI - Histoire et philosophie du végétarisme

  • J.A. Gleizès: THALYSIE OU LA NOUVELLE EXISTENCE, 1300 p., Paris, 1840.
  • Dr E. Howell: FOOD ENZYMES FOR HEALTH AND LONGEVITY, Omangod Press, USA, 1980.
  • C. Lévi-Strauss: LE CRU ET LE CUIT, Paris.
  • Dr E. Bertholet: VEGETARISME ET SPIRITUALISME, Genillard, Lausanne, 1964.

Chapitre VII - Du carnivorisme à l'anthropophagie du tiers monde par les riches

  • Dr C. Kousmine: SAUVEZ VOTRE CORPS, Laffont, Paris, 1987.
  • Dr C. Schaller: VIANDE, TdG, 30-11-1989.
  • Dr A. Schlemmer: LA METHODE NATURELLE EN MEDECINE, Le Seuil, Paris, 1969.
  • R. Suzineau : CLEFS POUR LE VEGETARISME, Seghers, Paris, 1977.
  • The Vegan Society Ltd., 33-35 George St., Oxford OX1 2AY, Royaume-Uni.
  • D. Bloud : EFFET BOEUF, 24 Heures, Lausanne, 21-04-1989.
  • D. Bloud : LA FORET POUR QUELQUES BOULETTES, La Grande Relève, Paris, 04-1989.
  • AMAZONIE: 59 000 INCENDIES EN 2 MOIS, TdG, p. 7, 01-09-1989.

Autres ouvrages utiles mais non spécifiquement cités

  • J. Barkas : THE VEGETABLE PASSION, Routledge & Kegan Paul, London, 1975.
  • Dr H.G. Bieler : FOOD IS YOUR BEST MEDICINE, Ballantine Books, 1966.
  • Dr Bonnejoy : LE VEGETARISME ET LE REGIME VEGETARIEN RATIONNEL, Paris, 1889 (une photocopie de cet ouvrage a été donnée à la SVG par D.B.)
  • Sir William Earnshaw Cooper : LA CULPABILITE SANGUINAIRE DE LA CHRETIENTE (traduit par Margaret Carpenter).
  • Dr P. Dauphin: LE FRUIT-ALIMENT, Marseille, 1934.
  • P. Desbrosses: LE KRACH ALIMENTAIRE, Rocher, 1988.
  • Dr J. Lévy : LA REVOLUTION DE LA MEDECINE, Rocher, 1988.
  • Prof. Raoux: MANUEL D'HYGIENE ET DE VEGETARISME, Lausanne, 1881.
  • D. Weir et M. Shapiro : PESTICIDES SANS FRONTIERES.
  • G. Messadié: L'ALIMENTATION SUICIDE, Fayard, Paris.

Le végétarisme dans la Bible (5.1)

Avant la chute : le fruitarisme
  • "Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence ; ce sera votre nourriture." (Gen. 1.29)
  • "Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger" Gen. 2.9
  • "Tu pourras manger de tout arbre du jardin" (Gen. 2.15)
  • "Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin" (Gen. 3.2)
Après la chute : l'agriculture
  • "Le sol sera maudit à cause de toi: c'est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. Tu mangeras l'herbe des champs." (Gen.3, 17-18)
  • "Dieu le renvoya du jardin d'Eden pour qu'il cultive le sol d'où il avait été tiré." (Gen. 3.23)
Après le meurtre d'Abel : le nomadisme et l'élevage
  • "Maintenant tu seras maudit loin du sol. Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et inquiet sur la terre." (Gen. 4.11-12)
  • "Tu me chasses aujourd'hui loin du sol arable." (Gen. 4.14).
Après le déluge : l'omnivorisme de la décadence
  • "Vous serez un sujet de crainte et de terreur pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui rampe sur le sol et pour tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains. Tout ce qui rampe et qui vit vous servira de nourriture : je vous le donne comme je l'ai fait des végétaux. (autre traduction : "A tout ce qui remue et qui vit je donne pour nourriture toute herbe jaunissante. Je vous donne tout." TOB). Toutefois vous ne mangerez pas la chair avec sa vie c'est-à-dire avec son sang." (Gen. 9,2-4).
  • EXCES DE VIANDE : L'épisode des cailles dans le désert. "Ils mirent au tombeau les gens du peuple qui avaient été en proie à la convoitise". (Nombres 11,34).
  • LES SACRIFICES D'ANIMAUX NE SONT PAS AGRÉÉS : "Les sacrifices qui me sont offerts, ils les sacrifient et en mangent la chair : Iahvé ne les agrée pas" (Osée 8,13). "La docilité vaut mieux que la graisse des béliers" (I Sam. 15.22) (Osée 6.6)
  • SUPERIORITE DU REGIME VEGETARIEN : L'épisode de Daniel (1, 1-21) mis à l'épreuve du régime de légumes sur sa demande. (voir 5.2)

lundi 20 février 2006

Publicité

La publicité est une stratégie d'incitation à la consommation ciblant un public particulier. L'objet consommable peut être matériel (bien, produit) ou immatériel (service, événement). La publicité se donne pour but de créer un besoin, de convaincre que le produit répond au besoin, et éventuellement qu'il le fait mieux que d'autres produits (publicité comparative). La publicité désigne aussi le canal par lequel cette incitation est délivrée : annonce dans un journal, spot publicitaire à la radio ou à la télévision, affiche sur la voie publique, etc. La publicité existe depuis plus de 150 ans sous forme d'affiche, de panneau publicitaire, etc...

La publicité se distingue de la propagande par sa finalité commerciale. La publicité modèle certains comportements sociaux qu'elle juge bon de propager dans la mesure ou elle permet la satisfaction du diffuseur.

Définition

La publicité est une forme de communication, dont le but est de fixer l'attention du consommateur sur un objet, et de l'inciter à adopter un comportement déterminé vis-à-vis de ce dernier. Elle peut concerner absolument n'importe quoi, par exemple :

  • un bien de consommation (nourriture, électroménager, etc.), un service (assurance, banque, tourisme, etc.). Le terme de réclame était traditionnellement appliqué à cette branche de la publicité, et il revient parfois
  • une personne, un groupe (par exemple un parti politique), ou encore un projet ou une action (organisation d'événement sportif, action caritative, etc.) : on parle alors de promotion — bien que pour les publicitaires, ce mot ait le sens particulier d'offre présentée comme avantageuse et à courte durée de vie, visant à provoquer un achat
  • un concept ou une information, officielle ou d'origine privée (associations, fondations, etc.), visant des changements de comportement ou la promotion de valeurs considérées comme positives ou bénéfiques au niveau de la société (mise en garde contre les drogues, promotion de l'environnement, etc.)

LA PUBLICITE MEDIA : on appelle publicité toute forme de communication interactive utilisant un support payant mis en place pour le compte d'un émetteur en tant que tel.

Pour atteindre ce but, la publicité a généralement très peu de temps et de moyens. Il lui faut donc presque simultanément capter l'attention, la retenir, et faire passer son message. En ce sens, la publicité pourrait être classée dans la catégorie des techniques de manipulation de la conscience, n'était son caractère parfaitement explicite. La déontologie publicitaire, et la réglementation, exigent donc que la publicité se présente comme telle, et non comme un spectacle ou comme une source d'information indépendante et fiable.

Aspects économiques de la publicité

La publicité est un aspect essentiel de la société de consommation. Mais quelle est sa fonction économique et commerciale réelle ? Son efficacité ? Cette dernière n'est pas si facile à mesurer, d'autant qu'une des fonctions de la publicité est de permettre au consommateur de rationaliser l'achat après coup, de lui économiser la mauvaise conscience consécutive au choix et à la dépense. Réalité économique et commerciale par essence, la publicité entend agir sur notre comportement en prenant appui sur nos représentations. Elle correspond à une tendance fondamentale de la société de consommation : créer la demande nécessaire pour une offre surabondante et innovante.

Opposition à la publicité

Au début du XXIe siècle, chaque français (par exemple : la situation est indentique dans les autres pays développés) est en moyenne soumis chaque jour à plus de sept mille messages publicitaires. Quelques individus et mouvements s’inquiètent de l’influence de ce phénomène sur notre société et militent contre celui-ci.

La critique s'exerce à trois niveaux distincts :

  • le contenu,
  • les abus,
  • l'existence.

Critique du contenu

La publicité a peu de temps pour agir, elle utilise donc des moyens criticables pour améliorer son efficacité.

D'abord, plutôt que de faire passer une idée, elle réveille une idée reçue. La publicité est donc le paradis des stéréotypes et des clichés les plus traditionnels : la femme (blonde) est à la cuisine, l'homme (blanc) au travail, et les enfants (joyeux) dans une maison confortable, avec juste une pincée d'exotisme sympathique.

Ensuite, elle utilise des sentiments et des instincts parmi les plus primaires, les plus communs. La publicité est donc le royaume des pin-up offertes et des mâles avantageux, des sentiments les plus forts, du sexe et de la mort.

Enfin, et paradoxalement, la publicité provoque. Car la quantité de publicité laisse peu de place pour s'associer aux sentiments les plus communs, tandis que le commanditaire peut souhaiter affirmer une image de la nouveauté et d'audace (technique ou artistique). Une publicité osée, détournant des symboles religieux ou assimilés ou bien n'hésitant pas à faire usage de violence peut être une publicité réussie en termes d'influence sur le public.

On comprend donc que, entre stéréotypes, sexe et violence, la publicité soit critiquée et même, parfois, condamnée en justice.

Sans oublier que la publicité, par définition, insiste sur les qualités d'un produit sans en souligner les défauts. La plupart des gens savent que la publicité est une forme de mensonge, ne serait-ce que par omission, et l'acceptent, soit qu'ils estiment pouvoir faire le tri, soit qu'ils s'en moquent dans la mesure où elle ne concerne pas des produits qui les intéressent, soit qu'ils considèrent la publicité comme une forme de spectacle.

Les abus

Comme toute activité, la publicité est soumise à une réglementation et à une déontologie.

Des organes publics ou privés se chargent de faire respecter leurs règles (la situation dépendant des pays). Il existe ainsi des organes de labélisation (publicité "pour tout public", par exemple), des organes de contrôle (dans les pays libres, ce contrôle s'exerce a posteriori pour ne pas prendre la forme d'une censure), et les tribunaux peuvent être saisis. Ce contrôle s'exerce sur le fond (pas "trop" de sexe ou de violence, par exemple) ou sur la forme (distinction claire entre ce qui est affiché comme étant de la publicité et le contenu à vocation informative, ludique, ou autre). Il peut également exister des réglementations de certains médias, qui n'existeraient pas sans publicité (les panneaux publicitaires, notamment).

Il arrive aussi que la réglementation ne soit pas appliquée et que les autorités dont c'est le rôle ne fassent pas preuve d'un grand zèle pour y remédier. Aussi des associations comme Paysages de France cherchent à limiter l’extension de la publicité au-delà de ce qui est permis par la loi, soit par le lobbying auprès des autorités, soit en estant directement en justice.

Critique de la publicité en tant que telle

Des mouvements (groupés sous le terme d’Antipub) considèrent la publicité comme néfaste en tant que telle, en sus des critiques de contenu qui sont inévitables.

  • La publicité distrairait au sens pascalien, c'est-à-dire qu’elle ferait perdre de vue des choses plus importantes.
  • Elle participerait d'un système économique vicieux, érigeant en norme sociale la consommation de biens inutiles voire dangereux, et des comportements compulsifs et sédentaires nuisibles en général à sa santé physique et mentale (qui devraient être ensuite pris en charge par de nouveaux produits ou par des services sociaux).
  • La publicité chercherait à manipuler l’esprit de celui qui la regarde ou l’écoute. Le dessinateur de presse Willem emploie l’expression « coloniser notre cerveau ». Cet argument est tout particulièrement dirigé contre les campagnes de positionnement des marques, dont le but est de graver le nom d'une marque dans l'esprit du consommateur, plutôt que de décrire les qualités du produit.
  • Le publicité contribue (et cela serait grave) à réduire l'importance des lecteurs pour les médias, dont l'essentiel voire la totalité des revenus (télé ou journaux gratuits), proviennent de la publicité. Le propos de Patrick Le Lay, PDG de la chaîne privée française TF1, fera date :
  • « Mon travail est de vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola » (les Dirigeants face au changement, Éditions du huitième jour, 2004).
  • La publicité donnerait l'avantage au commanditaire sur le consommateur : le consommateur recevrait passivement une information biaisée (la publicité), qui peut flatter ses intérêts et ses goûts mais qui le fait en fonction des intérêts du commanditaire, alors que des sondages et études de marché ou par son expérience, le vendeur détient une information claire et objective sur le comportement du consommateur, ses désirs, ses critères de choix etc.

Afin de faire passer leur message anti-pub, ces mouvements utilisent des méthodes publicitaires classiques : usage de stéréotypes et slogans, affichage, mobilisation par internet (publicité "virale"), propos et actions provocantes visant à obtenir du temps média offert gratuitement par des journalistes à la recherche de sensationnel etc. Il apparait donc que leur cible n'est pas la publicité au sens large (la propagande), dont ils usent sans complexe, mais seulement la publicité au sens strict (commerciale et libre), ce qui, a contrario, implique au moins une tolérance pour la propagande non commerciale ou contrôlée par une instance à leur convenance. Ces mouvements recrutent essentiellement à l'extrème-gauche.

Source : Wikipedia.

Réflexions

La publicité est une arme capable de changer nos comportements dans une certaine mesure. Il serait donc souhaitable qu'il y ait plus d'éthique dans la publicité en favorisant les messages vers un mieux-être social, environnemental et individuel.

Aujourd'hui, la publicité favorise davantage la consommation, et ce au détriment de notre futur (conséquences : déchets, pollution, maladies..). Elle privilégie une satisfaction de désirs immédiats au détriment de désirs plus durables et pourtant plus importants : la beauté du paysage, la bonne santé, etc.

Imaginons un instant combien de bienfaits, on pourrait accomplir en diffusant davantage de messages préservant notre environnement, en remerciant tel ou tel métier pour le bon travail effectué, en offrant une information objective sur les produits disponibles et utiles. Combien le monde serait plus heureux !

Serions-nous prêts à financer de telles actions ?

Un exemple nous ait déjà donné par la campagne Sans nature pas de futur ! de la Fondation Nicolat Hulot.

jeudi 16 février 2006

Glacier Cook

Glacier Cook en 1983
Le glacier Cook en son bord sud (1983)

Glacier Cook en 2004
Position du glacier Cook en 2004

Le glacier Cook est une calotte glaciaire (ou icefield) qui recouvre le centre ouest de l'île principale de l'archipel des Kerguelen. Il s'écoule vers la mer par environ 60 langues glaciaires dont certaines atteignent encore la mer. C'est le plus grand glacier entièrement français. Son retrait s'accélère manifestement depuis plusieurs décennies.

Il culmine à un peu plus de 1000m. Les torrents de fonte du glacier ont formé des vallées caractéristiques à fond plat où s'accumulent les moraines frontales retenant généralement des lacs de fonte.

Source : Wikipedia.

Felber présentera son concept de vitesse approchant la vitesse de la lumière

Le physicien Franklin Felber présentera sa nouvelle solution exacte de l'équation des champs gravitationnels d'Einstein vieille de 90 ans au Space Technology and Applications International Forum (STAIF) à Albuquerque le 14 février.

Cette solution est la première qui prenne en compte les masses se déplaçant à une vitesse proche de celle de la lumière.

Lire la suite

Agenda 21

En 1992, lors du sommet de Rio, 173 pays adoptent l'Agenda 21 dit mondial. C'est une déclaration qui fixe un programme d'actions pour le XXIe siècle dans des domaines très diversifiés afin de s'orienter vers un développement durable de la planète.

Dans le cadre du chapitre 28 de cet Agenda 21, les entreprises, les gouvernements, les collectivités territoriales sont invités à mettre en place un Agenda 21 à leur échelle. En France, le programme est appelé Action 21.

Il peut donc être défini comme une réponse pratique, de terrain, adaptée aux besoins spécifiques de lieux particuliers, à l’appel international en faveur du développement durable.

Ainsi sur la base d'un état des lieux (diagnostic global) du territoire, et en concertation avec la population, il s'agit de définir un plan d'actions visant à répondre aux objectifs du développement durable.

Ce programme d'actions doit également comprendre une série d'indicateurs afin de pouvoir évaluer dans le temps les impacts de cette politique de développement durable et garantir ainsi, l'évolutivité de l'Agenda 21.

Un des prolongements les plus intéressants de cet Agenda 21 est la mise en place d'Agendas 21 locaux qui permettent ainsi à des collectivités locales et leurs habitants de se réapproprier ce concept global de manière très concrète.

Liens externes

Source : Wikipedia.

Lauréat du Prix Zayed International du Leadership mondial pour l'Environnement, Kofi Annan appelle à une action urgente face aux chagements climatiques

Source : Nations Unies • Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Il annonce son intention de créer en Afrique, grâce à ce prix, une fondation pour l’agriculture et l’éducation des filles

Vous trouverez ci-après l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, récipiendaire du Prix Zayed international du leadership mondial pour l’environnement, à Dubaï, le 6 février 2006:

Je suis heureux de me trouver aux Émirats arabes unis et grandement honoré de recevoir ce prix qui porte le nom du cheikh Zayed ben Sultan el Nahian, dont l’attachement à la cause de la défense de l’environnement est bien connu de tous, ici et dans le monde entier.

Je tiens à remercier Son Altesse le cheikh Mohamed ben Rachid el Maktoum d’avoir eu l’inspiration de créer ce prix et la générosité de le parrainer.

D’autre part, je tiens à présenter mes sincères condoléances à Son Altesse et au peuple de Dubaï pour le décès, qui a été un choc pour nous tous, le mois dernier, de celui qui gouvernait l’Émirat, le cheikh Maktoum ben Rachid el Maktoum En cette période de deuil, notre témoignage de sympathie s’adresse particulièrement au cheikh Mohamed et aux autres membres de la famille Maktoum.

Se trouver aux Émirats arabes unis, et particulièrement ici à Dubaï, c’est être sur le lieu d’un des grands miracles économiques que le monde a connus.

C’est être dans un pays dont les dirigeants et le peuple ont appris combien il importait d’exploiter rationnellement des ressources rares.

C’est être dans un pays qui connaît l’importance du capital humain et intellectuel Placé au cœur de la région qui est le centre pétrolier du monde, Dubaï ne tire du pétrole que 6 % de ses revenus.

Enfin, c’est être dans un pays dont la civilisation est bâtie sur de fortes valeurs culturelles et spirituelles et qui sait bien qu’il n’y aura pas de développement durable si on ne se soucie pas du capital « nature » de la Terre et si on ne l’économise pas.

Cette constatation est un des fondements de la mission mondiale de l’ONU pour la paix et du développement.

Et pourtant, il est trop souvent arrivé que l’environnement soit considéré comme une corne d’abondance inépuisable, une richesse que l’homme pouvait exploiter sans se soucier des conséquences Ce n’est qu’après coup qu’on pensait à la protection de l’environnement, et même alors elle pouvait passer pour un luxe.

Maintes fois et maintes fois encore, de l’antiquité aux temps modernes, l’humanité a découvert que de telles suppositions n’étaient que folie.

Aujourd’hui, nous comprenons que le respect de l’environnement est un des principaux piliers sur lesquels s’appuie la lutte que nous menons contre la pauvreté, et qu’il est une des conditions de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Mais il n’en reste pas moins, malgré les progrès sensibles réalisés dans certaines régions du monde, que nous n’allons pas assez vite pour faire ce qu’il faut vraiment afin de préserver l’environnement planétaire et de réussir à réaliser un développement durable.

Le Bilan du Millénaire relatif aux écosystèmes, qui a été achevé l’an dernier sous les auspices, notamment, de l’ONU –et qui lui-même fait l’objet d’un des prix de la Fondation Zayed cette année– montre les ravages que les activités de l’homme font subir aux ressources et aux réseaux dont dépend l’existence de la vie sur terre Une prospérité bâtie sur de telles destructions, ce n’est pas de la prospérité mais seulement un peu de temps gagné sur le malheur Si notre agression se poursuit, nous ne connaîtrons guère la paix et nous tomberons dans une pauvreté encore beaucoup plus grande.

Il est particulièrement urgent d’agir face aux changements climatiques Les scientifiques s’accordent généralement à penser que si nous ne révisons pas complètement nos politiques dans les quelques années qui viennent, un avenir plein de dangers nous attend.

Maintenant que le Protocole de Kyoto est entré en vigueur, le monde dispose d’un puissant outil pour stabiliser puis réduire les émissions et financer des projets non nuisibles pour l’environnement dans les pays en développement.

De plus, le monde est sur le point de se lancer sur deux voies parallèles vers l’intensification de l’action dans le monde entier D’une part, il va y avoir des échanges de vues entre les parties au Protocole, et la question d’objectifs obligatoires au-delà de l’horizon 2012 pour les pays industrialisés sera examinée De l’autre, une concertation aura lieu à laquelle participeront toutes les parties à la Convention sur les changements climatiques elle-même, afin d’étudier une gamme plus large d’activités de coopération touchant à la technologie, à l’adaptation et aux mesures volontaires que peuvent prendre les pays en développement.

Je demande instamment à tous les pays de prendre ces discussions très au sérieux Les initiatives régionales ou autres ont leur importance, mais la Convention-cadre reste le mécanisme multilatéral par excellence pour l’action.

Pendant ce temps, ne nous trompons pas sur les enjeux : l’économie reposant sur le carbone, c’est comme une expérience incontrôlée portant sur le climat de la planète, et cela comporte des risques graves pour les écosystèmes, l’activité économique et la santé des populations Il faut absolument que nous réduisions les émissions Mais il faut aussi que nous aidions les plus pauvres parmi les pauvres, ainsi que les personnes vulnérables, à s’adapter aux changements climatiques auxquels nous assistons déjà.

Il est non moins important de changer les mentalités.

Le monde reste prisonnier de la pensée à court terme, dont l’horizon est limité, en politique, par les cycles électoraux et, dans le monde des affaires, par les perspectives de profit Pour réaliser le développement durable, il faut absolument une vision à long terme.

Le monde reste prisonnier de la vieille idée selon laquelle il nous faut choisir entre croissance économique et préservation de l’environnement Mais en réalité, la croissance ne peut pas être durable si l’environnement n’est pas préservé Un emploi sur deux dans le monde – que ce soit dans l’agriculture, l’exploitation forestière ou la pêche – dépend de la durabilité des écosystèmes Les problèmes de santé ne peuvent pas être réglés par le secteur de la santé à lui tout seul Notre lutte contre la pauvreté, les inégalités et la maladie est directement liée à la santé de la planète elle-même.

Et le monde reste dangereusement attaché au pétrole et aux combustibles fossiles, ce qui pose un double problème.

Premièrement, il faut que nous gérions cette ressource avec le plus grand soin et que nous l’exploitions rationnellement, en limitant les répercussions sur l’environnement grâce à la fabrication de charbon plus propre et à l’utilisation de méthodes plus propres d’exploitation des combustibles fossiles Il faut que l’humanité tout entière tire le plus grand avantage possible de chaque baril, galon ou litre consommé C’est ce que nous nous efforçons de faire pour l’eau, selon la devise « plus de grains par goutte » Le Prince Zayed lui-même a compris que ce qui fait la vraie valeur du pétrole, c’est ce qu’il peut apporter à l’amélioration de l’existence des hommes À l’heure qu’il est, deux milliards d’êtres humains comme nous sont privés de services abordables en matière d’énergie.

Deuxièmement, il faut que nous tournions notre regard vers l’avenir, au-delà de l’horizon auquel s’arrête la disponibilité de combustibles fossiles, et que nous favorisions des sources d’énergie de substitution qui soient propres et renouvelables telles que l’énergie solaire ou éolienne et les biocarburants La montée en flèche de la demande de pétrole polarise la pensée comme cela n’avait jamais été le cas dans le monde Le niveau actuellement élevé des cours du pétrole fait que les arguments économiques et écologiques convergent.

Ce pays et cette région sont bien placés pour prendre la tête du mouvement Les pays riches en pétrole peuvent investir dans de nouvelles technologies et dans le transfert des technologies existantes vers les pays pauvres Ce serait dans leur propre intérêt, un signe de sagesse en même temps que de solidarité avec les moins fortunés Ce serait un bol d’air pur pour la planète Le Moyen-Orient était au siècle dernier le principal fournisseur d’énergie, eh bien j’espère qu’en investissant et en montrant la voie, vous deviendrez, ce siècle-ci, le principal fournisseur d’énergies de substitution.

Tout le monde a un rôle à jouer dans le changement de mentalité nécessaire.

Les gouvernements ont le pouvoir énorme de fixer les règles du jeu et de mettre en place les incitations fiscales et autres qui favoriseront le développement durable Les pays développés en particulier, armés de leur richesse et de leur puissance, doivent donner l’exemple.

Les entreprises ont des capacités sans égal pour ce qui est d’innover et d’influer sur les comportements – et sur les capitaux – pour les orienter dans la bonne direction Elles doivent s’activer encore plus pour soutenir les écotechnologies et en faire les secteurs de croissance de demain J’en appelle aux investisseurs institutionnels et aux gestionnaires de caisse de retraite pour qu’ils continuent à s’efforcer de récompenser les sociétés qui ont une idée à long terme de la manière de faire face aux risques environnementaux et d’exploiter les possibilités qui s’offrent, du côté positif L’initiative du Pacte mondial pour l’entreprise citoyenne a pour but notamment de réussir à ce que les principes écologiques aient leur place dans les activités des entreprises et dans les marchés mondiaux Je suis heureux que tant de sociétés présentent leurs réalisations dans une exposition qui se tient dans une autre partie de ce bâtiment.

Enfin, n’oublions pas le pouvoir des citoyens ordinaires, c’est-à-dire celui des consommateurs, des électeurs décidés à exercer leurs droits démocratiques et des innombrables associations de citoyens capables de mobiliser les masses et d’agir à petite échelle, à l’échelon local Le chef d’une de ces organisations reçoit cette année un des prix Zayed, et on ne peut que s’en féliciter.

Demain, les représentants de presque 160 pays, dont environ 125 ministres de l’environnement, se réuniront pour le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement et pour le Forum ministériel mondial pour l’environnement Ces deux chiffres de participation sont des records.

Vous qui jouez des rôles de premier plan sur la scène politique mondiale, il ne saurait y avoir de meilleur moment pour que vous traduisiez en actes l’idée que c’est sur les services relatifs aux écosystèmes que reposent tous nos espoirs de vaincre la pauvreté, de stimuler le développement économique et de bâtir un monde plus stable L’énergie politique est une autre ressource renouvelable dont on dispose sur cette planète Ce qu’il faut réussir à faire, ce qu’il vous faut réussir à faire, c’est l’exploiter bien mieux qu’elle ne l’a été par le passé Il faut que nous cessions de nous soucier autant de la défense de l’économie et que nous commencions à montrer plus de courage politique.

Il ne saurait y avoir de meilleure utilisation de la généreuse somme qui accompagne ce prix que de le consacrer à la cause du développement durable Aussi ai-je l’intention de m’en servir comme mise de fonds initiale dans une fondation que je vais créer, en Afrique, pour l’agriculture et l’éducation des filles Pour l’agriculture, parce que les Africains ont besoin d’une révolution verte Leur continent est le seul qui ne soit pas encore passé par là Et pour l’éducation des filles, parce qu’il n’y a pas plus efficace comme moyen de promouvoir le développement.

Enfin, il ne saurait y avoir de meilleur endroit qu’ici, en plein cœur du Moyen-Orient, pour dire quelques mots de la colère que provoque chez bien des musulmans la publication de caricatures qu’ils trouvent insultantes pour leur religion.

Je comprends ce qu’ils ressentent, et je m’en sens solidaire Mais cela ne saurait justifier la violence, surtout dirigée contre des gens qui n’ont aucun pouvoir sur la publication des dessins en question et qui n’en portent aucunement la responsabilité.

Une fois encore, je demande aux musulmans d’accepter les excuses du journal danois qui a été le premier à publier les caricatures, je leur demande d’agir dans le véritable esprit de leur religion, qui est connue pour la valeur qu’elle attache à la miséricorde et à la compassion, et je leur demande de tourner la page sur ce lamentable incident Je lance un appel à toutes les parties, et surtout aux autorités religieuses et laïques, pour qu’elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour réduire les tensions et qu’elles évitent de faire ou de dire quoi que ce soit qui risque de les exacerber Maintenant plus que jamais, c’est le moment pour les hommes de bonne volonté de toutes les croyances et de toutes les communautés de se rassembler, dans un esprit de concertation et de respect mutuel.

Chers amis,

Merci encore de l’honneur que vous me faites en me décernant ce prix Je le reçois avec fierté au nom des hommes et des femmes qui travaillent au service des Nations Unies, des gens profondément dévoués à leur mission en faveur de la paix, de la tolérance et du respect de la dignité humaine, qui s’emploient valeureusement à améliorer à la fois le milieu naturel et l’environnement humain dans lesquels nous vivons.

mercredi 15 février 2006

Violences urbaines

Source : Wikipedia.

Les violences urbaines sont des troubles à l'ordre public relativement graves qui voient la violence s'exprimer dans une ou plusieurs villes d'un ou plusieurs pays.

Tentative de définition

Emeutes raciales à Chicago en 1919
Des Blancs faisant la chasse aux Noirs pendant les émeutes à Chicago en 1919

Après que des émeutes raciales ont secoué les grandes villes américaines en 1968, le sociologue afro-américain Kenneth Clark a déclaré devant la commission Kerner réunie à la demande du Président Lyndon Baines Johnson : « Je lis ce rapport sur les émeutes de Chicago en 1919 et c'est comme si je lisais le rapport de la commission d'enquête sur les désordres à Harlem en 1935, le rapport de la commission d'enquête sur ceux de 1943, le rapport de la commission McCone sur les émeutes de Watts. Je dois sincèrement vous dire, Membres de la commission, qu'on se croirait dans Alice au pays des merveilles, avec le même film qu'on nous repasse éternellement : même analyse, mêmes recommandations, même inaction » 1.

Cette intervention déjà datée met en relief trois grandes caractéristiques de ce que l'on appelle les « violences urbaines » :

  • Leur ancienneté relative, en tout cas aux États-Unis d'Amérique.
  • Leur irruption sporadique à des périodes et dans des villes différentes.
  • L'incapacité apparente des pouvoirs publics à les comprendre, puis éventuellement à les combattre.

Si la première caractéristique devrait aider l'historien à les définir, elles apparaissent insaisissables au regard des deux autres, leur caractère éminemment éruptif et les errements supposés des autorités publiques cherchant à les circonscrire empêchent finalement de cerner précisément le problème. Pour contourner la difficulté de délimitation de l'objet et éviter d'avoir à prendre en compte le temps long dans leurs analyses, les auteurs ont par conséquent généralement recours à une définition limitée du phénomène qui ne correspond qu'à sa forme la plus récente, celle qu'il a prise ces dernières décennies, voire ces dernières années. Ainsi en est-il de Sophie Body-Gendrot, qui affirme notamment que le terme « violence urbaine » désigne « des actions faiblement organisées de "jeunes" agissant collectivement contre des biens et des personnes, en général liées aux institutions, sur des territoires disqualifiés ou défavorisés » 1. C'est la définition que nous pouvons retenir en sachant bien qu'elle est restrictive, et qu'elle tend par exemple à naturaliser des variables lourdes pesant sur les acteurs qui agissent violemment, notamment leur jeunesse, une variable qui n'est que peu questionnée par les spécialistes. C'est toutefois une définition efficace en ce sens que l'on ne peut pas non plus, pour des raisons de concision, prendre toute action violente perpétrée dans un cadre urbain pour une « violence urbaine », même si ce glissement est parfois nécessaire.

La ville comme lieu d'intériorisation et de refoulement de la violence

L'intériorisation de la violence par l'urbanisation

La violence en général recouvre une diversité de comportements ou d'actes individuels, interpersonnels ou même collectifs. D'une époque comme d'une société à l'autre, comme le rappelle Yves Michaud, les formes de violence employées et leur intensité ont beaucoup varié. On parlera par exemple aujourd'hui d'une « violence routière » ou d'une « insécurité routière ». Mais ce n'est pas tout, notre sensibilité à ces formes de violence elle-même a changé2. Selon l'auteur, elle s’est accrue. Ainsi, des comportements violents autrefois passés sous silence tels que la maltraitance infantile ou les violences conjugales sont aujourd'hui dénoncés : la mise à jour de la violence circulant dans la sphère familiale est ainsi particulièrement récente. Tout ceci explique, toujours selon Yves Michaud, l'extension de l'incrimination dans le droit pénal. Dans un même mouvement, le droit pénal pense de plus en plus la violence comme n'étant plus nécessairement proprement physique, ce qui s'y est traduit par le remplacement par la notion de « voies de fait » de la catégorie plus ancienne de « coups et blessures ».

Pour expliquer la sensibilisation accrue à la violence, on peut recourir à la célèbre théorie de la « civilisation des mœurs » selon laquelle l'Occident aurait connu à partir du Moyen Âge un long processus de polissage des mœurs : les conflits qui s'exprimaient dans des affrontements sanglants tendent de plus en plus à être intériorisés, par exemple via le sport3. Selon Norbert Elias, le promoteur de ladite théorie, cette évolution n'est pas imputable à un simple accroissement du self control, mais à sa généralisation à tous les secteurs de la vie publique ou privée sous l'effet de plusieurs facteurs tels que la scolarisation, la diffusion des codes de cour et, enfin, l'urbanisation. La ville est donc ici réputée à l'origine de l'intériorisation de sa violence par l'Homme : l'évolution au sein de masses lui a imposé plus de retenue dans ses actes.

Le refoulement de la violence à la marge des villes

Policiers australiens protégeant des Libanais
La police australienne utilise du gaz lacrymogène pendant les émeutes de Cronulla pour protéger les Libanais

À la suite de Norbert Elias, l'historien Jean-Claude Chesnais a souligné à son tour la baisse tendancielle de la violence dans les sociétés modernes en n'étudiant cependant que la violence proprement physique4. Mais d'autres théoriciens sont venus contredire cette idée à la suite des travaux que l'historien américain Tedd Gurr a réalisés dans les années 1970-1980, et qui interprètent la violence en terme de privation : elle se développerait lorsque l'élévation des aspirations des individus ne s'accompagne plus d'une amélioration comparable de leurs conditions de vie. C'est ce qui se serait produit dans les sociétés occidentales à partir des années 30, décennie au cours de laquelle Ted Gurr observe un retournement de tendance complet, c'est-à-dire désormais l'augmentation durable de la violence homicide, de la criminalité, des vols ou de la délinquance, selon une courbe en J. La thèse de Ted Gurr est parfois évoquée sous le nom de « théorie de la courbe en J » pour cette raison. En France, selon Sebastian Roché, cette montée continue s'observe à partir du milieu des années 50. Elle est par conséquent indépendante, selon lui, du contexte économique : « La délinquance en particulier augmente durant les années de reconstruction et de prospérité. Depuis le milieu des années 80, elle tend à stagner, et ce malgré l'augmentation du chômage de longue durée et les phénomènes d'exclusion »5. Même si ce schéma est lui-même contesté, il faut garder ces observations en tête pour l'étude des violences urbaines proprement dites, dont l'évolution est différente.

Auparavant, il nous faut rappeler qu'un des principes d'organisation de la ville a toujours été pensée comme le refoulement de la violence hors de ses murs, en opposition à la campagne alentour, une campagne considérée comme le lieu de toutes les jacqueries et de tous les pillages, une campagne où le mouvement de pacification a été très tardif6, ce qui explique d'ailleurs l'exode rural massif vers « la lueur libératrice de l'anonymat » des villes, selon l'expression de l'historienne Élisabeth Claverie. Il faut bien voir cependant que cet anonymat est ambivalent car il est aussi la condition d'existence de toutes sortes de trafics qui peuvent finalement contribuer à la violence de la ville.

Quoi qu’il en soit, comme le fait par exemple remarquer Michel Foucault dans Surveiller et punir, les grands complexes industriels européens ont été construits en lisière des villes pour prévenir les révoltes ouvrières. De même, aux États-Unis, les campus ont été bâtis hors des villes pour éloigner la menace étudiante... Aussi, lorsque la violence amorce une courbe en J après-guerre, consciemment ou non, les autorités vont décider de construire les grands ensembles où loger les populations les plus démunies en banlieue. Or, dans l'inconscient collectif, la banlieue est par excellence et depuis toujours le lieu en marge, celui qui accueillerait les « marginaux », les « barbares », autrement dit les « zoulous », pour reprendre un vocable idoine, les « sauvageons », pour reprendre un mot de Jean-Pierre Chevènement, la « racaille » pour reprendre Nicolas Sarkozy : dès le Moyen Âge, la banlieue est cet espace qui se situe à une lieue de la ville et où cesse de s'appliquer le ban, c'est-à-dire le pouvoir seigneurial, cet espace au-delà duquel on est banni, on ne fait plus partie de la Cité, et donc de la civilisation7... Les violences « urbaines » ne sont donc en fait le plus souvent que des violences périurbaines, en tout cas si l'on exclut de la définition les violences perpétrées au sein des manifestations qui revendiquent quant à elles logiquement une visibilité au cœur même du centre-ville : la violence se retrouve alors au cœur même de la ville du fait que cette dernière est le cœur du pouvoir politique à abattre. Pour le politique, qui est tenté de penser la violence comme contagieuse8, cette mise à l’écart pourrait finalement être heureuse.

La réapparition récente de la violence urbaine

L'apparition des violences urbaines et connexes

Une voiture brûlée en France en 2005

Malgré le refoulement, de tous temps, la ville a bien été le théâtre de violences. Ainsi, dans une missive adressée au maire de Londres en 1730, l'écrivain Daniel Defoe se plaint déjà que « les citoyens ne se sentent plus en sécurité dans leurs propres murs, ni même en passant dans les rues »9. Les « violences urbaines » telles qu'on les a définies apparaissent quant à elles tout à fait clairement aux États-Unis dans les années 60, en France au début des années 80, l'événement de référence demeurant, dans ce pays, les incidents de l'été 1981 aux Minguettes, un quartier de la banlieue est de l'agglomération lyonnaise à cheval sur trois communes où près de 250 voitures seront détruites par des "jeunes" en l'espace de deux mois. Par la suite, les autres incidents marquants en France seront ceux de Vaulx-en-Velin en 1990 et Sartrouville et Mantes-la-Jolie en 1991. Suite à ces incidents, les violences urbaines vont finir par être perpétrées de façon très régulière, à plus petite échelle, comme par exemple à Strasbourg lors des fêtes du Nouvel An, ou ailleurs, en Europe, après les matches de football : le hooliganisme ne se développe véritablement en Europe qu'à partir des années 80. Devenues quotidiennes, les violences urbaines prennent alors des formes diverses ; contre les biens ou contre les personnes, elles peuvent être physiques ou symboliques. Des éruptions plus amples se produisent à l'occasion. Ainsi en est-il fin 2005 partout en France.

Selon S. Body-Gendrot, au final, « la violence urbaine s'observe dans la plupart des sociétés modernes. Cependant, les manifestations comme les causes de cette violence varient d'une société à l'autre », donc « il est faux de croire que la violence urbaine à laquelle on assiste en France ne serait que la transposition de la situation que connaissent les États-Unis »10. « En France, la violence urbaine exprime davantage une perte de confiance dans les institutions », et celle-ci est d'autant plus forte que l'implication de ces institutions dans l'intégration a été traditionnellement importante. Elle vise surtout les équipements et les institutions publiques, et à travers eux, l'État et ses représentants. Comme le souligne Michel Kokoreff, les tags, par exemple, ne visent que peu les véhicules privés11.

Outre les vitrines des commerces, les trois cibles principales sont :

  • L'école12. Au cours de l'année scolaire 2002-2003, 72 507 cas de violences scolaires ont été recensés, dont 1581 violences physiques avec arme. Ce chiffre inclut également 21 003 violences physiques sans arme et 16 623 insultes ou menaces graves. Le racket compte pour 2,44 % des signalements, les violences à caractère sexuel pour 1,48 %. Pour tenter de résoudre ce problème, aux États-Unis, 39 % des académies emploient des détecteurs de métaux à l'entrée des établissements.
  • Les transports urbains, dont les fauteuils sont couramment lacérés, les vites gravées, les portes recouvertes de tags. La SNCF consacre à elle seule cinq millions d'euros annuellement au nettoyage de ces tags. Selon Sophie Body-Gendrot, « si aux États-Unis ce sont dans les parcs que les "jeunes" règlent leurs comptes, en région parisienne, ce sont les autobus qui sont l'objet d'affrontements » : « les "jeunes" perçoivent le bus comme leur appartenant, puisqu'il roule sur leur territoire ».
  • La police et les pompiers, régulièrement pris à partie ou caillassés, déplorant tous les jours des outrages à agent. Au final, le fait que les forces censées maintenir l'ordre soient ainsi parmi les premières visées incite assez paradoxalement à plaider en faveur de leur retrait partiel des zones sensibles, afin que l'ordre y soit sauvegardé. C'est une solution parfois utilisée en France, à l'inverse de ce qui se passe aux États-Unis, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, pays où l'humilité de la police est considérée comme une faiblesse qui accentue le mal. Dans ces pays, c'est en effet la théorie dite « de la vitre brisée » inspirée par les travaux du psychosociologue Philip Zimbardo dans les années 60 qui prédomine : « dans le cas où une vitre brisée n'est pas remplacée, toutes les autres vitres connaîtront le même sort ». Autrement dit, pour de nombreux spécialistes issus de ces pays, il faut renverser la thèse généralement admise, c'est-à-dire que ce n'est pas la dégradation du lien social qui est cause des incivilités, mais le comportement d'abandon des citoyens face à ces incivilités qui précipitent le délitement du lien social13.

Les causes de l'apparition des violences urbaines

Si les explosions de violences urbaines sont souvent déclenchées par des rumeurs de bavure policière ou par quelques abus d'autorité tels que des fouilles considérées comme injustifiées, les dégradations et agressions commises plus généralement par les "jeunes" dans l'espace de la ville ont plusieurs causes croisées qui deviennent souvent leur conséquence dans une série de cercles vicieux engendrant une paupérisation14 :

  • Une situation familiale critique telle que la monoparentalité. Cette dernière autoriserait le relâchement du contrôle parental sur les "jeunes", ce qui est d'autant plus critique en France qu'ils ne peuvent compter sur une surveillance efficace du voisinage ou de la communauté, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis.
  • L'échec scolaire, qui peut lui-même découler de la crise familiale. Ainsi, aujourd'hui, la violence telle qu'elle surgit dans les établissements scolaires trahirait un rejet de l'institution, surtout par les élèves en situation d'échec scolaire, qui lui reprochent les humiliations subies. Les difficultés scolaires et dans l'insertion professionnelle sont mal ressenties par la deuxième génération de l'immigration, qui aspirait à un meilleur statut que ses parents et peut trop rarement concrétiser cet espoir; ceux qui réussissent quittent le quartier. De fait, un certain nombre de chercheurs voient dans la massification des effectifs scolaires et dans la prolongation des études qui se sont opérées dans un contexte de chômage élevé les causes d'une perte de sens qui a engendré la violence accrue des quartiers, par exemple F. Dubet et A. Peralva.
Logements sociaux à Singapour
Logements sociaux à Singapour.
  • Le chômage, qui se nourrit lui-même de l'échec scolaire. S'il peut engendrer la violence, celle-ci le favorise en retour, en créant des discriminations territoriales à l'embauche, ou tout simplement en détruisant les biens qui servent à créer de la valeur, et donc des emplois. La stigmatisation du chômage en tant que source de la violence est cependant contestable, notamment parce qu'elle se fonde souvent sur la discrimination peut-être trop rapide de l'oisiveté, ce qui témoigne d'une certaine façon d'un renversement historique du principe selon lequel les classes laborieuses sont des classes dangereuses.
  • Le développement en conséquence d'une économie parallèle, comprenant notamment le trafic de drogues et le commerce de divers matériels volés. La concurrence entre bandes a favorisé un accroissement de la circulation d'armes.
  • L'absence de mobilité géographique des plus démunis. Elle tend à accentuer au fil des départs des plus fortunés une césure géographique inéluctable, éventuellement renforcée au quotidien par une faible desserte des transports publics. L'exiguïté des logements dans lesquels ils sont donc condamnés à vivre (éventuellement avec une famille nombreuse) pousse finalement les "jeunes" à tenter de s'approprier l'espace public le plus proche, à chercher à contrôler les grands espaces mitoyens comme la dalle ou les lieux de passage stratégiques comme les cages d'escalier ou les halls d'entrée. Une fois ces territoires acquis, ils opèrent à un véritable marquage, par exemple au moyen de tags, mais aussi d'un contrôle plus strict, par le biais de prélèvements illicites de biens publics ou privés, qu'ils appellent eux-mêmes « taxer », ce qui est un terme de droit financier qui renvoie au monopole étatique d'imposer. Par conséquent, il y aurait une influence de l'environnement immédiat sur la production de violence, et notamment de l'architecture urbaine telle que celle des grands ensembles, tours et autres barres des années 60 sur les "jeunes" qui y vivent.
  • Des pratiques dites déviantes telle que la toxicomanie15, pratique qui nécessite la mise en place de trafics dont la protection exige souvent le recours à la violence.
  • La consommation éventuelle de violence télévisuelle et de jeux vidéo violents.
  • L'absence d'influence politique16 et la sous-médiatisation17, qui contraignent au recours à la violence ceux qui veulent se faire entendre. La violence et la force ne sont alors qu'un répertoire d'action comme un autre mais qui présente l'avantage d'être mobilisable à tout instant.
  • Les conflits religieux, les replis communautaires et la montée possible de l'antisémitisme dans des cités qui seraient en cours d'islamisation, en tout cas en France.
  • La discrimination raciale et les rivalités ethniques qui y sont légion.

À ces explications classiques s'ajoutent des causes plus lourdes citées par Hugues Lagrange, des causes qui sont peut-être plus culturelles :

  • Une crise de la masculinité, qui est elle-même liée à la mécanisation du travail qui a dévalorisé la force physique18. Elle favorise les violences sexuelles, ou en tout cas la misogynie, sachant que les pays d'origine des "jeunes" immigrés violents seraient déjà peu traversés par les idéaux féministes. Violence et virilité sont ici associées. Les "jeunes" femmes, victimes de nombreuses atteintes à leur liberté de choix, ont obtenu une reconnaissance médiatique avec Ni putes ni soumises.
  • Dans les pays d'où sont originaires les immigrés violents, « la rupture des chaînes de la vengeance n'a pas été sécularisée », contrairement à ce qui s'est passé dans les pays de tradition chrétienne comme la France selon La Violence et le sacré de René Girard. Dans la culture méditerranéenne, par exemple, le conflit interindividuel ne saurait ainsi se régler de façon médiate par le truchement de la justice. Or, cette culture se fonde sur une définition extensive du « respect » mutuel ou encore de l'honneur, et ceux-ci apparaissent donc souillés relativement souvent. La violence immédiate surgit donc très rapidement. De ce point de vue, selon Hugues Lagrange, la violence est une quête de reconnaissance qu'il ne faut pas sous-estimer : « La violence implique une quête de légitimité qui lui est essentielle. On ne fait violence qu'à ce qui a le caractère de l'être organisé, en brisant un verre pas en cassant un rocher. C'est en anéantissant une autre intention — celle qui a fait le verre — que la violence cherche à se faire reconnaître comme anticréatio' ».

Au final, en France, selon le même auteur, « les valeurs des "jeunes" qui vivent dans les quartiers de relégation participent d'un syncrétisme qu'on a parfois du mal à saisir : mélange d'individualisme consumériste et de comportements grégaires et clanistes fondés sur la défense du territoire et l'honneur du groupe. Ce syncrétisme tourne le dos à la fois à la culture modeste, patiente, souvent résignée, des immigrants, notamment maghrébins, et aux valeurs anticonsuméristes, voire idéalistes, portées par une fraction de la jeunesse issue des classes moyennes ». En fait, selon d'autres auteurs, ils disposeraient bien d'une culture spécifique qui a émergé récemment, la culture hip-hop19, qui dispose de ses propres codes. El le paradoxe apparent qui fait que cette culture semble s'acharner à détruire son propre cadre de vie ne serait pas insurmontable. Selon Sophie Body-Gendrot, « ce vandalisme institutionnel n'est pas nouveau. Il peut participer d'un « marchandage collectif par l'émeute »20, à l'image des opérations de sabotage que menaient les ouvriers au siècle passé pour faire pression sur le patronat ».

La difficulté de proposer une réponse publique

Les difficultés d'intervention face à la violence urbaine elle-même

Dans la mesure où l'État se définit dans le sens weberien comme une entreprise de monopolisation de la violence physique légitime, l'irruption de « violences urbaines » est particulièrement grave du point de vue du politique : elle remet en question la capacité de l'instance étatique à défendre les citoyens, laquelle est la base du pacte social, sa promesse. Ceci est d'autant plus vrai que le monopole de la violence par l'État serait attaqué de tous les côtés. Ainsi, selon Sebastian Roché, l'augmentation de la violence que l'on connaît depuis l'après-guerre n'est pas imputable à une catégorie particulière d'individus, mais à la généralisation des comportements agressifs dans les différentes couches de la population. Selon lui, des observations ont par exemple relevé que de bons élèves pratiquent aussi le racket à l'extérieur de l'école.

Selon le politologue, l'État devrait donc apporter une réponse nette au problème de la violence des villes s'il veut rester crédible. La solution oscille tantôt entre répression et prévention, avec, en France, un accent fort sur la seconde, en tout cas jusque récemment. Elle nécessite en tout cas l'intervention d'une justice forte. Or, en France, comme le fait remarquer Yves Michaud, la violence est une notion très peu utilisée par les juristes car assez mal définie aux articles 309, 310 et 311 du Code pénal. Elle nécessite aussi, en tant que politique publique, une évaluation efficace, ce qui signifie un outil statistique efficace. Or, celui-ci poserait problème, notamment parce qu'il est utilisé par ceux-là mêmes qui ont intérêt à le manipuler, les policiers et le ministère de l'Intérieur21. Il pose également un problème s'il n'est pas stable dans le temps, comme par exemple si on remplace subrepticement, comme récemment en France, l'observation du nombre de plaintes déposées par le taux d'élucidation des enquêtes qui ont suivi.

Ces problèmes peuvent être contournés par l'introduction d'analyses qualitatives des formes de violence urbaine et de leur répression, dans le cadre de programmes spécifiques. Mais toutes les violences ne sont pas quantifiables. Aussi, depuis quelques années, des enquêtes de victimisation sont réalisées pour mieux appréhender qualitativement les phénomènes de violence. Elles consistent à interroger les personnes sur les incidents dont elles auraient été victimes et qu'elles ont ou non déclarés à la police. Ces enquêtes existent de longue date aux États-Unis, et depuis peu en France, dans le cadre de l’International Crime of Victimization Survey.

En tout cas, plusieurs arguments s'opposent ici à l'idée d'une augmentation récente des violences urbaines, comme par exemple le manque de fiabilité ou l'existence de biais statistiques, le fait qu'une augmentation peut traduire une simple amélioration du recueil des plaintes par la police, ou même une sensibilité plus grande des individus à la violence, qui les inclinerait à porter plainte plus facilement. On signale aussi que les chiffres restent des moyennes qui peuvent masquer d'importantes disparités géographiques et sociales. En fait, plus qu'à une augmentation de la violence, c'est à une diversification des victimes et des institutions visées à laquelle on assisterait.

En général, actuellement, la lutte contre les « violences urbaines » prend plusieurs formes :

  • Le renforcement de la présence policière dans les zones sensibles par une redistribution des forces vers celles-ci, qui sont elles-mêmes redéfinies22, deux mouvements qui peuvent d'ailleurs accentuer involontairement la déstructuration des espaces visés ou le sentiment de déstructuration. Le meilleur équipement des policiers qui les accompagne pourrait quant à lui faire craindre aux "jeunes" un renforcement du contrôle pesant déjà sur eux. Rappelons à ce propos à la suite de Michel Foucault que la délinquance n'est qu'un construit de nos sociétés qui remplace d'anciennes formes d'illégalismes qui ne pouvaient pas, quant à elles, être contrôlées à distance, de loin. Ce construit s'opère par le biais de la mise en œuvre de nouveaux moyens techniques et technologiques de surveillance. Aujourd'hui, la majorité des fauteurs de trouble éventuellement interpellés après des incidents sont déjà « connus » de la police auparavant.
  • Des tentatives de discrimination positive en faveur des quartiers sensibles. Dans un article du Monde daté du 18 novembre 2003, Jean-Louis Borloo alors ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine en France déclarait : « La spécificité française aujourd'hui en Europe, c'est que l'arrogance républicaine nous a fait passer directement à la case « ghetto », sans passer par la case communautaire que rejettent les principes de notre République. Cette ghettoïsation favorise les haines, bien plus qu'un système communautaire ».
  • Le renouvellement urbain, plus ou moins important selon les pays. En 2003, l'effort total de la France en faveur de la politique de la ville et du développement social urbain ne représente que 5,7 milliards d’euros, soit 0,36 % du PIB. Pour comparaison, l'Allemagne a consacré chaque année 3,5% de son PIB à la réunification et au renouvellement urbain qu'elle impliquait pendant dix ans.

Le choix de lutter contre les effets des violences, notamment le sentiment d'insécurité

Contrairement aux autres types de violences civiles, les « violences urbaines » ont des effets au-delà de leurs victimes directes. Comme le mentionne Yves Michaud, notre relation à la réalité violente ne passe en effet que pour partie par l'expérience directe que nous en avons : elle passe aussi désormais par les témoignages et les informations que nous recevons, notamment par les médias, mais aussi par les entreprises de sécurité qui ont elles aussi grand intérêt à accentuer notre perception de la violence, car la sécurité représente un marché conséquent. Ainsi se crée cette situation paradoxale dans laquelle peu de personnes affirmant ressentir l'insécurité ambiante ont elles-mêmes été agressées. C'est ce que l'on appelle le sentiment d'insécurité. Pour les uns, un tel sentiment est d'abord le produit de fantasmes, en contradiction avec la baisse tendancielle de la violence dans les sociétés modernes. Pour d'autres, tels Sebastian Roché, il traduit au contraire une augmentation effective de la délinquance et de la criminalité, ainsi que d'un phénomène peu pris en considération il y a quelques années : les incivilités23, dont l'étude n'a commencé en France que dans les années 1990, après les États-Unis dans les années 70. La difficulté vient de ce que les statistiques ignorent les incivilités légales tels que les impolitesses, etc. : elles ne s'intéressent qu'aux incivilités illicites.

Des Marines contrôlant une émeute
Des Marines formés pour lutter contre des émeutiers dans l'Ohio

Du point de vue du politique, dans la mesure où il touche les masses, le sentiment d'insécurité lié aux violences urbaines est peut-être plus important que les violences et dégradations urbaines elles-mêmes, car il est la véritable force qui détermine le vote sécuritaire, au-delà de la violence réelle. Le politique cherche donc à le mesurer, puis éventuellement à le faire reculer lui aussi, ce qui peut engendrer des problèmes complexes : faut-il placer les forces de police là où l'on en a vraiment besoin au risque de faire craindre un abandon au reste de la population, ou au contraire les concentrer là où elles ne jouent qu'un rôle symbolique au risque que la situation des quartiers abandonnés devienne incontrôlable en leur absence relative ? En bref, la lutte contre les violences urbaines engage donc deux curseurs dont les mouvements sont partiellement liés, mais partiellement seulement, le premier étant celui de la violence réelle, le second de la violence ressentie. En se fondant par exemple sur la démocratie de proximité, la politique publique de lutte contre les violences urbaines idéale serait donc un mélange d'action et de représentation qui serait condamnée à ne réussir que partiellement.

Conclusion

Comme l'affirme Yves Michaud, « la plupart des sociétés comportent des sous-groupes, dont le niveau de violence est sans commune mesure avec celui de la société ou, du moins, avec les évaluations communes qui y prédominent : tel est le cas des groupes militaires, des gangs de "jeunes" ou des équipes sportives ». Tel est aussi le cas des "jeunes" qui produisent la violence urbaine telle que définie plus haut. Dans les groupes que ces "jeunes" forment, la violence serait même la norme : il y serait bien vu d'avoir fait de la prison. Ce passage crédibiliserait un individu et, ce faisant, lui permettrait de ne plus avoir recours à la violence physique directe pour être respecté. Dans ces conditions d'inversion de la norme, même les luttes de pouvoir entre les "jeunes" d'un même groupe sont des luttes violentes, et cela a d'énormes conséquences sur leur espace environnant, qui est aussi celui des tiers : sur la ville, sur son mobilier urbain, sur les transports urbains, etc.

En tant que victimes directes ou indirectes de ces violences, les tiers souffrent souvent bien moins de la douleur infligée que de leur incapacité à réagir de façon appropriée à la violence qui l'inflige, c’est-à-dire en fait, le plus souvent, par la violence. Ainsi, une grande partie des traumatismes dont ils souffrent après avoir été agressés d'une manière ou d'une autre relève en fait de leur extrême loyalisme à l'égard de l'État, lequel leur enjoint de ne pas céder à la violence même quand celle-ci s'impose à eux. Ils peuvent dès lors exiger des autorités en retour à ce qu'ils ressentent comme un sacrifice une reconnaissance qui puisse les instituer en tant que victimes, victimes éventuellement qualifiées pour parler et agir contre la source de la violence qui les a atteints. Ce serait là l'ultime défi que posent les violences urbaines aux pouvoirs publics. En dégradant le cadre de vie de tous, elles transformeraient chacun en producteur de doléances auxquelles les autorités devront tôt ou tard répondre si elles ne veulent pas perdre la confiance des citoyens ou leur obéissance.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Hugues Bazin, La Culture hip-hop, Desclée de Brouwer, 1995 (ISBN 2220036472) ;
  • Sophie Body-Gendrot, « L'Insécurité. Un enjeu majeur pour les villes », in Sciences Humaines, décembre 1998 ;
  • Jacques Donzelot avec Catherine Mevel et Anne Wievekens, Faire société : la politique de la ville aux Etats-Unis et en France, Seuil, coll. « La Couleur des idées », Paris, 2003 (ISBN 2-02-057327-X) ;
  • Norbert Elias, La civilisation des mœurs, Calmann-Lévy, coll. « Agora », 1973 (ISBN 2266131044) ;
  • Hugues Lagrange, « La Pacification des mœurs et ses limites. Violence, chômage et crise de la masculinité », in Esprit, décembre 1998 ;
  • Yves Michaud, « La Violence. Une question de normes », in Sciences Humaines, décembre 1998 ;
  • Laurent Mucchielli, Violence et insécurité, Paris, La Découverte ;
  • Xavier Raufer et Alain Bauer, Violences et insécurité urbaines, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1998-2003 ;
  • Sebastian Roché, Sociologie politique de l'insécurité, PUF, Coll. « Quadrige », 2004 (ISBN 2130537049).

Liens externes

Notes

  1. ^ 1,1 1,2

    Cité par Sophie Body-Gendrot, « L'insécurité. Un enjeu majeur pour les villes », in Sciences Humaines n° 89, décembre 1998.

  2. ^ Dans son article intitulé « La violence. Une question de normes » paru dans la revue Sciences Humaines n° 89 de décembre 1998, Yves Michaud affirme ainsi : « Pour définir la violence nous devons tenir compte des normes qui nous font voir comme violentes ou non certaines actions et situations. Ces normes, ou en tout cas un certain nombre d'entre elles, varient historiquement et culturellement ».
  3. ^ Norbert Elias et Eric Dunning, Sport et civilisation. La violence maîtrisée, Fayard, Coll. « Agora », 1994.
  4. ^ Jean-Claude Chesnais, Histoire de la violence, Robert Laffont, Coll. « Pluriel », 1981.
  5. ^ Cité dans un entretien paru dans Sciences Humaines n° 89, décembre 1998. Selon Sebastian Roché, « ces évolutions pourraient résulter d'un phénomène insuffisamment pris en compte par Elias, à savoir la disjonction des scènes sociales où sont appelés à évoluer les individus. Ceux-ci sont en effet amenés à passer d'un statut à l'autre, comme d'une situation familiale ou professionnelle à une autre. La rationalisation du contrôle des pulsions est alors à géométrie variable ».
  6. ^ Selon la plupart des historiens, il faut attendre les XVIIIe et XIX e siècles pour assister à une lente décrue de la violence en général et de la criminalité en particulier dans les campagnes. Sur ce thème, voir notamment Robert Muchembled, La Violence au village, Brepols, 1989.
  7. ^ Dans l'imaginaire occidental, la ville est au cœur de la civilisation. L'irruption sporadique de la violence en son sein est donc particulièrement subversive et donc inquiétante.
  8. ^ De tous temps, la violence a fait l'objet d'études épidémiologiques, lesquelles concluaient le plus souvent à tort ou à raison que les individus qui déclenchent les incidents violents sont généralement extérieurs à l'institution où ils se produisent. Ainsi, on signale souvent que les violences scolaires sont provoquées par des éléments extérieurs à l'école ou au collège cible. Certaines études ont amendé cette conclusion qui vise aussi à rassurer les personnes « innocentes » au sein de ces établissements.
  9. ^ Cité par J. Benyon et J. Solomos in The Roots of Urban Unrest, Oxford, 1987.
  10. ^ Sophie Body-Gendrot tient ce résultat d'enquêtes de terrain comparatives menées dans différents pays, auprès des acteurs locaux : policiers, magistrats, travailleurs sociaux, habitants. En Amérique du Nord, les problèmes de violence urbaine se mesurent selon elle davantage en homicides, massacres et émeutes de grande ampleur. Finalement, dans cette région du monde, « les conflits urbains qui ont caractérisé la fin des années 60 et le début des années 70 se sont résolus par la mobilité des habitants » : selon elle, le fait que les trois quarts des Américains blancs n'habitent plus les centres-villes où vivent une majorité de Noirs et de Latinos réduit logiquement la conflictualité sociale dans ces quartiers.
  11. ^ Attention, cependant, pas moins de 18 000 voitures ont été brûlés en France en 2002, essentiellement des véhicules privés. Il n'y a pourtant pas eu cette année-là d'événement particulier tel que celui survenu en 2005.
  12. ^ Comme le souligne Jean-Pierre Bonafé-Schmitt cité dans un article du Monde daté du 11 juin 1998, « il y a toujours eu des violences à l'école, mais elles n'ont plus l'aspect initiatique qu'elles avaient autrefoi », par exemple via le bizutage.
  13. ^ Cette troisième grande théorie sur la violence a été popularisée par J. Q. Wilson et G. L. Kelling dans un article paru en 1982 sous le titre « Broken Windows », traduit dans Les Cahiers de la sécurité intérieure n° 15, du 1er trimestre 1994. Depuis, cette théorie a été étayée par Skogan in Desorder and Decline : Crime and the Spiral of Decay in American Neighbourhoods, The Free Press, 1990.
  14. ^ Le 5 novembre 2003, en France, le Conseil d'analyse économique a rendu public un rapport décrivant les mécanismes de ségrégation urbaine qui peuvent conduire à une « dislocation de la cité ». Selon ses auteurs Jean-Paul Fitoussi, Eloi Laurent et Joël Maurice, l'écart de richesse se creuse entre les communes riches et les banlieues déshéritées. À Grigny ou La Courneuve, en banlieue parisienne, le revenu moyen des foyers fiscaux s'est par exemple contracté de 15 % en douze ans.
  15. ^ Comme le remarque Hugues Lagrange dans un article intitulé « La Pacification des mœurs et ses limites », paru dans Esprit en 1998, les délinquants sont majoritairement des hommes entre 15 et 35 ans, âge de la vie où l'incidence de la toxicomanie est la plus forte.
  16. ^ Pour Peter Bachrach et Morton S. Baratz, les violences urbaines seraient le bulletin de vote du pauvre.
  17. ^ Certains estiment qu'on devrait plus exactement parler de surmédiatisation de la banlieue, mais négative, notamment dans les faits divers.
  18. ^ « Une fraction des "jeunes" hommes se trouve prise sous le feu croisé de la crise du rapport de domination masculine, dont témoigne le recul de la primo-nuptialité, et du déficit d'espoir d'accéder à un statut professionnel suscité par la récession. Ils sont redondants, pas simplement surnuméraires mais en quelques sorte superflus ». « C'est là qu'une quête de reconnaissance s'insère, dont la violence est porteuse, dont la violence sexuelle est aussi le moyen. Le viol assure son auteur, certes d'une manière dévoyée, qu'il est porteur du principe masculin ».
  19. ^ Pour un compte-rendu positif, voir Hugues Bazin, La Culture hip-hop, Desclée de Brouwer, 1995.
  20. ^ L'expression est d'Eric Hobsbawm.
  21. ^ S'agissant de la criminalité, la statistique des Comptes de la Justice n'existe en France que depuis 1825, date à partir de laquelle on peut suivre l'évolution annuelle des crimes et délits. Pour les périodes antérieures, on a recours aux archives dans ce pays.
  22. ^ Il existe en France plusieurs types de zonages. Il y a par exemple 750 « zones urbaines sensibles », à distinguer des zones qui relèvent d'un contrat local de sécurité, contrat dont la mise en œuvre a été définie par une circulaire interministérielle du 28 octobre 1987.
  23. ^ « En fait, incivilité, sentiment d'insécurité et violence sont liés. Plus d'incivilités, c'est plus de sentiment d'insécurité, plus de défiance à l'égard des institutions et, à terme, plus de délinquances ». Yves Michaud le confirme : « Une grande partie de la violence que ressentent les habitants des zones urbaines tient aujourd'hui aux atteintes à la propriété, au vandalisme quotidien, aux incivilités qui gâchent la vie (insultes, menaces, bruits, petits larcins, mendicité agressive) ».

Le Petit Chaperon rouge - Charles Perrault

Le Petit Chaperon rouge



Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge.

Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n’osa, à cause de quelques Bûcherons qui étaient dans la Forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un Loup, lui dit : Je vais voir ma Mère-grand, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma Mère lui envoie. Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup.

Oh ! oui, dit le Petit Chaperon rouge, c’est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du Village. Eh bien, dit le Loup, je veux l’aller voir aussi ; je m’y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s’en alla par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait.

Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ; il heurte : Toc, toc. Qui est là ? C’est votre fille le Petit Chaperon rouge (dit le Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. Ensuite il ferma la porte, et s’alla coucher dans le lit de la Mère-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps après vint heurter à la porte. Toc, toc.

Qui est là ? Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup eut peur d’abord, mais croyant que sa Mère-grand était enrhumée, répondit : C’est votre fille le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit.

Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. Le Petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ? C’est pour mieux t’embrasser, ma fille.

Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ? C’est pour mieux courir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles ? C’est pour mieux écouter, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ? C’est pour mieux voir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents. C’est pour te manger. Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea.

MORALITÉ

On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup mange.
Je dis le Loup, car tous les Loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
De tous les Loups sont les plus dangereux.

Source : Wikisource.

Les Fées - Charles Perrault

Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l'aînée lui ressemblait si fort et d'humeur et de visage, que qui la voyait voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son Père pour la douceur et pour l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu'on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et en même temps avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.

Il fallait entre autres choses que cette pauvre enfant allât deux fois le jour puiser de l'eau à une grande demi lieue du logis, et qu'elle en rapportât plein une grande cruche. Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la pria de lui donner à boire. - Oui-dà, ma bonne mère, dit cette belle fille ; et rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine, et la lui présenta, soutenant toujours la cruche afin qu'elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit :

- Vous êtes si belle, si bonne, et si honnête, que je ne puis m'empêcher de vous faire un don (car c'était une Fée qui avait pris la forme d'une pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait l'honnêteté de cette jeune fille). Je vous donne pour don, poursuivit la Fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une Fleur, ou une Pierre précieuse.

Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine.

- Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si longtemps ; et en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux Roses, deux Perles, et deux gros Diamants. - Que vois-je ? dit sa mère tout étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des Perles et des Diamants ; d'où vient cela, ma fille ? (Ce fut là la première fois qu'elle l'appela sa fille.) La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de Diamants. - Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille ; tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre soeur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d'avoir le même don ? Vous n'avez qu'à aller puiser de l'eau à la fontaine, et quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine. Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l'heure.

Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau Flacon d'argent qui fût dans le logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine qu'elle vit sortir du bois une Dame magnifiquement vêtue qui vint lui demander à boire :

c'était la même Fée qui avait apparu à sa soeur mais qui avait pris l'air et les habits d'une Princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille.

- Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire, justement j'ai apporté un Flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis, buvez à même si vous voulez. - Vous n'êtes guère honnête, reprit la Fée, sans se mettre en colère ; hé bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou un crapaud.

D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : - Hé bien, ma fille ! - Hé bien, ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères, et deux crapauds. - ô Ciel ! s'écria la mère, que vois-je là ? C'est sa soeur qui en est cause, elle me le payera ; et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s'enfuit, et alla se sauver dans la Forêt prochaine.

Le fils du Roi qui revenait de la chasse la rencontra et la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là toute seule et ce qu'elle avait à pleurer. Hélas ! Monsieur c'est ma mère qui m'a chassée du logis. Le fils du Roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six Perles, et autant de Diamants, la pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du Roi en devint amoureux, et considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à un autre, l'emmena au Palais du Roi son père où il l'épousa. Pour sa soeur elle se fit tant haïr que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulût la recevoir alla mourir au coin d'un bois.

Moralité

Les Diamants et les Pistoles
Peuvent beaucoup sur les Esprits ;
Cependant les douces paroles
Ont encore plus de force, et sont d'un plus grand prix.

Autre Moralité

L'honnêteté coûte des soins,
Elle veut un peu de complaisance,
Mais tôt ou tard elle a sa récompense,
Et souvent dans le temps qu'on y pense le moins.

Source : Wikisource.

lundi 13 février 2006

Chacun et chaque chose à sa place

Source : Wikisource

Chacun et chaque chose à sa place




C'était il y a plus de cent ans.

Il y avait derrière la forêt, près du grand lac, un vieux manoir entouré d'un fossé profond où croissaient des joncs et des roseaux. Tout près du pont qui conduisait à la porte cochère, il y avait un vieux saule qui penchait ses branches au-dessus du fossé.

Dans le ravin retentirent soudain le son du cor et le galop des chevaux.

La petite gardeuse d'oies se dépêcha de ranger ses oies et de laisser le pont libre à la chasse qui arrivait à toute bride. Ils allaient si vite, que la fillette dut rapidement sauter sur une des bornes du pont pour ne pas être renversée. C'était encore une enfant délicate et mince, mais avec une douce expression de visage et deux yeux clairs ravissants. Le seigneur ne vit pas cela ; dans sa course rapide, il faisait tournoyer la cravache qu'il tenait à la main. Il se donna le brutal plaisir de lui en donner en pleine poitrine un coup qui la renversa.

- Chacun à sa place ! cria-t-il.

Puis il rit de son action comme d'une chose fort amusante, et les autres rirent également. Toute la société menait un grand vacarme, les chiens aboyaient et on entendait des bribes d'une vieille chanson :

De beaux oiseaux viennent avec le vent !

La pauvre gardeuse d'oies versa des larmes en tombant ; elle saisit de la main une des branches pendantes du saule et se tint ainsi suspendue au- dessus du fossé.

Quand la chasse fut passée, elle travailla à sortir de là, mais la branche se rompit et la gardeuse d'oies allait tomber à la renverse dans les roseaux, quand une main robuste la saisit.

C'était un cordonnier ambulant qui l'avait aperçue de loin et s'était empressé de venir à son secours.

- Chacun à sa place ! dit-il ironiquement, après le seigneur, en la déposant sur le chemin.

Il remit alors la branche cassée à sa place. «A sa place », c'est trop dire. Plus exactement il la planta dans la terre meuble.

- Pousse si tu peux, lui dit-il, et fournis-leur une bonne flûte aux gens de là haut ! Puis il entra dans le château, mais non dans la grande salle, car il était trop peu de chose pour cela. Il se mêla aux gens de service qui regardèrent ses marchandises et en achetèrent.

A l'étage au-dessus, à la table d'honneur, on entendait un vacarme qui devait être du chant, mais les convives ne pouvaient faire mieux. C'étaient des cris et des aboiements ; on faisait ripaille. Le vin et la bière coulaient dans les verres et dans les pots ; les chiens de chasse étaient aussi dans la salle. Un jeune homme les embrassa l'un après l'autre, après avoir essuyé la bave de leurs lèvres avec leurs longues oreilles.

On fit monter le cordonnier avec ses marchandises, mais seulement pour s'amuser un peu de lui. Le vin avait tourné les têtes. On offrit au malheureux de boire du vin dans un bas.

- Presse-toi! lui cria-t-on.

C'était si drôle qu'on éclata de rire ! Puis ce fut le tour des cartes ; troupeaux entiers, fermes, terres étaient mis en jeu.

- Chacun à sa place ! s'écria le cordonnier, quand il fut sorti de cette Sodome et de cette Gomorrhe, selon ses propres termes. Le grand chemin, voilà ma vraie place. Là-haut je n'étais pas dans mon assiette.

Et la petite gardeuse d'oies lui faisait du sentier un signe d'approbation.

Des jours passèrent et des semaines. La branche cassée que le cordonnier avait planté ça sur le bord du fossé était fraîche et verte, et à son tour produisait de nouvelles pousses. La petite gardeuse d'oies s'aperçut qu'elle avait pris racine ; elle s'en réjouit extrêmement, car c'était son arbre, lui semblait-il.

Mais si la branche poussait bien, au château, en revanche, tout allait de mal en pis, à cause du jeu et des festins : ce sont là deux mauvais bateaux sur lesquels il ne vaut rien de s'embarquer.

Dix ans ne s'étaient point écoulés que le seigneur dut quitter le château pour aller mendier avec un bâton et une besace. La propriété fut achetée par un riche cordonnier, celui justement que l'on avait raillé et bafoué et à qui on avait offert du vin dans un bas. La probité et l'activité sont de bons auxiliaires ; du cordonnier, ils firent le maître du château. Mais à partir de ce moment, on n'y joua plus aux cartes.

- C'est une mauvaise invention, disait le maître. Elle date du jour où le diable vit la Bible. Il voulut faire quelque chose de semblable et inventa le jeu de cartes.

Le nouveau maître se maria ; et avec qui ? Avec la petite gardeuse d'oies qui était toujours demeurée gentille, humble et bonne. Dans ses nouveaux habits, elle paraissait aussi élégante que si elle était née de haute condition. Comment tout cela arriva-t-il ? Ah ! c'est un peu trop long à raconter ; mais cela eut lieu et, encore, le plus important nous reste à dire.

On menait une vie très agréable au vieux manoir. La mère s'occupait elle- même du ménage ; le père prenait sur lui toutes les affaires du dehors. C'était une vraie bénédiction; car, là où il y a déjà du bien-être, tout changement ne fait qu'en apporter un peu plus. Le vieux château fut nettoyé et repeint; on cura les fossés, on planta des arbres fruitiers. Tout prit une mine attrayante. Le plancher lui-même était brillant comme du cuivre poli. Pendant les longs soirs d'hiver, la maîtresse de la maison restait assise dans la grande salle avec toutes ses servantes, et elle filait de la laine et du lin. Chaque dimanche soir, on lisait tout haut un passage de la Bible. C'était le conseiller de justice qui lisait, et le conseiller n'était autre que le cordonnier colporteur, élu à cette dignité sur ses vieux jours. Les enfants grandissaient, car il leur était né des enfants; s'ils n'avaient pas tous des dispositions remarquables, comme cela arrive dans chaque famille, du moins tous avaient reçu une excellente éducation.

Le saule, lui, était devenu un arbre magnifique qui grandissait libre et non taillé.

- C'est notre arbre généalogique ! disaient les vieux maîtres; il faut l'honorer et le vénérer, enfants.

Et même les moins bien doués comprenaient un tel conseil.

Cent années passèrent.

C'était de nos jours. Le lac était devenu un marécage; le vieux château était en ruines. On ne voyait là qu'un petit abreuvoir ovale et un coin des fondations à côté; c'était ce qui restait des profonds fossés de jadis. Il y avait là aussi un vieil et bel arbre qui laissait tomber ses branches. C'était l'arbre généalogique. On sait combien un saule est superbe quand on le laisse croître à sa guise. Il était bien rongé au milieu du tronc, de la racine jusqu'au faîte ; les orages l'avaient bien un peu abîmé, mais il tenait toujours, et dans les fentes où le vent avait apporté de la terre, poussaient du gazon et des fleurs. Tout en haut du tronc, là où les grandes branches prenaient naissance, il y avait tout un petit jardin avec des framboisiers et des aubépines. Un petit arbousier même avait poussé, mince et élancé, sur le vieil arbre qui se reflétait dans l'eau noire de l'abreuvoir. Un petit sentier abandonné traversait la cour tout près de là. Le nouveau manoir était sur le haut de la colline, près de la forêt. On avait de là une vue superbe.

La demeure était grande et magnifique, avec des vitres si claires qu'on pouvait croire qu'il n'y en avait pas.

Rien n'était en discordance. «Tout à sa place ! » était toujours le mot d'ordre. C'est pourquoi tous les tableaux qui, jadis, avaient eu la place d'honneur dans le vieux manoir étaient suspendus maintenant dans un corridor. N'étaient-ce pas des «croûtes», à commencer par deux vieux portraits représentant, l'un, un homme en habit rouge, coiffé d'une perruque, l'autre, une dame poudrée, les cheveux relevés, une rose à la main ? Une grande couronne de feuilles de saule les entourait. Il y avait de grands trous ronds dans la toile; ils avaient été faits par les jeunes barons qui, tirant à la carabine, prenaient pour cible les deux pauvres vieux, le conseiller de justice et sa femme, les deux ancêtres de la maison. Le fils du pasteur était précepteur au château. Il mena un jour les petits barons et leur sœur aînée, qui venait d'être confirmée, par le petit sentier qui conduisait au vieux saule.

Quand on fut au pied de l'arbre, le plus jeune des barons voulut se tailler une flûte comme il l'avait déjà fait avec d'autres saules, et le précepteur arracha une branche.

- Oh! ne faites pas cela! s'écria, mais trop tard, la petite fille. C'est notre illustre vieux saule! Je l'aime tant! On se moque de moi pour cela, à la maison, mais cela m'est égal. Il y a une légende sur le vieil arbre ...

Elle conta alors tout ce que nous venons de dire au sujet de l'arbre, du vieux château, de la gardeuse d'oies et du colporteur dont la famille illustre et la jeune baronne elle-même descendaient.

Ces braves gens ne voulaient pas se laisser anoblir, dit- elle. «Chacun et chaque chose à sa place» était leur devise. L'argent ne leur semblait pas un titre suffisant pour qu'on les élevât au-dessus de leur rang. Ce fut leur fils, mon grand-père, qui devint baron. Il avait de grandes connaissances et était très considéré et très aimé du prince et de la princesse qui l'invitaient à toutes leurs fêtes. C'était lui que la famille révérait le plus, mais je ne sais pourquoi, il y a en moi quelque chose qui m'attire surtout vers les deux ancêtres. Ils devaient être si affables, dans leur vieux château où la maîtresse de la maison filait assise au milieu de ses servantes et où le maître lisait la Bible tout haut.

Le précepteur prit la parole:

- Il est à la mode dit-il, chez nombre de poètes, de dénigrer les nobles, en disant que c'est chez les pauvres, et, de plus en plus, à mesure qu'on descend dans la société, que brille la vraie noblesse. Ce n'est pas mon avis; c'est chez les plus nobles qu'on trouve les plus nobles traits. Ma mère m'en a conté un, et je pourrais en ajouter plusieurs. Elle faisait visite dans une des premières maisons de la ville où ma grand-mère avait, je crois, été gouvernante de la maîtresse de la maison. Elle causait dans le salon avec le vieux maître, un homme de la plus haute noblesse. Il aperçut dans la cour une vieille femme qui venait, appuyée sur des béquilles. Chaque semaine, on lui donnait quelques shillings.

- La pauvre vieille! Elle a bien du mal à marcher! dit-il.

« Et, avant que ma mère s'en fût rendu compte, il était en bas, à la porte; ainsi lui, le vieux seigneur octogénaire, sortait pour épargner quelques pas à la vieille et lui remettre ses shillings. Ce n'est qu'un simple trait; mais, comme l'aumône de la veuve, il va droit au cœur et le fait vibrer. C'est ce but que devraient poursuivre les poètes de notre temps; pourquoi ne chantent-ils pas ce qui est bon et doux, ce qui réconcilie ?»

Mais il est vrai qu'il y a un autre genre de nobles.

- Cela sent la roture, ici ! disent-ils aux bourgeois.

«Ces nobles-là, oui, ce sont de faux nobles, et l'on ne peut qu'applaudir à ceux qui les raillent dans leurs satires. »

Ainsi parla le précepteur. C'était un peu long, mais aussi, l'enfant avait eu le temps de tailler sa flûte.

Il y avait grande réunion au château: hôtes venus de la capitale ou des environs, dames vêtues avec goût ou sans goût. La grande salle était pleine d'invités. Le fils du pasteur se tenait modestement dans un coin.

On allait donner un grand concert. Le petit baron avait apporté sa flûte de saule, mais il ne savait pas souffler dedans, ni son père non plus.

Il y eut de la musique et du chant. S'y intéressèrent surtout ceux qui exécutèrent. C'était bien assez, du reste.

- Mais vous êtes aussi un virtuose! dit au précepteur un des invités. Vous jouez de la flûte. Vous nous jouerez bien quelque chose ?

En même temps, il tendit au précepteur la petite flûte taillée près de l'abreuvoir. Puis il annonça très haut et très distinctement que le précepteur du château allait exécuter un morceau sur la flûte.

Le précepteur, comprenant qu'on allait se moquer de lui, ne voulait pas jouer, bien qu'il sût. Mais on le pressa, on le força, et il finit par prendre la flûte et la porter à sa bouche.

Le merveilleux instrument ! Il émit un son strident comme celui d'une locomotive; on l'entendit dans tout le château, et par-delà la forêt. En même temps s'élevait une tempête de vent qui sifflait :

- Chacun à sa place!

Le maître de la maison, comme enlevé par le vent, fut transporté à l'étable. Le bouvier fut emmené, non dans la grande salle, mais à l'office, au milieu des laquais en livrée d'argent. Ces messieurs furent scandalisés de voir cet intrus s'asseoir à leur table !

Dans la grande salle, la petite baronne s'envola à la place d'honneur, où elle était digne de s'asseoir. Le fils du pasteur prit place près d'elle ; tous deux semblaient être deux mariés. Un vieux comte, de la plus ancienne noblesse du pays, fut maintenu à sa place, car la flûte était juste, comme on doit l'être.

L'aimable cavalier à qui l'on devait ce jeu de flûte, celui qui était fils de son père, alla droit au poulailler.

La terrible flûte! Mais, fort heureusement, elle se brisa, et c'en fut fini du: «Chacun à sa place! »

Le jour suivant, on ne parlait plus de tout ce dérangement. Il ne resta qu'une expression proverbiale: «ramasser la flûte » .

Tout était rentré dans l'ancien ordre. Seuls, les deux portraits de la gardeuse d'oies et du colporteur pendaient maintenant dans la grande salle, où le vent les avait emportés. Un connaisseur ayant dit qu'ils étaient peints de main de maître, on les restaura.

«Chacun et chaque chose à sa place !» On y vient toujours. L'éternité est longue, plus longue que cette histoire.

vendredi 10 février 2006

Hydrogène

L'hydrogène peut servir de carburant pour moteurs. Chrysler-BMW possède une flotte de voitures (moteurs thermiques) roulant à l'hydrogène H2, sans pile à combustible, avec réservoir cryogénique. De nouveaux procédés sont en train d'aboutir et pourraient permettre d'abandonner progressivement le pétrole ou le gaz naturel comme carburant et offrir ainsi une solution à la crise énergétique, les réserves de combustibles fossiles s'épuisant continuellement tandis que la demande énergétique ne cesse d'augmenter. Les piles à combustible ne sont pas une technologie rentable actuellement car elles sont dotées de mousse de platine, très onéreuses.

Histoire

L'hydrogène fut reconnu comme une substance distincte en 1776 par Henry Cavendish. Antoine Lavoisier lui donna son nom hydrogène qui vient du grec hudôr, « eau » et gennen, « générer ».

La Catastrophe du Hindenburg a marqué le glas de son utilisation en aéronautique.

Occurrence

L'hydrogène est l'élément le plus abondant de l'univers : 75% en masse et 90% en nombre d'atomes. Cet élément se trouve en grande quantité dans les étoiles et les planètes gazeuses. Relativement à son abondance dans l'univers, l'hydrogène est très rare dans l'atmosphère terrestre : environ 1 ppm en volume.

Sur Terre, la source la plus commune d'hydrogène est l'eau dont les molécules sont composées de deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène ; mais la plupart des matières organiques, comme celle qui constitue les êtres vivants, mais aussi le pétrole et le gaz naturel, sont des sources d'hydrogène. Le méthane (CH4), qui est un produit de la décomposition des matières organiques, est une source d'hydrogène de plus en plus importante.

L'hydrogène peut être produit de plusieurs façons : l'action de la vapeur sur du carbone à haute température, le craquage des hydrocarbures par la chaleur, l'action de la soude ou de la potasse sur l'aluminium, l'électrolyse de l'eau ou par de son déplacement depuis les acides par certains métaux. Certains microorganismes (microalgues, cyanobactéries et bactéries) sont également capables de produire de l'hydrogène, à partir d'énergie solaire ou de biomasse.

L'hydrogène brut disponible dans le commerce est généralement fabriqué par décomposition du gaz naturel.

Production par vaporeformage

Vaporeformage

C'est le procédé qui aujourd'hui est le plus utilisé au niveau industriel. Son principe est basé sur la dissociation de molécules carbonées (méthane, monoxyde de carbone) en présence de vapeur d'eau et de chaleur.

Cette technologie est énormément utilisée. Elle a le gros inconvénient de produire du dioxyde de carbone qui est un gaz à effet de serre.

Production par électrolyse de l'eau

Cette technologie consiste à faire passer un courant électrique dans l'eau afin d'obtenir la dissociation des molécules d'eau en dihydrogène et dioxygène.

Réaction à l'anode :

Réaction à l'anode

Réaction à la cathode :

Réaction à la cathode

Globalement, nous avons :

Réaction globale

Cette technologie nécessite de grandes quantités d'électricité. Elle est relativement peu utilisée.

Stockage en gaz comprimé

C'est la forme la plus commune de stockage du dihydrogène. Le gaz est stockée à des pression de 350 ou 700 bar.

La technologie existe et est couramment utilisée. Son inconvénient réside dans les faibles efficacités en terme d'encombrement en comparaison des autres méthodes. Cet encombrement étant une des difficultés pour l'utilisation du dihydrogène sous forme de gaz comprimé dans les applications automobiles.

Stockage sous forme liquide

Le dihydrogène est liquéfié à une température de -253°C.

La technologie est existante. Contrairement au gaz comprimé, elle a une nettement meilleure efficacité en ce qui concerne l'encombrement. Cependant cet avantage est modéré par le volume relativement important des enceintes isolantes nécessaire pour éviter l'évaporation. Cependant, il faut une énergie importante pour passer en phase liquide. La liquéfaction consomme 30 à 40% du contenu énergétique du gaz. Elle a un coût relativement élevé.

Stockage en hydrures métalliques

Les atomes d'hydrogène sont stockés dans certains composés métalliques. On récupère le dihydrogène en chauffant. Cette technique est aujourd'hui mal maîtrisée. Elle a l'inconvénient de demander un dihydrogène extrêmement pur afin d'éviter de détruire la capacité d'absorption des hydrures. Le chauffage pour récupérer le gaz est également un handicap. Ce type de stockage en est au stade de recherche et n'est pas disponible aujourd'hui sur une base industrielle.

Capacité de stockage de certains hydrures.

Hydrure Pourcentage de dihydrogène
contenu (en masse)
LaNi5H6,5 1,4 %
ZnMn2H3,6 1,8 %
TiFeH2 1,9 %
Mg2NiH4 3,6 %
VH2 3,8 %
MgH2 7,6 %

Stockage par absorption sur du carbone

Cette technique permet de stocker en surface de certaines structures de carbone telle que du charbon actif ou des nanotubes les molécules de dihydrogène. Elle permet de stocker 0.05 à 2 % en masse de dihydrogène.

Ce type de stockage est au stade de recherche.

Sources : Hydrogène et Dihydrogène de Wikipedia.

Piliers du développement durable

Généralement, on considère que le développement durable comprend trois piliers : l'environnement (respect de la nature, eau douce, biodiversité, beauté du paysage..), le social (droits de l'Homme, respect de l'Homme et des communautés, religions, nations..), et l'économie (critère de faisabilité, coût moindre..).

J'aimerai partager un autre point de vue, un découpage légèrement différent avec toujours trois piliers : l'environnement (respect de la nature : matière, vie végétale et animale), le social (respect des autres êtres humains, des individus comme des groupes : pays, religion..) qui comprend l'économie qui est bien un phénomène social, et enfin la relation à soi-même (respect de soi-même).

J'ai ajouté ce pilier de relation à soi-même car il me semble important. Et je pense que tout le monde y accorde aussi une grande importance puisqu'il s'agit d'être heureux, d'avoir "bonne conscience" et cela demande de se connaître et d'agir en accord avec ses propres valeurs.

Quel rapport avec le développement durable, me direz-vous ? Eh bien, tout simplement parce qu'il faut de la foi et du courage pour changer le monde. Et cela demande de la foi en soi !

Pour prendre une image, on dit pour la biodiversité, que chaque espèce est importante. De même, chaque être humain compte et est important.

A cela, on peut voir un pilier central partagé par ces trois piliers, qui est le respect et plus généralement l'éthique.

Si on agit dans ces trois domaines de relation d'une bonne façon, on peut s'attendre alors à de bons résultats.

On comprend donc que l'effort principal est de trouver des valeurs universelles, définir une éthique acceptée et suivie par tous, bref redéfinir le "bien" et le "mal". A cela, les religions ont tenté de donner une réponse. Les athées aussi, dans une volonté humaniste, en parlant d'éthique et d'esthétisme.

Une bonne base de départ dans cette recherche est cette valeur du respect.

On comprend intuitivement, que le respect de l'autre signifie respecter ses différences, sa couleur, ses croyances, sa culture : on lui donne le droit de s'exprimer. On peut parler de tolérance. On respecte aussi ce qui le rend commun à nous, son statut d'être humain qui a besoin de se nourrir convenablement, d'une bonne hygiène (eau douce).. On peut parler de générosité.

Le respect du soi correspondrait par exemple à ne pas accepter des valeurs qui ne sont pas les siennes. Cela n'empêche pas d'accepter que quelqu'un d'autre ait ces valeurs !

Le respect de l'environnement est facile à comprendre mais difficile à mettre en oeuvre car demande une connaissance des animaux, des plantes, de la nature. Or, on a perdu cette relation à la nature, en vivant dans des villes..

Un grand programme en perspective, n'est-ce pas ?

Un monde à vendre

Documentaire
Un monde à vendre
(Allemagne, 2002, 59mn)
SWR
Réalisateur: Bertram Verhaag, Gabriele Kröber

Malgré ses promesses, le génie génétique est porteur de lourdes menaces. Quels risques fait-il peser sur notre économie, notre environnement et nos modes de vie ? Embryons de réponses dans cette serie en deux épisodes, avec ce soir les OGM.

(1) OGM, la mainmise sur l'agriculture (jeudi, 9 février 2006 à 22:25 sur Arte)

En 2002, malgré les protestations des défenseurs de l'environnement, l'Inde a autorisé ses producteurs de coton à utiliser la semence BT, une graine contenant un virus qui, tel un insecticide, détruit les anthonomes et les vers. Bien qu'elle coûte quatre fois plus cher que la semence conventionnelle, cette graine n'a pas tenu ses promesses de rendement. Du coup, nombre de paysans se retrouvent gravement endettés - des dizaines d'entre eux se seraient même suicidés. Une situation dénoncée par la physicienne et militante écologiste Vandana Shiva. Responsable depuis quinze ans d'une exploitation située au pied de l'Himalaya, elle préconise les méthodes agricoles douces et durables et fournit les paysans en semences traditionnelles.

Le risque génétique

Depuis une dizaine d'années, le débat sur la recherche génétique mobilise tous les esprits. Rendements agricoles intensifiés, croissance animale accélérée, guérison de maladies jusqu'alors incurables... Les promesses de cette nouvelle science sont nombreuses. Les interrogations aussi : grâce aux brevets génétiques, le vivant ne risque-t-il pas d'être monopolisé par les grands trusts internationaux ? Quel impact peuvent avoir les organismes transgéniques (plantes, animaux) sur notre environnement ? Sur notre santé ? Jusqu'où peut-on manipuler le vivant ? Autant de questions sur lesquelles le documentaire attire notre attention. À partir d'expériences concrètes (le coton transgénique en Inde, le saumon écossais, les recherches sur l'ADN humain), chaque épisode d'Un monde à vendre explore les dérives possibles dans les domaines du vivant.

Prochain épisode le Jeudi 16 février sur Arte

Source : Arte

jeudi 9 février 2006

Vandana Shiva

Vandana Shiva (Dehradun, Uttaranchal, Inde, 5 novembre 1952 - ) physicienne, féministe, scientifique indienne, lauréate du prix Nobel alternatif, écrivain, docteur en philosophie des sciences, dirige la fondation de recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles.

C'est une des chefs de file du courant altermondialiste au niveau mondial, notamment pour les questions d'agriculture paysanne et biologique, elle est opposée au brevetage du vivant et la biopiraterie.

Fondatrice de l'association « Navdanya », la ferme de Navdanya est une banque de semences modèles, qui a permis à plus de 10 000 fermiers de redécouvrir l'agriculture « organique » comme on le dit en Inde (principe entre l'agriculture paysanne et l'agriculture biologique).

Elle est parfois qualifiée de « José Bové en sari », ce dernier est d'ailleurs l'un de ses amis.

Bibliographie

  • La guerre de l'eau - Privatisation, pollution et profit
  • Ethique et agro-industrie - Main basse sur la vie (1996)
  • Ecoféminisme (1999) avec Maria Mies
  • Le terrorisme alimentaire - Comment les multinationales affament le tiers-monde (2001) avec Marcel Blanc
  • La vie n'est pas une marchandise - La dérive des droits de propriété intellectuelle (2003)
  • La biopiraterie ou le pillage de la nature et de la connaissance

Voir aussi

écoféminisme

Liens externes

Source : Wikipedia

Hoggar

Hoggar

Hoggar 2

Le Hoggar (du berbère Ahaggar) est une chaîne de montagnes du Sahara dans le sud de l'Algérie. Cette chaîne de montagne est située juste à l’ouest de Tamanrasset, son point le plus haut culminant à 2918 mètres (le mont Tahat). Un point célèbre est l’Assekrem, à 80 km de Tamarasset à vol d’oiseau et facilement accessible par piste. L’Assekrem accueillit l’ermitage d’été du Père de Foucault, qui s’y installa dès 1905. Charles de Foucault fut le principal artisan du développement local.

Le massif du Hoggar est aussi le terrain ancestral du groupe Touareg appelé Kel Ahaggar. Près de la ville de Tamanrasset, dans l’oasis de Abalassa, il est possible de trouver le tombeau de la célèbre Tin Hinan, une matriarche qui serait l’ancêtre des Touareg du Hoggar. Selon la légende, Tin Hinan viendrait de Tafilalt (montagnes de l’Atlas).

Littérature

  • L'Atlantide (1919) de Pierre Benoit
  • Bivouacs sous la lune, tome 1 : La piste oubliée (1950) de Roger Frison-Roche
  • Bivouacs sous la lune, tome 2 : La montagne aux écritures (1952) de Roger Frison-Roche
  • Tefedest (1953) de Louis CARL
  • La ville de sel (1954) de Louis CARL

Source : Wikipedia

Marc Carl

Marc Carl

Ecologue et humaniste français né en 1949.

Pionnier historique de l'écologie humaniste, principal fondateur du réseau international d'écologie humaniste Gaia Mater (la Terre mère), Marc Carl a fortement contribué à l’expression de ce courant de pensée. C'est un expert international dans les domaines de l’énergie, de l’eau, et de la valorisation des déchets industriels, et responsable d'opérations de solidarité internationale inter-ONG. Il est à ce titre dirigeant permanent accrédité d'ONG sous statut consultatif spécial, au Conseil Economique et Social de l'ONU.

Mais si l'on considère sa formation d'ancien élève du Centre d'Etudes Supérieures Industrielles d'Ile de France, puis de l'Université Paris Dauphine (Gestion Approfondie et Direction d'Entreprise), sa vocation philosophique humaniste peut sembler atypique.

Il s'est pourtant investi dans l'humain, en privilégiant la voie de l’association, de l’autogestion, du partage, celle qui place le travail avant le capital. Pratiquant et enseignant d'arts martiaux, il s'est particulièrement intéressé aussi à la maîtrise des comportements conflictuels, publiant dans ce domaine deux ouvrages, La boxe libre et Savate & chausson (Ed. Chiron, Paris, 1976). Pour l'exemple, plusieurs de ses publications ont été distribuées avec des droits d'auteur reversés à des associations d'intérêt public. De même, certains brevets des applications industrielles issues de ses travaux ont été transmis gratuitement à des structures d’économie solidaire.

Dès 1979, il a créé en France l’une des premières sociétés coopératives ouvrières de production engagée dans le développement des énergies non polluantes (solaire, hydrogène), et le traitement de l’eau et des déchets. Puis il a démontré concrètement la valeur des principes d’écologie humaniste à plus grande échelle, en organisant et en dirigeant des groupements d’entreprises et des programmes de coopération internationale.

Il a perfectionné le stockage de l’hydrogène sur hydrures métalliques, et il est réputé aussi pour ses travaux sur les procédés physico-chimiques de recyclage, couronnés par d’importants brevets suivis d’applications industrielles multiples. Il se définit humblement comme un simple "entrepreneur humaniste" et refuse toute médiatisation artificielle, mais sa contribution a été déterminante pour le mouvement d'humanisme environnemental.

Dans les actions d'ONG qu'il a dirigées, il s'est particulièrement occupé de l'aide à l'Afrique centrale et saharienne, suivant en cela les traces de son père, Louis Carl, ethnologue français (1924-1982), explorateur spécialiste des civilisations africaines, qui avait découvert et décrypté les fresques préhistoriques du Hoggar et du Tibesti. Dans les ouvrages les plus connus de Louis Carl, Tefedest (Arthaud, Paris -1953), La Ville de Sel (Julliard, Paris -1954), et Mountains in the Desert (Doubleday & Cie, New York, 1954), on retrouve la source de l'inspiration naturaliste du fils.

Mais Marc Carl est allé plus loin. Il a rattaché l’humanisme environnemental à une philosophie de l’évolution. Dans sa conception, le vivant intelligent peut changer tout ou partie de l’évolution universelle. Et l’évolution humaine dépendant désormais plus de sa culture que de la sélection naturelle, elle doit s’inscrire dans un processus d’adaptation permanente à son environnement évolutif, où sa pensée doit rester aussi libre que possible, et où toute l’espèce doit nécessairement s’unir pour éviter de s’auto-détruire, en partageant efficacement ses ressources. Marc Carl a voulu démontrer aussi que l'esprit humain peut d'autant mieux progresser qu'il accepte l'éventualité de l'erreur et la possibilité de la corriger en permanence.

Les principaux ouvrages de Marc Carl relatifs à l'écologie humaniste

Ouvrages de Marc Carl

Source : Wikipedia

Baruch Spinoza

Spinoza

Baruch Spinoza (1632 - 1677), philosophe néerlandais.

Éthique

  • La haine ne peut jamais être bonne. Elle s'augmente par une haine réciproque et au contraire, elle peut être étouffée par l'amour, de telle sorte que la haine se change en amour.
  • Rien ne peut être plus conforme à la nature d'une chose que les individus de la même espèce, et conséquemment rien ne peut être plus utile à l'homme pour conserver son être et jouir de la vie raisonnable que l'homme lui-même quand la raison le conduit.
  • Les hommes se croient libres pour la seule raison qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par quoi elles sont déterminées.

Attribuées

  • L'homme libre, qui vit parmi les ignorants, s'applique autant qu'il peut à éviter leurs bienfaits.
  • Le désir qui naît de la joie est plus fort, toutes circonstances égales d'ailleurs, que le désir qui naît de la tristesse.
  • Une affection, qui est une passion, cesse d'être une passion sitôt que nous nous en formons une idée claire et distincte.

Source : Wikiquote

André Comte-Sponville

André Comte-Sponville, né en 1952, est un philosophe français.

Le Bonheur, désespérément

  • Ce n'est pas la valeur de l'objet aimé qui gouverne ou justifie l'amour ; c'est l'amour qui donne de la valeur à son objet.
  • Il ne s'agit pas de s'interdire d'espérer : il s'agit d'apprendre à penser, à vouloir et à aimer !
  • La philosophie est une pratique discursive qui a la vie pour objet, la raison pour moyen et le bonheur pour but.

Attribuées

  • Toute angoisse est imaginaire; le réel est son antidote.

Source : Wikiquote.

La Joconde

Mona Lisa
Mona Lisa

Visage de Mona Lisa
Le visage de Mona Lisa

La Joconde (ou Portrait de Mona Lisa) est un tableau de Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1507. Huile sur panneau de bois de peuplier de 77 x 53 cm, il est exposé au Musée du Louvre à Paris. La Joconde est l'un des seuls tableaux attribués à Léonard pour lequel il est sans conteste reconnu être l'auteur.

Description

La Joconde est le portrait d'une jeune femme, sur fond d'un paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux. Le flou du tableau est caractéristique de la technique du sfumato.

Le sfumato, de l'italien enfumé, est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates qui donne au tableau des contours imprécis.

La femme porte sur la tête un voile noir transparent. On remarque qu'elle est totalement épilée, conformément à la mode de l'époque, et ne présente ni cils ni sourcils. Elle est assise sur un fauteuil dont on aperçoit le dossier à droite du tableau. Ses mains sont croisées, posées sur un bras du fauteuil. Elle se trouve probablement dans une loggia : on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l'amorce de la base renflée d'une colonne sur la gauche. A l'arrière plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détache un chemin sinueux et une rivière qu'enjambe un pont de pierre.

Histoire du tableau

Le modèle

De nombreuses hypothèses ont été formulées à propos de l'identité du modèle.

1. Selon l'hypothèse la plus courante, le modèle s'appellerait Lisa Gherardini, née en 1479 à Florence. Issue d'une famille modeste, elle épouse à 16 ans le fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo del Giocondo. Déjà veuf à deux reprises, Giocondo a 19 ans de plus que Lisa. Elle lui donna trois enfants, Piero Francesco - né en 1496 - une fille au prénom inconnu morte en 1499 et Andrea - né en 1502.

Francesco del Giocondo possédait une chapelle familiale dans l'église de la Santissima Annunziata, où il fut plus tard inhumé. Cette église était tenue par les Servites de Marie, qui ont hébergé en 1501 Léonard, fils de Piero da Vinci, le notaire de leur ordre. Il est probable que Léonard et Francesco ont fait connaissance à cette époque. En 1503, Francesco del Giocondo emménage dans une demeure plus grande, via della Stufa, et cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse. Il se tourne vers Léonard de Vinci. Lisa Gherardini était âgée de 24 ans, et Léonard de 51 au moment où il commença son tableau.

Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau. Il était inachevé quand l'artiste quitta Florence pour Milan.

Cette thèse reste discutée, puisque aucune trace d'un paiement n'a été retrouvée.

2. Certains font l'hypothèse que le modèle de la Joconde est en fait un autoportrait travesti, comme l'attesterait la superposition des calques des autoportraits présents dans ses carnets de croquis et celle de « Mona Lisa ».

3. La dernière conjecture est basée sur une analogie : le visage de Mona Lisa serait superposable à celui de Caterina Sforza, princesse de Forlì (XV siècle), dans un portrait peint par Lorenzo di Credi ([[1]]). Ce portrait est conservé dans le Musée de Forlì, en Italie.

A travers les époques

La Joconde ne quitta jamais Léonard de son vivant. Il l'emporta probablement à Amboise où François Ier le fit venir. Ce dernier en fit l'acquisition - à Léonard lui même ou à ses héritiers après sa mort - et l'installa à Fontainebleau.

Plus tard, Louis XIV en fit l'un des tableaux les plus en vue à Versailles, et l'exposait dans le Cabinet du Roi.

Bonaparte, l'installa aux Tuileries en 1800 dans les appartements de Joséphine, puis l'offrit au Louvre en 1804.

Le tableau fut volé le 21 août 1911. On soupçonna le poète Guillaume Apollinaire et le peintre Pablo Picasso d'être les auteurs de ce vol, revendiqué par ailleurs par l'écrivain italien Gabriele d'Annunzio. La Société des Amis du Louvre offrit une récompense de vingt-cinq mille francs, un anonyme proposa de doubler cette somme. La revue L'Illustration promit cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les locaux du journal.

Le voleur était l'Italien Vincenzo Perrugia, un vitrier qui avait participé aux travaux de mise sous verre des tableaux les plus importants du musée. Il conserva le tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris, puis de retour en Italie il proposa de le revendre le 10 décembre 1913 à un antiquaire florentin qui donna l'alerte.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le tableau fut mis en sécurité au château d'Amboise, puis à l'abbaye de Loc-Dieu, et enfin au Musée Ingres de Montauban.

Pendant un temps, il fut entreposé sous le lit même du conservateur du musée du Louvre en exil dans le château de Montal en Quercy (Lot).

La Joconde est devenue un tableau mythique car à toutes les époques les artistes l'ont prise comme référence. Elle constitue en effet l'aboutissement des recherches du XVe siècle sur la représentation du portrait.

A l'époque romantique, les artistes ont été fascinés par l'énigme de la Joconde et ont contribué à développer le mythe qui l'entoure, en faisant de nos jours l'une des œuvres d'art les plus célèbres du monde.

Analyse du tableau

Symbolisme

En italien, giocondo signifie heureux, serein. Léonard était sûrement conscient qu'il peignait non seulement le portrait d'une femme, mais aussi le portrait d'une expression. La Joconde constitue réellement le portrait de l'idée de sérénité.

Selon certains, la Joconde est aussi l'expression de la féminité, voire de la maternité, car elle semble apparaître comme tenant un enfant dans ses bras.

Le sourire et le regard

Le sourire de la Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a contribué au développement du mythe. Son sourire apparaît comme « suspendu », prêt à s'éteindre, alors qu'il subsiste depuis des siècles.

Tout en donnant l'impression de suivre le spectateur des yeux, le regard de Mona Lisa fixe un point situé au-delà du spectateur, légèrement à sa droite, provoquant ainsi une mise en profondeur du dialogue entre l'œuvre et le spectateur. Bruno Mathon, critique d'art, dit ainsi que la Joconde « regarde quelque chose en vous, mais qui est derrière vous, dans votre passé. Elle regarde l'enfant que vous avez été, comme une mère regarde son enfant. »

Source : Wikipedia

Le bonheur

Si tu ne trouves pas le bonheur,
c’est peut-être que tu le cherches ailleurs...
Ailleurs que dans tes souliers.
Ailleurs que dans ton foyer.

Selon toi, les autres sont plus heureux.
Mais, toi, tu ne vis pas chez eux.
Tu oublies que chacun a ses tracas.
Tu n’aimerais sûrement pas mieux leur cas.

Comment peux-tu aimer la vie
si ton coeur est plein d’envie,
si tu ne t’aimes pas,
si tu ne t’acceptes pas ?

Le plus grand obstacle au bonheur, sans doute,
c’est de rêver d’un bonheur trop grand.
Sache cueillir le bonheur au compte-gouttes :
ce sont de toutes petites qui font les océans.

Ne cherche pas le bonheur dans tes souvenirs.
Ne le cherche pas non plus dans l’avenir.
Cherche le bonheur dans le présent.
C’est là et là seulement qu’il t’attend.

Le bonheur, ce n’est pas un objet
que tu peux trouver quelque part hors de toi.
Le bonheur, ce n’est qu’un projet
qui part de toi et se réalise en toi.

Il n’existe pas de marchands de bonheur.
Il n’existe pas de machines à bonheur.
Il existe des gens qui croient au bonheur.
Ce sont ces gens qui font eux-mêmes leur bonheur.

Si, dans ton miroir, ta figure te déplaît,
à quoi te sert de briser ton reflet ?
Ce n’est pas ton miroir qu’il faut casser.
C’est toi qu’il faut changer !

Charles-Eugène PLOURDE, Une lumière sur mes pas, Trois-Rivières 2003

Cadeau d’insultes

Près de Tokyo vivait un grand samouraï, déjà âgé, qui se consacrait désormais à enseigner le bouddhisme Zen aux jeunes. Malgré son âge, on murmurait qu’il était encore capable d’affronter n’importe quel adversaire.

Un jour arriva un guerrier réputé pour son manque total de scrupules. Il était célèbre pour sa technique de provocation : il attendait que son adversaire fasse le premier mouvement et, doué d’une intelligence rare pour profiter des erreurs commises, il contre-attaquait avec la rapidité de l’éclair.

Ce jeune et impatient guerrier n’avait jamais perdu un combat. Comme il connaissait la réputation du samouraï, il était venu pour le vaincre et accroître sa gloire.

Tous les étudiants étaient opposés à cette idée, mais le vieux Maître accepta le défi.

Il se réunirent tous sur une place de la ville et le jeune guerrier commença à insulter le vieux Maître. Il lui lança des pierres, lui cracha au visage, cria toutes les offenses connues - y compris à ses ancêtres.

Pendant des heures, il fit tout pour le provoquer, mais le vieux resta impassible. A la tombée de la nuit, se sentant épuisé et humilié, l’impétueux guerrier se retira.

Dépités d’avoir vu le Maître accepter autant d’insultes et de provocations, les élèves questionnèrent le Maître :

- Comment avez-vous pu supporter une telle indignité ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas servi de votre épée, même sachant que vous alliez perdre le combat, au lieu d’exhiber votre lâcheté devant nous tous ?

- Si quelqu’un vous tend un cadeau et que vous ne l’acceptez pas, à qui appartient le cadeau ? demanda le samouraï.

- A celui qui a essayé de le donner, répondit un des disciples.

- Cela vaut aussi pour l’envie, la rage et les insultes, dit le Maître. Lorsqu’elles ne sont pas acceptées, elles appartiennent toujours à celui qui les porte dans son coeur.

Prenez attention. tâchez d’être heureux

Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes.

Dites tout doucement et clairement votre vérité ; et écoutez les autres, même le simple d’esprit et l’ignorant ; ils ont eux aussi leur histoire.

Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l’esprit. Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous.

Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressés à votre carrière, si modeste soit- elle ; c’est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps. Soyez prudent dans vos affaires ; car le monde est plein de fourberies.

Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et partout la vie est remplie d’héroïsme. Soyez vous-même. Surtout n’affectez pas l’amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l’herbe.

Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez une puissance d’esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.

Au delà d’une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l’univers, pas moins que les arbres et les étoiles ; vous avez le droit d’être ici. Et qu’il vous soit clair ou non, l’univers se déroule sans doute comme il le devrait. Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui, et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme.

Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Tâchez d’être heureux.

Texte trouvé dans une vieille église de Baltimore en 1692

Chance ou malchance ?

Un habitant du nord de la Chine vit un jour son cheval s’échapper et passer de l’autre côté de la frontière. Le cheval fut considéré comme perdu.

A ses voisins qui venaient lui présenter leur sympathie, le vieil homme répondit :

- La perte de mon cheval est certes un grand malheur. Mais qui sait si dans cette malchance ne se cache pas une chance ?

Quelques mois plus tard, le cheval revint accompagnée d’une magnifique jument. Les voisins félicitèrent l’homme, qui leur dit, impassible :

- Est-ce une chance, ou est-ce une malchance ?

Le fils unique du vieil homme fut pris d’une véritable passion pour la jument. Il la montait très souvent et finit un jour par se casser la jambe pour de bon.

Aux condoléances des voisins, l’homme répondit, imperturbable :

- Et si cet accident était une chance pour mon fils ?

L’année suivante les Huns envahirent le nord du pays. Tous les jeunes du village furent mobilisés et partirent au front. Aucun n’en revint. Le fils estropié du vieil homme, non mobilisable, fut le seul à échapper à l’hécatombe.

(d’après Hoài-Nam-Tu)

L’homme et l’enfant

Un homme tomba dans un trou et se fit très mal.

- Un Cartésien se pencha et lui dit : Vous n’êtes pas rationnel, vous auriez dû voir ce trou.

- Un Spiritualiste le vit et dit : Vous avez dû commettre quelque péché.

- Un Scientifique calcula la profondeur du trou.

- Un Journaliste l’interviewa sur ses douleurs.

- Un Yogi lui dit : Ce trou est seulement dans ta tête, comme ta douleur.

- Un Médecin lui lança deux comprimés d’aspirine.

- Une Infirmière s’assit sur le bord et pleura avec lui.

- Un Thérapeute l’incita à trouver les raisons pour lesquelles ses parents le préparèrent à tomber dans le trou.

- Une Pratiquante de la pensée positive l’exhorta : Quand on veut, on peut !

- Un Optimiste lui dit : Vous auriez pu vous casser une jambe.

- Un Pessimiste ajouta : Et ça risque d’empirer.

Puis un enfant passa, et lui tendit la main...

Auteur inconnu

Le combat intérieur

Un vieil homme Cherokee apprend la vie à son petit fils.

- Un combat a lieu à l’intérieur de moi, dit-il au garçon. Un combat terrible entre deux loups. L’un est mauvais : il est colère, envie, chagrin, regret, avidité, arrogance, apitoiement sur soi-même, culpabilité, ressentiment, infériorité, mensonges, vanité, supériorité et ego. L’autre est bon : il est joie, paix, amour, espoir, sérénité, humilité, bonté, bienveillance, empathie, générosité, vérité, compassion et foi. Le même combat a lieu en toi-même et à l’intérieur de tout le monde.

Le petit-fils réfléchit pendant une minute puis demanda à son grand père :

- Quel sera le loup qui vaincra ? Le vieux Cherokee répondit simplement :

- Celui que tu nourris.

Auteur inconnu

Gestion du temps

S’adressant à un groupe de dirigeants de haut niveau, un expert en management du temps posa un bocal à large ouverture sur la table devant lui.

Ensuite il sortit une douzaine de pierres grosses comme le poing et les plaça soigneusement, une par une, dans le bocal. Quand celui-ci fut rempli jusqu’au bord, il demanda :

- Ce bocal est il plein ? Tout le groupe répondit :

- Oui !

- Vraiment ? Il sortit de sous la table un seau de gravier qu’il versa dans le bocal. Il secoua ce dernier, et les graviers tombèrent dans les interstices entre les pierres. Souriant, il demanda au groupe :

- et maintenant, ce bocal est il plein ?

- Probablement pas, dit quelqu’un.

- Bien. Il sortit un seau de sable et le versa dans les interstices laissés par les pierres et le gravier. Et de nouveau, il demanda :

- ce bocal est il plein ?

- Non, dit le groupe en coeur.

- Bien ! dit il à nouveau en sortant une carafe d’eau. Quand il eut versé de l’eau jusqu’au bord, il regarda le groupe et demanda :

- a quoi sert cette expérience ? Un stakhanoviste leva le doigt et dit :

- cela signifie qu’aussi bien rempli soit un programme, si on travaille dur, on peut toujours en faire un peu plus.

- Non, la vérité qu’illustre cette histoire c’est que si vous ne mettez pas les grosses pierres d’abord, vous ne pourrez pas les mettre du tout. Si le sable est mis en premier, il n’y aura de place pour rien d’autre. Quelles sont les grosses pierres de votre vie ? Le projet que vous voulez réaliser ? Du temps passé avec ceux que vous aimez ? Votre formation ? Votre compte en banque ? Une cause ? Accompagner d’autres gens ? Demandez vous quelles sont les grosses pierres de votre vie professionnelles et personnelles puis remplissez le bocal.

Rappelez vous que si vous ne mettez pas ces grosses pierres en premier, elles ne tiendront pas du tout.

Auteur inconnu

mardi 7 février 2006

Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas de Frédéric Bastiat

Source : Wikisource.

Dans la sphère économique, un acte, une habitude, une institution, une loi n'engendrent pas seulement un effet, mais une série d'effets. De ces effets, le premier seul est immédiat; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas; heureux si on les prévoit.

Entre un mauvais et un bon Économiste, voici toute la différence: l'un s'en tient à l'effet visible; l'autre tient compte et de l'effet qu'on voit et de ceux qu'il faut prévoir.

Mais cette différence est énorme, car il arrive presque toujours que, lorsque la conséquence immédiate est favorable, les conséquences ultérieures sont funestes, et vice versa. — D'où il suit que le mauvais Économiste poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d'un grand mal à venir, tandis que le vrai économiste poursuit un grand bien à venir, au risque d'une petit mal actuel.

Du reste, il en est ainsi en hygiène, en morale. Souvent, plus le premier fruit d'une habitude est doux, plus les autres sont amers. Témoin: la débauche, la paresse, la prodigalité. Lors donc qu'un homme, frappé de l'effet qu'on voit, n'a pas encore appris à discerner ceux qu'on ne voit pas, il s'abandonne à des habitudes funestes, non-seulement par penchant, mais par calcul.

Ceci explique l'évolution fatalement douloureuse de l'humanité. L'ignorance entoure son berceau; donc elle se détermine dans ses actes par leurs premières conséquences, les seules, à son origine, qu'elle puisse voir. Ce n'est qu'à la longue qu'elle apprend à tenir compte des autres. Deux maîtres, bien divers, lui enseignent cette leçon: l'Expérience et la Prévoyance. L'expérience régente efficacement mais brutalement. Elle nous instruit de tous les effets d'un acte en nous les faisant ressentir, et nous ne pouvons manquer de finir par savoir que le feu brûle, à force de nous brûler. À ce rude docteur, j'en voudrais, autant que possible, substituer un plus doux: la Prévoyance. C'est pourquoi je rechercherai les conséquences de quelques phénomènes économiques, opposant à celles qu'on voit celles qu'on ne voit pas.

I. La Vitre cassée

Avez-vous jamais été témoin de la fureur du bon bourgeois Jacques Bonhomme, quand son fils terrible est parvenu à casser un carreau de vitre? Si vous avez assisté à ce spectacle, à coup sûr vous aurez aussi constaté que tous les assistants, fussent-ils trente, semblent s'être donné le mot pour offrir au propriétaire infortuné cette consolation uniforme: « À quelque chose malheur est bon. De tels accidents font aller l'industrie. Il faut que tout le monde vive. Que deviendraient les vitriers, si l'on ne cassait jamais de vitres? »

Or, il y a dans cette formule de condoléance toute une théorie, qu'il est bon de surprendre flagrante delicto, dans ce cas très-simple, attendu que c'est exactement la même que celle qui, par malheur, régit la plupart de nos institutions économiques.

À supposer qu'il faille dépenser six francs pour réparer le dommage, si l'on veut dire que l'accident fait arriver six francs à l'industrie vitrière, qu'il encourage dans la mesure de six francs la susdite industrie, je l'accorde, je ne conteste en aucune façon, on raisonne juste. Le vitrier va venir, il fera besogne, touchera six francs, se frottera les mains et bénira de son cœur l'enfant terrible. C'est ce qu'on voit.

Mais si, par voie de déduction, on arrive à conclure, comme on le fait trop souvent, qu'il est bon qu'on casse les vitres, que cela fait circuler l'argent, qu'il en résulte un encouragement pour l'industrie en général, je suis obligé de m'écrier: halte-là! Votre théorie s'arrête à ce qu'on voit, ne tient pas compte de ce qu'on ne voit pas.

On ne voit pas que, puisque notre bourgeois a dépensé six francs à une chose, il ne pourra plus les dépenser à une autre. On ne voit pas que s'il n'eût pas eu de vitre à remplacer, il eût remplacé, par exemple, ses souliers éculés ou mis un livre de plus dans sa bibliothèque. Bref, il aurait fait de ces six francs un emploi quelconque qu'il ne fera pas.

Faisons donc le compte de l'industrie en général.

La vitre étant cassée, l'industrie vitrière est encouragée dans la mesure de six francs; c'est ce qu'on voit. Si la vitre n'eût pas été cassée, l'industrie cordonnière (ou toute autre) eût été encouragée dans la mesure de six francs; c'est ce qu'on ne voit pas.

Et si l'on prenait en considération ce qu'on ne voit pas parce que c'est un fait négatif, aussi bien que ce que l'on voit, parce que c'est un fait positif, on comprendrait qu'il n'y a aucun intérêt pour l'industrie en général, ou pour l'ensemble du travail national, à ce que des vitres se cassent ou ne se cassent pas.

Faisons maintenant le compte de Jacques Bonhomme.

Dans la première hypothèse, celle de la vitre cassée, il dépense six francs, et a, ni plus ni moins que devant, la jouissance d'une vitre. Dans la seconde, celle où l'accident ne fût pas arrivé, il aurait dépensé six francs en chaussure et aurait eu tout à la fois la jouissance d'une paire de souliers et celle d'une vitre.

Or, comme Jacques Bonhomme fait partie de la société, il faut conclure de là que, considérée dans son ensemble, et toute balance faite de ses travaux et de ses jouissances, elle a perdu la valeur de la vitre cassée.

Par où, en généralisant, nous arrivons à cette conclusion inattendue: « la société perd la valeur des objets inutilement détruits, » — et à cet aphorisme qui fera dresser les cheveux sur la tête des protectionnistes: « Casser, briser, dissiper, ce n'est pas encourager le travail national, » ou plus brièvement: « destruction n'est pas profit. »

Que direz-vous, Moniteur industriel, que direz-vous, adeptes de ce bon M. de Saint-Chamans, qui a calculé avec tant de précision ce que l'industrie gagnerait à l'incendie de Paris, à raison des maisons qu'il faudrait reconstruire?

Je suis fâché de déranger ses ingénieux calculs, d'autant qu'il en a fait passer l'esprit dans notre législation. Mais je le prie de les recommencer, en faisant entrer en ligne de compte ce qu'on ne voit pas à côté de ce qu'on voit.

Il faut que le lecteur s'attache à bien constater qu'il n'y a pas seulement deux personnages, mais trois dans le petit drame que j'ai soumis à son attention. L'un, Jacques Bonhomme, représente le Consommateur, réduit par la destruction à une jouissance au lieu de deux. L'autre, sous la figure du Vitrier, nous montre le Producteur dont l'accident encourage l'industrie. Le troisième est le Cordonnier (ou tout autre industriel) dont le travail est découragé d'autant par la même cause. C'est ce troisième personnage qu'on tient toujours dans l'ombre et qui, personnifiant ce qu'on ne voit pas, est un élément nécessaire du problème. C'est lui qui bientôt nous enseignera qu'il n'est pas moins absurde de voir un profit dans une restriction, laquelle n'est après tout qu'une destruction partielle. — Aussi, allez au fond de tous les arguments qu'on fait valoir en sa faveur, vous n'y trouverez que la paraphrase de ce dicton vulgaire: « Que deviendraient les vitriers, si l'on ne cassait jamais de vitres? »

Lire la suite

Maladie de Creutzfeldt-Jacob

La maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ) est une dégénérescence du système nerveux central caractérisée par l'accumulation d'un prion (forme anormale d'une protéine qui peut transmettre la maladie). La période d'incubation se compte en années, voire en décennies avant qu'apparaissent des troubles de l'équilibre et de la sensibilité, puis une démence. L'issue est systématiquement fatale à échéance d'approximativement un an.

On connaît plusieurs causes de la maladie : la plupart des cas sont dits sporadiques, car leur l'origine est inconnue. Il existe également une transmission héréditaire (10 % des cas) et des contaminations iatrogéniques (c'est-à-dire dues à un processus opératoire) liées à l'utilisation d'hormone (comme dans l'affaire de l'hormone de croissance en France) ou de greffes de tissus cérébraux (dure mère) issus de cadavres de malades, ou encore par l'utilisation d'instruments de chirurgie mal décontaminés (électrodes).

La maladie du Kuru a été décrite dans la peuplade des Fores de Nouvelle-Guinée par D.C. Gajdusek (Prix Nobel de médecine 1976). Quoique distinct de la maladie de Creutzfeldt-Jacob, le kuru est également une encéphalopathie spongiforme transmissible. Son mode de transmission a pu être relié un rite funéraire anthropophage.

Nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob

Une nouvelle forme de la maladie est apparue en 1996 en Angleterre, probablement causée par l'ingestion de produits bovins infectés par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ; elle est parfois notée vMCJ, pour « variante de la maladie de Creutzfeld-Jacobs ». Apparue en 1985, l'ESB s'est trouvée amplifiée à la suite d'une modification du procédé de fabrication, à la fin des années 1970, des farines de viande et d'os animales, entrant dans l'alimentation de ces animaux. De très nombreux agriculteurs ont nourri leurs vaches avec ces farines issues des centres d'équarrissage, interdites en 1990.

L'ESB, qui s'attaque aux cerveaux des bovins, est une maladie incurable. Les experts sont aujourd'hui certains que la maladie peut être transmise à l'homme s'il consomme de la viande contaminée. L'ESB transmise à l'être humain est connue sous le nom de variant de la maladie de Creutzfeldt-Jacob et s'attaque de même au système nerveux central (cerveau et moelle épinière).

Les plus récentes recherches indiquent que la forme humaine de la maladie de la vache folle serait bien plus complexe qu'on ne le pense, et potentiellement beaucoup plus effrayante aussi.

A fin octobre 2004, on dénombre 149 cas du nouveau variant de la MCJ (dont 144 décès) en Grande-Bretagne et huit en France. On estime qu'en Grande-Bretagne, deux cas au moins auraient été transmis par la transfusion de dérivés sanguins.

Cette maladie, qui est le plus souvent mortelle, pose un problème de santé publique redoutable car il n'existe aucun traitement efficace et l'on ne dispose à ce jour d'aucun test de détection.

Déclaration obligatoire

En France et en Belgique, cette maladie est sur la liste des maladies infectieuses à déclaration obligatoire.

Liens externes

Source : Wikipedia

lundi 6 février 2006

Karma

Karma signifie acte, action en sanskrit (कर्म) (tibétain : las, pâli : kamma, birman : kan, japonais : rinne, gô).

Pour les hindouistes et les bouddhistes, la loi du karma - ou loi des actes - affirme que toute action (du corps, de la parole et de l'esprit, c'est-à-dire tout acte, toute parole et toute pensée) a un ensemble de causes et des conséquences. Rien n'est dû au hasard ou à une intervention divine, mais à l'interaction de multiples causes ou facteurs, qui la plupart du temps nous échappent. Ceci est bien sûr uniquement valable dans le saṃsāra, notre monde habituel. Les êtres éveillés sont allés au-delà de la dualité et peuvent poser des actes qui ne sont plus assujettis à la loi du karma.

Une acception courante, mais erronée du mot karma est fatalité ou destin. « C'est ton karma », tu n'y peux rien ! Or aucune situation n'est inéluctable, car de nouvelles causes peuvent modifier les conséquences de nos actes passés.

On parle aussi de karma collectif (d'un groupe, d'une nation) : l'avenir de ce groupe dépend des actes passés de ses membres. Il est très fréquent que nous nous réincarnions auprès d'êtres auxquels nous sommes attachés. La loi du karma peut également s'étendre au long des renaissances successives. On dit que nous avons eu tellement d'incarnations que tous les êtres ont été notre mère dans une vie donnée...

L'idée du karma insiste sur notre responsabilité, à tout instant, face à tous nos actes, pensées, paroles. Nous créons les causes de tout ce qui arrive (en fait, notre esprit crée tout). Chaque acte, pensée ou parole a une conséquence. Un acte positif a des conséquences positives. Un acte négatif engendre de la souffrance. Les bouddhistes sont non-violents et respectent toute forme de vie, y compris animale. Nous devons prendre du recul, regarder le monde qui nous entoure en mettant de l’espace. L’observation de la souffrance des êtres (humains ou non) doit être une occasion de voir s’élever la compassion. La biche est un symbole traditionnel de la compassion. Parce que, justement, la biche se cache des chasseurs pour qu'ils ne risquent pas de commettre un acte négatif en la tuant. La biche évite aux chasseurs de se créer un karma négatif !

Différentes traditions, différentes interprétations

L'interprétation de la notion de karma varie entre les traditions qui l'utilisent :

  • Pour les bouddhistes, le karma que l'on crée en agissant, que ce soit avec le corps, la parôle ou l'esprit, est essentiellement favorable ou défavorable, positif ou négatif (kusala ou akusala en sanskrit ; ces termes n'ont pas de traduction exacte en français) en fonction de l'état d'esprit qui sous-tend l'action. C'est le seul critère. Par exemple, si l'on donne quelque chose à quelqu'un de manière désintéressée, on crée du karma positif. Ce n'est pas le cas, en revanche, si l'on donne parce que l'on attend quelque chose en retour. Enfin, le karma créé peut donner ses fruits dans cette vie ou dans une vie future.
  • Pour les jaïnistes, l'action est le seul critère, et l'état d'esprit la sous-tendant n'entre pas en compte. C'est pour cela, par exemple, que les jaïnistes portent souvent des masques filtrants ; faisant cela, ils évitent de tuer des insectes en les avalant par inadvertance.
  • Pour les hindouistes, les actions ont des conséquences karmiques en fonction de l'état d'esprit dans lequel elles sont faites, comme pour les bouddhistes, mais on peut cependant dire que pour les hindouistes le karma ne porte ses fruits que dans les vies futures, et en fonction d'une volonté divine. Du fait du système des castes, il est impossible à un hindouiste de s'élever dans cette vie-ci plus haut que le niveau spirituel (et social, incidemment) dans lequel il est né. Son seul espoir est de créer autant de karma positif que possible avec l'espoir de se réincarner dans une caste plus élevée dans une vie future.

Karma yoga

Le karma yoga est la pratique du service désintéressé. En offrant sans attente de retour un service, de son temps, de ses compétences, le karma yogi espère atténuer les conséquences de ses actions mauvaises passées sur son présent et son avenir, tout en contribuant à l'amélioration du monde.

Source : Karma et Karma yoga de Wikipedia.

Les quatre vertus cardinales

Les vertus cardinales sont au nombre de quatre :

  • la prudence, qui dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance le véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir ;
  • la tempérance, qui assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté, procurant l’équilibre dans l’usage des biens ;
  • la force, c'est-à-dire le courage, qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien, affermissant la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale ;
  • la justice, qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à chacun ce qui lui est dû.

Ces vertus jouent un rôle charnière (d'où leur nom de "cardinales", du latin "cardo", charnière, pivot) dans l'agir humain et parmi les autres vertus. Les vertus sont des attitudes fermes, des dispositions stables, des perfections habituelles de l’intelligence et de la volonté qui règlent les actes, ordonnent les passions et guident la conduite. Elles procurent facilité, maîtrise et joie pour mener une vie moralement bonne. L’homme vertueux, c’est celui qui librement pratique le bien.

Ce groupe de quatre vertus est mis en évidence par Platon, suivi par Aristote et par les philosophes stoïciens. Il est également connu dans le judaïsme hellénisé (Philon d'Alexandrie ; IVe livre des Maccabées) et chez les Pères de l'Eglise.

On le trouve dans un livre grec de l'Ancien Testament, le livre de la Sagesse (8,7) : "Aime-t-on la rectitude ? Les vertus sont les fruits de ses travaux, car elle enseigne tempérance et prudence, justice et force."

Définitions des vertus cardinales

La prudence

Elle est considérée comme la reine des vertus, pour sa capacité à mettre une juste proportion entre moyens et fins.

La prudence est pour l'homme vertueux, son sens de l'action. Il doit agir mais en évaluant toutes les conséquences de ses gestes. Il doit peser le pour et le contre avant d'agir. La prudence ne doit pas être considérée comme de la peur, qui elle mène à l'inaction et l'immobilisme, ou au contraire à une plus grande activité. La prudence est un prélude à l'action.

Source : Wikipedia

La tempérance

La vertu de tempérance est liée aux trois autres vertus cardinales : on ne peut être vraiment prudent, ni vraiment juste, ni vraiment fort, si l'on ne possède pas aussi la vertu de tempérance. Cette vertu conditionne indirectement toutes les autres vertus - mais toutes les autres vertus sont indispensables pour que l'homme soit tempérant (ou sobre).

Le terme de tempérance semble se rapporter en quelque sorte à ce qui est hors de l'homme (nourriture, boisson, etc.) Cette référence à des éléments extérieurs à l'homme a son fondement dans l'homme. La vertu de tempérance permet à chaque homme de faire triompher son "moi supérieur" sur son "moi inférieur". Cette maîtrise met en valeur le corps. La vertu de tempérance fait en sorte que le corps et nos sens trouvent la juste place qui leur revient dans l'être humain. Possède la vertu de tempérance celui qui sait se maîtriser, celui qui ne permet pas à ses passions de l'emporter sur la raison, sur la volonté et aussi sur le cœur.

Cette vertu est appelée aussi sobriété. Cette humilité est nécessaire à l'harmonie intérieure de l'homme, à sa beauté intérieure - et à sa santé (psychique et physique).

Source : Wikipedia

La force

Posséder la vertu de force, c'est surmonter la faiblesse humaine et surtout la peur. L'homme, de par sa nature, est enclin à craindre le danger, les malheurs, la souffrance. C'est par excellence la vertu des "héros". Ils vont au-delà de leurs limites pour le bien d'autrui ou pour rendre témoignage à la vérité et à la justice. La vertu de force va de pair avec le sacrifice.

Source : Wikipedia

La justice

D'un point de vue moral, la justice est parfois définie comme le fait de donner à chacun ce qu'il mérite.

Source : Wikipedia

Vertus cardinales et vertus théologales

Dans le christianisme, ce groupe de quatre vertus humaines, cardinales, est complété par trois vertus "théologales" (foi, espérance et charité) qui les rendent plus parfaites. Leur ensemble est parfois appelé celui des sept vertus catholiques.

Dans la perspective chrétienne, les vertus humaines acquises par l’éducation, par des actes délibérés et par une persévérance toujours reprise dans l’effort, sont purifiées et élevées par la grâce divine. Avec l’aide de Dieu, elles forgent le caractère et donnent aisance dans la pratique du bien. L’homme vertueux est heureux de les pratiquer. Les vertus sont les fruits et les germes des actes moralement bons ; elles disposent toutes les puissances de l’être humain à communier à l’amour divin.

Vertu cardinale, la justice est appelée "vertu de religion" quand il s'agit de justice envers Dieu.

Histoire de l'art - attributs des vertus théologales

Dans les œuvres d'art du Moyen-Âge et de la Renaissance, les vertus sont généralement représentées sous les traits de femmes.

Leurs attributs respectifs sont par exemple :

  • Pour la prudence : miroir et serpent,
  • Pour la tempérance : deux récipients avec l'eau passant de l'un à l'autre,
  • Pour la force : glaive,
  • Pour la justice : balance.

Source : Wikipedia

jeudi 2 février 2006

Henry Cavendish

Henry Cavendish

Henry Cavendish (10 octobre 1731, Nice - 24 février 1810, Londres) était un physicien et chimiste anglais.

Henry Cavendish était le second fils de Lord Charles Cavendish, duc de Devonshire, il hérita d'un de ses oncles une fortune immense qui lui permit de financer ses recherches.

Il était, aux yeux de ses contemporains, totalement excentrique refusant de parler ou même de voir les femmes. Il ne communicait avec ses servantes qu'à l'aide de papier et les menaçait de les licencier si elle essayait de le voir. Il portait toujours les mêmes habits et se servit pendant 30 ans du même chapeau. Refusant de se laisser peindre, il n'existe aucun portrait officiel de lui et les seules représentations sont des esquisses effectuées au cours de diner. Les traits de sa personnalité sont en accord avec un syndrome d'Asperger. Il est considéré comme le créateur de la chimie par la méthode et la précision des mesures qu'il s'imposa dans ses expériences. Il travailla dans d'autres domaines comme l'électrostatique quantitative (c'est un contemporain de Coulomb), ce qui lui permit de poser des bases sur lesquelles les physiciens du XIXe siècle purent développer leurs recherches. Toutefois l'étendue de son génie ne fut connu que dans les années 1870, lorsque Maxwell eut dépouillé les documents qu'il avait laissés 60 ans auparavant.

Chronologie

  • 1749 il entre au Peterhouse College de Cambridge ;
  • 1753 fin de ses études, sans diplôme particulier ;
  • 1766 présentation à la Royal Society d'un mémoire sur l'existence de gaz différents de l'air comme le dihydrogène (inflammable et léger) ou le gaz carbonique. Médaille Copley.
  • 1773 un de ses oncles lui lègue son immense fortune ;
  • 1783 analyse de l'air ;
  • 1784 synthèse de l'eau à partir du dioxygène et du dihydrogène ;
  • 1785 oxydation de l'azote à l'aide d'étincelles électriques ;
  • 1798 mesure de la constante d'attraction universelle et estimation de la densité moyenne de la Terre grâce à la balance de torsion;
  • 1803 membre : la Royal Society (l'Académie des Sciences) Londres

Source : Wikipedia

Révolution de Velours

La Révolution de Velours (en tchèque : sametová revoluce, en slovaque : nežná revolúcia), du 16 novembre au 29 décembre 1989, fut une révolution douce qui eut lieu en Tchécoslovaquie et qui vit le renversement de son gouvernement communiste.

Les événements débutèrent le 16 novembre 1989 avec une manifestation pacifique d'étudiants à Bratislava. Un jour plus tard, une autre manifestation pacifique à Prague fut sévèrement réprimandée par les forces de l'ordre communistes. Cet acte entraîna une série de manifestations populaires du 19 au 27 novembre. Le 20 novembre, le nombre de manifestants pacifiques passa de 200 000 le jour précédent, à 500 000 manifestants. Entouré des régimes communistes s'effondrant tout autour d'eux, et de manifestations populaires grandissantes, le parti communiste tchécoslovaque annonça le 28 novembre qu'il abandonnait sa main mise sur le pouvoir politique. Les fils barbelés furent retirés d'avec les frontières ouest-allemandes et autrichiennes le 5 décembre. Le 10 décembre, le président communiste Gustáv Husák officialisa le premier gouvernement largement non-communiste depuis 1948 et démissionna. Alexander Dubček fut élu chef du parlement le 28 décembre et Václav Havel président de Tchécoslovaquie le 29 décembre 1989.

L'une des conséquences de la Révolution de Velours, fut l'élection en juin 1990 du premier gouvernement entièrement non-communiste en plus de 40 ans.

Source : Wikipedia