Discours phare de Planet'ERE2 à l'UNESCO de Mr Boutros Boutros-Ghali
Discours du Secrétaire général de l’Organisation internationale de
la Francophonie,
Monsieur Boutros Boutros-Ghali,
À l’ouverture du Forum francophone de l'éducation
à l'environnement
« Planet'ere II »
Paris, le 21 novembre 2001
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis,
« Cette réunion prouve que nous avons compris à quel point notre Terre était fragile et, avec elle, la vie qui s’y abrite ».
Tels sont les mots qui pourraient symboliser notre rencontre d’aujourd’hui.
Tels étaient déjà les mots par lesquels j’avais ouvert, voilà bientôt dix ans, le « Sommet Planète Terre », à Rio.
Qu’est-il advenu, depuis, des déclarations, des intentions, des engagements d’alors?
Qu’est-il advenu, aussi, des dissensions qui ,ici où là, nous ont fait prendre conscience de la difficulté qu’ont parfois les Etats de ce monde à vivre ensemble, à gérer ensemble, à prévoir, ensemble, un destin pourtant commun.
Le Sommet de Johannesburg, dans quelques mois, sera l’occasion de répondre à toutes ces questions, de dresser un bilan, - et je l’espère – d’avancer concrètement et durablement.
Pour l’heure, je suis venu partager, avec vous, le message de responsabilité, de solidarité, et d’optimisme que vous nous délivrez, au nom de la société civile.
Je suis venu partager, avec vous, votre engagement, mais aussi votre volonté de mobilisation, de coopération, - j’allais dire - de « planétisation » des enjeux et des défis que nous posent, toujours et encore, l’environnement et le développement durable.
Je suis venu partager, avec vous, enfin, la Francophonie qui vous anime et qui vous unit.
De tout cela, je voulais vous remercier chaleureusement !
De tout cela je veux, aussi, vous féliciter!
C’est dans le domaine de l’environnement, plus que dans tout autre sûrement, que s’exprime le plus profondément notre communauté de destin. L’air que nous respirons, l’eau que nous consommons, les ressources naturelles que nous exploitons, sont à la fois notre bien commun, et notre responsabilité partagée.
Que certains le veuillent ou non, nous sommes toutes et tous les citoyens d'une même famille humaine, les citoyens solidaires d'une même terre !!
Je dis bien : solidaires, parce que la solidarité ne saurait se limiter à la compassion.
Elle est, aussi, et surtout, conscience !
Conscience, d’abord, de la globalité des destins, tant à l'intérieur des Etats, qu’entre les Etats. Parce que le geste protecteur à l’égard de l’environnement porté par une ville, par une région, par un pays, s’annulera lui-même, s’il n’est pas relayé par-delà les frontières et les océans.
Conscience, ensuite, de la nécessaire interdépendance entre les générations.
Car, que serait un monde où chaque génération s’appliquerait à satisfaire les besoins du présent, en compromettant la capacité des générations futures à couvrir leurs propres besoins ?
C’est de cette conscience que naît la responsabilité individuelle et collective. La responsabilité que nous avons de sauvegarder ce patrimoine commun qu'est la Terre et ses écosystèmes, mais aussi la diversité culturelle de toutes celles et de tous ceux qui la peuplent.
C’est dire que nous devons, plus que jamais, dans ce contexte de mondialisation et de globalisation, - moment de toutes les libertés, mais aussi de toutes les craintes, - favoriser le dialogue entre les cultures et les civilisations.
Parce qu’il est une condition préalable à l'émergence d'une conscience universelle et d’un engagement collectif en faveur de l’environnement et du développement durable.
Mais, avant cela, il y a l'éducation, et singulièrement l'éducation à l'environnement !
L’éducation à l’environnement, c’est le moyen privilégié, - le seul sans doute -, de susciter une prise de conscience, de faire naître le sens de la responsabilité et de favoriser l'engagement.
Je veux donc vous dire que j’attache la plus haute importance aux travaux que vous allez mener, ici.
Mais par-delà cet événement, je veux vous dire, aussi, combien l’Organisation internationale de la Francophonie se sent proche de votre démarche. De votre volonté de mobiliser les acteurs de l'éducation à l'environnement partout dans l'espace francophone, de votre désir de renforcer les dynamiques d'échanges et de solidarité internationale.
Bien plus, votre contribution nous sera très précieuse pour enrichir la participation de la Francophonie, tant au processus préparatoire de Johannesburg, qu'au Sommet lui-même.
En effet, la Francophonie, notamment à travers son Agence intergouvernementale et son Institut de l’énergie et de l’environnement, dressera, dans les mois qui viennent, le bilan des actions menées pour la mise en oeuvre de l'Agenda 21. Mais nous avons, aussi, l’intention de nous présenter, à Johannesburg, porteurs de propositions concertées et solidaires.
Nous tiendrons donc, à la veille du Sommet, une réunion de concertation pour élaborer un Plan d'action qui viendra actualiser celui adopté par les ministres francophones de l'environnement, à Tunis, en 1991.
Ce plan fera, bien sûr, une place de choix à l'éducation.
C’est pourquoi, je voudrais, dès aujourd’hui, vous lancer une invitation.
L’invitation à animer, en mars 2002, à Dakar, l'atelier consacré à l'éducation et à la formation pour l'environnement et le développement durable, lors du colloque scientifique international qu’organisera la Francophonie sur les principaux enjeux du Sommet de Johannesburg.
Une autre manière de vous dire que la Francophonie est à vos côtés! Que vous pouvez compter sur elle! Comme elle compte sur vous !
Je vous souhaite donc le plus grand des succès dans vos travaux.
Et d’avance, bravo !!!
Source : Discours de Mr Boutros Boutros-Ghali sur le site PLANET'ERE
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