mardi 29 novembre 2005

Noix de lavage

La noix de lavage indienne (soapnut) est le fruit d'un arbre originaire d'Inde méridionale appelé Sapindus Mukorossis.

Sa teneur naturelle en saponine lui confère des propriétés détergentes utilisées depuis des siècles par les populations locales. Le fruit n'est pas comestible.

La saponine est contenue dans la coquille et se libère simplement à l'eau chaude.

Les noix de lavage peuvent constituer une alternative écologique à la lessive chimique : cinq à six demi-coquilles placées dans un sac, dans le tambour d'une machine à laver, suffisent à laver le linge à partir de 30°C.

Les coquilles peuvent être réutilisées plusieurs fois en machines (selon la température à laquelle elles ont été utilisées). Les coquilles usagées peuvent ensuite être utilisées en décoction, qui pourra servir de shampoing, de savon liquide, ou de répulsif à insecte sur les plantes.

Enfin, le reste pourra être composté.

L'eau utilisée pour une lessive aux noix de lavage peut par ailleurs être récupérée pour arroser des plantes ou un jardin.

Noix de lavage

Source : Wikipedia

Vous trouveres davantage d'informations sur www.noix-de-lavage.com.

Un article complet sur la lessive en machine aux (coques de) noix de lavage est présent sur le blog de Raffa Le grand ménage qui donne toute l'information pour passer de ses produits d'entretien usuels par d'autes plus écologiques, souvent aussi plus économiques, tout en étant aussi efficaces.

lundi 28 novembre 2005

La campagne « Un enfant, un ordinateur »

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Ordinateur portable à 100 $ vue de face
Ordinateur portable à 100 $ dans les mains
Ordinateur portable à 100 $ dans les mains

Source : 100 $ laptop

Message du secrétaire général des Nations Unies

À TUNIS, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EXHORTE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À SOUTENIR LA CAMPAGNE «UN ENFANT, UN ORDINATEUR»

On trouvera ci-après les remarques du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la manifestation organisée pour attirer l’attention de la presse sur la campagne « Un enfant, un ordinateur », à Tunis, le 16 novembre:

Il y a des inventions qui sont en avance sur leur temps.

Il y en a d’autres qui sont profondément de leur temps.

D’autres encore paraissent si évidentes et naturelles qu’une fois qu’on en a entendu parler, on se demande pourquoi il a fallu si longtemps pour en arriver là.

Rares sont celles dont on peut dire les trois à la fois.

Eh bien, c’est exactement ce dont Nicholas Negroponte, son équipe de renommée mondiale au MIT Media Lab et leurs partenaires nous ont fait cadeau.

L’ordinateur portatif à 100 dollars ouvre bien des horizons.

C’est un exploit technique remarquable, une machine capable de faire presque tout ce que font les plus grosses, celles qui sont plus chères.

C’est aussi la promesse de grands pas en avant sur le chemin du développement économique et social.

Mais ce qui est peut-être le plus important, c’est le sens qu’il faut vraiment donner à « Un enfant, un ordinateur ». Il ne s’agit pas seulement de donner un ordinateur portatif à chaque enfant, comme on lui donnerait un pouvoir magique. La magie, c’est en chaque enfant qu’elle réside, en chaque futur scientifique, intellectuel ou simple citoyen. C’est cette magie-là qu’il s’agit de faire sortir grâce à cette initiative.

L’achat des ordinateurs sera financé par les ressources du pays, par des dons et par d’autres moyens, et les machines ne coûteront rien à ceux qui les recevront. Elles seront distribuées par les ministères de l’éducation, en passant par les circuits de distribution habituels des livres de classe.

Quand ils commenceront à recevoir ces engins solides et polyvalents, les enfants de par le monde pourront prendre une part plus active à leur propre apprentissage. Ils pourront apprendre en faisant, pas seulement en écoutant et en apprenant par cœur, et ils pourront découvrir une nouvelle façon d’apprendre: directement entre eux.

Les études et l’expérience ont montré que les enfants se mettaient facilement à l’ordinateur –non seulement dans le confort d’une école ou d’un salon bien chauffé et bien éclairé dans un pays riche, mais aussi dans un taudis ou dans une campagne éloignée de tout, dans un pays en développement. Il faut absolument toucher tous ces enfants. Leur société et le monde en général ne peuvent pas se passer de leur contribution et de leur participation active. Comme l’ont dit le professeur Negroponte et d’autres, « la plus précieuse ressource naturelle d’un pays, ce sont ses enfants ».

Je remercie tous ceux qui participent à la campagne « Un enfant, un ordinateur » de la manière vraiment émouvante dont ils manifestent leur solidarité et leur civisme social. Je rends aussi hommage à l’Union internationale des télécommunications, qui a contribué à ce que cette manifestation puisse avoir lieu. Et j’en appelle à tous les dirigeants et à tous les partenaires qui participent au Sommet mondial pour qu’ils fassent tout pour que cette initiative soit parfaitement intégrée dans l’action que nous menons pour bâtir une société de l’information.

Source : Nations Unies.

Orphée et Eurydice

L'Hymen, vêtu d'une robe de pourpre, s'élève des champs de Crète, dans les airs, et vole vers la Thrace, où la voix d'Orphée l'appelle en vain à ses autels. L'Hymen est présent à son union avec Eurydice, mais il ne profère point les mots sacrés; il ne porte ni visage serein, ni présages heureux. La torche qu'il tient pétille, répand une fumée humide, et le dieu qui l'agite ne peut ranimer ses mourantes clartés. Un affreux événement suit de près cet augure sinistre. Tandis que la nouvelle épouse court sur l'herbe fleurie, un serpent la blesse au talon elle pâlit, tombe et meurt au milieu de ses compagnes.

Après avoir longtemps imploré par ses pleurs les divinités de l'Olympe, le chantre du Rhodope osa franchir les portes du Ténare, et passer les noirs torrents du Styx, pour fléchir les dieux du royaume des morts. Il marche à travers les ombres légères, fantômes errants dont les corps ont reçu les honneurs du tombeau. Il arrive au pied du trône de Proserpine et de Pluton, souverains de ce triste et ténébreux empire. Là, unissant sa voix plaintive aux accords de sa lyre, il fait entendre ces chants : "Divinités du monde souterrain où descendent successivement tous les mortels, souffrez que je laisse les vains détours d'une éloquence trompeuse. Ce n'est ni pour visiter le sombre Tartare, ni pour enchaîner le monstre à trois têtes, né du sang de Méduse, et gardien des Enfers, que je suis descendu dans votre empire. Je viens chercher mon épouse. La dent d'une vipère me l'a ravie au printemps de ses jours.

J'ai voulu supporter cette perte; j'ai voulu, je l'avoue, vaincre ma douleur. L'Amour a triomphé. La puissance de ce dieu est établie sur la terre et dans le ciel; je ne sais si elle l'est aux enfers : mais je crois qu'elle n'y est pas inconnue; et, si la renommée d'un enlèvement antique n'a rien de mensonger, c'est l'amour qui vous a soumis; c'est lui qui vous unit. Je vous en conjure donc par ces lieux pleins d'effroi, par ce chaos immense, par le vaste silence de ces régions de la Nuit, rendez-moi mon Eurydice; renouez le fil de ses jours trop tôt par la Parque coupé.

"Les mortels vous sont tous soumis. Après un court séjour sur la terre un peu plus tôt ou un peu plus tard, nous arrivons dans cet asile ténébreux; nous y tendons tous également; c'est ici notre dernière demeure. Vous tenez sous vos lois le vaste empire du genre humain. Lorsque Eurydice aura rempli la mesure ordinaire de la vie, elle rentrera sous votre puissance. Hélas ! C'est un simple délai que je demande; et si les Destins s'opposent à mes vœux, je renonce moi-même à retourner sur la terre. Prenez aussi ma vie, et réjouissez-vous d'avoir deux ombres à la fois."

Aux tristes accents de sa voix, accompagnés des sons plaintifs de sa lyre, les ombres et les mânes pleurent attendris. Tantale cesse de poursuivre l'onde qui le fuit. Ixion s'arrête sur sa roue. Les vautours ne rongent plus les entrailles de Tityos. L'urne échappe aux mains des filles de Bélus, et toi, Sisyphe, tu t'assieds sur ta roche fatale. On dit même que, vaincues par le charme des vers, les inflexibles Euménides s'étonnèrent de pleurer pour la première fois. Ni le dieu de l'empire des morts, ni son épouse, ne peuvent résister aux accords puissants du chantre de la Thrace. Ils appellent Eurydice. Elle était parmi les ombres récemment arrivées au ténébreux séjour. Elle s'avance d'un pas lent, retardé par sa blessure. Elle est rendue à son époux : mais, telle est la loi qu'il reçoit : si, avant d'avoir franchi les sombres détours de l'Averne, il détourne la tête pour regarder Eurydice, sa grâce est révoquée; Eurydice est perdue pour lui sans retour.

À travers le vaste silence du royaume des ombres, ils remontent par un sentier escarpé, tortueux, couvert de longues ténèbres. Ils approchaient des portes du Ténare. Orphée, impatient de crainte et d'amour, se détourne, regarde, et soudain Eurydice lui est encore ravie.

Le malheureux Orphée lui tend les bras, Il veut se jeter dans les siens : il n'embrasse qu'une vapeur légère. Eurydice meurt une seconde fois, mais sans se plaindre; et quelle plainte eût-elle pu former ? Était-ce pour Orphée un crime de l'avoir trop aimée ! Adieu, lui dit-elle d'une voix faible qui fut à peine entendue; et elle rentre dans les abîmes du trépas.

Privé d'une épouse qui lui est deux fois ravie, Orphée est immobile, étonné, tel que ce berger timide qui voyant le triple Cerbère, chargé de chaînes, traîné par le grand Alcide jusqu'aux portes du jour, ne cessa d'être frappé de stupeur que lorsqu'il fut transformé en rocher. Tel encore Olénus, ce tendre époux qui voulut se charger de ton crime, infortunée Léthéa, trop vaine de ta beauté. Jadis unis par l'hymen, ils ne font qu'un même rocher, soutenu par l'Ida sur son humide sommet.

En vain le chantre de la Thrace veut repasser le Styx et fléchir l'inflexible Charon. Toujours refusé, il reste assis sur la rive infernale, ne se nourrissant que de ses larmes, du trouble de son âme, et de sa douleur. Enfin, las d'accuser la cruauté des dieux de l'Érèbe, il se retire sur le mont Rhodope, et sur l'Hémus battu des Aquilons.

Trois fois le soleil avait ramené les saisons. Orphée fuyait les femmes et l'amour : soit qu'il déplorât le sort de sa première flamme, soit qu'il eût fait serment d'être fidèle à Eurydice. En vain pour lui mille beautés soupirent; toutes se plaignent de ses refus.

Mais ce fut lui qui, par son exemple, apprit aux Thraces à rechercher ce printemps fugitif de l'âge placé entre l'enfance et la jeunesse, et à s'égarer dans des amours que la nature désavoue.

Source : Ovide - Métamorphoses - Livre X.

Une interprétation

A cause de la beauté et de la force de son amour pour Eurydice, Orphée a pu obtenir d'Hadès, le dieu des morts, par ses chants, le retour à la vie de sa bien-aimée. Mais son trop grand attachement pour elle, fit qu'il désobéit à Hadès en se retournant, et ainsi la perdit pour toujours. En outre, en se tournant vers Eurydice, il se tourne vers le monde des morts, donc se détourne de la vie ..

Genèse 19 - La destruction de Sodome

Le texte

  1. Les deux anges arrivèrent à Sodome sur le soir; et Lot était assis à la porte de Sodome. Quand Lot les vit, il se leva pour aller au-devant d'eux, et se prosterna la face contre terre.
  2. Puis il dit: Voici, mes seigneurs, entrez, je vous prie, dans la maison de votre serviteur, et passez-y la nuit; lavez-vous les pieds; vous vous lèverez de bon matin, et vous poursuivrez votre route. Non, répondirent-ils, nous passerons la nuit dans la rue.
  3. Mais Lot les pressa tellement qu'ils vinrent chez lui et entrèrent dans sa maison. Il leur donna un festin, et fit cuire des pains sans levain. Et ils mangèrent.
  4. Ils n'étaient pas encore couchés que les gens de la ville, les gens de Sodome, entourèrent la maison, depuis les enfants jusqu'aux vieillards; toute la population était accourue.
  5. Ils appelèrent Lot, et lui dirent: Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions.
  6. Lot sortit vers eux à l'entrée de la maison, et ferma la porte derrière lui.
  7. Et il dit: Mes frères, je vous prie, ne faites pas le mal !
  8. Voici, j'ai deux filles qui n'ont point connu d'homme; je vous les amènerai dehors, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit.
  9. Ils dirent: Retire-toi! Ils dirent encore: Celui-ci est venu comme étranger, et il veut faire le juge! Eh bien, nous te ferons pis qu'à eux. Et, pressant Lot avec violence, ils s'avancèrent pour briser la porte.
  10. Les hommes étendirent la main, firent rentrer Lot vers eux dans la maison, et fermèrent la porte.
  11. Et ils frappèrent d'aveuglement les gens qui étaient à l'entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, de sorte qu'ils se donnèrent une peine inutile pour trouver la porte.
  12. Les hommes dirent à Lot: Qui as-tu encore ici? Gendres, fils et filles, et tout ce qui t'appartient dans la ville, fais-les sortir de ce lieu.
  13. Car nous allons détruire ce lieu, parce que le cri contre ses habitants est grand devant l'Éternel. L'Éternel nous a envoyés pour le détruire.
  14. Lot sortit, et parla à ses gendres qui avaient pris ses filles: Levez-vous, dit-il, sortez de ce lieu; car l'Éternel va détruire la ville. Mais, aux yeux de ses gendres, il parut plaisanter.
  15. Dès l'aube du jour, les anges insistèrent auprès de Lot, en disant: Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans la ruine de la ville.
  16. Et comme il tardait, les hommes le saisirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles, car l'Éternel voulait l'épargner; ils l'emmenèrent, et le laissèrent hors de la ville.
  17. Après les avoir fait sortir, l'un d'eux dit: Sauve-toi, pour ta vie; ne regarde pas derrière toi, et ne t'arrête pas dans toute la plaine; sauve-toi vers la montagne, de peur que tu ne périsses.
  18. Lot leur dit: Oh! non, Seigneur !<:li>
  19. Voici, j'ai trouvé grâce à tes yeux, et tu as montré la grandeur de ta miséricorde à mon égard, en me conservant la vie; mais je ne puis me sauver à la montagne, avant que le désastre m'atteigne, et je périrai.
  20. Voici, cette ville est assez proche pour que je m'y réfugie, et elle est petite. Oh! que je puisse m'y sauver,... n'est-elle pas petite?... et que mon âme vive !
  21. Et il lui dit: Voici, je t'accorde encore cette grâce, et je ne détruirai pas la ville dont tu parles.
  22. Hâte-toi de t'y réfugier, car je ne puis rien faire jusqu'à ce que tu y sois arrivé. C'est pour cela que l'on a donné à cette ville le nom de Tsoar.
  23. Le soleil se levait sur la terre, lorsque Lot entra dans Tsoar.
  24. Alors l'Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l'Éternel.
  25. Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre.
  26. La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue de sel.
  27. Abraham se leva de bon matin, pour aller au lieu où il s'était tenu en présence de l'Éternel.
  28. Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le territoire de la plaine; et voici, il vit s'élever de la terre une fumée, comme la fumée d'une fournaise.
  29. Lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine, il se souvint d'Abraham; et il fit échapper Lot du milieu du désastre, par lequel il bouleversa les villes où Lot avait établi sa demeure.
  30. Lot quitta Tsoar pour la hauteur, et se fixa sur la montagne, avec ses deux filles, car il craignait de rester à Tsoar. Il habita dans une caverne, lui et ses deux filles.
  31. L'aînée dit à la plus jeune: Notre père est vieux; et il n'y a point d'homme dans la contrée, pour venir vers nous, selon l'usage de tous les pays.
  32. Viens, faisons boire du vin à notre père, et couchons avec lui, afin que nous conservions la race de notre père.
  33. Elles firent donc boire du vin à leur père cette nuit-là; et l'aînée alla coucher avec son père: il ne s'aperçut ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva.
  34. Le lendemain, l'aînée dit à la plus jeune: Voici, j'ai couché la nuit dernière avec mon père; faisons-lui boire du vin encore cette nuit, et va coucher avec lui, afin que nous conservions la race de notre père.
  35. Elles firent boire du vin à leur père encore cette nuit-là; et la cadette alla coucher avec lui: il ne s'aperçut ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva.
  36. Les deux filles de Lot devinrent enceintes de leur père.
  37. L'aînée enfanta un fils, qu'elle appela du nom de Moab: c'est le père des Moabites, jusqu'à ce jour.
  38. La plus jeune enfanta aussi un fils, qu'elle appela du nom de Ben Ammi: c'est le père des Ammonites, jusqu'à ce jour.

Source : Wikisource

Sodome

Sodome est une ville biblique citée par la Genèse (18–19), située au sud de la mer Morte.

L'ancien testament décrit ses crimes et son châtiment : Dieu, alerté par « le cri contre Sodome », dont le « péché est énorme », est résolu à détruire la ville pour punir ses habitants (Génèse 18:20-21). Il envoie alors deux anges vérifier si le « péché » est avéré. Ces anges arrivent à Sodome et Lot, le neveu d'Abraham, les invite à loger chez lui. Tous les hommes de la ville entourent la maison de Lot en demandant qu'il leur livre les deux étrangers pour qu'ils les « connaissent » (Génèse 19:5).

Dans ce passage, les habitants de Sodome disent à Lot: « Où sont les hommes qui sont venus chez vous cette nuit ? Amenez-les nous pour que nous les connaissions. » En fait, la traduction pourrait être abuser, voire pénétrer plutôt que connaître.

Convaincu de leur crime, Dieu détruit la ville par « le soufre et le feu » en même temps que la cité voisine de Gomorrhe.

Le soleil se levait sur la terre quand Lot entra dans le Tsoar. Alors l'Éternel fit tomber sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de souffre et de feu; ce fut l'Éternel lui-même qui envoya du ciel ce fléau. Il détruisit ces villes et toute la plaine, et tous les habitants de ces villes. La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue de sel.

Abraham se leva de bon matin et se rendit à l'endroit où il s'était tenu en présence de l'Éternel. De là, il tourna ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe et vers toute l'étendue de la plaine; et il vit monter de la terre une fumée, semblable à la fumée d'une fournaise. Genèse (19)

Ces passages bibliques sont l'un des fondements de la condamnation chrétienne de la sodomie et de l'homosexualité.

Source : Wikipedia.

Vous pouvez lire aussi Interbible - La femme de Lot ou la statue de sel qui donne une interprétation très intéressante de ce passage de la génèse : se tourner vers l'avenir et non vers le passé.

Martin Luther

Martin Luther

Martin Luther (10 novembre 1483, Eisleben - 18 février 1546, Eisleben) est un moine allemand qui s'est opposé à des dérives du catholicisme romain et a été l'initiateur du protestantisme (luthéranisme). Il a traduit la Bible en allemand, « la langue du peuple ». En 1517, il a présenté 95 thèses contre le trafic des indulgences, dont la publication marque, au moins symboliquement, le début de la Réforme.

De la liberté du chrétien

  • Un Chrétien est un libre seigneur de toutes choses et il n’est soumis à personne.Un Chrétien est un serf corvéable en toutes choses et il est soumisà tout le monde.

Dieu est notre forteresse

  • C’est un rempart que notre Dieu,
    Une invincible armure,
    Qui nous garantit en tout lieu.

Attribuées

  • Ce à quoi tu te tiens, ce sur quoi tu t'appuies, c'est là véritablement ton Dieu.
  • Ce qui ne peut s'enseigner que par des coups et au prix de la violence ne portera que de mauvais fruits.
  • Christ est le Maître ; Les Écritures sont seulement le serviteur.
  • L'humanité est comme un paysan ivre à cheval : quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.
  • Les cloches appellent à l'office et n'y vont jamais.
  • Nous sommes des mendiants, c'est bien vrai. Ses dernières paroles
  • Si l'on m'apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier.
  • Si on ne peut pas rire au paradis, je ne tiens pas à y aller.

Source : Wikipedia et Wikiquote.

dimanche 27 novembre 2005

Pascua-lama

Pascua-Lama est le nom d'une mine dont la construction devrait débuter en 2006. Elle est situé à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Vallenar, Chili et à environ 300 kilomètres au nord-ouest de San Juan, Argentine. Il s'agit d'une mine à ciel ouvert située à 4600 mètres d'altitude. Dès 2009, elle devrait produire en moyenne 750 000 onces d'or et 30 million d'onces d'argent par année. La mine devrait avoir une durée de vie de 20 ans. Plusieurs compagnies participent à ce projet dont Barrick Gold du Canada.

L'emplacement de la mine est plutôt particulier, car il chevauche deux pays. Sa réalisation est rendue possible grâce à la signature de l'accord minier Chili-Argentine en 2004.

Lors de sa présentation, le projet minier nécessitait l'enlèvement de partie des glaciers Toro 1, Toro 2 et Esperanza. Ces glaciers recouvrent les dépôts d'or et d'argent. Le volume des glaciers à déplacer représente 300 000 mètres-cube de glace étalé sur une surface de 20 hectares.

Pour limiter les impacts écologique et empêcher la glace de fondre, les compagnies minières impliquées dans le projet propose de déplacer toute cette glace vers un nouvel emplacement ayant des caractéristiques géologiques équivalentes. Le site du glacier de Guanaco a été retenu comme emplacement final, ce dernier augmenterait en grosseur suite à l'ajout des glaces déplacés.

Ce projet minier est assez controversé dû aux impacts environnementaux du déplacement du glacier et de la pollution engendrée par la mine.

Source : Wikipedia

L'opinion d'un chilien

Pascua-lama

Situons tout d’abord le contexte:
le Chili est un pays qui possède de grandes réserves d’eau douce, reparties en fleuves, lacs et glaciers. Comme tout le monde le sait, l’eau est un bien précieux, une ressource naturelle qui pourrait devenir la cause de grandes guerres dans le futur .

Valle de San Félix

Dans la troisième région de notre pays, existe un lieu appelé “Valle de San Félix”(la Vallée de Saint Félix). C'est une commune où le chômage n’existe pas. Elle est peuplée d’agriculteurs qui apportent au pays sa seconde richesse financière la plus importante (en tant que région). Cette localité est arrosée par deux fleuves, qui prennent leur source dans les glaciers de la cordillère proche. Il offrent l’eau la plus pure du Chili!.

Les ennuis ont commencé lorsque quelqu’un a découvert sous ces glaciers le “TRESOR D’AMERIQUE” qui consiste en millions de dollars en or, argent et autres métaux.

Pour pouvoir extraire ces métaux, il est nécessaire de casser, de détruire les glaciers (du jamais vu auparavant dans le monde !) et, d’y faire deux énormes trous aussi grands que Chuquicamata (note du traducteur: soit aussi grand chacun qu’une montagne entiére): l’un sera pour extraire les minéraux, l’autre pour y jeter les déchets (les industries minières ne practiquent pas de recyclage).

Notre gouvernement a déjà approuvé ce projet, fixant la date de début des travaux dans le courant de l’année prochaine (2006) uniquement parce que les agriculteurs ont réussi à le faire ajourner.

Le nom de ce project est Pascua Lama. Il va être mis en application par une entreprise multinationale dont Bush père est l’un des actionaires....

Ce qui nous preocupe est en fait qu’en détruisant le glacier, ils en font de même avec cette précieuse réserve d’eau douce, s’attaquant aux deux fleuves qui abreuvent cette région et contaminant toute l’ eau pour la population des alentours. Désormais, elle ne pourra plus servir qu’à l’arrosage et deviendra impropre à la consommation humaine et même animale. De plus, JUSQU’AU DERNIER GRAMME D’OR IRA A LA RESERVE “GRINGA” (note: ETRANGERE) . IL N’EN RESTERA RIEN ICI DANS NOTRE PAYS. Alors que nous aurons à faire face à l’eau polluée avec les saletés et avec les maladies qui y feront leur nid !

...Ca fait longtemps que ces gens luttent pour leur terre, qui est leur unique source de travail. Mais ils n’ont pas eu le droit de s’exprimer à la TV à cause d’une ordonnance du Ministère de l’Intérieur. Leur seul espoir de mettre un frein à ce project est de le faire connaître au plus grand nombre possible de personnes afin de pouvoir saisir les cours de justice Internationales.

Je sais que ceci ne vous importe peut-être pas personnellement , mais je vous demande, si vous le pouvez, de le transmettre à vos amis.

Il FAUT QUE TOUT LE MONDE SACHE QUE CECI EST EN TRAIN DE SE PASSER AU CHILI ...
POUR CHANGER LE MONDE ...
IL FAUT COMMENCER PAR CHEZ SOI.

http://www.atinachile.cl/drupal/index.php?q=node/1235

Ing. Hiram Avila Toledo
Subgerente de Información y Seguimiento CONAFOR

Source : un document powerpoint reçu dans un email, information vérifiée sur HoaxBuster.

Vous pouvez aussi consulter un article sur Libération très bien fait, objectif et assez complet.

Pour en savoir plus, si vous lisez l'espagnol, vous trouverez une mine d'informations sur le site OLCA. Il semble que sur ce même site, on peut signer par Internet la pétition, mais ne comprenant pas l'espagnol, je n'ai pu le vérifier.

Enfin, vous pouvez aussi faire une pétition, en récoltant des signatures et en l'envoyant à :

Observatorio Latinoamericano de Conflictos Ambientales
av.Providencia 365 of.41
Providencia, Santiago de Chile
Fax: 56-2-3430696

Source de l'information : Forum Sens de la Vie

Vous pouvez également faire la demande du diaporama sur le forum Sens de la Vie après de l'auteur.

Réflexions

Les minerais d'or ont été largement exploités de par le monde. Extraire davantage d'or implique maintenant des coûts environnementaux faramineux, et cela souvent aux dépends des pays pauvres.

Cet or, pour la plus grande partie, se retrouve sous forme de bijoux.

On dit qu'un bijou offert est un gage d'amour, sans doute à cause de sa valeur marchande conséquente. Mais, ce que l'on sait moins, c'est le prix que payent d'autres gens ailleurs dans le monde..

Peut-être aussi que le meilleur gage d'amour, est d'aimer tout simplement.

vendredi 25 novembre 2005

Louis Braille

Louis Braille, né le 4 janvier 1809 à Coupvray (près de Paris), mort le 6 janvier 1852, est l'inventeur du système d'écriture Braille pour personnes atteintes de cécité ou malvoyantes.

Son père, Simon-René Braille, était un fabricant de selles et harnais. À l'âge de trois ans, Louis fut blessé à l'œil gauche par une alêne provenant de l'atelier. La blessure s'infecta et l'infection, s'étendant à l'œil droit, provoqua la cécité.

À l'âge de dix ans il gagna une bourse de l'institut royal des jeunes aveugles de Paris.

À l'école, les enfants apprenaient à lire sur des lettres en relief mais ne pouvaient pas écrire parce que l'impression était faite avec des lettres cousues sur le papier.

À l'âge de treize ans il invente le système des points en relief inspiré par la visite du capitaine à la retraite Charles Barbier qui avait amené un système d'écriture de nuit permettant aux militaires d'échanger les ordres silencieusement. Ce système de Serre est basé sur douze points, tandis que celui de Braille l'est sur six. Braille a ensuite amélioré son système pour inclure la notation mathématiques et de musique.

Braille mourut de tuberculose. Sa dépouille mortelle fut transférée au Panthéon de Paris.

Liens externes

Un accident auquel on doit le Braille

Le père de Louis Braille exerçait le métier de bourrelier du village, fabriquant des harnais, des sacs et des courroies de cuir. Déjà tout petit, Louis Braille manifesta un vif intérêt pour le maniement des outils. À partir du jour où il sut marcher et dès qu’il en avait l’occasion, il se glissait dans l’atelier de son père et commençait à y jouer. Mais, un jour de sa troisième année, alors qu’il faisait des trous dans un morceau de cuir avec un outil beaucoup trop lourd et gros pour lui, celui-ci lui échappa et vola droit dans son œil. Ses parents firent tout ce qu’ils purent même s’il n’y avait pas grand chose à faire excepté de bander l’œil atteint. Cependant, Louis, ne pouvant s’empêcher de gratter, augmenta l’infection qui finit par contaminer l’autre œil. Sa capacité visuelle diminua aux deux yeux et finit progressivement par s’éteindre. Il avait beau demander et redemander à ses parents quand reviendrait le matin, il avait été définitivement décidé que jamais plus il ne devait revoir la lumière du jour… Or, à cette époque, les aveugles n’étaient pas aussi bien considérés qu’aujourd’hui : certains les traitaient vraiment comme une race à part entière !… Louis Braille ne suivit donc pas d’instruction excepté les notions que lui inculquaient ses parents. Comme son accident ne lui avait pas fait passer l’envie de travailler le cuir, il s’y adonna de tout son cœur, ce qui, probablement, l’aida à développer son habileté manuelle, évidemment très utile. Ses parents, qui savaient tous deux lire et écrire, se rendaient bien compte que le savoir du travail du cuir ne suffisait pas à un enfant pour bien vivre plus tard. Son père obtint alors, nul ne sait comment, l’admission de son fils à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles, école fondée auparavant par Valentin Haüy. Dès son entrée à l’institution, Braille apparut comme un élève de premier ordre. Il réussissait dans toutes les disciplines enseignées et raflait toutes les récompenses, qu’il s'agisse de tâches manuelles ou de travaux intellectuels. Braille n’avait pas encore quinze ans qu’on lui confiait déjà certaines responsabilités d’enseignement. On lui attribua de plus en plus de fonctions de toutes natures à l’Institut.

Son invention

C’est aux alentours de 1819 que Louis Braille apprit l’existence de Charles Barbier et de son invention. Immédiatement il voulut y apporter quelques améliorations ! Malheureusement une grande différence d’âge séparait les deux inventeurs et, malgré son succès à l’Institut, personne ne fit attention à Louis. D’autre part Barbier, qui avait un caractère entier, n’a jamais accepté que l’on touche au principe de son invention : représenter des sons et non l’alphabet. Le dialogue n’a pas dû être facile entre le jeune écolier et l’inventeur chevronné et sûr de lui ! Cela n’a pas empêché Braille de poursuivre la mise au point de son propre système, auquel il travaillait avec acharnement, surtout le soir et la nuit. Après quelque temps, son travail fut presque au point, vers 1825. C’est en 1827 (Braille avait 18 ans) que cette écriture reçut pour la première fois la sanction de l’expérience : la transcription de la «grammaire des grammaires». En 1829 parut, imprimé en relief linéaire qui était encore l’écriture officielle à l’institution, l’ouvrage intitulé Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux, par Louis Braille, répétiteur à l’institution Royale des Jeunes Aveugles. On peut dire que c’était le «véritable acte de naissance du système braille». Ce premier alphabet n’était pas exactement celui que nous connaissons mais sa partie principale - les quatre premières séries - était la même qu’aujourd'hui ; il comportait, outre les points, un certain nombre de traits lisses qui ont rapidement disparu. Dans son exposé, Braille décrit la «planchette » et le «stylet» mais ne dit pas comment réaliser les traits lisses. On ne connaît pas les règles que Braille s’est fixées pour établir la première série de signes, dont les autres découlent. Ce que l’on sait, c’est que Braille a été très attentif à écarter les signes qui auraient pu prêter à confusion car trop proches les uns des autres. Malgré ses défauts de jeunesse, ce système était d’ores et déjà supérieur à celui de Barbier, ce qui d’ailleurs n’a pas dû lui plaire. Le plus grand avantage du système de Louis est que c’était un alphabet, calqué sur celui des voyants. Il donnait donc un accès réel et complet à la culture. Il était beaucoup plus facile à déchiffrer car ses caractères étaient de moitié moins hauts (au maximum 6 points au lieu de 12) et pouvaient être facilement appris à tout aveugle. De plus, il demandait très peu d’entraînement, sans déplacement du doigt. Bien que Barbier ait toujours refusé de se déjuger, il a cependant reconnu la valeur de la méthode de Braille, ce qui encouragea ce dernier à apporter des innovations à son écriture, telle que la notation musicale ponctuée qui est devenue de nos jours ce que l’on nomme la «Notation musicale braille internationale». Par la suite, l’emploi du braille ne fit que se développer mais il fallut plus de vingt-cinq ans pour qu’il soit officiellement adopté en France. Malheureusement, comme toujours lorsqu’une invention novatrice prend son essor, il y a quelquefois des reculs. Il y eut, entre 1840 et 1850 une sorte de «crise du braille» à la suite du renvoi et de la mise à la retraite prématurée d’un maître de l’Institut qui avait fortement soutenu Braille, accusé de corrompre la jeunesse par l’enseignement de l’histoire. Son successeur commença par essayer de limiter l’usage du braille à la musique. Il n’y réussit pas vraiment et, finalement, à partir de 1847, le braille reprit son ascension, preuve que l’on ne pouvait plus se passer de lui…

La disparition d’un homme remarquable

C’est vers 1835 que les proches de Braille ont pu remarquer qu’il commençait à être sujet à des quintes de toux de plus en plus régulières. À cause de cela, on allégea petit à petit ses tâches de professeur, ne lui laissant à partir de 1840 que ses leçons de musique. Il décida alors lui-même, en 1844 d’abandonner définitivement l’enseignement. Il profita de son temps pour essayer de donner encore plus d’ampleur à son travail et inaugura en 1847 la première machine à écrire le braille. Cependant, c’est dans la nuit du 4 au 5 décembre 1851 qu’une hémorragie abondante du poumon l’obligea à cesser toute activité. Alité, de plus en plus affaibli par des hémorragies successives, il mourut le 6 janvier 1852 d’une tuberculose, en présence de ses amis et de son frère, après avoir reçu l’extrême onction. Il fut inhumé le 10 janvier à Coupvray, selon la volonté de sa famille. Il fallut attendre un siècle pour que la dépouille mortelle de Louis Braille, bienfaiteur de l’humanité, rejoigne enfin, au Panthéon, les plus grands des personnages français. Il fut cependant décidé de laisser, en hommage à son village d’enfance, ses mains inhumées dans sa tombe à Coupvray…

Le mot de la fin

Lorsque l’on évoque le nom de Braille, que plus personne n’ignore, ce qui vient immédiatement à l’esprit de tous, c’est évidemment l’écriture ponctuée qui porte son nom. Très peu de personnes, même parmi celles qui s’intéressent au sort des aveugles, savent que Braille ne s’est pas reposé sur ses lauriers après l’avoir mise au point. Il restait en effet un problème important que le braille ne résolvait pas : celui de la communication entre aveugles et voyants, qui avait été une des préoccupations majeures de Valentin Haüy. On ne pouvait évidemment pas demander que le braille soit enseigné dans les écoles des voyants, même si cette écriture ne présentait aucune difficulté d’apprentissage pour qui utilisait ses yeux et non ses doigts. C’était aux aveugles de se mettre à la portée des voyants et Louis Braille en était parfaitement conscient. Mettant une fois de plus en action son imagination et son intelligence, il inventa une méthode nouvelle qu’il exposa en 1839 dans une petite brochure imprimée en noir, intitulée : «Nouveau procédé pour représenter par des points la forme même des lettres, les cartes de géographie, les figures de géométrie, les caractères de musique, etc., à l’usage des aveugles». En gros, cette méthode était basée sur un repérage, par coordonnées, de points en nombre suffisant pour permettre d'une part la reconnaissance visuelle de lettres, chiffres et autres signes des voyants, d’autre part leur reconnaissance tactile par les aveugles.

Source : Wikipedia

Catastrophe de l'usine pétrochimique à Jilin, Chine, le 13 novembre 2005

La catastrophe de l'usine pétrochimique de Jilin est une série d'explosions qui se sont produites dans une usine pétrochimique de la ville de Jilin dans la province du même nom en Chine le 13 novembre 2005 et qui a eu pour conséquence une importante fuite de benzène et de nitrobenzène dans la rivière Songhua, un important affluent du fleuve Amour.

Au 24 novembre 2005, une nappe de benzène, un produit cancérigène, de 80 km de long était en train de traverser la ville de Harbin, la capitale du Heilongjiang et l'une des métropoles les plus peuplées du pays avec plus de neuf millions d'habitants. Harbin a suspendu son approvisionnement en eau [1].

Explosion

Les explosions se sont produites dans une usine prétrochimique de la Jilin Petrochemical Corporation (détenue par la China National Petroleum Corporation), à Jilin, et auraient fait au moins 5 morts ou disparus, ainsi que 70 blessés. L'agence chinoise de l'environnement (SEPA, State Environmental Protection Administration of China [2]) a confirmé officiellement l'accident le 23 novembre 2005, soit 10 jours après la catastrophe [3].

Les causes des explosions ne sont pas connues mais plus de 10 000 personnes ont été évacuées, y compris les habitants et les étudiants d'une université, par peur d'autres explosions et d'une contamination du site [4]. La compagnie a admis lors d'une conférence de presse que la cause residerait dans un bouchon chimique qui n'a pas été traité [5].

Pollution de l'eau

L'explosion a gravement contaminé la rivière Songhua par du benzène. Un nappe de ce produit cancérigène dérive à sa suface. La proportion de benzène dans l'eau dépassait 100 fois le niveau maximal toléré le jour de l'explosion, mais elle serait maintenant 29 fois plus élevée que la norme. A 380 km en aval de Jilin se trouve la métropole de Harbin, l'une des plus grandes villes chinoises, qui dépend de la rivière Songhua pour son approvisionnement en eau.

Le 21 novembre, Les autorités de Harbin ont annoncé la suspension de la distribution de l'eau par le réseau d'aqueducs à compter du mardi 22 novembre à minuit pour maintenance, décision qui fut prise avant l'annonce officielle de la catastrophe et qui ne la mentionnait pas [6].

Le soir même, les autorités firent une nouvelle annonce et mentionnèrent explicitement cette fois-ci les explosions de Jilin. La fermeture du réseau fut décalé au 23 novembre à minuit, pour une durée de 4 jours. La distribution d'eau fut rétablie ce jour-là entre 9h et 20h afin de permettre aux habitants de faire des réserves, la nappe n'ayant pas encore atteint la ville. La nappe de benzène a atteint la ville au matin du 24.

Après Harbin, la nappe devrait atteindre la ville de Jiamusi vers le 26 novembre, puis le fleuve Amour et la ville russe de Khabarovsk (600 000 habitants) vers le début de décembre.

Chronologie

  • 13 novembre 2005 : explosions dans une usine pétrochimique à Jilin à 380 km en amont d'Harbin qui provoque la mort d'au moins 5 personnes et la pollution de la rivière Songhua par une nappe de benzène de 80 km de long.
  • 21 novembre 2005 : la municipalité de Harbin, capitale du Heilongjiang, annonce que l'eau potable sera coupée à partir du 22 novembre pour une durée de 4 jours en raison de travaux de maintenance.
  • 22 novembre 2005 : les médias officiels confirment que la contamination de l'eau par les explosions est la cause de la suspension de l'approvisionnement en eau potable.
  • 24 novembre 2005 : arrivée de la nappe tôt le matin dans les environs de Harbin.

Références

  1. (en) Toxic leak threat to Chinese city (BBC, 23 novembre 2005)
  2. (zh) Site officiel de la SEPA
  3. (fr) Catastrophe écologique en Chine du Nord (Le Monde, 24 novembre 2005)
  4. (en) 6 missing, 70 wounded in chemical plant blasts (Xinhua, 13 novembre 2005)
  5. (en) Company admit fault in chemical blast (CCTV, 14 novembre 2005)
  6. (en) Pollution worries China's press (BBC, 23 novembre 2005)

Source : Wikipedia

jeudi 24 novembre 2005

De jolies gouttelettes reposant sur une fleur

gouttes d'eau sur feuilles d'ancolie
De jolies gouttes d'eau recueillies par les délicates feuilles d'une ancolie.

Source : Flickr

Douceur d'une rose

Une rose
Douceur et parfum d'une rose.

Source : Filckr

Coeur de fleur

Coeur de fleur
Les motifs de la nature : ici, le coeur d'une fleur.

Source : Flickr

Brouillard sur jardin

Jardin japonais
Le jardin japonais de Portland, Oregon.

Source : Filckr

Hésiode

Hésiode
Hésiode ( VIIIe siècle av. J.-C. ), poète grec.

Les travaux et les jours

  • Ce n'est pas en remettant au lendemain que l'on remplit sa grange.
  • Combien est insensé l'homme qui, dédaignant ce qui est à ses côtés, va chercher ce qui est loin de lui.
  • Évite une mauvaise renommée parmi tes semblables. La renommée est dangereuse ; son fardeau est léger à soulever, pénible à supporter et difficile à déposer.
  • Gain mal acquis vaut un désastre.
  • Il est bien tard d'épargner sur le tonneau quand le vin est à la lie.
  • L'envie a le teint livide et les discours calomnieux.
  • La route qui mène à la misère est plane.
  • Le mauvais souhait est surtout mauvais pour celui qui l'a formé.
  • Le plus sage est celui qui, jugeant tout par lui-même, considère les actions qui seront les meilleures lorsqu'il les aura terminées.
  • Les tristes souffrances, le pénible travail et les cruelles maladies amènent la vieillesse : car les hommes qui souffrent vieillissent promptement.
  • Ne mens pas pour le plaisir de parler.
  • Ne remets rien au lendemain ni au surlendemain.
  • Pâtir rend le bon sens au sot.
  • Prends mesure de ton voisin et paie-le largement avec la même mesure.
  • Un mauvais voisin est une calamité, un bon voisin un vrai trésor.
  • Une langue avare de discours est un trésor parmi les hommes. C'est la mesure des paroles qui en compose la grâce la plus précieuse. Si tu es médisant, bientôt on médira de toi davantage.
  • Une mauvaise réputation est un fardeau, léger à soulever, lourd à porter, difficile à déposer.

Attribuées

  • C’est contre soi-même qu’on prépare le mal préparé pour autrui : la pensée mauvaise est surtout mauvaise pour qui l’a conçue.
  • Confiance et défiance sont également la ruine des hommes.
  • Du chaos naquirent Érèbe et la noire Nuit. Et de Nuit à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour.
  • Écoute donc la justice, oublie la violence à jamais. Telle est la loi que le Cronide a prescrite aux hommes : que les poissons, les fauves, les oiseaux ailés se dévorent, puisqu’il n’est point parmi eux de justice , mais aux hommes Zeus a fait don de la justice, qui est de beaucoup le premier des biens.
  • Le Kroniôn a permis aux bêtes féroces de se dévorer entre eux, parce que la justice leur manque.
  • La route qui mène à la misère est plane et elle est là tout près.
  • Ne recherche pas les profits malhonnêtes, les profits malhonnêtes sont des pertes.

Source : Wikiquote

Les cinq âges de la mythologie grecque selon Hésiode

L'âge d'or

Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge d'or pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d'un nuage (9), parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale prérogative qu'ils ont obtenue.

L'âge d'argent

Ensuite les habitants de l'Olympe produisirent une seconde race bien inférieure à la première, l'âge d'argent qui ne ressemblait à l'âge d'or ni pour la force du corps ni pour l'intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l'enfant, toujours inepte, croissait, durant cent ans, dans la maison natale. Parvenu au terme de la puberté et de l'adolescence, il ne vivait qu'un petit nombre d'années, accablé de ces douleurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hommes ne pouvaient s'abstenir de l'injustice ; ils ne voulaient pas adorer les dieux ni leur offrir des sacrifices sur leurs pieux autels, comme doivent le faire les mortels divisés par tribus. Bientôt Jupiter, fils de Saturne, les anéantit, courroucé de ce qu'ils refusaient leurs hommages aux dieux habitans de l'Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfermé leurs dépouilles, on les nomma les mortels bienheureux ; ces génies terrestres n'occupent que le second rang, mais le respect accompagne aussi leur mémoire.

L'âge d'airain

Le père des dieux créa une troisième génération d'hommes doués de la parole, l'âge d'airain, qui ne ressemblait en rien à l’âge d'argent.

Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et terribles, ne se plaisaient qu'aux injures et aux sanglants travaux de Mars ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la terre, et leur coeur impitoyable avait la dureté de l'acier. Leur force était immense, indomptable, et des bras invincibles s'allongeaient de leurs épaules sur leurs membres nerveux. Ils portaient des armes d'airain ; l’airain composait leurs maisons ; ils ne travaillaient que l'airain, car le fer noir n'existait pas encore. Égorgés par leurs propres mains, ils descendirent dans la ténébreuse demeure du froid Pluton sans laisser un nom après eux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mort les saisit et ils quittèrent la brillante lumière du soleil.

L'âge des héros

Quand la terre eut aussi renfermé leur dépouille dans son sein, Jupiter, fils de Saturne, créa sur cette terre fertile une quatrième race plus juste et plus vertueuse , la céleste race de ces Héros que l'âge précédent nomma les demi-dieux dans l’immense univers. La guerre fatale et les combats meurtriers les moissonnèrent tous, les uns lorsque, devant Thèbes aux sept portes , sur la terre de Cadmus, ils se disputèrent les troupeaux d'Oedipe ; les autres lorsque, franchissant sur leurs navires la vaste étendue de la mer, armés pour Hélène aux beaux cheveux, ils parvinrent jusqu'à Troie, où la mort les enveloppa de ses ombres. Le puissant fils de Saturne, leur donnant une nourriture et une demeure différentes de celles des autres hommes, les plaça aux confins de la terre. Ces Héros fortunés, exempts de toute inquiétude, habitent les îles des bienheureux par delà l'océan aux gouffres profonds, et trois fois par an la terre féconde leur prodigue des fruits brillants et délicieux.

L'âge de fer

Plût aux dieux que je ne vécusse pas au milieu de la cinquième génération ! Que ne suis-je mort avant ! que ne puis-je naître après ! C'est l'âge de fer qui règne maintenant. Les hommes ne cesseront ni de travailler et de souffrir pendant le jour ni de se corrompre pendant la nuit ; les dieux leur enverront de terribles calamités. Toutefois quelques biens se mêleront à tant de maux. Jupiter détruira celte race d'hommes doués de la parole lorsque presque dès leur naissance leurs cheveux blanchiront. Le père ne sera plus uni à son fils, ni le fils à son père, ni l'hôte à son hôte, ni l'ami à son ami ; le frère, comme auparavant, ne sera plus chéri de son frère ; les enfants mépriseront la vieillesse de leurs parents. Les cruels ! ils les accableront d'injurieux reproches sans redouter la vengeance divine. Dans leur coupable brutalité, ils ne rendront pas à leurs pères les soins que leur enfance aura reçus : l'un ravagera la cité de l'autre ; on ne respectera ni la foi des serments, ni la justice, ni la vertu ; on honorera de préférence l'homme vicieux et insolent ; l'équité et la pudeur ne seront plus en usage ; le méchant outragera le mortel vertueux par des discours pleins d'astuce auxquels il joindra le parjure. L'Envie au visage odieux, ce monstre qui répand la calomnie et se réjouit du mal, poursuivra sans relâche les hommes infortunés. Alors, promptes à fuir la terre immense pour l'Olympe, la Pudeur et Némésis , enveloppant leurs corps gracieux de leurs robes blanches, s'envoleront vers les célestes tribus et abandonneront les humains ; il ne restera plus aux mortels que les chagrins dévorants, et leurs maux seront irrémédiables.

Source WikiSource : Les Travaux et les jours

Note : Ovide dans Métamorphoses - Livre I, ne mentionne pas l'âge des héros, et donc ne décrit que 4 âges

Les quatre âges de la mythologie grecque selon Ovide

L'âge d'or commença.

L'âge d'or

Alors les hommes gardaient volontairement la justice et suivaient la vertu sans effort. Ils ne connaissaient ni la crainte, ni les supplices; des lois menaçantes n'étaient point gravées sur des tables d'airain; on ne voyait pas des coupables tremblants redouter les regards de leurs juges, et la sûreté commune être l'ouvrage des magistrats. Les pins abattus sur les montagnes n'étaient pas encore descendus sur l’océan pour visiter des plages inconnues. Les mortels ne connaissaient d'autres rivages que ceux qui les avaient vus naître. Les cités n'étaient défendues ni par des fossés profonds ni par des remparts. On ignorait et la trompette guerrière et l'airain courbé du clairon. On ne portait ni casque, ni épée;

Et ce n'étaient pas les soldats et les armes qui assuraient le repos des nations. La terre, sans être sollicitée par le fer, ouvrait son sein, et, fertile sans culture, produisait tout d'elle-même. L'homme, satisfait des aliments que la nature lui offrait sans effort, cueillait les fruits de l'arbousier et du cornouiller, la fraise des montagnes, la mûre sauvage qui croît sur la ronce épineuse, et le gland qui tombait de l'arbre de Jupiter. C'était alors le règne d'un printemps éternel. Les doux zéphyrs, de leurs tièdes haleines, animaient les fleurs écloses sans semence. La terre, sans le secours de la charrue, produisait d'elle-même d'abondantes moissons.

L'âge d'argent

Dans les campagnes s'épanchaient des fontaines de lait, des fleuves de nectar; et de l'écorce des chênes le miel distillait en bienfaisante rosée. Lorsque Jupiter eut précipité Saturne dans le sombre Tartare, l'empire du monde lui appartint, et alors commença l'âge d'argent, âge inférieur à celui qui l'avait précédé, mais préférable à l'âge d'airain qui le suivit. Jupiter abrégea la durée de l'antique printemps; il en forma quatre saisons qui partagèrent l'année : l'été, l'automne inégale, l'hiver, et le printemps actuellement si court. Alors, pour la première fois, des chaleurs dévorantes embrasèrent les airs;

L'âge d'airain

Les vents formèrent la glace de l'onde condensée. On chercha des abris. Les maisons ne furent d'abord que des antres, des arbrisseaux touffus et des cabanes de feuillages. Alors il fallut confier à de longs sillons les semences de Cérès; alors les jeunes taureaux gémirent fatigués sous le joug. Aux deux premiers âges succéda l'âge d'airain. Les hommes, devenus féroces, ne respiraient que la guerre; mais ils ne furent point encore tout à fait corrompus. L'âge de fer fut le dernier. Tous les crimes se répandirent avec lui sur la terre. La pudeur, la vérité, la bonne foi disparurent.

À leur place dominèrent l'artifice, la trahison, la violence, et la coupable soif de posséder. Le nautonier confia ses voiles à des vents qu'il ne connaissait pas encore; et les arbres, qui avaient vieilli sur les montagnes, en descendirent pour flotter sur des mers ignorées. La terre, auparavant commune aux hommes, ainsi que l'air et la lumière, fut partagée, et le laboureur défiant traça de longues limites autour du champ qu'il cultivait. Les hommes ne se bornèrent point à demander à la terre ses moissons et ses fruits, ils osèrent pénétrer dans son sein; et les trésors qu'elle recelait, dans des antres voisins du Tartare,

L'âge de fer

Vinrent aggraver tous leurs maux. Déjà sont dans leurs mains le fer, instrument du crime, et l'or, plus pernicieux encore. La Discorde combat avec l'un et l'autre. Sa main ensanglantée agite et fait retentir les armes homicides. Partout on vit de rapine. L'hospitalité n'offre plus un asile sacré. Le beau-père redoute son gendre. L'union est rare entre les frères. L'époux menace les jours de sa compagne; et celle-ci, les jours de son mari. Des marâtres cruelles mêlent et préparent d'horribles poisons : le fils hâte les derniers jours de son père. La piété languit, méprisée;

Et Astrée quitte enfin cette terre souillée de sang, et que les dieux ont déjà abandonnée. Le ciel ne fut pas plus que la terre à l'abri des noirs attentats des mortels : on raconte que les Géants osèrent déclarer la guerre aux dieux. Ils élevèrent jusqu'aux astres les montagnes entassées. Mais le puissant Jupiter frappa, brisa l'Olympe de sa foudre; et, renversant Ossa sur Pélion, il ensevelit, sous ces masses écroulées, les corps effroyables de ses ennemis. On dit encore que la terre, fumante de leur sang, anima ce qui en restait dans ses flancs, pour ne pas voir s'éteindre cette race cruelle.

Source : Les métamorphoses - Livre I

mercredi 23 novembre 2005

Le familistère de Guise

Intérieur du familistère en 2005
Intérieur du familistère en 2005
Familistère - Aile gauche
Familistère aile gauche

Le plus célèbre des Familistères est celui de Guise, créé en 1860 par Jean-Baptiste André Godin, sur des plans qu'il avait établis lui-même, et qui conserva sa fonction à l'identique jusque 1968. Disciple de Charles Fourier, Jean-Baptiste Godin avait financé ces constructions pour y loger les familles d'ouvriers de son usine, dans des conditions d'hygiène et de confort inégalables pour l'époque (eau courante, toilettes, bibliothèque, prise en charge de la scolarité des enfants, etc.) Cette réalisation se concevait comme une application concrète des idées du socialisme utopique de Charles Fourier esquissée dans sa théorie du phalanstère.

Le Familistère de Guise est aujourd'hui classé au titre des Monuments historiques, et il est toujours habité. La société Godin, pour sa part, existe toujours également (2005).

Jean-Baptiste André Godin

Jean-Baptiste André Godin, (Esquéhéries 1817 - Guise 1888) était un industriel social français, créateur de la société des poëles en fonte Godin (Les cheminées Godin) et du familistère de Guise. Il installe en 1846 une industrie qui emploie en une vingtaine d'années jusqu'à 1500 personnes. Partisan de fourier et d'une redistribution des richesses industrielles aux ouvriers, il crée un univers autour de son usine (le phalanstère). Il favorise le logement en construisant les Familistères (logements modernes pour l'époque), des lavoirs et des magasins d'approvisionements, l'éducation en construisant une école obligatoire et gratuite, les loisirs et l'instruction avec la construction d'un théâtre, d'une piscine et d'une bibliothèque. Tous les acteurs de l'entreprise avaient accès aux mêmes avantages quelque soit la situation dans l'entreprise.

Jean-Baptiste André Godin fut député de l'Aisne de 1871 à 1876.

La société qu'il a fondée continue à exister aujourd'hui (2004). Le Familistère a en revanche cessé de fonctionner en tant que tel vers 1965, bien que ses bâtiments soient toujours utilisés à des fins d'habitation, et classés au patrimoine.

Bibliographie

  • Solution sociale (1871)
  • les Socialistes et les Droits du travail (1874)
  • Mutualité sociale et association du capital et du travail (1880)

Source Wikipedia : Familistère, Jean-Baptiste André Godin.

Vous pouvez voir aussi le site Le familistère Godin à Guise.

lundi 21 novembre 2005

La fin du monde de Mérinos (1872)

Une fiction de Mérinos [Eugène Mouton] écrite en 1872 qui n'est pas sans rappeler ce qui se passe actuellement : le réchauffement de la planète et ses causes.

Source : La fin du monde sur le site Gallica Utopie

LA FIN DU MONDE

Et le monde finira par le feu

De toutes les questions qui intéressent l'homme, il n'en est pas de plus digne de ses recherches que celle des destinées de la planète qu'il habite. La géologie et l'histoire nous ont appris bien des choses sur le passé de la Terre : nous savons au juste, à quelques millions de siècles près, l'âge de notre globe ; nous savons dans quel ordre les développements de la vie se sont progressivement manifestés et propagés à sa surface ; nous savons à quelle époque l'homme est venu enfin s'asseoir à ce banquet de la vie préparé pour lui, et dont il avait fallu plusieurs milliers d'années pour mettre le couvert.
Nous savons tout cela, ou du moins nous croyons le savoir, ce qui revient exactement au même : mais si nous sommes fixés sur le passé, nous ne le sommes pas sur l'avenir.
L'humanité n'en sait guère plus sur la durée probable de son existence, que chacun de nous n'en sait sur le nombre d'années qu'il lui reste à vivre :

La table est mise,
La chère exquise,
Que l'on se grise !
Trinquons, mes amis !

Fort bien : mais en sommes-nous au potage, ou au dessert ? Qui nous dit, hélas ! qu'on ne va pas servir le café tout à l'heure ?
Nous allons, nous allons, insouciants de l'avenir du monde, sans jamais nous demander si par hasard cette barque frêle qui nous porte à travers l'océan de l'infini ne risque pas de chavirer tout à coup, ou si sa vieille coque, usée par le temps et détraquée par les agitations du voyage, n'a pas quelque voie d'eau par où la mort, goutte à goutte, s'infiltre dans cette carcasse, qui est la carcasse même de l'humanité, entendez-vous !

Le monde, c'est-à-dire pour nous le globe terrestre, n'a pas toujours existé. Il a commencé, donc il finira. Quand, voilà la question. Et tout d'abord demandons-nous si le monde peut finir par un accident, par une perturbation des lois actuelles.
Nous ne saurions l'admettre. Une telle hypothèse, en effet, serait en contradiction absolue avec l'opinion que nous entendons soutenir dans ce travail. Il est dès-lors bien clair que nous ne pouvons l'adopter.
Toute discussion serait en effet impossible si l'on admettait l'opinion qu'on s'est proposé de combattre.
Ainsi voilà un premier point parfaitement établi : la Terre ne sera pas détruite par accident ; elle finira par suite de l'action même des lois de sa vie actuelle : elle mourra, comme on dit, de sa belle mort.
Mais mourra-t-elle de vieillesse ? Mourra-t-elle de maladie ?
Je n'hésite pas à répondre : Non, elle ne mourra pas de vieillesse ; oui, elle mourra de maladie. Par suite d'excès. J'ai dit que la Terre finira par suite de l'action même des lois de sa vie actuelle. Il s'agit maintenant de rechercher quel est, de tous ces agents fonctionnant pour l'entretien de la vie du globe terraqué, celui qui est appelé à la détruire un jour.
Je le dis sans hésiter : cet agent, c'est celui-là même auquel la Terre a dû primitivement son existence : c'est la chaleur. La chaleur boira la mer ; la chaleur mangera la Terre : et voici comment cela arrivera.

Un jour, regardant fonctionner des locomotives, l'illustre Stephenson demandait à un grand chimiste anglais quelle était la force qui faisait mouvoir ces machines. Le chimiste répondit : "C'est le soleil."
Et en effet toute la chaleur que nous mettons en liberté lorsque nous brûlons des combustibles végétaux, bois ou charbon, a été emmagasinée là par le soleil : un morceau de bois, un morceau de charbon, n'est donc, au pied de la lettre, autre chose qu'une conserve de rayons solaires. Plus la vie végétale se développe et plus il y accumulation de ces conserves. Si on en brûle beaucoup et qu'on en crée beaucoup, c'est-à-dire si la culture et l'industrie se développent, l'emmagasinement, d'une part, la mise en liberté, de l'autre, des rayons du soleil absorbés par la Terre, iront sans cesse en augmentant, et la Terre devra s'échauffer d'une manière continue.
Que sera-ce si la population animale, si l'espèce humaine à son tour, suivent le même progrès ? Que sera-ce si des transformations considérables, nées du développement même de la vie animale à la surface du globe, viennent modifier la structure des terrains, déplacer le bassin des mers, et rassembler l'humanité sur des continents à la fois plus fertiles et plus perméables à la chaleur solaire ?
Or c'est précisément ce qui va arriver.

Lorsqu'on compare le monde à ce qu'il était autrefois, on est tout de suite frappé d'un fait qui saute au yeux : ce fait, c'est le développement de la vie organique sur le globe. Depuis les sommets les plus élevés des montagnes jusqu'aux gouffres les plus profonds de la mer, des millions de milliards d'animalcules, d'animaux, de cryptogames ou de plantes supérieures, travaillent jour et nuit, depuis des siècles, comme ont travaillé ces foraminifères qui ont bâti la moitié de nos continents.
Ce travail allait assez vite déjà avant l'époque où l'homme apparut sur la Terre ; mais depuis l'apparition de l'homme il s'est développé avec une rapidité qui va tous les jours s'accélérant. Tant que l'humanité est restée parquée sur deux ou trois points de l'Asie, de l'Europe et de l'Afrique, on n'y a pas pris garde, parce que, sauf ces quelques foyers de concentration, la vie générale était encore à l'aise pour déverser sur les espaces libres le trop-plein accumulé sur certains points de la terre civilisée : c'est ainsi que la colonisation a peuplé de proche en proche des contrées jusqu'alors inhabitée et vierges de toute culture. Alors a commencé la première phase du progrès de la vie par l'action humaine : la phase agricole.
On a marché dans ce sens pendant six siècles environ. Mais on a découvert les grands gisements de houille, et presque en même temps la chimie et la vapeur : la Terre est entrée alors dans la phase industrielle, qui ne fait que commencer puisqu'elle n'a guère plus de soixante ans.
Mais où ce mouvement nous mène, et de quel train nous y arriverons, c'est ce qu'il est facile de présumer d'après ce qui se passe déjà sous nos yeux.
Il est évident, pour qui sait voir les choses, que depuis un demi-siècle, tout, bêtes et gens, tend à se multiplier, à foisonner, à pulluler dans une proportion vraiment inquiétante.
On mange davantage, on boit davantage, on élève des vers à soie, on nourrit des volailles et on engraisse des boeufs.
En même temps on plante de tous les côtés ; on défriche, on invente des assolements fécondants et des cultures intensives : on compose des engrais artificiels qui doublent le rendement des terres ; on ne se contente pas de ce que produit la terre, et on sème à pleines mains, dans nos rivières, des saumons à cinq francs la dalle, et dans nos golfes, des huîtres à vingt-quatre sous la douzaine.
Pendant ce temps, on fait fermenter d'énormes quantités de vin, de bières, de cidre ; on distille de véritables fleuves d'eau-de-vie, et puis on brûle des millions de tonnes de houille, sans compter qu'on perfectionne incessamment les appareils de chauffage, qu'on calfeutre de plus en plus les maisons, et qu'enfin on fabrique tous les jours à meilleur marché les étoffes de laine et de coton dont l'homme se sert pour se tenir au chaud.
A ce tableau déjà suffisamment sombre il convient d'ajouter les développements insensés de l'instruction publique, qu'on peut considérer comme une source de lumière et de chaleur, car si elle n'en dégage par elle-même, elle en multiplie la production en donnant à l'homme les moyens de perfectionner et d'étendre son action sur la nature. Voilà où nous en sommes ; voilà où nous a conduits un seul demi-siècle d'industrialisme : évidemment il y a dans tout cela des symptômes manifestes d'une exubérance prochaine, et on peut dire qu'avant cent ans d'ici la Terre prendra du ventre.
Alors commencera la redoutable période où l'excès de la production amènera l'excès de la consommation, L'EXCES DE LA CONSOMMATION L'EXCES DE CHALEUR, ET L'EXCES DE CHALEUR LA COMBUSTION SPONTANEE DE LA TERRE ET DE TOUS SES HABITANTS.

Il n'est pas difficile de prévoir la série des phénomènes qui conduiront le globe, de degrés en degrés, à cette catastrophe finale. Quelque navrant que puisse être le tableau de ces phénomènes, je n'hésiterai pas à le tracer, parce que la prévision de ces faits, en éclairant les générations futures sur le danger des excès de la civilisation, leur servira peut-être à modérer l'abus de la vie et à reculer de quelques milliers d'années, ou tout au moins de quelques mois, la fatale échéance.
Voici donc ce qui va se passer.
Pendant une dizaine de siècles, tout ira de mieux en mieux. L'industrie surtout marchera à pas de géant. On commencera d'abord par épuiser tous les gisements de houille ; puis toutes les sources de pétrole ; puis on abattra toutes les forêts ; puis on brûlera directement l'oxygène de l'air et l'hydrogène de l'eau. A ce moment-là il y aura sur la surface du globe environ un milliard de machines à vapeur de mille chevaux en moyenne, soit mille milliard de chevaux-vapeur fonctionnant nuit et jour.
Tout travail physique est fait par des machines ou par des animaux : l'homme ne le connaît plus que sous la forme d'une gymnastique savante, pratiquée uniquement comme hygiène.
Mais tandis que ses machines lui vomissent incessamment des torrents de produits manufacturés, de ses usines agricoles sort à flots pressés une foule de plus en plus compacte de moutons, de poulets, de bœufs, de dindons, de porcs, de canards, de veaux et d'oies, tout cela crevant de graisse, bêlant, gloussant, mugissant, glouglottant, grognant, nasillant, beuglant, sifflant, et demandant à grands cris des consommateurs !
Or, sous l'influence d'une alimentation de plus en plus abondante, de plus en plus succulente, la fécondité des races humaines et des races animales va de jour en jour en s'accroissant.
Les maisons s'élèvent étage par étage ; on supprime d'abord les jardins, puis les cours. Les villes, puis les villages, commencent à projeter peu à peu des lignes de faubourgs dans toutes les directions ; bientôt des lignes transversales réunissent ces rayons.
Le mouvement progresse ; les villes voisines viennent à se toucher. Paris annexe Saint-Germain, Versailles, puis Beauvais, puis Châlons, puis Orléans, puis Tours ; Marseille annexe Toulon, Draguignan, Nice, Carpentras, Nîmes, Montpellier ; Bordeaux, Lyon et Lille se partagent le reste, et Paris finit par annexer Marseille, Lyon, Lille et Bordeaux.
Et de même dans toute l'Europe, de même dans les quatre autres parties du monde.
Mais en même temps s'accroît la population animale. Toutes les espèces inutiles ont disparu : il ne reste plus que des boeufs, des moutons, des chevaux et de la volaille. Or, pour nourrir tout cela il faut des espaces libres à cultiver, et la place commence à manquer.
On réserve alors quelques terrains pour la culture, on y entasse des engrais, et là, couchées au milieu d'herbages de six pieds de hauteur, on voit se rouler des race inouïes de moutons et de bœufs sans cornes, sans poil, sans queue, sans pattes, sans os, et réduits par l'art des éleveur à n'être plus qu'un monstrueux beefsteak alimenté par quatre estomacs insatiables !
Pendant ce temps, dans l'hémisphère austral, une révolution formidable va s'accomplir. Que dis-je ? A peine cinquante mille ans se sont écoulés, et la voilà faite.
Les polypiers ont réuni ensemble tous les continents et toutes les îles de l'Océan Pacifique et des mers du Sud : l'Amérique, l'Europe, l'Afrique, ont disparu sous les eaux de l'océan ; il n'en reste plus que quelques îles formées des derniers sommets des Alpes, des Pyrénées, des buttes Montmartre, des Carpathes, de l'Atlas, des Cordillères ; l'humanité, reculant peu à peu devant la mer, s'est répandue sur les plaines incommensurables que l'océan a abandonnées. Elle y a apporté sa civilisation foudroyante ; déjà, comme sur les anciens continents, l'espace commence à lui manquer.

La voilà dans ses derniers retranchements : c'est là qu'elle va lutter contre l'envahissement de la vie animale. C'est là qu'elle va périr !
Elle est sur un terrain calcaire ; elle fait passer incessamment à l'état de chaux une masse énorme de matières animalisées ; cette masse, exposée aux rayons d'un soleil torride, emmagasine incessamment de nouvelles unités de chaleur, pendant que le fonctionnement des machines, la combustion des foyers et le développement de la chaleur animale, élèvent incessamment la température ambiante.
Et pendant ce temps la production animale continue à s'accroître ; et il arrive un moment où l'équilibre étant rompu, il devient manifeste que la production va déborder la consommation.

Alors commence à se former, sur l'écorce du globe, d'abord presque une pellicule, puis une couche appréciable de détritus irréductibles : la Terre est saturée de vie.
La fermentation commence.
Le thermomètre monte, la baromètre descend, l'hygromètre marche vers zéro. Les fleurs se fanent, les feuilles jaunissent, les parchemins se recroquevillent : tout sèche et devient cassant.
Les animaux diminuent par l'effet de la chaleur et de l'évaporation. L'homme à son tour maigrit et se dessèche ; tous les tempéraments se fondent en un seul, le bilieux ; et le dernier des lymphatiques offre avec larmes sa fille et cent millions de dot au dernier des scrofuleux, qui n'a pas un sou de fortune, et qui refuse par orgueil !
La chaleur augmente et les sources tarissent. Les porteurs d'eau s'élèvent par degrés au rang de capitalistes, puis de millionnaires, si bien que la charge de Grand Porteur d'Eau du prince finit par devenir une des premières dignités de l'Etat. Toutes les bassesses, toutes les infamies qu'on voit faire aujourd'hui pour un pièce d'or, on les fait pour un verre d'eau, et l'Amour lui-même, abandonnant son carquois et ses flèches, les remplace par une carafe frappée. Dans cette atmosphère torride, un morceau de glace se paye par vingt fois son poids de diamants ! L'empereur d'Australie, dans un accès d'aliénation mentale, se fait faire un tutti frutti qui lui coûte une année de sa liste civile ! ! ! Un savant fait une fortune colossale en obtenant un hectolitre d'eau fraîche à 45 degrés ! ! ! !
Les ruisseaux se dessèchent ; les écrevisses, se bousculant tumultueusement pour courir après ces filets d'eau tiède qui les abandonnent, changent, chemin faisant, de couleur, et tournent à l'écarlate. Les poissons, le coeur affadi et la vessie natatoire distendue, se laissent aller vers les fleuves, le ventre en l'air et la nageoire inerte.
Et l'espèce humaine commence à s'affoler visiblement. Des passions étranges, des colères inouïes, des amours foudroyantes, des plaisirs insensés, font de la vie une série de détonations furieuses, ou plutôt une explosion continue, qui commence à la naissance et qui ne finit qu'à la mort. Dans ce monde torréfié par une combustion implacable, tout est roussi, craquelé, grillé, rôti, et après l'eau, qui s'évapore, on sent diminuer l'air, qui se raréfie.
Effroyable calamité ! les rivières à leur tour et les fleuves ont disparu : les mers commencent à tiédir, puis à s'échauffer : les voilà qui déjà mijotent comme sur un feux doux.
D'abord les petits poissons, asphyxiés, montrent leur ventre à la surface ; viennent ensuite les algues, que la chaleur a détachées du fond ; enfin s'élèvent, cuits au bleu et rendant leur graisse par larges taches, les Requins, les Baleines, et la Pieuvre énorme, et le Kraken cru fabuleux, et le Serpent de mer trop contesté ; et de ces graisses, de ces herbes et de ces poissons cuits ensemble, l'océan qui fume fait une incommensurable bouillabaisse. Une écoeurante odeur de cuisine se répand sur toute la terre habitée ; elle y règne un siècle à peine : l'océan s'évapore et ne laisse plus de son existence d'autre trace que des arêtes de poissons éparses sur des plaines désert...

La fin commence.
Sous la triple influence de la chaleur, de l'asphyxie et de la dessiccation, l'espèce humaine s'anéantit peu à peu : l'homme s'effrite, s'écaille, et au moindre choc tombe par morceaux. Il ne lui reste plus, pour remplacer les légumes, que quelques plantes métalliques qu'il parvient à faire pousser à force de les arroser de vitriol ! Pour étancher la soif qui le dévore, pour ranimer son système nerveux calciné, pour liquéfier son albumine qui se coagule, il n'a plus d'autres liquides que l'acide sulfurique ou l'eau forte.
Vains efforts.
A chaque souffle de vent qui vient agiter cette atmosphère anhydre, des milliers de créatures humaines sont desséchées instantanément ; et le cavalier sur son cheval, l'avocat à la barre, le juge sur son siège, l'acrobate sur sa corde, l'ouvrière à sa fenêtre, le roi sur son trône, s'arrêtent momifiés !

Et alors vient le dernier jour.
Ils ne sont plus que trente-sept, errants comme des spectres d'amadou au milieu d'une population effroyable de momies qui les regardent avec des yeux semblables à des raisins de Corinthe.
Et ils se prennent les mains, et ils commencent une ronde furieuse, et à chaque tour un des danseurs trébuche et tombe mort avec un bruit sec. Et le trente-sixième tour fini, le survivant demeure seul en face de ce monceau misérable où sont rassemblés les derniers débris de la race humaine !
Il jette un dernier regard sur la Terre ; il lui dit adieu au nom de nous tous, et de ses pauvres yeux brûlés tombe une larme, la dernière larme de l'humanité. Il la recueille dans sa main, il la boit, et il meurt en regardant le ciel.

Pouff ! ! ! !
Une petite flamme bleuâtre s'élève en tremblotant ; puis deux, puis trois, puis mille. Le globe entier s'embrase, brûle un instant, s'éteint.
Tout est fini : la Terre est morte..

Morne et glacée, elle roule tristement dans les déserts silencieux de l'infini ; et de tant de beauté, de tant de gloire, de tant de joies, de tant de larmes, de tant d'amours, il ne reste plus qu'une petite pierre calcinée, errant misérable à travers les sphères lumineuses des mondes nouveaux.
Adieu, Terre ! Adieu, souvenirs touchants de nos histoires, de notre génie, de nos douleurs et de nos amours ! Adieu, Nature, toi dont la majesté douce et sereine nous consolait si bien de nos souffrances ! Adieu, bois frais et sombres, où pendant les belles nuits d'été, à la lumière argentée de la lune, on entendait chanter le rossignol ! Adieu, créatures terribles et charmantes qui meniez le monde avec une larme ou un sourire, et que nous appelions de noms si doux ! Ah ! puisqu'il ne reste plus rien de vous, tout est bien fini : LA TERRE EST MORTE.

Mérinos [Eugène Mouton]

Extrait de Nouvelles et fantaisies humoristiques. Paris, Librairie générale, MDCCCLXXII, pp. 47-57.

Pierre Joseph Proudhon

Pierre Joseph Proudhon

Pierre Joseph Proudhon (né le 15 janvier 1809 à Besançon (1) dans le Doubs, mort à Paris (2) le 19 janvier 1865 à Passy), économiste, sociologue français, théoricien du socialisme, considéré comme un des premiers penseurs anarchistes.

La publication en 1840 de son œuvre maîtresse Qu'est-ce que la propriété ?, question à laquelle il répondra par "c'est le vol", suscitera l'attention des autorités judiciaires et celle de Karl Marx qui débutera alors une correspondance avec Proudhon, et le défendra contre Bauer dans La sainte famille. Les deux hommes se sont influencés mutuellement; ils se sont rencontrés lorsque Marx était en exil à Paris. Leur amitié cessera avec la réponse cinglante que Marx fera au livre de Proudhon La Philosophie de la Misère, réponse qu'il intitule La Misère de la Philosophie. Leur dispute est une des origines de l'opposition entre anarchistes et marxistes.

Dans son livre Les confessions d'un révolutionnaire, Proudhon affirmera entre autres choses : « L'anarchie c'est l'ordre ».

Après avoir tenté de créer une banque de prêts gratuits (à taux zéro), il pose les fondements d'un système de mutuelles dont les principes sont encore appliqués de nos jours dans les assurances.

(1) A noter qu'il existe une rue Jean-Baptiste-Victor Proudhon (dont il est un lointain cousin) juste en face la rue Pierre Joseph Proudhon, mais finalement, très peu de Bisontins se rendent compte de la différence de prénoms de ces deux rues !

(2) Pierre-Joseph Proudhon est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse (2ème division, près de l'allée Lenoir, dans la tombe de la famille Proudhon).

Vie et œuvre

Pierre-Joseph Proudhon et ses enfants, gustave Courbet, 1865.

Biographie de Proudhon (par H. Bourgin, La Grande Encyclopédie, 1916)

Proudhon (Pierre-Joseph), né à Besançon le 15 janvier 1809, mort à Passy le 16 janvier 1865. Ses parents étaient de très humbles gens, de souche paysanne, qui restèrent toujours pauvres ; pendant qu'ils peinaient eux-mêmes dans leur modeste brasserie, lui travaillait aux champs, ou gardait les vaches. À l'âge de douze ans, il obtint de la bienfaisance d'un protecteur une bourse d'externe au collège de Besançon : il étudia avec passion et sans méthode : il avait une érudition considérable et une intelligence éveillée sur tout quand il passa, vers dix-neuf ans, de l'école à l'atelier : il entrait, en 1828, dans une grande imprimerie de Besançon, où il devint bientôt correcteur. Là il apprit encore : les ouvrages de théologie et de patrologie, qui passaient le plus souvent sous ses yeux, firent de lui un théologien ; il apprit l'hébreu, et, par cette voie, s'aventura dans la grammaire comparée. Sa critique trouvait à chaque instant une occasion de s'exercer ; ses idées bouillonnaient déjà ; ses ambitions s'élevaient au-dessus de sa condition d'ouvrier ; il attendait impatiemment le moment de produire quelque chose ; ses amis espéraient beaucoup de lui, et ne le lui cachaient pas. En 1831-32, il fit son tour de France, par Paris, Lyon, Marseille, Toulon ; il chôma plus d'une fois, connut le besoin, se sentit supérieur à son état, observa la société de près et sans indulgence, devint républicain. De retour à Besançon, des offres lui furent faites par le journal phalanstérien l'Impartial : il les refusa, pour conserver son indépendance et l'entière disposition de sa pensée. Après un nouveau voyage à Paris et un second tour de France (1833), il quitta, en 1836, la place qu'il occupait depuis huit ans, pour fonder, à Besançon même, avec deux associés, une petite imprimerie : il ne leur apportait d'autres capitaux que son intelligence et ses travaux projetés. Le premier prêt fut un Essai de grammaire générale qu'il ajouta, sans le signer, aux Éléments primitifs des langues, de l'abbé Bergier (1837) : essai très ingénieux et très érudit de grammaire comparée de l'hébreu, du grec et du latin, enrichi de digressions sur l'histoire de l'humanité, mais construit avec des hypothèses, et dépourvu de fondement scientifique. C'était une publication très honorable, mais elle ne fut suivie d'aucune autre. L'imprimerie périclita rapidement, et, cette même année 1837, la folie de l'un des associés en causa la fermeture immédiate, suivie d'une lente et difficile liquidation.

Proudhon dut se tourner ailleurs : d'abord il reprit ses études, et bientôt une occasion s'offrit à lui d'en tirer parti en les continuant. La pension instituée à l'Académie de Besançon par la veuve de Suard en mémoire de son mari, et en faveur du jeune littérateur reconnu par l'Académie comme le plus digne dans le département du Doubs, devint vacante : c'était une rente de 1500 francs pendant trois ans ; Proudhon posa sa candidature, et, après s'être fait recevoir bachelier, condition indispensable, il fut choisi. En 1838, il alla s'installer à Paris, où, sous la direction de M. Droz, son tuteur, il devait préparer des ouvrages qui fissent honneur à l'Académie ; mais ce devoir fut vite oublié. Il n'avait formellement promis à l'Académie qu'une chose, c'est de travailler à l'amélioration matérielle et morale de ceux qu'il appelait ses frères, les ouvriers ; l'économie politique, sur laquelle se porta alors toute sa pensée, lui révéla sa tâche. Il chercha dans les bibliothèques et dans les cours publics toutes les parcelles qu'il pouvait recueillir de cette science de l'avenir ; et, en même temps qu'il étudiait, il faisait la critique de ses maîtres, orateurs et écrivains, il élaborait les parties et les morceaux de théories nouvelles : dès le début de 1839, il songeait à écrire un gros livre sur la question de la propriété. Il en fut momentanément distrait par deux travaux académiques : dans le premier semestre de 1839, il envoya à l'Académie des inscriptions et belles-lettres un mémoire où il reprenait les idées contenues dans son Essai de grammaire, et, à l'Académie de Besançon, une pièce de concours sur l' Utilité de la célébration du dimanche ; il jugeait cette pièce révolutionnaire, parce qu'il y entremêlait de vagues théories égalitaires une paradoxale interprétation de la [loi mosaïque] ; l'Académie n'infirma pas son jugement, mais, tout en déclarant l'auteur audacieux et parfois dangereux, lui accorda une médaille de bronze.

Un pareil succès ne pouvait contenter Proudhon : il se résolut de frapper un grand coup avec son ouvrage sur la propriété, qu'il publia en 1840, sous ce titre : Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement. Passant en revue les différentes théories présentées jusqu'alors pour établir le droit de propriété, il les réfutait l'une après l'autre, et concluait que la propriété ne pouvait être fondée ni sur l'occupation ni sur le travail, qu'elle était immorale, injuste, impossible. En dépit de cette thèse violente et saisissante, l'ouvrage n'atteignit pas le grand public, la vente en fut restreinte : et déjà Proudhon, impatient d'attendre le succès, préparait un second volume pour compléter sa thèse, lorsque, enfin le premier attira l'attention du pouvoir, qui faillit poursuivre l'auteur, et de l'Académie de Besançon, qui condamna publiquement son pensionnaire et ne s'apaisa qu'après l'avoir fait comparaître à plusieurs reprises devant elle, et après avoir entendu ses explications. Cependant le second volume était achevé ; il parut en 1841 sous la forme d'une Lettre à M. Blanqui, professeur d'économie politique. Il fournissait la confirmation du premier mémoire ; Proudhon y insistait sur l'idée que la société a déjà porté plusieurs atteintes sur la propriété, et qu'elle doit continuer son œuvre par la restriction progressive de l'intérêt. Il fallut, cette fois, que Blanqui intervînt auprès du ministre de la justice pour empêcher des poursuites ; mais le gouvernement prit sa revanche sur une brochure de polémique que Proudhon publia en 1842 pour répondre aux phalanstériens, l'Avertissement aux propriétaires : la brochure fut saisie, et l'auteur cité devant la cour d'assises de Besançon : il présenta lui-même sa défense, dont la dialectique et l'idéologie, volontairement obscures, enlevèrent l'acquittement aux jurés, qui n'avaient pas compris.

Ce procès convainquit Proudon qu'il n'y avait pas de réformes à attendre du gouvernement réactionnaire de Louis-Philippe ; il abandonna les questions d'application immédiate pour les questions de philosophie générale, de science économique et de méthode, auxquelles il crut donner une solution complète et définitive dans son livre De la création de l'ordre dans l'humanité, exposition assez laborieuse et mal faite de l'évolution sociale depuis la religion jusqu'à la science, et de la méthode de groupement « sériel » destinée à remplacer l'ancienne [Syllogisme|logique syllogistique]] (1843). Cependant sa librairie de Besançon venait d'être vendue, il quittait une place de secrétaire qu'il avait chez un légiste de Paris ; après avoir sollicité en vain une petite fonction administrative à Besançon, il obtint un emploi important dans une grande maison de transports fluviaux à Lyon ; il y prit la connaissance du grand commerce, de la grande banque, des grandes entreprises, et il y trouva assez de loisirs pour continuer, en toute liberté d'esprit, ses études d'économie politique. Le résultat de ces études fut la publication, en 1846, après deux années de labeur, du Système des contradictions économiques : il y appliquait la méthode antinomique à l'économie, et s'efforçait de dégager les contradictions qu'en renferment tous les phénomènes : valeur, division du travail, concurrence, crédit, propriété ; il se contentait de reporter à un ouvrage ultérieur le système de solutions on de synthèses qu'appelait ce système de contradictions. Mais il ne tarda pas à se rendre compte que des traités comme ceux qu'il avait publiés jusqu'ici, tout en lui valant l'estime des savants et des professeurs, ne faisaient point à ses idées de popularité dans le public : il se décida à fonder un journal et à répandre par livraisons la solution du problème économique qu'il avait formulé. Le premier numéro spécimen du Représentant du peuple parut le 14 octobre 1847, et le second le 15 novembre. Mais la Révolution devança tous les projets qui s'y trouvaient indiqués.

Le 24 février 1848 posa toutes les questions : Proudhon se vit forcé d'y répondre plus tôt qu'il n'avait compté. Dans le Représentant du peuple, dans ses deux livraisons de la Solution du problème social (22 et 26 mars), qui ne furent suivies par aucune autre, dans les brochures où il reprit ses articles du Représentant : «Organisation du crédit», «Résumé de la question sociale», il mit en avant des idées très nettes : la solution du problème social est seulement dans l'organisation du crédit mutuel et gratuit ; la solution du problème politique est dans la restriction progressive du gouvernement jusqu'à l'établissement de l'anarchie; la démocratie du suffrage universel n'est qu'une fausse image du pays ; il faut établir une république sans constitution et sans limitation de la liberté individuelle. Au bout de trois mois, Proudhon avait acquis par le journal et par la brochure une place parmi les chefs du parti socialiste ; il fut élu le 4 juin à l'Assemblée nationale pour le département de la Seine. Il forma, presque à lui seul, à l'extrême gauche, un groupe distinct de la Montagne, et fut sans action sur l'Assemblée, qu'il déroutait ; sa proposition en faveur d'un impôt d'un tiers sur le revenu fut ignominieusement repoussée et flétrie (séance du 30 juillet) ; dès lors il se tut. Mais, au dehors de l'Assemblée, son énergie n'était pas brisée ; son journal le Peuple (novembre 1848 à juin 1849) reprit avec vaillance l'œuvre du Représentant, également violent contre les bourgeois, les réactionnaires, les démocrates, le prince-président, contre lequel ses attaques répétées finiront par lui valoir trois ans de prison ; il se sauva en Belgique, et, comme il repassait par Paris pour se rendre en Suisse, il fut saisi et incarcéré. Cet emprisonnement mit fin à ses projets de crédit mutuel (Banque d'échange, devenue Banque du peuple), mais non à son œuvre politique. De Sainte-Pélagie, où il jouissait, du reste, d'un régime de faveur, il dirigea la Voix du peuple (octobre 1849 à mai 1850), et le Peuple de 1850 (juin à octobre 1850) ; il publia à un fort tirage les Idées revolutionnaires (recueil d'articles du Représentant et du Peuple), et les Confessions d'un révolutionnaire (1849), remarquable exposition de sa politique révolutionnaire et anarchique ; puis, l'Idée générale de la révolution au XIXe siècle (1851), où sont présentées ensemble et combinées ses théories politiques et économiques ; enfin il prépara, pour la publier peu après sa libération (1854), la Révolution sociale démontrée par le coup d'État, appel à Louis-Bonaparte pour l'achèvement de la Révolution, qui devait être son œuvre.

Ainsi, de politicien et de polémiste, Proudhon était devenu presque exclusivement historien et théoricien. Marié depuis 1849, père de deux petites filles, rudement frappé par les épreuves de la vie politique en France depuis quatre ans, il avait résolu de renoncer à l'action, de se consacrer à des travaux de science et de philosophie, d'élever enfin une œuvre positive à la place des doctrines que sa critique avait jetées par terre depuis plus de dix ans. Un petit opuscule sur la Philosophie du progrès, dont la vente ne fut pas permise en France, indiqua son Programme (1851, publié en 1853) ; et, presque aussitôt, des projets de travaux, nombreux et divers, dont la plupart n'aboutirent pas, le détournèrent de ce programme pour plusieurs années ; il travailla presque à la fois à un cours d'économie politique, à une biographie générale, à une chronologie générale, à un projet d'exposition perpétuelle au Palais de l'Industrie (1855), projet dans lequel il reprenait une partie de ses idées sur l'échange et le crédit ; rien de tout cela ne vit le jour ; il publia seulement deux ouvrages spéciaux et presque techniques, un Manuel du spéculateur à la Bourse (1853), et un traité sur la Réforme des chemins de fer (1855), en faveur de l'abaissement des tarifs et du contrôle des compagnies par l'État. Alors, il revint à son plan de 1853 ; à partir de 1856, il travailla sans arrêt à un grand ouvrage où il voulait donner à la révolution sa philosophie et sa morale, qu'il fit tenir dans la justice, en opposant à la révolution l'Église, qui nie et combat la justice. Mais, à peine parue (1858), la Justice dans la Révolution et dans l'Église fut saisie, l'auteur poursuivi devant la cour d'assises de la Seine, et condamné à trois ans de prison et 4.000 fr. d'amende. Après de vaines tentatives pour faire réformer cet arrêt par les tribunaux ou par le gouvernement, Proudhon prit le parti de se retirer à Bruxelles (juillet 1858), où sa famille vint le retrouver au bout de quelques mois. Son énergie, d'abord un peu diminuée par l'exil et par le spectacle de la réaction croissante en France, lui revint bientôt tout entière, et il reprit son activité. Cette même année 1858, il publia dans l'Office de publicité, à Bruxelles, des articles contre la propriété littéraire ; l'année suivante, il se mit à préparer une réédition de la Justice, considérablement augmentée, et un gros ouvrage sur la Guerre et la Paix (paru en 1861), où il justifie le droit de la force comme un droit primordial de l'humanité, considère la guerre comme une conséquence des maux économiques et du paupérisme, et en fait prévoir l'élimination dans la société future fondée sur le travail. Un concours dans le canton de Vaud, en 1860, lui offrit une occasion de revenir aux sujets purement économiques, et sa Théorie de l'impôt, qui eut le prix à ce concours (1861), puis ses Majorats littéraires, réédition remaniée de ses articles de l'Office de publicité (1862), précisèrent sa position nouvelle de critique radical en théorie, et de conservateur réformiste dans la pratique. Il commençait un grand traité doctrinal et historique sur la propriété quand, de nouveau, la politique le détourna de l'économie sociale.

Cette fois, ce fut la politique extérieure. La question de l'unité italienne était alors débattue par la diplomatie et par l'opinion de l'Europe entière : Proudhon prit résolument parti contre l'unité, en faveur de la fédération, dans des articles qu'il donna à l'Office de publicité (1862). Un passage de ces articles, mal compris des Belges, le fit passer pour un agent annexionniste au service de Napoléon III ; il y eut autour de sa maison un commencement d'émeute, et il se vit forcé de regagner précipitamment la France, où l'amnistie de 1859 n'avait pu le décider à rentrer. De retour à Paris, il développa ses idées fédéralistes, et les exposa complètement dans son Traité sur le Principe fédératif (1863), qui le ramenait aux questions de politique intérieure. Il se montra très favorable à la reconstitution d'un parti démocratique solidement uni, mais en même temps il recommanda l'abstention aux élections de 1864, en guise de protestation formelle contre le gouvernement de l'Empire (Les Démocrates assermentés ; 1863). En 1864, il publia dans le Messager de Paris de Nouvelles observations sur l'unité italienne, et acheva le manuscrit de la Capacité des classes ouvrières, sorte de manuel pratique de la politique fédéraliste et abstentionniste. ll mourut l'année suivante, de maladie de cœur et de congestion.

Il laissait de très nombreux ouvrages inédits, plus ou moins achevés, sur les matières les plus diverses d'économie politique, d'histoire, de morale, de politique, de littérature et d'art ; il en a été publié une partie dont les plus remarquables, avec la Capacité politique, sont : Théorie de la propriété (1866), en faveur de la réforme de la propriété par sa généralisation et par l'institution d'un système de garanties ; Théorie du mouvement constitutionnel (1870), critique des constitutions françaises depuis 1789, d'où se dégage l'idée de la supériorité d'un État décentralisé ; Du principe de l'art (1875), un plaidoyer pour la peinture réaliste et pour l'art social de l'avenir. Proudhon a aussi laissé une correspondance extrêmement précieuse, qui a été recueillie en 14 vol. in-8 (1875).

Philosophie politique

Le "premier anarchiste"

Il y eut de nombreuses personnes avant lui à s'opposer aux autorités, mais il est le premier à se qualifier d'anarchiste dans sa thèse (Qu'est-ce que la propriété ?) publiée en 1840, sous la forme d'un dialogue:

« Eh! pouvez-vous le demander, répond sans doute quelqu'un de mes plus jeunes lecteurs; vous êtes républicain.

-Républicain, oui ; mais ce mot ne précise rien. Res publica, c'est la chose publique ; or quiconque veut la chose publique, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, peut se dire républicain. Les rois aussi sont républicains.

- Eh bien! vous êtes démocrate ?

-Non.

-Quoi! vous seriez monarchiste ?

-Dieu m'en garde.

-Vous êtes donc aristocrate ?

-Point du tout.

-Vous voulez un gouvernement mixte ?

-Encore moins.

-Qu'êtes vous donc ?

-Je suis anarchiste. »

Auparavant le terme anarchiste servait à insulter la Gauche durant la Révolution française, il désigne depuis Proudhon la philosophie politique anarchiste.

La propriété c'est le vol

Selon Proudhon, de même que l’esclavage c’est l’assassinat de l’homme, la propriété c’est le vol. Si, écrit-il dans Qu’est-ce que la propriété ? (1840) : »tel auteur enseigne que la propriété est un droit civil, né de l'occupation et sanctionné par la loi"; si "tel autre soutient qu'elle est un droit naturel, ayant sa source dans le travail"; lui prétend "que ni le travail, ni l'occupation, ni la loi ne peuvent créer la propriété, qu'elle est un effet sans cause".

Proudhon affirme que le propriétaire capitaliste, en payant le travail des ouvriers, paye "autant de fois une journée qu'il a employé d'ouvriers chaque jour, ce qui n'est point du tout la même chose". Ainsi il a fallu quelques heures à deux cents grenadiers pour dresser l'obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde, "suppose-t-on qu'un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ?".

La production est le résultat de l'utilisation de la force collective du travail et non de l'addition des forces individuelles des travailleurs. C'est la force collective qui permet le surplus d'énergie, et c'est le propriétaire capitaliste qui s'attribue ce surplus d'énergie. La propriété capitaliste, selon Proudhon, c'est le droit de jouir du travail des autres, c'est le droit de disposer du bien d'autrui. C'est pourquoi la propriété c'est le vol. Selon Proudhon, il y a donc entre l'ouvrier qui reçoit le salaire de sa journée de travail et le propriétaire capitaliste qui s'empare du produit de la force collective auquel l'ouvrier a participé une erreur de compte. C'est pourquoi "le travailleur conserve, même après avoir reçu son salaire, un droit naturel de propriété sur la chose qu'il a produite". Il s'en suit que le travailleur a droit, dans la proportion de son travail, à la participation des produits et des bénéfices. L'existence de la propriété capitaliste a pour conséquence une situation économique et politique désastreuse. Du point de vue économique la propriété capitaliste conduit à l'exploitation du travailleur en effectuant une retenue sur son travail productif, et donc en limitant sa consommation au profit d'une minorité d'oisifs (les rentiers). Du point de vue politique la propriété capitaliste conduit à l'inégalité des droits et au triomphe de la raison du plus fort. Est-ce à dire qu'il faille substituer la communauté des biens à la propriété capitaliste. Proudhon ne le pense pas car pour lui la communauté des biens est injuste et oppressive. Elle est injuste car elle permet l'exploitation du fort par le faible, en récompensant de même manière le paresseux et celui qui travaille, en récompensant de même manière la bêtise et le talent. La communauté des biens est oppressive parce qu'elle enchaîne par "une uniformité béate et stupide ... la personnalité libre, active, raisonneuse, insoumise de l'homme ...".

Qu'elle est la solution ? La solution c'est la possession. La propriété capitaliste doit être remplacée par une possession individuelle, transmissible et susceptible d'échange, cette possession "ayant pour condition le travail, non une occupation fictive, ou une oisive volonté". Cependant, dans son ouvrage posthume La Théorie de la propriété (1866), Proudhon constate que : "... le peuple, même celui du socialisme, veut, quoi qu'il dise, être propriétaire ..." et il pense qu'en définitive la propriété individuelle, absolue et incoercible, peut assurer la protection des faibles contre l'Etat. Car c'est l'Etat l'ennemi véritable du citoyen.

Mais l'on ne saurait confondre cette propriété individuelle avec la propriété capitaliste, celle des rentiers, car cette propriété individuelle est fondée sur le travail associatif, c'est une "propriété fédéraliste". La propriété n'est acceptable que dans la mesure où elle permet l'usus et non pas l'abusus.

L'ennemi principal c'est donc l'Etat. C'est la raison pour laquelle Proudhon est hostile à l'Etat, pour l'anarchie et pour la révolution.

Le gouvernement de l'homme par l'homme c'est la servitude

Si l'exploitation de l'homme par l'homme dans la propriété capitaliste c'est donc le vol, selon Proudhon "Eh bien ! le gouvernement de l'homme par l'homme, c'est la servitude" (Les Confessions d'un révolutionnaire, 1850). Le gouvernement démocratique n'est pas épargné : "L'erreur ou la ruse de nos pères a été de faire le peuple souverain à l'image de l'homme. Et dire qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité cette ignominie ; des prolétaires qui posent leur candidature à la Présidence de la République !". Selon lui le suffrage universel est une :"...institution excellente pour faire dire au peuple non ce qu'il pense, mais ce qu'on veut de lui"(Le Peuple, 1848).

Finalement Proudhon préférerait encore la monarchie traditionnelle à la démocratie capitaliste, car :"Religion pour religion, l'urne populaire est encore au-dessous de la sainte ampoule mérovingienne. Tout ce qu'elle a produit a été de changer la science en dégoût et le scepticisme en haine"(De la Justice dans la Révolution et dans l'Eglise, 1858). C'est que Proudhon s'oppose à toute autorité imposée, à celle de l'Eglise comme à celle de l'Etat. Et il n'entend pas que le peuple soit soumis à une nouvelle religion, quelle qu'elle soit. Voilà pourquoi il s'oppose au marxisme, dans lequel il voit une nouvelle religion dogmatique et intolérante :"Ne nous faisons pas les chefs d'une nouvelle religion, cette religion fut-elle la religion de la logique, la religion de la raison"(Lettre à Karl Marx du 17 mai 1846).

Pour un ordre volontaire

Est-ce à dire que Proudhon est contre toute forme d'ordre ? Absolument pas. Proudhon est pour une certaine forme d'ordre. Proudhon est, pour un ordre volontaire : "Je veux aussi l'ordre, autant et plus que ceux qui le troublent par leur prétendu gouvernement, mais je le veux comme un effet de ma volonté, une condition de mon travail et une loi de ma raison. Je ne le subirai jamais venant d'une volonté étrangère, et s'imposant pour conditions préalables la servitude et le sacrifice".

Proudhon est donc contre l'ordre de l'Etat, qui est un ordre militaire, qui a pour but de "maintenir avant tout la féodalité capitaliste dans la jouissance de ses droits ; assurer, augmenter la prépondérance du capital sur le travail ; renforcer, s'il est possible, la classe parasite, en lui ménageant partout, à l'aide des fonctions publiques, des créatures, et au besoin des recrues ; reconstituer peu à peu et anoblir la grande propriété"(L'Idée générale de la Révolution au XIXème siècle, 1851).

Ce que veut Proudhon c'est un ordre qui, sans la force coercitive, remène à l'unité la divergence des intérêts, identifie le bien particulier et le bien général, efface l'inégalité naturelle des facultés par l'égalité de l'éducation. Proudhon veut un ordre dans lequel chaque individu :"soit ... producteur et consommateur, citoyen et prince, administrateur et administré ; où sa liberté augmente toujours, sans qu'il soit besoin d'en aliéner jamais rien ; où son bien-être s'accroisse indéfiniment ...". Cet ordre ne sera pas un ordre politique, selon Prouhon, mais un ordre économique basé sur l'autogestion et la fédération.

La révolution anarchiste sera donc économique : c'est la révolution économique qui permettra de réaliser la justice sociale de l'anarchie par l'autogestion fédéraliste. ( L’utopie anarchiste a toujours ses « supporters » : par exemple le cinéaste britannique Ken Loach réalisateur notamment de Land and freedom sur la guerre d’Espagne (1995)).

La Justice fédéraliste

La Justice fédéraliste selon Proudhon c'est l'antithèse de la justice de l'Eglise catholique : "L'ancien monde était complet : il avait sa théologie, sa philosophie, son économie, sa politique, sa morale ... Où la révolution n'est rien, ou elle doit remplacer tout cela, c'est à dire reconstruire la société au complet. La justice pour moi régit tout : la cité et la famille, l'économie, le travail, les lettres mêmes et l'art. L'Eglise, organe de la pensée religieuse, est le foyer de l'ancien monde ... L'ordre humain dépend de la manière dont la justice est comprise et interprétée, soit par l'Eglise soit par la révolution"(De la Justice, 1858).

La justice de la révolution, selon Proudhon, c'est le fruit de cette faculté que possède l'homme, grâce à sa raison, de sentir sa dignité dans la personne de son semblable comme de sa propre personne. La justice c'est donc :"Le respect spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en quelque personne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve comprise, et à quelque risque que nous expose sa défense".

Plus concrètement sans doute la justice sociale c'est l'égalité et l'équilibre dans la liberté. En effet les hommes sont égaux :"Tous les individus dont se compose la société sont en principe de même essence, de même calibre, de même type, de même modèle ; si quelque différence entre eux se manifeste, elle provient non de la pensée créatrice qui leur a donné l'être et la forme, mais des circonstances extérieures sous lesquelles les individualités naissent et se développent".

La justice c'est cette égalité de l'homme individu qui est préservée par l'équilibre des forces sociales. Car les forces sociales doivent être égales, afin d'être équilibrées, de façon que les unes n'écrasent pas les autres et que donc l'égalité individuelle, c'est à dire la liberté individuelle, soit préservée.

L'égalité c'est la liberté

En effet, selon Proudhon, l'égalité c'est la liberté. C'est parce que l'homme est l'égal de l'homme qu'il est son propre juge, et qu'il se constitue en autorité vis-à-vis de lui-même. Il ne peut y avoir de liberté si l'autorité est extérieure à l'homme. Il ne peut y avoir de liberté que si l'homme est son propre maître. C'est pourquoi la devise de l'anarchie est "ni Dieu ni maître". C'est la raison pour laquelle la justice de la révolution ne peut être que la justice de l'autogestion fédérative, la justice du mutualisme et de la coopération.

Mutualité et coopération

L'économie sera autogérée dans le cadre d'institutions mutualistes et coopératives résultant de la conclusion de contrats synallagmatiques et commutatifs, avec des obligations réciproques et égales. Les hommes se grouperont volontairement en s'obligeant réciproquement les uns envers les autres et en s'engageant à donner ou faire une chose qui est regardée comme l'équivalent de ce que l'on fait pour eux.

Ainsi seront constituées des unités de production et de distribution qui passeront entre elles des contrats destinés à régir leurs rapports. Ces unités se regrouperont volontairement pour constituer des unités autonomes dans les différents domaines de l'activité humaine : industries extractives, manufacturières, commerciales, agricoles, des lettres, sciences et arts. Le regroupement volontaire des unités autonomes donnera naissance à une Fédération agricole-industrielle qui sera chargée de gérer tous les services publics. La politique, c'est à dire l'administration générale, sera autogérée de même manière.

Vers une Fédération mondiale

Politiquement les hommes se regrouperont volontairement, par le contrat mutualiste, dans des communes qui s'associeront volontairement dans le cadre de provinces, qui s'associeront elles-mêmes pour constituer une fédération politique, c'est à dire un Etat fédératif.

Cet Etat fédératif, afin de ne pas devenir oppressif, ne devra pas dépasser une certaine taille. C'est la raison pour laquelle Proudhon écrit que :"L'Europe serait encore trop grande pour une Confédération unique : elle ne pourrait former qu'une Confédération de Confédérations"(Du principe Fédératif, 1863).

L'Etat fédératif a : "un rôle de législation, d'institution, d'inauguration, d'installation ... de premier moteur et de haut directeur ... d'organe principal du mouvement social ...". Ce rôle est joué par l'Assemblée nationale des députés des unités fédérées, Assemblée nationale qui élit une commission exécutive à elle subordonnée.

Mais attention, le pouvoir de cet Etat fédératif ne peut être coercitif puisqu'il émane de l'association volontaire d' hommes égaux donc libres. Le pouvoir de l'Etat fédératif est fondamentalement un pouvoir de coordination dirigeante qui laisse les unités de base exécuter librement. L'Etat fédératif autogéré ne peut donc être comparé à l'Etat français de son époque, l'Etat napoléonien, un Etat centralisé, hiérarchisé et autoritaire. L'Etat fédératif est un Etat décentralisé.

Seul l'Etat fédératif permet la justice, l'égalité et l'équilibre dans la liberté : "La société doit être considérée, non comme une hérarchie de fonctions et de facultés, mais comme un système d'équilibration entre forces libres, dans lequel chacun est assuré de jouir des mêmes droits à condition de remplir les mêmes avantages en échange des mêmes services"(Du Principe fédératif, 1863).

(Cependant Proudhon se fait peu d'illusions à propos de la réalisation de son système puisqu'il écrit en 1860 :"Nous marchons à une formation de 5 ou 6 grands empires, ayant tous pour but de défendre et restaurer le droit divin et d'exploiter la vile plèbe ... Il n'y aura plus en Europe ni droits ni liberté ni principes ni moeurs"(Lettre à Beslay, 3 mai 1860).

Ses écrits

  • Qu'est ce que la propriété? (1840)
  • Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère (1846)
  • Le manuel du spéculateur à la bourse (1853)
  • De la justice dans la révolution et dans l'Eglise (1858)
  • La Guerre et la Paix (1861)
  • De la capacité politique des classes ouvrières (1865)
  • Théorie de la propriété (1866)
  • Théorie du mouvement constitutionnel (1870)
  • Du principe de l'art (1875)
  • Correspondances (1875)

Liens externes

Source : Wikipedia

vendredi 18 novembre 2005

Banlieues : le respect

Il est difficile d’avancer des explications rationnelles et définitives aujourd’hui tant ces évènements qui secouent les quartiers populaires de notre pays depuis la mort de deux jeunes à Clichy sous Bois le 27 octobre sont à la fois habituels et en même temps complètement nouveaux par leur intensité, leur ampleur et l’âge de certains des jeunes révoltés. Par le côté suicidaire aussi de leurs actions qui détruisent leurs propres quartiers et parfois les biens de leurs familles et voisins.

Une chose saute aux yeux cependant c’est l’immense besoin de considération des habitants de ces quartiers.

« Les mots font plus mal que les coups » disait ce jeune interviewé.

Les mots, qu’à plusieurs reprises le ministre de l’Intérieur croyait adresser à une poignée de voyous (nettoyer au karsher, racaille) ont blessé et humilié durablement des familles entières, des « communautés » entières.

L’insistance à relier le couvre feu à la loi d’exception de la guerre d’Algérie réveille de vieux phantasmes et blesse encore les populations maghrébines déjà meurtries par le débat sur le voile et le contexte international.

La menace d’expulser les fauteurs de trouble, sera peu efficace, car tous ces jeunes sont pour la plupart français. Mais elle blesse encore une fois l’ensemble des habitants en favorisant l’amalgame entre étrangers et délinquants…

La prison, pour certains d’entre eux, les verra sortir au bout de quelques mois un peu plus enragés, même si on ne peut laisser impunis des actes inacceptables.

Quant aux propositions positives du gouvernement elles laissent un goût amer :

Il est bien temps de renvoyer les jeunes devant l'ANPE en promettant des stages et d'annoncer des subventions aux associations. Combien de ces associations qui encadraient, combien de régies de quartier qui donnaient un peu d’emploi à ces populations n’ont pas survécu à la suppression des subventions et des emplois jeunes depuis 3 ans ?

Nous craignons même qu’après le rétablissement de l’ordre, l’oubli tombe à nouveau sur ces cités.

Les dégâts ne sont pas que sur les voitures, ils sont aussi dans les têtes et les cœurs.

Et rien ne pourra se reconstruire de ce qui a été mis à mal sans le respect des habitants de ces quartiers. Respect dans les mots et respect dans les politiques qui les concernent

Nous chérissons ces populations, nous connaissons leur valeur, leur courage, leur dignité. Nous les voyons aujourd’hui s’organiser, toutes origines confondues, pour protéger ou nettoyer les dégâts

Faire partager cette vision et cet amour à d’autres est une de nos motivations profondes, à l’origine de plusieurs de nos initiatives (Jeunes Mission Banlieue, Chrétiens acteurs en banlieue…)

Nous vivons avec eux et à leur service et nous continuerons de nous impliquer dans ce que le journal « le Parisien » (3 novembre) a appelé avec bonheur « 10 raisons d’y croire. »

« Je t’aime et je compte sur toi » concluait Bruno Frappat dans un remarquable éditorial (La croix du 7 novembre) « Je t’aime et je compte sur toi », c’est ce que les populations de ces quartiers ont besoin d’entendre de toute urgence.

Robert Jourfier, supérieur régional

Source : Banlieues : le respect sur le site Les fils de la charité

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mercredi 16 novembre 2005

Charles de Foucauld, "frère universel"

Charles de Foucauld
Copyright Archives postulation, avec l'aimable autorisation des Petites soeurs de Jesus, de Charles de Foucauld

Biographie

Explorateur du Maroc

Suite à sa rencontre avec Oscar Mac Carty, conservateur de la bibliothèque d'Alger et géographe, Charles de Foucauld élabore le projet de voyage au Maroc. Pour mieux préparer ce voyage, il étudie pendant une année l'arabe et l'Islam ainsi que l'hébreu. Suivant les conseils du conservateur, il se déguise en israélite afin de mieux passer inaperçu dans la grande majorité de ce pays encore peuplé de tribus hors de contrôle direct du sultan et interdit aux chrétiens.

Ce voyage au coeur du Maroc aura lieu de juin 1883 à mai 1884. Charles de Foucauld racontera par la suite son périple en compagnie de son guide, le rabbin Mardochée, dans un ouvrage, Reconnaissance au Maroc, publié en 1888. La masse considérable de renseignements, notamment géographiques et ethnologiques, lui vaudront la médaille d'or de la Société de géographie de Paris.

C'est une révélation : « L'Islam a produit en moi un profond bouleversement. [...] La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m'a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines. »

De retour en France, il retrouve les siens, et notamment sa tante Moitessier, sœur de son père, mais la vie parisienne l'ennuie. Il repart à Alger où Mac Carthy lui présente un spécialiste de géographie, le Commandant Titre. Charles rencontre ainsi la fille du Commandant, Marie-Marguerite, avec qui il envisage de fonder un foyer. Plusieurs mois de réflexion et un nouveau périple dans le désert décident de sa vie sentimentale : il choisit de façon définitive le célibat.

La conversion

De février à octobre 1886, il réside à Paris tout près de sa cousine Marie de Bondy (fille de sa tante Moitessier). L'affection de celle-ci et la fréquentation du salon de sa tante lui permet de rencontrer l'abbé Huvelin, vicaire de la paroisse Saint-Augustin. C'est une seconde révélation : « Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand. Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n'est pas Lui... Dans les commencements la foi eut bien des obstacles à vaincre ; mais moi qui avais tant douté je ne crus pas tout en un jour. » L'abbé le convainc d'entrer en religion.

L'année 1887 est consacrée à la correction définitive de la « Reconnaissance au Maroc ». En 1888, l'ouvrage paraît. Fin 1888, il part pour un pèlerinage de quatre mois en Terre sainte jusqu'au début 1889, année de sa préparation religieuse.

Après un bref passage à Solesmes puis à la grande Trappe de Soligny, Charles de Foucauld entre au monastère de Notre-Dame-des-Neiges, situé en Ardèche le 16 janvier 1890, où il prend l'habit de novice et le nom de Frère Marie-Albéric. Après avoir démissionné de la Société de Géographie, il renonce également à son grade d'officier de réserve. « Cette démarche me fait plaisir ; le 15 janvier j'ai quitté tout ce qui m'était un bien mais ils restaient en arrière ces misérables embarras, le grade, la petite fortune et cela me fait plaisir de les jeter par la fenêtre. »

Puis vient un nouveau départ vers l'Orient et la Syrie. Charles de Foucauld rejoint la Trappe de Cheikhlé au mois de juin 1890. Il y restera six années. Cette nouvelle existence cénobitique est faite de méditations ; les moines s'emploient également aux travaux des champs et à la construction de routes. Malgré les réserves qu'il exprime auprès du maître des novices, Dom Louis de Gonzague, au sujet du confort relatif de la Trappe, il prononce le 2 février 1892 ses vœux monastiques et reçoit la tonsure.

Au mois d'octobre 1901, le Père de Foucauld s'installe à Béni-Abbés, une oasis situé sur la rive gauche de la Saoura au sud de l'Oranie dans le Sahara occidental.

Ermite au Sahara

Durant les marches il apprend le tamachek (idiome des Touaregs) et entreprend une traduction de l'Évangile en cette langue. Au cours de l'année 1905, il achève la rédaction des ses Méditations sur les Saints Evangiles.

Les Touaregs vouent rapidement une vénération au « Frère Charles de Jésus ». Il décide de s'y installer pour quelques mois et de passer chaque année trois mois à Béni Abbès, six mois à Tamanrasset, trois mois à aller et venir.

Dix années de recherches aboutissent, en 1915, à la publication d'un dictionnaire linguistique abrégé touareg-français.

Celui qui voulait mourir martyr est assassiné d'un coup de feu le 1er décembre 1916 par des rebelles et pillards senousistes à la porte de son ermitage.

Dans sa dernière lettre à sa cousine Marie de Bondy, Charles de Foucauld écrit : « On trouve qu'on aime jamais assez, mais le bon Dieu qui sait de quelle boue il nous a pétris et qui nous aime bien plus qu'une mère ne peut aimer son enfant, nous a dit, Lui qui ne ment pas, qu'il ne repousserait pas celui qui vient à Lui ».

Le rayonnement spirituel du Père de Foucauld est aujourd'hui perpétué par près d'une vingtaine de congrégations et d'associations religieuses qui proposent de « réapprendre le mystère de l'incarnation aux hommes d'aujourd'hui ».

Le 24 avril 2001, le Pape Jean-Paul II approuve le décret d'héroïcité des vertus du Père de Foucauld qui devient ainsi Vénérable.

Outre sa Reconnaissance au Maroc (1888), Charles de Foucauld a laissé de nombreux documents scientifiques qu'a publiés l'université d'Alger ainsi que ses Écrits spirituels. En 1951, l'imprimerie nationale de France, avec le concours du Gouvernement général de l'Algérie, a publié le dictionnaire touareg-français complet, en quatre volumes, magnifique travail de l'Imprimerie Nationale et somme de travail incroyable de Charles de Foucauld, en vue du bien des Touaregs et plus généralement des Berbères.

La spiritualité du Frère Charles

La vie spirituelle intense de Charles de Foucauld est marquée par plusieurs caractéristiques.

L'imitation du Christ

La vie du Christ est une inspiration fondamentale pour Charles de Foucauld. Plus que Jésus, prophète sur les routes, c'est le Jésus artisan à Nazareth qui lui sert de modèle. Il s'agit de vivre de façon humble : comme Jésus, il faut adopter un mode de vie pauvre, mais plus encore, il faut éviter d'essayer de se démarquer de son prochain. Jésus à Nazareth ne prèche pas encore la bonne nouvelle, il l'incarne. Charles de Foucauld ne voulait pas être une institution, un homme différent, mais au contraire ne désirait que se mêler à la population dans laquelle il exercait son apostolat. Comme Jésus, il voulait gagner son pain quotidien en travaillant de ses mains. Sa prêtrise ne devait pas se manifester comme une fonction supérieure. En conséquence, Foucauld invente un apostolat particulier : l'apostolat du milieu par le milieu (cité dans Paul), par la fraternité.

Un apostolat innovant

Ce n'est pas un apostolat actif. Bien au contraire, Charles de Foucauld refuse de prêcher l'évangile à une population qui ne serait intéressée que superficiellement dans les saintes écritures. En imitant le Christ, Charles de Foucauld espère présenter un modèle de sainteté aux yeux de tous, et ainsi les interesser à son maître, le Christ : en voyant combien ses serviteurs sont bons, ils devaient en déduire la grandeur de leur inspirateur. Le père de Foucauld pronait la fraternité entre les hommes : il donnait tout pour ses « chers nomades », sans rien exiger en retour. La lecture de la biographie de René Bazin entraine une réflexion quant à ses motivations. Il semble que cet apostolat différent était vu comme meilleur, mais aussi plus efficace. Foucauld voyait les limites d'un prosélytisme classique, d'une prêche imposée, sur une population, les Touaregs, restée très indépendante, même vis-à-vis de l'Islam. Connaître la langue, ne pas chercher à s'imposer, afficher d'abord ses qualités, se faire aimer, pour mieux amener à la religion : cet apostolat était effectivement plus porteur.

La famille spirituelle de Charles de Foucauld

L'influence de Charles de Foucauld fut grande : sa biographie, « Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, Ermite au Sahara », fut un best-seller (écrite par René Bazin, disponible aux éditions nouvelle cité). Il est considéré comme un des théologiens majeurs du siècle. Une famille spirituelle contribue à répendre ses idées. Il faut citer les petits frères de Jésus, fondés par René Voillaume, et les petites soeurs de Jésus, fondées par petite soeur Magdeleine de Jésus.

Charles de Foucauld, Père de Foucauld, frère Charles ?

Cette question mineure concerne les différents noms désignant Charles de Foucauld : Charles de Foucauld est son nom complet. Il est utilisé pour désigner sa première période, avant son entrée dans les ordres. Père de Foucauld désigne sa fonction depuis son ordination. C'était l'appellation la plus courante. Frère Charles a la préférence de sa famille spirituelle : pour les petites soeurs de Jésus, ce nom exprime mieux son idéal de fraternité et sa volonté de rester humble. On trouve aussi le nom de « petit frère universel ».

Béatification

Charles de Foucauld a été béatifié par le pape Benoît XVI le 13 novembre 2005. Il est en effet crédité d'un miracle, la guérison d'une Italienne atteinte d'un cancer, en faveur de qui il aurait intercédé auprès de Dieu. Lors de la cérémonie de béatification, où furent présents le Pascal Clément et Madame Marie-Laure Le Guay, le pape a déclaré que la vie de Charles de Foucauld était « une invitation à aspirer à la fraternité universelle ».

Source : Wikipedia

Charles de Foucauld, frère universel

"Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs..., à me regarder comme leur frère, le frère universel. Ils commencent à appeler la maison "la Fraternité", et cela m'est doux."
(Lettre à Marie de Bondy, 7.01.1902)

"Frère", cela s'oppose à une attitude de hauteur ou de paternalisme.

"Universel"... s'oppose à une attitude de repli sur une identité religieuse ou nationaliste... Malgré l'emprise du contexte historique, l'intuition de Frère Charles allait dans ce sens.

En ce début de XXème siècle, la France, convaincue de la supériorité de la civilisation européenne, poursuit ses conquêtes coloniales. A tout le monde, cela paraît normal... et même une chance pour l'évangélisation des peuples ! Charles partage les convictions de ses contemporains sur bien des points! Et en même temps, irrésistiblement, il est poussé vers une autre attitude.

Il s'indigne qu'en Algérie bon nombre d'européens ignorent la population locale et cherchent souvent à en tirer profit. A Tamanrasset il arrive sans arme, il se place sous la protection du chef Touareg qui l'accueille.
Il cherche à améliorer le quotidien des gens par de petits moyens : semences, fabrication de briques, tricot, crochet, médicaments.
Il étudie leur langue avec passion, et se met à l'écoute de leur culture.

C'est un homme pétri par la mentalité d'un milieu social et d'une époque que l'amour de Jésus pour tous les hommes est venu habiter. Et c'est cet homme-là qui a appris, à travers son histoire, à se faire tout petit devant la grandeur d'âme des autres.

Charles de Foucauld n'oublie pas que par deux fois, au Maroc, bien avant sa conversion, il a lui-même été sauvé par l'un de ses hôtes, un musulman, et un juif...
Une lettre écrite en 1903 ( mais restée à l'état de brouillon) montre jusqu'où va son respect pour l'autre.

Il s'adresse à une femme touarègue qui , autrefois, lors d'une bataille entre Touaregs et l'armée française, s'est opposée à ce qu'on achève les blessés du camp adverse, et les a soignés :
" Tous les religieux et religieuses qui entendront parler de vous béniront et loueront Dieu de vos vertus "...
" Nous vous écrivons aussi pour vous demander très instamment de prier pour nous, certains que Dieu qui a mis dans votre cœur la volonté de l'aimer et de le servir, écoute les prières que vous lui adressez... "
( Noté par René Bazin )

Ainsi, Charles reconnaît la manière dont cette femme agit et prie, selon sa propre religion, comme un authentique chemin vers Dieu... Etre " frère universel ", cela va jusque-là... C'est se rendre proche les uns des autres, dans le concret des situations ou des divisions... Charles est à l'écoute de Celui qui a cherché sans cesse à restaurer entre nous les liens de fraternité: Jésus. Il aspire à lui ressembler...

Il sait que plus la ressemblance sera grande, plus il pourra poser des gestes pleins de délicatesse... des gestes où Dieu se donne lui-même... et peut se révéler... quand il veut, comme il veut...

" Ayons cette tendre délicatesse qui entre dans les détails et sait par des riens mettre tant de baume dans les coeurs... "
(Lettre à Marie de Bondy, 16.04.1915)

"...avec certains, sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, aimant, étant un tendre frère et priant ; avec d'autres, en parlant de Dieu dans la mesure qu'ils peuvent porter... "
( Lettre à J.Hours, 3 mai 1912 )

Etre " frère universel "...
c'est défricher, préparer la terre, ...
s'émerveiller du fruit qu'elle porte déjà...
c'est poser le signe
de la tendresse de Dieu pour tous,
et savoir la découvrir à l'œuvre...

Source : Charles de Foucauld, frère universel sur le site Petites soeurs de Jesus, de Charles de Foucauld

Vous pouvez consulter aussi sur leur site le dossier sur Charles de Foucauld ainsi que les pages Amitié et Confiance.

"Axis for Peace" lance un défi au Conseil de sécurité de l'ONU

Logo Axis for Peace 2005
Colloque les 17 et 18 novembre 2005 à Bruxelles

Paris, le 8 novembre 2005

Le Réseau Voltaire organisera les 17 et 18 novembre 2005, à Bruxelles, une conférence internationale, « Axis for Peace », dont l’objectif est de rassembler des leaders d’opinion de tous pays pour élaborer des éléments de discours commun en faveur de la paix. Parmi les intervenants de renommée, figurent notamment des députés européens, des écrivains, des journalistes, des personnalités politiques et intellectuelles pour dresser un état des lieux des formes contemporaines de conflit et d’ingérence, et pour élaborer un discours adapté et efficace de défense de la paix. La conférence se tiendra au Résidence Palace, le Centre de Presse Internationale de Bruxelles.

Organisée à l’initiative du Réseau Voltaire, cette conférence interviendra alors que la communauté internationale devra répondre à de nouveaux défis : le développement d’une logique de guerre, la négation de la souveraineté des États et la dénaturation de la Charte des Nations-Unies. Pour défendre la paix, la conférence entend réaffirmer les principes du droit international et appeler les membres permanents du Conseil de sécurité à assumer leurs responsabilités. Loin du pacifisme naïf, le programme du Colloque comprend plusieurs grands thèmes polémiques destinés à stimuler le débat public autour du droit international : les guerres préventives et la dérive de l’ONU ; les formes modernes d’ingérence ; la pratique et l’exploitation du terrorisme ; en passant par la souveraineté et la résistance à l’oppression.

Plus de 140 leaders issus d’une trentaine de pays de tous les continents, contribueront aux groupes de travail, en y apportant une vision plus complète et plus actuelle, et donc plus forte ; déclinant toutes les dimensions de l’esprit de justice et d’impartialité qui les anime.

Evénement majeur pour la paix dans le monde, le colloque débouchera sur une recommendation qui s’adressera aux membres permanents du Conseil de sécurité les incitant à prendre des engagements précis pour respecter eux-mêmes et faire respecter le droit international. En outre, les travaux de la conférence se prolongeront à travers un « think-tank » permanent. Cette structure veillera à produire des études et à faire connaître hors de leurs frontières les intellectuels et responsables politiques qui y participent. Enfin, cette conférence devrait être répétée annuellement pour devenir un équivalent anti-impérialiste du Forum de Davos.

Financé par des mécènes d’Amérique latine, du Proche-Orient et de la Russie, le colloque « Axis for Peace » bénéficie de la mobilisation conjointe de nombreuses chaînes de télévision internationales.

Une conférence de presse aura lieu à 12 heures le jeudi 17 novembre au Centre de Presse Internationale (Résidence Palace) à Bruxelles.

Afin de vous enregistrer, veuillez faxer votre demande d’accréditation, accompagnée d’une photocopie de votre carte de presse au Réseau Voltaire :

No. de Fax : +33 (0)1 45 26 55 82

Contact presse :
Diala Aschkar - info@axisforpeace.net

Qui organise la conférence ?

Le « Réseau Voltaire pour la liberté d’expression » est une association à vocation internationale, fondée par Thierry Meyssan en 1994, basée à Paris et régie par le droit français, agissant dans de nombreux domaines de la vie sociale et politique. Elle publie aujourd’hui un magazine quotidien d’analyse politique et des sites Internet en quatre langues (anglais, arabe, français, espagnol, et russe), et développe une diplomatie non gouvernementale en faveur du respect du droit international. Elle défend les libertés individuelles et la laïcité. Les sites Internet du Réseau Voltaire reçoivent en moyenne 900 000 visiteurs par mois (voltairenet.org).

Source : Communiqué de presse du site Axis for Peace.

Je vous invite à consulter les pages Présentation et Manifeste.

mardi 15 novembre 2005

Patrick Viveret - Reconsidérer la richesse

Patrick Viveret, né en 1948, est un philosophe, magistrat à la Cour des Comptes.

Biographie

Il est titulaire d'un doctorat obtenu à l'institut d'études politiques de Paris. Proche du PSU, puis du Parti socialiste, il est nommé conseiller référendaire à la cour des comptes depuis 1990. Il est rédacteur en chef de la revue Transversales Science Culture entre 1992 et 1996. Il devient le directeur du Centre International Pierre Mendès France (CIPMF) et collabore régulièrement au journal Le Monde Diplomatique. Il a participé en 2001 à Porto Alegre au premier Forum Social Mondial.

Ses domaines d'intérêt sont la philosophie politique et les mouvements associatifs.

Bibliographie

  • Attention Illich, 1976 ;
  • Evaluer les politiques et les actions publiques, 1990 ;
  • Démocratie, passions, frontières, 1992 ;
  • Reconsidérer la Richesse (éditions de l'Aube), réalisé en janvier 2002 à la demande de Guy Hascoët, secrétaire d’Etat à l’économie solidaire ;
  • Pourquoi ça ne va pas plus mal ? (Editions Fayard) ;
  • Transformation personnelle, transformation sociale, 2005

Reconsidérer la richesse

Ce texte a l'avantage d'expliquer en quoi la richesse est mal définie par les économistes puisqu'ils se basent sur le PIB. La richesse est mesurée en biens et services. Ce qui délaisse la richesse intérieure, la beauté d'un jardin par exemple sans que cela demande beaucoup de moyens et favorise les projets même ratés dans la mesure où beaucoup de moyens ont été utilisés !

Bref, peut-être que notre bonheur ne se mesure pas simplement avec le chiffre de notre compte en banque..

Télécharger le rapport " Reconsidérer la richesse " en PDF (1,6 Mo).

Source : Wikipedia

samedi 12 novembre 2005

Économie solidaire

Sous le terme d'économie solidaire se regroupent un certain nombre de concepts différents. Bien que le terme fasse aujourd'hui débat, cela ne remet pas en cause la réalité de son existence. L'économie solidaire est généralement considérée comme appartenant à l'économie sociale, certains parlent d'ailleurs d'économie sociale et solidaire.

L'origine de la mouvance solidaire, qui remonte au XIXe siècle (mouvement coopératif) se situe généralement dans le constat que dans certains cas le système économique libéral répond mal à certains besoins de la population, en particulier dans les milieux dits « défavorisés ». La situation économique désastreuse de certains pays du Sud orientés vers un système plutôt féodal ou clanique, est également une cause d'inquiétude pour les tenants du mouvement, et est à l'origine de certaines actions.

L'économie solidaire possède plusieurs formes, plus ou moins populaires, qui vont du « commerce équitable » aux théories post-capitalistes, en passant par les réseaux locaux d'entraide aux bases plus pragmatiques. Une part non négligeable des actions entreprises semblent être le fait du sous-groupe de la population occidentale identifié par Paul Ray (sociologue) et Sherry Anderson (psychologue), et qualifié de « Créatifs Culturels » (traduction approximative de l'anglais « Cultural Creatives »). Ce dernier concept, qui reprend en fait des théories anciennes, connaît actuellement une relative émergence outre-Atlantique, mais reste méconnu sous cette appelation en Europe, bien que les deux populations semblent posséder la même proportion de Créatifs Culturels. (Pour plus de détail, voir la page consacrée à ce terme.)

Les mouvements d'économies solidaires sont analysables essentiellement en deux groupes : les mouvements intégrés au capitalisme, et les mouvements qui se placent en dehors de celui-ci, dans le but de lui succéder (le post-capitalisme).

Les économies solidaires intégrées au capitalisme

Sans monnaie complémentaire

Ces formes de l'économie solidaire sont essentiellement représentées par les actes de Commerce équitable, et par diverses formes de relation directes entre producteurs et consommateurs, dans un esprit « de village ». À ce dernier sujet, citons les AMAP, ou Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne, qui consistent en une association entre un producteur local (généralement affilié à l'agriculture biologique) et des consommateurs. La vente des productions s'y fait directement, par promesse des consommateurs d'acheter la production de l'agriculteur. Le jeu est dit « gagnant-gagnant », car le producteur gagne en évitant les intermédiaires et leurs prix trop bas, et les consommateurs gagnent sur le même point, mais aussi sur le transport et sur la qualité (méthodes de culture, fraîcheur des produits).

Avec monnaie complémentaire

Ces formes d'économie solidaire font appel à des concepts monétaires forts, et différents du concept de monnaie tel qu'il est pratiqué dans le cadre du capitalisme libéral. En particulier, les monnaies alors utilisées sont décrites comme « gratuites » (i.e. leur prêt n'est pas soumis à l'intérêt) et « libres » (leur création n'est pas soumise à l'accord d'un organisme unique et étatique). Parmi les actions relevant de ce type d'économie à monnaie complémentaire, il y a en tout premier lieu les Systèmes d'échanges locaux, ou SEL (en anglais LET's). Certains d'entre eux, tel que le Barter's Club ou Ithaca aux États-unis sont parfaitement intégrés au système libéral, payent des taxes sur leurs échanges, et proposent même une conversion de leur monnaie propre en monnaie nationale.

L'intérêt de ces SEL ou LET's est de favoriser les échanges commerciaux locaux, en suppléant par leur monnaie locale le manque ou le coût de l'argent national. Le fait que les échanges au sein de ces réseaux ne soit en général pas soumis au régime fiscal national, car il n'y a pas de réel décompte des valeurs échangées, incite parfois les autorités locales à penser que certains échanges s'apparentent à de l'évasion fiscale. Parallèlement, certaines entreprises estiment que les SEL sont un système de concurrence déloyale, pour les mêmes raisons (pas de charges sur les « salaires » versés en monnaie complémentaire, pas de taxes sur les échanges, etc). Par conséquent, les SEL sont généralement tolérés par les administrations fiscales, à condition de rester de modestes structures d'entraide citoyenne.

Historiquement, les systèmes à monnaie complémentaire ont été plusieurs fois appliqués par des communautés sous autorités officielles (communes, cantons, ou leurs équivalents à l'étranger, par exemple Lignières en Berri (France, 1956); Marans (France, 1958); Wörgl (Autriche, 1933); Schwanenkirchen (Allemagne,1931)). À chaque fois cependant, les États concernés ont fait cesser l'expérience, malgré l'amélioration ressentie par les populations dans leur capacités à commercer, en constatant ce qui était à leur yeux une fraude fiscale (manquement aux paiements des droits et taxes sur le travail).

Toutefois, le concept renaît périodiquement, et en Allemagne en 2004, il existe une dizaine de monnaies régionales (pratiquement une par Land), avec jusqu'à l'équivalent de 20 000 euros en circulation pour une seule valeur. La Bundesbank regarde ces monnaies d'un œil encore bienveillant, ce qui incite certaines caisses d'épargne (p. ex. la Sparkasse de Delitzsch-Eilenburg en Saxe) à rechercher des partenaires commerciaux intéressés à l'émission d'une monnaie complémentaire qui serait gérée par la caisse elle-même.

Une autre voie de l'économie solidaire avec monnaie complémentaire est celle de la double monétarisation, proposée par J.-M. Flament, avec le système du robin. Le robin est une monnaie qui se gagne au cours d'actes solidaires et /ou philanthropiques, et qui est nécessaire pour obtenir le meilleur de la richesse proposée par la communauté, l'idéal étant d'être peu ou prou aussi riche en robin qu'en monnaie nationale. Le robin se veut, dans l'esprit de son inventeur, un moyen de pacifier ce qu'il estime être le capitalisme sauvage, en favorisant l'action solidaire.

Les économies solidaires post-capitalistes

Dans cette catégorie entrent divers mouvements qui prônent l'abandon total du système capitaliste, jugé incapable de répondre aux défis qui se profilent à l'horizon en matière de distribution des richesses (et de gestion des conflits alors générés), ainsi qu'en matière de dégradation de l'environnement. Ces mouvances considèrent que les difficultés actuelles rencontrées par les politiques économiques en matière de bien-être social (difficulté à résorber le chômage, phénomènes d'exclusion et paupérisation) sont liées à des incohérences dans la structure même du capitalisme d'aujourd'hui, souvent qualifié d'ultra-libéral. Leur critique la plus virulente se porte généralement sur la structure du système monétaire, et en particulier sur la pratique de l'intérêt.

Nous ne traiterons pas ici du communisme, qui mérite, de par son importance historique, un traitement particulier, et nous renvoyons donc le lecteur vers les pages dédiées à ce système économique et social.

Les écoles post-capitalistes restantes sont de types divers, soit dirigistes, soit de libre entreprise, mais avec toujours comme concept central l'idée de permettre la redistribution équitable des richesses entre les acteurs de la société. Pour y parvenir, la plupart abandonnent le concept de capital d'investissement, de propriété privée de l'outil de production, et de « monnaie payante », justifiant par là le terme de « post-capitalisme ». Les circuits monétaires proposés sont variés, et se groupent en deux catégories :

  • ceux qui font appel à une masse monétaire fixe, ou régulièrement ré-évaluée, émise pour la société par un organisme central étatisé dont c'est le rôle.
  • ceux qui font appel à un équilibre dynamique entre masse monétaire et valeur des biens de consommation disponibles sur le marché, dans un continuum de création (salaire) et de destruction (consommation) de la monnaie. Dans ce dernier cas, la création monétaire peut être décentralisée, et répondre aux exigences des concepts de l'intelligence collective.

Historiquement, le premier système économique post-capitaliste théorisé (hors le communisme) a été le distributisme. Le distributisme propose de distribuer équitablement une production dirigée entre les citoyens, parfois sans intermédiaire de la monnaie (distribution gratuite des biens produits).

Un système socio-économique plus abouti et réaliste semble aujourd'hui émerger du travail du GRESSO (Groupe de Recherche pour un Système SOciétal), initié par A.-J. Holbecq. Ce groupe a théorisé l'économie Sociétale, (qu'il nomme écosociétalisme), et tenté de proposer une structure sociale adaptée au fonctionnement monétaire particulier qu'il nécessite.

Un avenir pour ces mouvements?

Dans l'ensemble, les mouvements intégrés au capitalisme ne se proposent pas comme des modèles pour une transition vers une société post-capitaliste, car leur ambition initiale est de répondre localement à des besoins locaux. Il leur manque donc pour cela une théorie économique complète, ainsi qu'une réflexion éthique et philosophique sur leur propre évolution. Cependant, l'importance de la population des Créatifs Culturels, qui initie un mouvement vers la sortie du consumérisme, en particulier à travers des concepts comme la Simplicité volontaire, et vers une Terre pacifiée, à travers la promotion de la Politique simultanée, semble indiquer que la culture émergente sera post-capitaliste dans son éthique. Il est donc possible que, par une fusion des populations de Créatifs Culturels et des théories des groupes post-capitalistes, naisse la société d'économie solidaire que les politiques appellent parfois de leurs vœux en cherchant la fameuse « troisième voie » (i.e. : ni capitalisme libéral, ni communisme)

Vers une Economie d'un autre type

« Cohésion - solidarité - projet collectif », telles sont les valeurs de ce que doit être cette « Nouvelle Economie ». En effet, elle est marchande puisqu'elle assure des services qui sont facturés, le prix peut tenir compte de la solvabilité du consommateur: Dans le nord de la France, il existe une association qui propose un service de garde d'enfant, la prestation varie en fonction du quotient familial défini par la Caisse d'allocations familiales (CAF).

Bon nombre d'échanges se font par le biais d'actions considérées bénévoles (bien que se faisant avec contreparties), on peut citer des systèmes d'échanges locaux (les SELs) ou les réseaux d'échanges réciproques de savoirs.

L'économie solidaire a une triple originalité : une organisation interne de type associatif , une finalité sociale et une hybridation de ses ressources (recettes marchandes, aides publiques et contribution du bénévolat).

Liens externes

Source : Wikipedia

vendredi 11 novembre 2005

Le printemps stérile - un livre de Jacques Dufresne

Présentation

Quand de nombreux produits chimiques imitent partout dans la nature le comportement de l'hormone féminine, que se passe-t-il? Tout indique qu'il se passe des choses semblables à celles qui résultent de l'effet de serre. La nature se féminise comme le climat se réchauffe. Une foule de phénomènes aberrants, en apparence sans liens entre eux, depuis la puberté précoce jusqu'à la baisse du nombre de spermatozoïdes, accompagnent cette féminisation de la nature et pourraient avoir une cause commune: les produits chimiques oestrogènes. C'est la conclusion d'un livre de Deborah Cadbury, Altering Eden, the feminisation of Nature, qui mérite autant d'attention que le printemps silencieux de Rachel Carson.

Extrait

L'hormone féminine agit en s'arrimant aux récepteurs des cellules cibles, c'est-à-dire celles qu'elle a pour mission d'atteindre en vue d'y déclencher un processus déterminé au moment opportun. De même qu'il existe parmi les produits de l'industrie mécanique de nombreux objets qui sans avoir eté conçus à cette fin, peuvent remplir les fonctions d'une clé ou d'un levier pour déclencher un processus quelconque, de même il existe parmi les produits de l'industrie chimique en suspension dans l'environnement diverses substances que l'on peut qualifier d'oestrogènes parce qu'elles imitent dans l'organisme le comportement de l'hormone féminine et de son homologue de synthèse, le DES.

Texte

Trente-huit ans après Le printemps silencieux de Rachel Carson, voici la suite de cette histoire post-moderne des rapports de l'homme avec la nature, voici le printemps stérile. De tous les auteurs qui, au XXe siècle, auront su trouver le ton juste et le moment opportun pour attirer l'attention de leurs contemporains sur une question cruciale, Rachel Carson, l'auteure de Silent Spring, mérite une attention particulière. C'est elle qui a lancé le mouvement écologique, obtenu l'interdiction du DDT, etc. Avant Silent Spring, il n'y avait pas de ministères de l'environnement et le mot pollution était surtout utilisé, en français du moins, dans le deuxième sens que lui assigne le Littré: émission spermatique involontaire. Précisons que dans son premier sens, le mot pollution appartient à la sphère du sacré: profanation, souillure. À la révolution française, on avait pollué les églises.

La pollution diminue dans le monde en ce moment mais, on le verra, il n'y pas lieu de s'en réjouir car il s'agit de la pollution au deuxième sens. Le livre de Deborah Cadbury dont je veux vous parler s'intitule en réalité Altering Eden, C'est moi qui lui donné le titre de printemps stérile, avec l'espoir qu'on le retiendra pour la traduction française. Car ce livre a toutes les qualités de celui de Rachel Carson; s'il est moins poétique, il est par contre plus solide sur le plan scientifique tout en étant aussi captivant qu'un bon roman policier. Ce sont les recherches résumées par Cadbury qui expliquent pourquoi on a de sérieuses raisons de s'inquiéter du phénomène de la puberté précoce chez les adolescentes. Quand le Time Magazine consacre une page couverture à un sujet comme celui-là, on a de bonnes raisons de présumer qu'il est l'indice d'un mal grave d'une portée universelle.

La densité de la population est en régression parmi les spermatozoïdes et chose plus inquiétant on note une dégénérescence croissante au niveau des individus, ce qui se traduit dans la vie des couples par des problèmes d'infertilité de plus en plus nombreux. Le chercheur danois Niels Shakkebaek a démontré que le nombre de spermatozoïdes par millilitre de sperme a diminué de 50% en cinquante ans, passant de 116 millions en 1940 à 66 millions en 1990. Ces faits, plusieurs fois confirmés, semblent bien établis, même si certaines études contredisent encore la majorité des travaux sur la question.

Pour ce qui est des causes du phénomène, il faut faire un retour en arrière et ensuite plusieurs détours imprévus pour s'en approcher. Tout commence avec la découverte des hormones au début du XXe siècle. On a d'abord observé que certaines organes, dont les ovaires et les testicules secrétaient des substances ayant de puissants effets sur la santé et le développement des organismes. Ce fut l'époque où l'on vendait le viagra sous forme d'extraits de testicules de singe.

En 1922, on parvint à isoler l'hormone féminine, cette substance secrétée par les ovaires qui assurent la régulation de la reproduction et de la croissance du foetus. On l'appela oestrogène. Quelques années plus tard le chercheur britannique Charles Dodds parvint à isoler un oestrogène de synthèse, le diethylstilbestrol, ou DES, en anglais. En bon sujet de sa Majesté, il ne soucia pas de demander un brevet pour cette découverte, si bien qu'à peine son article sur la question publié dans Nature, pas moins de huit compagnies pharmaceutiques commencèrent des travaux en vue de la commercialisation du produit, lequel avait toutes les caractéristiques requises pour apparaître comme un remède miracle. Quelques années plus tard, la FDA (Federal Drug Agency) approuva le médicament. Il était d'abord destiné aux femmes enceintes. Il réduisait les risques d'avortement spontané. On lui trouva rapidement de nombreuses autres vertus dont celle d'atténuer les effets de la ménopause; on découvrit ensuite qu'en larges doses il pouvait être utilisé comme contraceptif.

Le temps passa, puis un jour, en 1970, un médecin de Boston, le professeur Arthur Herbst, constata l'apparition d'une forme nouvelle de cancer de l'utérus chez les adolescentes. Herbst devait bientôt apprendre que les mères de ces adolescentes avaient une chose en commun: on leur avait, comme à six millions d'autres mères, prescrit du DES pendant leur grossesse. Les derniers jours de Charles Dodds devaient être assombris par la lecture qu'il fit d'un article paru dans le New England Journal of Medecine sous la signature de Arthur Herbst. Au cours des années suivantes on découvrir que le DES pouvait aussi être associé à diverses malformation des organes génitaux des filles dont les mères avaient pris du DES.

Si la bombe a retardement à éclaté chez les descendants femelles, elle a bien dû laisser des traces de sa présence chez les rejetons mâles. William Gill, un chercheur de Chigago observa en effet que l'exposition in utero au DES provoquait diverses anomalies dans l'appareil mâle de reproduction: kystes, testicules non-émergents et anormalement petits, cancer des testicules, baisse de la quantité de spermatozoïdes, etc.

Au cours de ses recherches à ce propos, Deborah Cadbury apprit que l'un des dirigeants de la FDA qui avaient autorisé la commercialisation du DES avait fait ensuite une belle carrière à la tête de l'une des compagnies pharmaceutiques ayant tiré profit du remède miracle.

On ne pouvait toutefois pas expliquer la baisse du taux de spermatozoïdes chez les mâles d'une grande partie de la planète par le fait que 6 millions de femmes enceintes, américaines surtout, avait absorbé du DES. On avait toutefois défriché une piste qui devaient à conduire à plusieurs autres.

Dans les eaux pollués des grands lacs, on était depuis longtemps intrigué par des poissons monstrueux présentant, entre autres anomalies, des malformations de l'appareil de reproduction. On découvrait aussi, en nombre croissant, des poissons hermaphrodites et d'autres qui semblaient êtgre entrain de changer de sexe au moment de leur capture. Comme si les mères de ces poissons et des crocodiles de Floride des symptômes semblables avaient avalé les mêmes hormones que les mères des adolescentes atteintes de cancer de l'uterus.

Les cancers du sein et les cancers de la prostate connaissent en ce moment une forte croissance. Faut-il exclure qu'il y ait une cause commune à tous ces maux?

L'hormone féminine agit en s'arrimant aux récepteurs des cellules cibles, c'est-à-dire celles qu'elle a pour mission d'atteindre en vue d'y déclencher un processus déterminé au moment opportun. De même qu'il existe parmi les produits de l'industrie mécanique de nombreux objets qui sans avoir eté conçus à cette fin, peuvent remplir les fonctions d'une clé ou d'un levier pour déclencher un processus quelconque, de même il existe parmi les produits de l'industrie chimique en suspension dans l'environnement diverses substances que l'on peut qualifier d'oestrogènes parce qu'elles imitent dans l'organisme le comportement de l'hormone féminine et de son homologue de synthèse, le DES.

Nous voici de retour à Rachel Carson et au DDT. Quand elle observait que certains oiseaux avaient de la difficulté à se reproduire et qu'elle associait cette tragédie au DDT, Rachel Carson ne pouvait pas pousser l'analyse très loin. On sait désormais que le DDT, toujours bien présent dans nos organismes même s'il est aujourd'hui interdit (dans les pays riches), fait partie de la grande famille des substances oestrogènes; il en est de même de certains BPC et divers phtalates présents dans quelques plastiques. Et tout indique que la liste est appelée à s'allonger.

Si probante que soit la convergence des études les plus diverses, on n'a pas encore la preuve formelle qu'il y a un lien direct entre lrs produits chimiques oestrogènes et les problèmes de l'appareil de reproduction. D'où le fait qu'on ne semble même pas songer à adopter les mesures appropriées, qui seraient on le devine extrêmement coûteuses. Au moment où les résultats de ces études commençaient à tomber en cascades dans les salles de presse, le New York Times a publié une série d'articles où des experts en santé et environnement s'interrogeaient sur le bien fondé des milliards dépensés pour la dépollution suite à des mouvements de panique dans la population.

Plusieurs des chercheurs dont les travaux ont inspiré Deborah Cadbury n'ont pas attendu de preuves plus probantes pour se tourner vers les produits de l'agriculture biologique. Tous reconnaissent que le problème est extrêmement sérieux. Le danois Niels Shakkebaek est d'avis les corrélations sont aussi probantes que dans le cas des rapports entre la cigarette et le cancer du poumon, où il n'existe pas non plus de preuves pleinement satisfaisantes. Qu'est-ce qu'une preuve satisfaisante et… pour qui?

Une seule chose paraît certaine: l'industrie des bébés cyborgs ne manquera pas de clients. Tout ce passe comme si elle avait prévu, sinon planifié ce qui arrive.

Source : Encyclopédie de l'Agora

jeudi 10 novembre 2005

Modulateur endocrinien

Un modulateur endocrinien, encore appelé perturbateur endocrinien, est un composé xénobiotique à propriété hormono-mimétique, c'est-à-dire une substance chimique exogène pouvant avoir un impact sur l'équilibre hormonal d'une espèce vivante.

Découverte

L'impact des modulateurs endocriniens sur la santé a été mis en évidence dès les années 1950 : on a constaté dans de nombreux pays industrialisés la diminution de la fertilité de l’homme — altérations morphologiques et baisse du nombre de spermatozoïdes —, une augmentation de la fréquence du cancer du testicule, de la prostate et du sein, ainsi qu'une puberté féminine de plus en plus précoce. D'après les études épidémiologiques, l'exposition à des molécules hormono-mimétiques serait responsable de ces phénomènes.

L'hydrosphère constitue le réceptacle de nombreuses substances chimiques, telles les métabolites des hormones contenues dans les pilules anticonceptionnelles, présents en grande quantité dans les eaux résiduaires urbaines. Les organismes aquatiques sont les révélateurs d'une pollution des milieux aquatiques par les effluents.

Dans les années 1960, aux États-Unis, la baisse de fertilité des visons constatée par les éleveurs de la région des Grands Lacs, fut attribuée aux polluants bio-accumulés par les poissons. En 1988, les phoques de la mer du Nord furent décimés. En Grande-Bretagne, les poissons mâles vivant en aval d’une station d’épuration présentaient des caractères femelles. La découverte de l'altération du système reproducteur des alligators sauvages de Floride a relancé les travaux de recherche sur ce thème dans les années 1990.

Sources de contamination

Parmi les perturbateurs endocriniens, on trouve des molécules naturelles — telles des phyto-hormones — ou synthétiques, comme les pesticides ou les détergents :

  • Composés naturels :
    • myco-œstrogènes : zéaralénone ;
    • phyto-œstrogènes : isoflavonoïdes.
  • Composés synthétiques :
    • antioxydants : alkylphénols ;
    • composés organo-métalliques : sels de tributylétain (TBT) ;
    • détergents : alkylphénols, nonylphénol, nonylphénols polyéthoxylés ;
    • médicaments : stéroïdes synthétiques, tels ceux utilisés dans les pilules contraceptives ;
    • pesticides : organochlorés (DDT, HCH, PCDD) ou organo-azotés (triazines) ;
    • plastifiants : alkylphénols, nonylphénol, phtalates ;
    • polychloro-biphényles (PCB).

Les polluants organiques persistants (POP), tels le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), les dioxines (PCDD) et les polychloro-biphényles (PCB), labiles et s’accumulant le long des chaînes trophiques, peuvent persister dans l’environnement plusieurs décennies, traverser les différents compartiments environnementaux — atmosphère, biosphère, hydrosphère, lithosphère — sans se soucier des frontières : on a ainsi découvert que les ours polaires pouvaient être contaminés par le DDT.

Chez l'homme, la contamination peut également être alimentaire, notamment avec les phytoœstrogènes (germe de blé, soja...), les migrants d’emballages, les résidus de pesticides, de détergents ou de médicaments. Un perturbateur endocrinien avéré pour l'homme est le diéthylstilbestrol (DES), œstrogène synthétique prescrit en France entre 1948 et 1977 aux femmes enceintes afin de prévenir le risque d'avortement. Le 17ß-estradiol — œstrogène naturel prescrit lors du traitement des femmes ménopausées (THS) — constitue un autre exemple.

Effets

Les modulateurs endocriniens peuvent perturber la maturation sexuelle, le développement des organes reproducteurs — malformation des gonades ou régression pénienne — ou la reproduction et entraîner des cancers hormono-dépendants. Ils peuvent également perturber la fonction thyroïdienne, altérer le système immunitaire ou engendrer des troubles du comportement.

De nombreuses études écotoxicologiques sur les organismes aquatiques, en particulier sur les mollusques et les poissons, ont montré que ces molécules pouvaient conduire jusqu'à l'imposex, c'est-à-dire le changement de sexe de l'animal. Les poissons sont souvent très sensibles aux contaminants de ce type : dans certains estuaires de Grande-Bretagne ou en aval de stations d’épuration d'eaux résiduaires, on peut rencontrer des populations de poissons hermaphrodites. Chez des flets mâles vivant en milieu contaminé par des polluants hormono-mimétiques, des ovocytes apparaissent au milieu des spermatozoïdes.

Depuis plusieurs années, les chercheurs suspectent de nombreux composés chimiques d'être des perturbateurs endocriniens pour l'espèce humaine. Des méta-analyses publiées dans les années 1990 ont montré le déclin régulier de la qualité du sperme chez l’homme depuis 50 ans, en particulier en Amérique du Nord et en Europe. L’incidence du cancer du testicule augmente depuis plusieurs décennies dans un certain nombre de pays européens. Il y aurait une corrélation entre la présence de perturbateurs endocriniens et les malformations de l'appareil reproducteur, par exemple entre la présence de pesticides et la cryptorchidie ou entre des composés de type bisphénol A ou dioxines et l’hypospadias. Chez la femme, on constate des anomalies de la fonction ovarienne, de la fertilité, de la fécondation, de la gestation et de l’implantation utérine ainsi qu'un déplacement de l’âge de la puberté.

Les doses auxquelles les effets se manifestent peuvent être faibles : une ingestion par le rat de 20 microgrammes de bisphénol-A, un composé dont les éthers servent à protéger l'intérieur des boîtes de conserve, est suivie d'effets œstrogéniques.

Les modulateurs endocriniens peuvent agir in utero : à Seveso, il est apparu une prépondérance des naissances de filles parmi la population contaminées par la dioxine. Il a été montré que le DES était responsable de cancers de l'appareil génital et d'atteinte de la fertilité chez les hommes et les femmes exposés in utero. Le bisphénol-A et le diéthylstilbestrol (DES) provoquent une hypertrophie de la prostate des souris exposées in utero.

La synergie résultant des interactions entre xénobiotiques, micro-nutriments et médicaments peut aggraver les effets : l'exposition simultanée de la femelle immature à des faibles doses de flavonoïdes et d’œstradiol se traduit par un fort effet œstrogénique.

État de la recherche

Thème de recherche situé à la confluence de la biologie, de la chimie et de la médecine, l'étude des modulateurs endocriniens demeure en plein essor.

Des expérimentations sont en cours pour juger de l'effet des perturbateurs endocriniens sur l'homme — tels la diminution de la spermatogenèse ou l'augmentation de malformations génitales — et de l'incidence de l'épigénétisme sur la sensibilité de certaines populations. Dans les années 2000, la recherche a été élargie aux effets sur le système endocrinien et, notamment, la production d'enzymes responsables de la différenciation sexuelle.

L'expérimentation animale est employée afin de mettre au point des tests de toxicité dose-réponse permettant de différencier l'effet perturbateur de l'effet hormono-mimétique chez l'homme. Par exemple, des souris sauvages, aux réactions normales, et des souris transgéniques ArKo (Aromatase knock out) — qui présentent une déficience en œstrogènes — sont utilisées pour mesurer les effets de molécules à activité œstrogénique (féminisante) — tel le méthoxychlore, un insecticide organo-chloré — ou anti-androgénique (anti-masculinisante) — telle la vinclozoline, un fongicide. Les molécules qui présentent un effet œstrogénique in vitro (test de E-screen) font l’objet d’études in vivo sur des rats femelles immatures ou ayant subi une ovariectomie.

L'identification de marqueurs spécifiques permet de prouver que des molécules hormono-mimétiques sont capables d'induire des effets œstrogéniques chez les mâles : la vitellogénine, protéine synthétisée par le foie de la femelle mature durant la vitellogenèse — processus précurseur de la formation de l'œuf, qui ne s'observe normalement ni chez le mâle, ni chez l'individu immature — peut être mise en évidence chez le mâle exposé à des œstrogéno-mimétiques.

Parallèlement aux études in situ, les mésocosmes et les microcosmes constituent des modèles pertinents pour étudier l'effet de ces molécules dans l'environnement, notamment dans l'hydrosphère. Réalistes d'un point de vue écologique et contrôlables, les mésocosmes permettent d'évaluer les effets à long terme sur la biocœnose et le devenir des substances chimiques dans le biotope. En 2004, l'OCDE a organisé une campagne internationale d'intercomparaison des méthodes d'analyse de la vitellogenèse chez le poisson-zèbre (Brachydanio rerio).

Moyens de lutte

La prévention des risques requiert une bonne connaissance des propriétés toxicologiques des molécules et la restriction ou l'interdiction de leur utilisation. L'usage du DDT a été mondialement interdit en 1973. La commercialisation, la fabrication, l’importation et l’exportation des jouets et articles de puériculture contenant des phtalates ont été interdits en France en 1999. Le nonylphénol a été interdit en Allemagne en 2003.

Source : Wikipedia

GreenFacts possède aussi un dossier sur les perturbateurs endocriniens très lisible donnant les faits scientifiques sur 3 niveaux (seuls les deux premiers niveaux sont en français) en forme de question-réponse.

mardi 8 novembre 2005

Le timbre Liberté qui fête le bicentenaire de la révolution française

Le timbre fêtant le bicentenaire de la révolution française
Timbre-poste du bicentenaire de la Révolution française
Source : Wikipedia

L'image est intéressante car elle montre une image de Marianne en tant qu'ange qui peut donc voler de ses propres ailes, symbolisant sa liberté et en même temps, elle tient une lance qui met en respect un dragon à plusieurs têtes sous ses pieds ! Le dragon peut symboliser le côté sauvage, sans loi en nous, c'est à dire tout ce qui nous écarte de la civilité, du respect de l'autre.

lundi 7 novembre 2005

Robert Schuman - Père de l'Europe

Robert Schuman

Biographie

Robert Schuman (29 juin 1886 à Luxembourg dans le quartier de Clausen - 4 septembre 1963 à Scy-Chazelles) était un homme d'État français.

Sa mère était luxembourgeoise, c'est ainsi que le jeune Robert Schuman fréquenta l'école primaire et secondaire à Luxembourg. Ayant fait ses études supérieures de droit en Allemagne à Berlin, Munich, Bonn et Strasbourg, il ouvre un cabinet d'avocat à Metz en juin 1912. Deux ans plus tard, la Première Guerre mondiale éclate ; Robert Schuman est réformé pour des raisons de santé.

En novembre 1918, l'Alsace Lorraine fête son retour à la France et Robert Schuman entre en 1919 au Parlement comme député de la Moselle. En 1939, une nouvelle guerre éclate et en mars 1940, Robert Schuman est nommé sous-secrétaire d'État pour les Réfugiés. Le 10 juillet 1940, il attribue avec 568 autres parlementaires les « pleins pouvoirs » au maréchal Pétain. De retour en Lorraine, il est arrêté par la Gestapo et mis au secret dans la prison de Metz, puis transféré à Neustadt en Rhénanie-Palatinat le 13 avril 1941. Il s'évade et réussit à rejoindre la zone libre en août 1942 en passant par l'abbaye de Ligugé.

Président du Conseil (1947) (MRP), puis Ministre des Affaires étrangères (1948-1952), il fut le grand négociateur de tous les traités majeurs de la fin de la Seconde Guerre Mondiale (Conseil de l'Europe, pacte de l'Atlantique Nord, CECA, etc.).

C'est à ce titre qu'il proposa, par sa Déclaration du 9 mai 1950, de placer la production franco-allemande du charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. Cette proposition entrainera la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier qui est à l'origine de l'actuelle Union européenne.

De 1958 à 1960, il est le 1er Président du Parlement européen qui lui décerne, à la fin de son mandat, le titre de « Père de l'Europe ».

Un procès en béatification de Robert Schuman a été ouvert par l'Eglise catholique.

Source : Wikipedia

La déclaration Schuman

Le timbre Robert Schuman

La "déclaration Schuman" du 9 mai 1950, relative à la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, soigneusement préparée avec Jean Monnet et son équipe, illustre bien les finalités de la construction européenne; elle reposait sur un tryptique fondamental : réconciliation, solidarité, paix.

Quelle actualité encore aujourd'hui !

Le texte : Déclaration Schuman

La vidéo : Déclaration Schuman

Son message politique

Voici ce que Robert Schuman, Président au Parlement européen de 1958 à 1960, écrivit, au cours de l'été 1963, peu avant sa mort le 4 septembre, dans l'avant-propos de son livre "Pour l'Europe" :

"Les dures leçons de l'histoire ont appris à l'homme de la frontière que je suis à se méfier des improvisations hâtives, des projets trop ambitieux, mais elles m'ont appris également que lorsqu'un jugement objectif, mûrement réfléchi, basé sur la réalité des faits et l'intérêt supérieur des hommes, nous conduit à des initiatives nouvelles, voire révolutionnaires, il importe -même si elles heurtent les coutumes établies, les antagonismes séculaires et les routines anciennes- de nous y tenir fermement et de persévérer".

Robert Schuman était un visionnaire. Ainsi, plusieurs de ses déclarations se révèlent aujourd’hui, plus de 50 ans plus tard, d’actualité :

« L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle dans le sens le plus élevé de ce terme. » (Pour l’Europe)

« Une tâche européenne, constructive et valable, consiste sans doute à assurer la défense collective contre toute agression possible. » (Pour l’Europe)

« Nous devons faire l’Europe non seulement dans l’intérêt des peuples libres, mais aussi pour pouvoir y accueillir les peuples de l’Est qui, délivrés des sujétions qu’ils ont subies jusqu’à présent, nous demanderaient leur adhésion et notre appui moral. » (1963)

« L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain. » (déclaration du 9 mai 1950)

Source : Le message politique de Robert Schuman

Sa maison

La maison de Robert Schuman

En 1926, Robert Schuman achète une propriété conforme à ses goûts, à Scy-Chazelles, un village niché sur le versant du Saint-Quentin, hauteur qui forme la toile de fond du pays messin. On peut aujourd’hui visiter cette maison historique, une demeure, simple et austère, ancrée dans un paysage symbolique d’une grande harmonie.

Elle surplombe la vallée de la Moselle. Celle-ci, depuis la nuit des temps, établit un lien vivant entre des régions et des pays à la fois bien distincts et complémentaires. Le lieu est propice à la méditation. Les aléas de l’histoire se reflètent, en bas, dans les eaux calmes du fleuve.

Le parc de la Maison de Robert Schuman a été en partie transformé en un « jardin des plantes de chez nous» et un jardin d’ombre. Ce jardin fait partie du réseau « Jardins sans frontières ». Il a été mis en place par le Conseil général de la Moselle et le Kreis de Merzig-Wadern.

De l'autre côté de la propriété, à deux pas, au-delà de la rue paisible, s'élève une émouvante église fortifiée, édifiée au XIIe siècle dans laquelle repose le Père de l'Europe.

Source : La maison de Robert Schuman

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le Centre Robert Schumann.

D'autres articles intéressants à son sujet :

vendredi 4 novembre 2005

Stairway to Heaven de Led Zeppelin

Les symboles choisis par Led Zeppelin

L'album Led Zeppelin IV

Une chanson qui a fait toute la différence, qui date maintenant de plus de 30 ans et qui malgré cela semble plus qu'indémodable: intemporelle.

Cet album s'est jusqu'à présent vendu à plus de 22 millions d'exemplaires aux Etats-Unis, ce qui en fait la quatrième plus grosse vente de l'histoire dans le pays (on retrouve avant lui le best of des Eagles (27 millions), "Thriller" de Michael Jackson, et "The Wall" de Pink Floyd).

J'étais chez moi lorsque j'ai composé la base de ce titre et je sentais que je tenais quelque chose d'exceptionnel. Quelques mois plus tard, nous sommes allés à Headley Grange, là où on enregistrait, dans le Hampshire. Il y a d'abord John Paul à qui j'ai fait entendre le morceau. Je lui ai montré et il en est resté médusé. Nous avons passé la nuit à peaufiner le morceau. Au matin, Robert est arrivé avec John. On leur a fait entendre. Robert était sidéré. Il s'est isolé, seul, avec la bande. Deux heures après, il avait terminé le texte et la mélodie. - Jimmy Page

Cela a été extrèmement vite, c'était fluide, presque l'inspiration divine. C'était magique, comme si nous étions tout à coup hors du temps. On savait qu'on écrivait quelque chose qui ne se reproduirait plus jamais. - Robert Plant

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