mercredi 1 mars 2006

Les sept péchés capitaux

Les sept péchés capitaux sont une notion définie par le christianisme : ils représentent les comportement humains à éviter afin de ne pas commettre de péchés.

Le premier à reconnaître un certain nombre de ce qu'il appelait des passions fut Évagre le Pontique, moine gnostique et origénique mort dans le désert égyptien en 399 : Évagre identifia huit passions et estimait que tous les comportements impropres trouvaient leur origine dans une ou plusieurs de celles-ci.

La liste actuelle a été citée par Thomas d'Aquin dans sa Somme théologique (question 84, Prima secundae) au XIIIe siècle. Il y mentionne que certains d'entre eux ne sont pas en eux-mêmes à proprement parler des péchés, mais plutôt des vices, c'est-à-dire des tendances à commettre certains péchés.

  • l'orgueil : attribution à ses propres mérites de qualités vues comme des dons de Dieu (intelligence, etc.). Son démon est Lucifer;
  • l'avarice ou cupidité : désir de posséder ou conserver plus de richesses que nécessaire. Son démon est Mammon ;
  • l'envie : refus de se réjouir du bonheur d'autrui, ou satisfaction de son malheur. Son démon est Léviathan ;
  • la colère : courte folie déjà pour les anciens, et qui entraîne parfois des actes regrettables. Son démon est Satan ;
  • la luxure : plaisir sexuel recherché pour lui-même. Son démon est Asmodée ;
  • la gourmandise : ce n'est pas tant la gourmandise au sens moderne qui est blâmable que la gloutonnerie, l'excès et le gâchis. Du reste, ailleurs qu'en français ce péché n'est pas désigné par un mot signifiant « gourmandise » (gluttony en anglais, par exemple). Son démon est Belzébuth;
  • la paresse : refus d'accomplir des tâches nécessaires. Son démon est Belphégor.

Georges Bernanos

Georges Bernanos estime que le système économique rendra toujours plus rentable de spéculer sur les vices de l'homme que sur ses besoins. Il voit donc la société marchande comme un facteur de corruption s'il n'est pas équilibré d'une manière ou d'une autre par une sorte d'idéal. La publicité serait donc un facteur de propagande des péchés capitaux, qui seraient utilisés par elle parce qu'ils servent les ventes (il est possible à titre d'exercice de prendre une série de publicités et de voir quel est le (ou quels sont les) péchés capitaux sollicités par chacune). L'écrivain Frédéric Beigbeder a développé plus tard cette idée.

Source : Wikipedia.

lundi 27 février 2006

Légende de Midas

Source : Les Métamorphoses - Livre XI.

Ce n'est pas encore assez pour Bacchus : il quitte ces fatales campagnes, et, suivi d'une troupe moins cruelle, il va visiter ses vignobles aimés du Tmole, et les rivages du Pactole, lequel ne roulait pas encore dans ses ondes un sable d'or envié des mortels. Les satyres, les bacchantes, cohorte accoutumée, accompagnent le dieu ; mais Silène est absent. Les pâtres de Phrygie l'ont surpris chancelant sous le poids de l'âge et du vin : ils l'ont conduit, enchaîné de fleurs, au roi Midas, à qui le chantre de Thrace et l'Athénien Eumolpe ont enseigné les rites des Orgies. A peine a-t-il reconnu le nourricier du dieu, le compagnon de ses mystères, que, pendant dix jours et dix nuits il célèbre, par de joyeux festins, l'arrivée d'un tel hôte. Déjà, pour la onzième fois, l'astre du matin avait chassé du ciel l'armée brillante des étoiles, quand Midas, joyeux, ramène le vieux Silène aux champs de la Lydie et le rend à son jeune nourrisson. Charmé d'avoir retrouvé son compagnon, le dieu donne à Midas le choix d'un voeu, qu'à l'avance il exauce ; récompense flatteuse, mais que l'imprudent va rendre inutile. «Fais, dit-il, que tout ce que j'aurai touché se convertisse en or». Bacchus accomplit ce souhait, et lui fait ce don funeste, en regrettant qu'il n'ait pas mieux choisi. Le fils de Cybèle se retire, joyeux de posséder ce qui fera son malheur. Croyant à peine à son pouvoir, il veut en faire l'essai. Une branche de chêne pendait verdoyante au-dessus de sa tête : il l'arrache, et c'est un rameau d'or. Il ramasse un caillou qui jaunit dans ses mains ; il touche une glèbe, et c'est une masse d'or ; il coupe des épis, et il tient une moisson d'or ; il cueille un fruit, et vous croiriez voir un fruit du jardin des Hespérides ; il applique ses doigts aux portes de son palais, et l'or rayonne sur les portes ; il plonge ses mains dans l'eau, et l'eau qui ruisselle de ses mains pourrait tromper une autre Danaé. A peine peut-il contenir sa joie et ses espérances : il ne voit plus que de l'or.

Cependant ses serviteurs dressent devant lui des tables chargées de mets et de fruits. Mais si sa main touche les dons de Cérès, ils se durcissent sous sa main ; s'il veut broyer les mets, changés en lames d'or, ils fatiguent en vain sa dent ; s'il mêle à une eau pure les présents de Bacchus, c'est un or fondu qui coule dans sa bouche. Effrayé de ce malheur étrange, riche et pauvre tout à la fois, il voudrait se soustraire à ces funestes richesses, et ce don qu'il avait désiré, il le déteste. Rien ne peut apaiser sa faim : une soif ardente dessèche son gosier, et l'or, qui lui est devenu odieux, fait son juste supplice. Alors, levant au ciel ses mains et ses bras tout brillants de l'or qu'ils ont touché : «Pardonne, s'écrie-t-il, ô Bacchus, j'avoue ma faute ; pardonne, et écarte de moi ces fatales richesses». Les dieux sont indulgents : Bacchus pardonne à Midas une faute qu'il avoue, et le délivre du présent qu'il lui fit pour accomplir sa promesse. «Va, lui dit-il, si tu veux te dépouiller de cet or dont ton coupable souhait t'a revêtu, va vers le fleuve qui arrose la ville puissante de Sardes, et remonte ses eaux sur la montagne, jusqu'à ce que tu en aies trouvé la source : là, à l'endroit où l'eau sort avec abondance, tu présenteras ta tête à l'onde écumante, et tu laveras tout ensemble et ton corps et ta faute». Midas exécute ces ordres : la vertu qu'il possède passe de son corps dans les eaux et va teindre le fleuve. Et maintenant encore cette vertu des eaux sème l'or sur les bords jaunissants du Pactole.

Désormais ennemi des richesses, Midas aime les forêts et les champs, et il habite, avec le dieu Pan, les antres des montagnes. Mais son intelligence est demeurée épaisse, et sa sottise lui sera encore une fois fatale. Au-dessus des mers qu'il domine, s'élève la haute montagne du Tmole, dont les deux rampes se terminent au pied de Sardes d'un côté, de l'autre au pied de l'humble Hypépis. C'est là que Pan amuse de ses chants les nymphes assemblées, et module des accords sur des roseaux qu'unit la cire. Pan osa préférer ses chants aux chants d'Apollon, et le défier à un combat inégal, dont le Tmole fut choisi pour juge. Le vieil arbitre s'assied sur sa montagne. Il écarte de ses oreilles la forêt qui les couvre ; seulement une couronne de chêne ceint sa chevelure azurée, et des glands pendent autour de ses tempes profondes. Alors, regardant le dieu des troupeaux : «Le juge est prêt», dit-il. Pan aussitôt enfle ses pipaux, et leur rustique harmonie charme Midas présent à cette lutte. Pan avait terminé ses chants : le dieu du mont se tourne vers Phébus ; la forêt qui couvre sa tête a suivi ce mouvement. Phébus a couronné ses cheveux blonds des lauriers du Parnasse ; les plis de sa tunique de pourpre descendent jusqu'à terre, et sa main gauche soutient une lyre ornée d'ivoire et de pierres précieuses : sa main droite tient un archet ; sa pose est celle d'un maître de l'art ; ses doigts savants touchent les cordes. Emu des sons divins qu'Apollon fait entendre, le Tmole prononce que les roseaux de Pan sont vaincus par la lyre. Tous approuvent la sentence du dieu ; seul, Midas la condamne, et l'accuse d'injustice.

Le dieu de Délos ne voulut pas laisser la forme humaine à des oreilles si barbares : il les allonge, les remplit de poils grisâtres et les rend mobiles. Midas a tout le reste d'un homme : il est puni dans cette seule partie de son corps, et ses oreilles sont celles d'un âne. Il veut dérober sa honte et cacher sous un bandeau de pourpre l'outrage de son front. Mais un de ses serviteurs l'a vu ; c'est celui dont la main taille avec le fer les cheveux de son maître. Il n'ose révéler ce qu'il a vu ; et cependant il veut le dire : il ne pourrait se taire. Se retirant à l'écart, il creuse la terre, et, à voix basse, y dépose le secret de son maître ; puis il recouvre la fosse et s'éloigne en silence. Bientôt à cette même place une forêt de roseaux se balance, et l'automne qui les mûrit vient trahir celui qui les a semés ; car les tiges balancées par le zéphyr laissent échapper les paroles confiées à la terre, et racontent le secret des oreilles de Midas.

vendredi 24 février 2006

Proverbes japonais

Source : Wikipedia.

Silence

  • 雄弁は銀、沈黙は金
    yûben wa gin, chinmoku wa kin
    La parole est d'argent, mais le silence est d'or
  • 言わぬが花
    Iwanu ga hana
    Les mots qu'on n'a pas prononcés sont les fleurs du silence.

Récompense et punition

  • 蝦で鯛を釣る
    Ebi de tai wo tsuru
    En donnant sans arrière-pensée, on peut recevoir bien plus. (lit., Avec une crevette on peut pêcher un bon poisson)
  • 悪銭身につかず
    akusen mi ni tsukazu
    (le mauvais argent ne reste pas longtemps chez son acquéreur) Bien mal acquis ne profite jamais
  • 因果応報
    inga ôhô
    (même cause, même effet) Qui sème le vent récolte la tempête
  • 思えば、思わるる
    omoeba, omowaruru
    (si l'on aime, on est aimé) Le prix de l'amour, c'est l'amour
  • 嘘は一時
    uso wa ittoki
    (le mensonge n'aide pas longtemps) Le menteur ne va pas loin

Apprendre

  • 人の振り見てわが振り直せ
    Hito no furimite wagafurinaose
    Apprend la sagesse dans la sottise des autres. (lit., Corrige-toi en regardant les autres)
  • 猿も 木から 落ちる。
    Saru mo ki kara ochiru
    L'erreur est humaine. (lit., Même le singe tombe de son arbre)
  • 百聞一見に如かず
    hyakubun ikken ni shikazu
    (mieux vaut voir une fois que d'entendre cent fois) Voir, c'est croire
  • 艱難汝を玉にす
    kan-nan nanji o tama ni su
    (la difficulté vous transforme en bijou) L'adversité rend sage
  • 負けるが勝ち
    makeru ga kachi
    (la défaite est une victoire) Qui perd gagne
  • 六十の手習い
    rokujû no tenarai (les exercices d'écriture d'un sexagénaire)
    On apprend à tout âge.

Discernement

  • 一期一会
    Ichigo ichie
    Toute rencontre est importante, car elle est peut-être unique. (lit., Une fois, une rencontre)
  • 猿の尻笑い
    Saru no chiri warai
    Se moquer des points faibles des autres en ignorant ses propres points faibles (lit., la moquerie des fesses du singe)
    Les macaques japonais sont célèbres pour leurs fesses d'un rouge éclatant. Ce dicton, siginifie que les singes, ignorant avoir eux-mêmes les fesses rouges, se moquent de la couleur des fesses de leurs congénères...
  • 頭隠して尻隠さず
    atama kakushite, shiri kakusazu
    (se cacher la tête et laisser les fesses au dehors) Pratiquer la politique de l'autruche
  • 楯の両面を見よ
    tate no ryômen o miyo
    (regarder les deux côtés du bouclier) Toute médaille a son revers
  • 蝸牛角上の争い
    kagyû kakujô no arasoi
    (une querelle sur les cornes d'un escargot) Une tempête dans un verre d'eau
  • 本末転倒
    hon-matsu tentô
    (intervertir le fondamental et le secondaire) Mettre la charrue avant les boeufs
  • 損して得とれ
    son shite, toku tore
    (tirez profit de la perte) Il faut savoir perdre pour gagner
  • 大山鳴動、ねずみ一匹
    taizan meidô nezumi ippiki
    C'est la montagne qui accouche d'une souris Beaucoup de bruit pour rien

Bonheur

  • 犬も歩けば棒に当たる
    Inu mo arukeba bou ni ataru
    Le bonheur sourit à ceux qui agissent (lit., Même les chiens, s'ils marchent, se cognent au bâton)
  • 笑う門には福来る
    Warau kado niha fuku kitaru
    Le bonheur va vers ceux qui savent rire.

Confiance

  • 果報は寝て待て
    Kahou ha nete mate
    Si tu as fait le maximum, tu n'as plus qu'à attendre tranquillement (lit., Attend la bonne nouvelle en dormant)

Courage

  • 聞くは一時の恥聞かぬは一生の恥
    Kiku ha ittoki no haji kikanu ha isshô no haji
    Demander ne coûte qu'un instant d'embarras. Ne pas demander, c'est être embarrassé toute sa vie.

Agir

  • 思い立ったが吉日
    Omoitatta ga kichijitsu
    N'attend pas pour faire ce que tu as decidé (lit., Le bon jour pour faire quelque chose, c'est le jour où on l'a decidé)
  • 不言実行
    fugen jikkô
    (parler peu, mais agir) Plus d'actes et moins de paroles
  • 虎穴に入らずんば虎児を得ず
    koketsu ni irazunba koji o ezu
    (si l'on n'entre pas dans la tanière du tigre, on ne peut atteindre ses petits) Qui ne risque rien n'a rien

Patience

  • 旅は道連れ
    Tabi ha michidure
    Aucune route n'est longue aux côtés d'un ami.
  • 塵も積もれば山となる
    chiri mo tsumoreba yama to naru
    (poussières entassées font montagnes) Les grandes choses se font petit à petit
  • 石の上にも三年
    ishi no ue ni mo san nen
    (trois ans, même assis sur une pierre)
    La persévérance vient à bout de tout
  • 待てば海路の日和あり
    mateba kairo no hiyori ari
    (qui attend aura beau temps en mer) Tout vient à point à qui sait attendre

Détermination

  • 精神いっとう何事か奈良ならざらん
    seishin ittô nanigoto ka narazaran
    (avec une volonté tenace tout peut être accompli) Vouloir c'est pouvoir

Sagesse

  • 己の頭の蝿をおえ
    onore no atama no hae o oe
    (chassez les mouches de votre propre tête) (occupez vous de vos propres affaires) Que chacun balaie devant sa porte
  • 三人寄れば文殊のちえ
    san-nin yoreba Monju no chie
    (trois personnes ensemble ont la sagesse de Monju) Deux têtes valent mieux qu'une
  • 過ぎたるは猶及ばざるが如し
    sugitaru wa nao oyobazaru ga gotoshi
    (trop est comme pas assez) L'excès en tout est un défaut
  • 火のない所に煙は立たぬ
    hi no nai tokoro ni kemuri wa tatanu
    Il n'est point de fumée sans feu
  • 勝って兜の緒を締めよ
    katte kabuto-no-o o shimeyo
    (attachez solidement votre casque même après une victoire) Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers
  • 転ばぬ先の杖
    korobanu saki no tsue
    (utilisez une canne avant de tomber) Mieux vaut prévenir que guérir
  • 所変われば品変わる
    tokoro kawareba, shina kawaru
    (si le lieu change, les objets changent) Autres pays, autres moeurs

Vérité

  • 馬鹿と子供は正直
    baka to kodomo wa shôjiki
    (les idiots et les enfants sont honnêtes) La vérité sort de la bouche des enfants
  • 人は見かけによらぬもの
    hito wa mikake ni yoranu mono
    (les gens ne sont pas ce qu'ils paraissent) Les apparences sont souvent trompeuses > (il faut se méfier des apparences)

Innocence

  • 知らぬが仏
    shiranu ga Hotoke
    (les ignorants sont comme Bouddha) Qui ne sait rien, de rien ne doute

Humilité

  • 柳に雪折れなし
    yanagi ni yuki-ore nashi
    (le poids de la neige ne brise jamais les branches du saule) Il vaut mieux plier que rompre

Détachement

  • 去る者は日々に疎し
    saru mono wa hibi ni utoshi
    (le souvenir de ceux qui sont partis diminue jour après jour) Loin des yeux, loin du cœur

La fournaise ardente

Source : Ancien Testament - Livre de Daniel (3.1 - 3.30)

Le roi Nebucadnetsar fit une statue d'or, haute de soixante coudées et large de six coudées. Il la dressa dans la vallée de Dura, dans la province de Babylone.

Le roi Nebucadnetsar fit convoquer les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, pour qu'ils se rendissent à la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar.

Alors les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les jurisconsultes, les juges, et tous les magistrats des provinces, s'assemblèrent pour la dédicace de la statue qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar. Ils se placèrent devant la statue qu'avait élevée Nebucadnetsar.

Un héraut cria à haute voix: Voici ce qu'on vous ordonne, peuples, nations, hommes de toutes langues !

Au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d'or qu'a élevée le roi Nebucadnetsar.

Quiconque ne se prosternera pas et n'adorera pas sera jeté à l'instant même au milieu d'une fournaise ardente.

C'est pourquoi, au moment où tous les peuples entendirent le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, et de toutes sortes d'instruments de musique, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues se prosternèrent et adorèrent la statue d'or qu'avait élevée le roi Nebucadnetsar.

A cette occasion, et dans le même temps, quelques Chaldéens s'approchèrent et accusèrent les Juifs.

Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar: O roi, vis éternellement !

Tu as donné un ordre d'après lequel tous ceux qui entendraient le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments, devraient se prosterner et adorer la statue d'or, et d'après lequel quiconque ne se prosternerait pas et n'adorerait pas serait jeté au milieu d'une fournaise ardente.

Or, il y a des Juifs à qui tu as remis l'intendance de la province de Babylone, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, hommes qui ne tiennent aucun compte de toi, ô roi; ils ne servent pas tes dieux, et ils n'adorent point la statue d'or que tu as élevée.

Alors Nebucadnetsar, irrité et furieux, donna l'ordre qu'on amenât Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Et ces hommes furent amenés devant le roi.

Nebucadnetsar prit la parole et leur dit: Est-ce de propos délibéré, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mes dieux, et que vous n'adorez pas la statue d'or que j'ai élevée ?

Maintenant tenez-vous prêts, et au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la guitare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse, et de toutes sortes d'instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue que j'ai faite; si vous ne l'adorez pas, vous serez jetés à l'instant même au milieu d'une fournaise ardente. Et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ?

Schadrac, Méschac et Abed-Nego répliquèrent au roi Nebucadnetsar: Nous n'avons pas besoin de te répondre là-dessus.

Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi.

Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n'adorerons pas la statue d'or que tu as élevée.

Sur quoi Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et il changea de visage en tournant ses regards contre Schadrac, Méschac et Abed-Nego. Il reprit la parole et ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu'il ne convenait de la chauffer.

Puis il commanda à quelques-uns des plus vigoureux soldats de son armée de lier Schadrac, Méschac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise ardente.

Ces hommes furent liés avec leurs caleçons, leurs tuniques, leurs manteaux et leurs autres vêtements, et jetés au milieu de la fournaise ardente.

Comme l'ordre du roi était sévère, et que la fournaise était extraordinairement chauffée, la flamme tua les hommes qui y avaient jeté Schadrac, Méschac et Abed-Nego.

Et ces trois hommes, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise ardente.

Alors le roi Nebucadnetsar fut effrayé, et se leva précipitamment. Il prit la parole, et dit à ses conseillers: N'avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés? Ils répondirent au roi: Certainement, ô roi !

Il reprit et dit: Eh bien, je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu, et qui n'ont point de mal; et la figure du quatrième ressemble à celle d'un fils des dieux.

Ensuite Nebucadnetsar s'approcha de l'entrée de la fournaise ardente, et prenant la parole, il dit: Schadrac, Méschac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu suprême, sortez et venez! Et Schadrac, Méschac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu.

Les satrapes, les intendants, les gouverneurs, et les conseillers du roi s'assemblèrent; ils virent que le feu n'avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n'avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n'étaient point endommagés, et que l'odeur du feu ne les avait pas atteints.

Nebucadnetsar prit la parole et dit: Béni soit le Dieu de Schadrac, de Méschac et d'Abed-Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en lui, et qui ont violé l'ordre du roi et livré leurs corps plutôt que de servir et d'adorer aucun autre dieu que leur Dieu !

Voici maintenant l'ordre que je donne: tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu'il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Schadrac, de Méschac et d'Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d'immondices, parce qu'il n'y a aucun autre dieu qui puisse délivrer comme lui.

Après cela, le roi fit prospérer Schadrac, Méschac et Abed-Nego, dans la province de Babylone.

mercredi 15 février 2006

Le Petit Chaperon rouge - Charles Perrault

Le Petit Chaperon rouge



Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge.

Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n’osa, à cause de quelques Bûcherons qui étaient dans la Forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un Loup, lui dit : Je vais voir ma Mère-grand, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma Mère lui envoie. Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup.

Oh ! oui, dit le Petit Chaperon rouge, c’est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du Village. Eh bien, dit le Loup, je veux l’aller voir aussi ; je m’y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s’en alla par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait.

Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ; il heurte : Toc, toc. Qui est là ? C’est votre fille le Petit Chaperon rouge (dit le Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. Ensuite il ferma la porte, et s’alla coucher dans le lit de la Mère-grand, en attendant le Petit Chaperon rouge, qui quelque temps après vint heurter à la porte. Toc, toc.

Qui est là ? Le Petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup eut peur d’abord, mais croyant que sa Mère-grand était enrhumée, répondit : C’est votre fille le Petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit.

Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. Le Petit Chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ? C’est pour mieux t’embrasser, ma fille.

Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ? C’est pour mieux courir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles ? C’est pour mieux écouter, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ? C’est pour mieux voir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents. C’est pour te manger. Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge, et la mangea.

MORALITÉ

On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup mange.
Je dis le Loup, car tous les Loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
De tous les Loups sont les plus dangereux.

Source : Wikisource.