Source : Wikipedia.

Une vérite qui dérange

An Inconvenient Truth ou Une Vérité qui dérange est un film documentaire traitant du changement climatique, spécialement du réchauffement planétaire, réalisé par Davis Guggenheim. Al Gore, l'ex- Vice-président des États-Unis d'Amérique y tient le premier rôle.

Ce documentaire de 94 minutes est basé en grande partie sur une présentation multimédia que Gore a préparée pour sa campagne de sensibilisation sur le réchauffement climatique. Le film fut présenté en avant-première en 2006 au Festival du film de Sundance, puis au Festival de Cannes 2006.

La structure du film est essentiellement celle d'un film documentaire, An Inconvenient Truth suit une base dramatique dans la séquence où les faits sont révélés et les prévisions soulignées, auxquels s'ajoutent des événements de la vie personnelle d' Al Gore. Plutôt qu'énumérer simplement des faits d'une façon sèche et mécanique, le film place son sujet dans un contexte plus moral et émotionnel avec des éléments d'une intrigue dramatique.

An Inconvenient Truth est apparu sur les écrans à New York et Los Angeles le 24 Mai 2006. Il s'agit du troisième plus gros succès de tous les temps pour un documentaire aux USA. Gore et la Paramount, le distributeur du film, ont utilisé la recette afin de financer des campagnes éducatives sur le changement climatique.

An Inconvenient Truth est également le titre d'un manuel de Gore qui atteint la première place des bestsellers du New York Times (en date du 2 Juillet et du 13 Août 2006), et se maintient encore pendant de nombreux mois sur la liste.

Le livre a été publié en même temps que la sortie du documentaire en salle. Le livre contient de l'information additionnelle, des analyses scientifiques, et le commentaire de Gore sur les problèmatiques présentées dans le documentaire.

Synopsis

L'ancien vice-président Al Gore se consacre à ce qu'il considère comme le but de sa vie après l' échec de l' élection présidentielle de 2000. Il s'implique lui-même dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans la continuité d'une présentation (utilisant le logiciel Keynote) exposée à travers le monde dans sa tournée surnommé "the slide show" , Gore met en lumière la quasi-unanimité des scientifiques s'accordant sur le réchauffement global de la Terre, débat sur la politique et l'économie du réchauffement global, et décrit les conséquences graves que le changement du climat produira si la quantité de production humaine de gaz à effet de serre n'est pas significativement réduite dans un futur très proche.

Le film inclut beaucoup de réfutations des arguments de ceux qui doutent de l'importance ou de la réalité d'un réchauffement de la planète. Par exemple, il aborde le risque de l'effondrement d'un inlandsis majeur, un glacier très étendu au Groenland ou en Antarctique, dont l'un ou l'autre pourrait élever les niveaux de mer globaux d'approximativement 6 mètres, provoquant l'inondation des secteurs côtiers et créant une centaine de millions de "réfugiés climatiques", les écoréfugiés. La fonte des eaux du Groenland pourrait stopper le courant du Gulf Stream et rapidement déclencher un refroidissement local dramatique en Europe nordique (en dépit du réchauffement climatique global). Le documentaire se conclut en indiquant que si les mesures appropriées sont prises rapidement, les effets du réchauffement peuvent être inversés avec succès en libérant moins de dioxyde de carbone et en cultivant plus de plantes et d'arbres. Enfin Gore invite tous les spectateurs à apprendre comment ils peuvent aider et à se mobiliser dans cette initiative.

Dans le but de montrer le phénomène de réchauffement climatique le film présente la température annuelle et les niveaux de CO2 pendant les 600.000 dernières années déterminés par les analyses des carottes de glaces prélevées en Antarctique. Une analogie à l'Ouragan Katrina est utilisé pour leur rappeler que les vagues de 9 à 14 mètres ont détruit presque un million de maisons côtières du Mississippi, Louisiane, Alabama, et Floride.

Origines

Gore est intrigué la première fois par le réchauffement planétaire quand il eut un cours à l'université d'Harvard avec le professeur Roger Revelle, l'un des premiers scientifiques à mesurer le taux de dioxyde de carbone dans l' atmosphère. Le livre de Gore publié en 1992, Earth in the Balance, traitait déja d'un certain nombre de sujets touchant l'environnement, et se classa dans la liste des bestsellers du New York Times. Plus tard, quand Gore entra au congrès, il initia la première audition du congrès, y emmena des climatologues et commença à débattre de ce sujet avec les représentants élus. Il pensait qu'une fois les législateurs au courant de l'incontestable évidence, ils seraient conduits à l'action ; pourtant finalement, le processus fut lent voire laborieux.

En tant que vice-président dans l'administration Clinton, Gore poussa à la création d'une taxe sur le carbone, "carbon tax" pour inciter à réduire la consommation de combustible fossile et de ce fait diminuer l'émission de gaz à effet de serre, elle a été partiellement mise en oeuvre en 1993. Il a aidé à promouvoir le protocole de Kyoto en 1997, le traité international conçu pour limiter les gaz à effet de serre. Cependant, il n'est pas ratifié par les Etats-Unis en raison de l'opposition du sénat Américain. Gore a aussi soutenu le placement du satellite Triana, pour accroître la conscience des problèmes environnementaux et pour avoir les premières mesures directes de la proportion de rayonnement solaire réfléchi par la Terre. Durant sa campagne présidentielle de 2000, Gore s'engagea, en partie, sur un engagement de ratification du protocole de Kyoto.

Après sa défaite à l'élection présidentielle, Gore a adapté une projection de diapositives, "slide show" qu'il avait précédemment créé, et commença à donner à travers les USA et dans le monde entier des présentations de multimédias sur le réchauffement climatique. Au moment où le film débute, Gore estime l'avoir montré plus d'un millier de fois. Les producteurs Laurie David et Lawrence Bender ont vu le show de Gore à New York après la première de The Day After Tomorrow. Inspirés, ils rencontrent le réalisateur Davis Guggenheim au sujet de la possibilité de transformer la projection de diapositives en un film. Guggenheim, sceptique au début, plus tard vit la présentation de Gore faite pour lui seul et déclara qu'il a " été très secoué ", "blown away" et que " une heure et demi après la fin, il était convaincu que le réchauffement planétaire était le problème le plus important... Je n'ai aucune idée de la façon dont vous allez tirer un film de ça, mais je veux essayer".

Base scientifique

Dans le film et le livre l'accompagnant, Gore cite beaucoup d'études scientifiques pour soutenir la revendication que le réchauffement climatique est réel et en grande partie causé par l'homme :

  • La fonte de nombreux glaciers est souligné par des photographies montrant l'avant et l'après.
  • Une étude faite par les chercheurs de l'Institut de Physique de l' université de Berne et du Projet Européen pour creuser la glace dans l'Antartique, l'EPICA, présente des données de l'Antartique à partir de carottes de glaces montrant les concentrations en dioxyde de carbone les plus élevées pour les 650.000 dernières années.
  • L'enquête du Dr. Naomi Oreskes en 2004, recense 928 articles scientifiques sur le changement climatique publiés entre 1993 et 2003. Le résultat de son observation, publié en éditorial dans le journal Science, est que chaque article soit soutient le consensus « le réchauffement global a une part d'origine humaine », soit n'en tient pas compte.

L'agence de presse américaine Associated Press, est entrée en contact avec plus de 100 experts et chercheurs sur le climat et les ont interrogés au sujet de la véracité du film. Ce sondage se déroulant avant la sortie nationale du film ou du livre, seuls 19 climatologues ont vu le film et ils disent tous que Gore a transmis correctement les faits scientifiques. Le Comité Sénatorial de l'Environnement et des Travaux Publics des États unis, " U.S. Senate Committee on Environment and Public Works " présidé par le sénateur Jim Inhofe, un sceptique du réchauffement global, a publié un communiqué de presse critiquant ce rapport. La position d'Inhofe " le réchauffement global est le plus grand canular jamais commis sur les Américains ", apparaît dans le film.

RealClimate, un blog collectif maintenus par 11 climatologues, honore les faits scientifiques du film comme " remarquablement à jour, contenant des références à une partie des toutes dernières recherches ".

L'historien des sciences et le fondateur de The Skeptics Society, Michael Shermer a écrit dans Scientific American que An Inconvenient Truth "m'a choqué en dehors de ma position de doute ", " shocked me out of my doubting stance ".

De même, le 26 Juin 2006, dans l'éditorial du Wall Street Journal, le climatologue Richard Lindzen, sceptique du réchauffement climatique a critiqué le film et se questionne sur ses motivations. Une analyse critique de l'article de Lindzen par un bloggueur, David Lawrence, un biogéographe et journaliste, révèle que les réclamations de Lindzen sont basés sur des données actuellement dépassées.

Reactions

Le film, en ouverture de festivals de films, a été accompagné par une promotion publicitaire utilisant des slogans tels que "Un avertissement au Monde " (" A global warning"), " Nous sommes tous sur une fine couche de glace ", "De loin le plus terrifiant film jamais vu ", et enfin " Le film le plus effrayant cet été est celui où vous êtes le méchant et le héros ". La réaction à Sundance fait écho au montant du box-office et aux articles positifs des critiques de films. D'ailleurs, le film et l'acclamation des critiques ont été parodiés dans des programmes télévisés.

Un succès public et critique

Le film, apparu sur les écrans en même temps à New York et à Los Angeles le mercredi 24 mai 2006, a agrégé le week-end du jour commémoratif (Memorial Day en l'honneur des soldats tués) 91.447 $ dans les cinémas, soit, pour ce week-end de l'année la plus haute recette pour n'importe quel film et un record pour un documentaire, bien qu'il n'ait seulement passé que sur quatre écrans simultanément.

Au festival de Sundance en 2006, le film a reçut trois fois une standing-ovation. Il est aussi passé au festival de Cannes et était le film d'ouverture au 27ème Festival International du Film de Durban le 14 Juin 2006. An Inconvenient Truth a été le documentaire le plus populaire au Brisbane International Film Festival de 2006.

Le film a rapporté plus de $23 millions en date du 6 septembre 2006, faisant de lui le troisième documentaire le plus vu au cinéma jusqu'ici (après Fahrenheit 9/11 et La marche de l'empereur).

Al Gore a indiqué que sa femme " Tipper et moi avons consacré 100 pour cent des bénéfices du livre et du film à une nouvelle campagne éducative bipartisane pour promouvoir encore plus le message au sujet du réchauffement global ". Tandis que Paramount Classics, la société de production engage 5% de leurs bénéfices sur le film des salles de cinémas à ce nouveau groupe bipartisan d'action, Alliance for Climate Protection, consacré à l'organisation de structures afin d'étendre la prise de conscience des citoyens à ce sujet.

La réaction critique au film a été positive : elle a recueilli le 2 Septembre 2006 le label "certifié frais" à 92%, "certified fresh" par le Rotten Tomatoes un site web dédié à l'information , jeux videos, films etc... , avec un 94% évalué par la "Cream of the Crop", la crème des critiques. Les critiques de films Roger Ebert et Richard Roeper ont donné au film "deux pouces". Ebert écrit: " en 39 ans, je n'ai jamais écrit ces mots dans une revue cinématographique, mais ici ils le méritent : vous devez allez voir vous-même ce film. Si vous ne le faites pas, lorsque vous aurez vos petits-enfants, vous devrez leur expliquer pourquoi vous n'avez pas décidé d'y aller"

Peu de critiques ne furent pas aussi aimables. Par exemple, le journaliste Ronald Bailey discute dans le magazine libertaire Reason que bien que « Gore décrit des faits scientifiques plus vrais que inventés, il exagère les risques. »

Le film reçut une récompense spéciale de Humanitas Prize, et c'est la première fois que l'organisation distribue une récompense spéciale depuis 10 ans.

Réponse politique

  • Le Président Bush, interrogé pour savoir s'il regarderait le film, a répondu : "J'en doute". Il a plus tard déclaré que "nous devons rester sceptiques quand au fait que les gaz à effet de serre sont causés par l'humanité ou de causes naturelles ".

Gore réplique que "la communauté scientifique du monde entier s'accorde sur le fait que les êtres humains sont responsables du réchauffement planétaire et aujourd'hui encore il (Bush) a exprimé des doutes personnels que cela soit vrai".

  • En août 2006, le journal Wall Street Journal a révélé qu'une vidéo de YouTube tourne en dérision Gore et le film, intitulé " Al Gore's Penguin Army ", "l'armée de pingouins d'Al Gore", semblent être une propagande politique, "astroturfing" par DCI Group, un lobby et firme de relations publiques Américaines, "a Washington PR firm " qui a des liens avec ExxonMobil aussi bien que le parti républicain (voir Al Gore's Penguin Army video controversy).
  • En septembre 2006, Gore a voyagé à Sydney, Australie pour promouvoir le film. Le premier ministre australien, John Howard expliqua qu'il ne veut pas rencontrer Gore ou s'accorder sur le protocole de Kyoto à cause du film: " Je ne prends pas de conseils politique d'un film", "I don't take policy advice from films ". Le leader de l'opposition Kim Beazley joignit Gore pour voir le film et d'autres membres politique attendèrent une scéance spéciale de visionnage à la Parliament House, lieu de rassemblement du parlement à Canberra, plus tôt dans la semaine.

Influences dans la culture populaire aux Etats unis

  • Avant d'être sorti, le film était parodié dans l'épisode "Manbearpig", L'homme-ours-porc de la série South Park. Gore a beaucoup ri de cette caricature de lui : " leur sens comique vise un autre public que le mien, mais je trouve toujours beaucoup de choses qu'ils font, hilarantes ".
  • Stephen Colbert, de l'émission satirique The Colbert Report, a aussi parodié An Inconvenient Truth le 17 Juillet 2006. Intitulé "The Convenientest Truth", "la Vérité commode", Colbert a créé sa propre présentation plaidant pour les effets positifs du réchauffement global, en utilisant sa technique d'humour personnelle pour satiriser en fin de compte la réponse des conservateurs au film.
  • Pendant le film, Al Gore montre un extrait de l'épisode "Crimes of the Hot", Gaz à tous les étages de la série animée Futurama traitant du réchauffement planétaire ; Al Gore avait le premier rôle dans cet épisode, bien qu'il ne soit pas présent dans le clip. De plus, Gore joue dans un faux trailer réalisé par l'équipe de Futurama, intitulé "A Terrifying Message from Al Gore".
  • Le Competitive Enterprise Institute, une ONG américaine en faveur du libre marché pour les consommateurs fait passer deux publicités afin de "contrer l'alarmisme du réchauffement climatique", dans une apparente réponse à An Inconvenient Truth. Les deux messages publicitaires utilisent le slogan : "Dioxyde de Carbone - Ils l'appelent pollution ; Nous l'appelons la Vie ".
  • Le comédien populaire Jon Stewart se moque du Competitive Enterprise Institute et fait d'autres critiques du film sur The Daily Show
  • Le show télévisé X-Play a fait 2 sketches parodiques pour la promotion du " G4's award show ", le G-Phoria, une cérémonie de remise de récompenses à des jeux videos créée par la chaine TV G4. Un sketch montre un imitateur d'Al Gore avertir d'une augmentation de la température dans les Terres du Milieu à cause de l' oeil de Sauron", "Eye of Sauron".

Divers

Le film sort en DVD aux USA le 21 Novembre 2006 chez Paramount Home Entertainment. En France, Il sera sur les écrans le 11 Octobre 2006.

Liens

Site officiel : www.criseclimatique.fr