Grippe de 1918
La grippe de 1918, aussi nommée à tort "grippe espagnole", est une souche (H1N1) particulièrement virulente et contagieuse de grippe qui s'est répandue en pandémie ayant fait entre 20 et 40 millions de morts, 30 millions selon l'Institut Pasteur. Elle sévit de 1918 à 1920 sur l'ensemble du monde et est posée par certains comme la pandémie la plus mortelle de l'histoire, devant les 34 millions de morts de la Peste noire.
Son surnom "grippe espagnole" semble venir du fait que seule l'Espagne - non impliquée dans la Première Guerre mondiale- publia librement les informations relatives à cette épidémie. Les journaux français parlaient donc de la grippe espagnole qui faisait des ravages en Espagne sans mentionner les cas français.
Historique
Article détaillé : Pandémie de la grippe espagnole.
Apparemment originaire de Chine (1918), où elle serait passée du canard au porc puis à l'homme, elle gagne rapidement les États-Unis, muta et devint létale (pour ~3% des malades, contre moins de 1/1000 pour les autres épidémies de grippe), et se répandit en pandémie mondiale, par l'Europe, puis dans le monde entier par ses colonies.
Elle fait environ 408 000 morts en France, mais la censure de guerre en limita l'écho, les journaux annonçant une nouvelle épidémie en Espagne, pays neutre et donc moins censuré, alors que l'épidémie faisait déjà ses ravages en France. Elle mérite donc le nom de « pandémie ». L'essentiel de son action se fit durant l'hiver 1918-1919, avec 1 milliard de malades, et 20 à 40 millions de morts.
En quelques mois seulement, elle fit plus de victimes que la Première Guerre mondiale qui se terminait à peine.
Sa progression fut foudroyante : des foyers d'infection furent localisés de part et d'autre des USA en sept jours à peine, le reste du monde en trois mois.
Par cette pandémie, il y a une prise de conscience de la nature internationale de la menace épidémies et maladies, de l'importance de l'hygiène, d'un réseau de surveillance afin d'être prêt. Il y a ainsi dans l'une des clauses de la création de la SDN un accord posant la volonté de créer un Comité d'Hygiène international, qui deviendra finalement l'OMS.
Effet médical
Propriétés médicales, voir : Grippe
Les décès furent essentiellement de jeunes adultes, ce qui surprend : les jeunes adultes sont habituellement la génération la plus résistante aux grippes.Ceci s'explique par le fait que cette tranche d'âge ( notamment pour des raisons professionnelles) se déplacent le plus ou vivent dans des endroits où ils cotoyent de nombreuses personnes (ateliers,...). La multiplicité des contacts accroit le risque d'être contamminés. Cette constatation a été faite par les historiens (notamment lors de l'épidémie de choléra à Liège en 1866)
On estime que 50 % de la population mondiale fut contaminée (soit à l'époque 1 milliard d'habitants), 25 à 50 millions de personnes en périrent, avec un consensus autour de 30 millions de morts.
Cette grippe se caractérise d'abord par une très forte contagiosité : une personne sur deux contaminée. Elle se caractérise ensuite par une incubation de 2 à 3 jours, suivie de 3 à 5 jours de symptômes : fièvres, affaiblissement des défenses immunitaires, qui finalement permettent l'apparition de complications normalement bénignes, mais ici mortelles dans 3% des cas, soit 20 fois plus que les grippes « normales ». Elle ne fait cependant qu'affaiblir les malades, qui meurent des complications qui en découlent. Sans antibiotiques (découverts 10 ans plus tard), ces complications ne purent pas être freinées.
La mortalité importante était due à une surinfection bronchique bactérienne, mais aussi à une pneumonie due au virus. L'atteinte préférentielle d'adultes jeunes pourrait peut-être s'expliquer par une relative immunisation des personnes plus âgées ayant été contaminées auparavant par un virus proche.
Le virus de 1918
Les caractéristiques génétiques du virus ont pu être établies grâce à la conservation de tissus prélevés au cours d'autopsies récentes sur des cadavres inuits et norvégiens conservés dans le pergélisol (sol gelé des pays nordiques). Ce virus est une grippe H1N1.
- Virus père, souche inconnue : virus de grippe source, à forte contagiosité mais à virulence normale qui, par mutation, donna le virus de la grippe espagnole. Le virus père ne fut identifié et suivi rigoureusement qu'à partir d'avril, et jusqu'à juin 1918, alors qu'il sévit probablement dès l'hiver 1917-1918 en Chine.
- Virus de la grippe espagnole, souche H1N1 : virus à forte virulence apparemment apparu aux États-Unis et ayant finalement tué plus de 21 millions de personnes à travers le monde ; cette appellation inclut généralement aussi son « virus père ». Cette version plus létale sévit en 2 vagues meurtrières, l'une de mi-septembre à décembre 1918, l'autre de février à mai 1919. Tous les continents et toutes les populations sont gravement touchés.
Personnes célèbres décédées de la grippe espagnole
- Guillaume Apollinaire, poète français
- Joe Hall, joueur de hockey sur glace anglais
- Egon Schiele, peintre autrichien
- Edmond Rostand, dramaturge français
Conclusion
Sur le plan technique, ses caractéristiques pathogènes propres ne sont pas étudiables du fait de l’absence de souche virale, aucun prélèvement n’ayant pu être conservé dans un état suffisamment bon.
C’est donc seulement en étudiant la famille des grippes, dans leur ensemble, que l’on peut en comprendre ses mécanismes qui se résument à ceci :
- une contagiosité très forte, induisant un comportement épidémique ou pandémique,
- une variabilité forte, entraînant une virulence variable ainsi que l'inefficacité de l'immunisation d'une année sur l'autre,
- la virulence de cette souche particulièrement grande (grave affaiblissement), ainsi que
- le fait que, finalement, ce virus ne fait qu’affaiblir les défenses immunitaires, et n’est pas en lui-même source de décès (Ce sont les complications qui accompagnent la grippe qui sont mortelles en fonction du degré d’affaiblissement de l’organisme).
L'absence d'antibiotique (qui n'aurait pas stoppé la maladie virale mais seulement les complications bactériologiques) fut également déterminante.
Enfin, en ce qui concerne les conséquences, l’élément essentiel est la prise de conscience de la menace biologique à l'échelle mondiale, qu’une épidémie débutant en Chine pouvait finalement menacer la population des USA, de l'Europe, et de l’ensemble des états du monde. Il s’en suivit la création -par la SDN- d’un organisme de Santé et de surveillance médicale mondiale, qui devint plus tard l’OMS.
Il est aussi à noter, vu le cycle de réapparition des épidémies de grippe mortelle s’espaçant, au maximum constaté, de 39 ans, la dernière datant de 1968, l’OMS prévoit « statistiquement » l’apparition d’une pandémie de grippe mortelle d’ici 2010 à 2015. Voilà pourquoi, depuis quelques années, un certain nombre d’études sont soudainement consacrées au virus de la grippe espagnole, certaines visant à en récupérer des souches intactes, tangiblement étudiables, pour permettre l'édification de défenses adéquates.
La pandémie de 1918-1919 a été, avec 20 millions de morts minimum, la première grande pandémie de l’ère moderne. Elle reste ainsi la plus grande pandémie humaine, devançant celles de la peste et du Sida. Ce dernier continue cependant à tuer au delà des 24 millions de victimes déjà comptabilisées.
Liens externes
- TPE « La Grippe Espagnole de 1918 », exposé de Terminale S après synthèse de documents obtenus auprès de l'Institut Pasteur. Site sous copyleft.
- Dossier en français sur la grippe espagnole.
- Documents de l'Institut Pasteur
Source : Wikipedia
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