Un Système d'Echange Local (ou « SEL ») est un système d'échange alternatif, construit à coté du système d'échange économique dominant. Les SEL prennent la forme de réseaux à but non lucratif, implantés localement, et qui permettent à leurs membres de procéder à des échanges de biens ou de services sans avoir recours à la monnaie traditionnelle.

Fondations

Les promoteurs d'un SEL cherchent à construire concrètement et immédiatement un système plus satisfaisant que le système monétaire habituel. Ils appartiennent souvent à la mouvance dite antilibérale, car ils voient au système en vigueur des défauts (mauvaise valorisation du temps disponible notamment des chômeurs, inégalité de départ et inégalité à l'arrivée, poids exorbitant de la spéculation financière, et des multinanionales qui profitent de la mondialisation, etc.). Pourtant, paradoxalement, si on ne s'attachait qu'à l'aspect économique des SEL on pourrait leur reprocher d'incarner le libéralisme économique le plus absolu : indépendance par rapport à l'état, définition de leur propres règles sociales sans référence à la règle commune, monnaie autonome, monnaie privée, maintien de la propriété privée, etc.

Intérêt

Selon ses défenseurs, si l'intérêt fondamental des SEL est de permettre de nouvelles activités et d'introduire de nouveaux flux monétaires, afin de pallier le manque de monnaie traditionnelle des participants, ils permettent surtout de créer des liens plutôt que de créer des biens dans le groupe, qui s'assimile finalement à un grand groupe d'entr'aide.

Organisation

Un SEL est un marché libre dans une communauté librement formée, avec une monnaie autonome (souvent basée sur le temps passé) au nom varié (grain de SEL, cacahuète, noix de coco...), et des échanges libres (souvent à caractère de service plus qu'à caractère matériel). Le SEL utilise une unité de valeur pour les échanges monnaie, il est construit pour gérer cette unité et là n'est pas la principale difficulté, même si les règles monétaires peuvent être complexes et très différentes des règles courantes (monnaie non capitalisable, etc.).

Il est donc possible à tous les membres du système d'échanger des services au travers de cette nouvelle économie. Une personne pourra ainsi être créditée de 100 grains de SEL en gardant des enfants pendant une soirée avant d'aller les dépenser ailleurs en cours de guitare par exemple. La valeur d'un service est généralement dictée en fonction du temps qu'il nécessite. Il n'y aura ainsi pas de différence entre une heure de cours de maths et une heure de jardinage. Cependant, chaque SEL à sa propre logique, et il peut y avoir plusieurs mesures dans certains cas (notamment dans les SEL qui ne se sont pas affranchis de la référence à l'euro). C'est pourquoi de nouveaux types de SEL, appelés SELT, ont émergé ces dernières années. L'unité de mesure étant le temps, on perd la notion de monnaie et tous les « mauvais réflexes » qu'elle peut induire, à condition de comptabiliser strictement le temps passé (i.e. de ne pas comptabiliser plus ou moins de temps comptable que de temps réel). Ce nouveau type de SEL est cependant plus long à mettre en place.

Problèmes légaux

Vous n’êtes exonéré de T.V.A. et d’impôt sur les transactions réalisées dans le cadre du SEL que dans la mesure où il s’agira d’une activité non répétitive et ponctuelle, type « coup de main » et n’entrant pas dans le cadre de votre profession.

En 1998, le procès en appel de trois adhérents du SEL Pyrénéen a aboutit à leur relaxe :

En septembre 1996, dans un petit village de l’Ariège, deux adhérents du SEL ont aidé un troisième à réparer son toit.

Après dénonciation d’un voisin et enquête de la gendarmerie, les trois adhérents ont été poursuivis pour travail clandestin et utilisation de travailleurs clandestins, condamnés par le Tribunal de Foix le 06/01/98 puis relaxés en appel à Toulouse le 17/09/98 car les conditions caractérisant un travail clandestin n'étaient pas réunies.

En conclusion on peut dire que ce procès fait jurisprudence, et donc que les membres des SEL n'ont rien à craindre, l'entraide est "légale"...

Mais si dans le cadre du SEL vous vous livrez à une activité répétitive ou entrant dans le cadre de votre métier, vous devez la déclarer aux organismes concernés.

Historique

Les premiers Sel sont apparus en Europe dans les années 30. Le premier SEL sur le continent américain (LETS en anglais, pour Local Exchange Trading System) a été fondé au Canada, dans les années 80. Michael Linton, écossais, qui vivait sur l'île de Vancouver, voulait ainsi aider les habitants de cette région touchée par le chômage. Il a donc proposé de créer un système basé sur le troc, dans une grande communauté, à l'aide d'une monnaie locale, le green dollar.

L'expérience fut plutôt positive, malgré les réticences de certains éléments clés de la région. Elle a duré cinq ans, avant de s'arrêter, suite à des problèmes internes de bureaucratie trop lourde et manquant de transparence, ce qui a amené une perte de confiance des adhérents. Une vingtaine de systèmes semblables avaient cependant été lancés un peu partout en Amérique du Nord entre temps.

Le premier SEL moderne de France a été créé en 1994, en Ariège. Dix ans après, il y en a 338 dans 96 départements, de tailles plus ou moins modestes (de 2 à quelques centaines de membres) suivant les régions.

Il y en a plus de 400 en Grande Bretagne, qui permettent à plus de 20 000 personnes de procéder à des échanges. On en trouve aussi en Australie, au Japon, en Amérique Latine...

Liens externes

  • SELIDAIRE, Association d'information et de promotion des systèmes d'échanges locaux (avec un wiki!)
  • TRANSVERSEL, site de traverse des SEL, du JEU et des systèmes d'échanges non monétaire (site rédactionnel participatif)
  • LE BLOG, le BLOG des rencontres 2005 à GAP avec des liens vers la CaravanSEL2005 et tous les compte-rendus.
  • Le SEL de la Gardiole, site du SEL de Frontignan-La-Peyrade (Hérault)

Source : Wikipedia