mardi 28 février 2006

L'expérience de la prison de Stanford

L'expérience de la prison de Stanford est une expérience qui visait à étudier l'effet que peut avoir le pouvoir. Les sujets ont été divisés en deux groupes complètement au hasard et des rôles leurs ont été donnés. Les gardiens et les prisonniers.

Elle se déroula durant l'année 1971, à l’Université de Stanford, aux États-Unis.Cette expérience fut menée par le professeur Philip Zimbardo.

Un film allemand réalisé en 2001 met en scène cette expérience, il s'agit de L'Expérience (Das Experiment) qui est représentatif de ce qui s'est passé mais romancé.

L'Expérience (titre original : Das Experiment) est un film allemand réalisé par Oliver Hirschbiegel sorti en 2001. Ce film s'appuie sur le livre de Mario Giordano.

Synopsis du film L'Expérience

Attention : Ce qui suit dévoile tout ou partie de l'œuvre !

Dans le cadre d'une étude comportementale, vingt hommes sont sélectionnés pour une expérience. Huit d'entre eux se voient attribués la fonction de gardiens de prison et douze celle de prisonniers. Les prisonniers se voient attribuer des numéros qui remplaceront leur nom durant l'expérience. Personne ne peut, dans la prison, appeler un prisonnier par son nom, les prisonniers doivent se parler avec leur numéros. Pendant deux semaines, les expérimentateurs étudient les comportements à l'aide de caméras de sécurité.

En quelques heures, les « gardiens » se mettent à prendre leur rôle trop au sérieux, en particulier Berus (Justus von Dohnanyi), deviennent sadiques, et les prisonniers se sentent pris au piège. L'un d'entre eux est un peu rebelle. Son nom est Tarek Fahd (Moritz Bleibtreu) et il a une raison pour agir comme il le fait : il doit effectuer un reportage pour un grand journal. Un autre est colonel dans l'armée de l'air (Christian Berkel), un homme calme et froid qui essaie d'observer ce qui se passe.

Même si la violence est prohibée dans cette prison fictive, les gardiens ne tardent pas à soumettre les prisonniers, plus particulièrement "77", Tarek Fahd, le fauteur de troubles, toujours en tension avec Berus.

Dès la deuxième journée, l'expérience échappe totalement aux expérimentateurs par la révolte des prisonniers et la réprimade brutale des gardiens, menés par Berus.

Un gardien sera même passé à tabac et emprisonné par ses collègues après avoir voulu aider Tarek à communiquer avec l'extérieur.

L'Expérience dérapera totalement lors du départ du docteur Thon par l'emprisonnement des assistants et le cloisonnement total des gardiens.

Voir aussi

Sources : L'expérience de Stanford et L'Expérience (Wikipedia).

mercredi 7 décembre 2005

L'expérience de Milgram

Expérience de Milgram
Le docteur (E) convainc le sujet (S) d'infliger des chocs électriques à un autre sujet qui est en fait un acteur (A). De nombreux sujets continuent à infliger les chocs en dépit des plaintes de l'acteur.

Expérience sur la soumission à l'autorité, menée par Stanley Milgram entre 1960 et 1963, et ayant provoqué de nombreux remous dans l'opinion.

Cette expérience a été mise en scène dans le film I comme Icare, fiction basée sur le meurtre du président Kennedy, avec Yves Montand dans le rôle principal (le film est de Henri Verneuil).

Principe

Le sujet arrive dans un hôpital, il est censé participer à une étude sur la mémorisation qui serait facilitée par une répression (punition) associée à une mauvaise réponse. Pratiquement, l'expérience comporte trois personnages :

  • un comédien qui est censé apprendre et recevoir une décharge électrique, de plus en plus forte, en cas d'erreur,
  • le véritable sujet qui dicte les mots à apprendre et envoie la décharge électrique en ignorant qu'elle est fausse et qui pense donc faire souffrir l'autre,
  • enfin un « docteur » censé représenter le côté officiel de l'expérience.

Au départ, l'apprenant récite quelques mots puis se trompe. Le véritable sujet lui envoie une décharge électrique faible. Au fur et à mesure, la décharge devient plus forte et le sujet apprenant finit par « se tordre de douleur » sur son siège. Le vrai sujet « implore » auprès du « docteur » l'arrêt de l'expérience. Celui-ci, évidemment, lui demande de continuer : c'est dans l'intérêt de la science et c'est dans le cadre d'un hôpital. Le fin mot de l'histoire : jusqu'où le vrai sujet (qui a la perception de faire mal à l'autre) va aller avant de refuser la soumission à l'autorité ? Fascinant et inquiétant...

Résultats

Cette expérience mesure les limites de l'obéissance à l'autorité. Les résultats étonnants de l'expérience montrent que l'absence de sens critique face à l'autorité empêche l'individu de réagir de manière consciente et volontaire en lui désobéissant, comme ce devrait normalement être le cas quand l'ordre intimé est injuste.

L'expérience est renouvelée un grand nombre de fois en faisant varier les paramètres :

  • Éloignement : Le sujet et l'acteur sont placés à des distances variables. Dans le cas de plus grande proximité, les sujets sont face à face et l'acteur supplicié doit volontairement maintenir sa main sur une plaque pour recevoir la fausse décharge. À l'inverse, dans le cas où la distance est plus grande, le sujet ne communique avec l'acteur placé dans une autre pièce que par un système de voyants lumineux. Plus le sujet est lointain, plus l'obéissance est importante.
  • Nervosité : Au fur et à mesure que les sujets infligent des punitions de plus en plus importante, ils montrent des signes d'inconfort et d'angoisse de plus en plus grand jusqu'à leur limite où ils craquent. Certains individus ont appliqué la règle jusqu'au bout sans être troublés, délivrant des décharges jusqu'à la fin du questionnaire alors que l'acteur, invisible au cobaye dans ce cas précis, avait cessé de répondre depuis longtemps. À l'inverse, une femme allemande ayant appris, selon ses propres explications, de son expérience de la Seconde Guerre mondiale à suivre son libre arbitre, refuse de poursuivre l'expérience à partir d'une limite sans montrer le moindre signe d'angoisse.
  • Danger de mort : Dans un certain nombre d'expériences, l'acteur prétend avoir des problèmes de cœur et se sentir très mal au fur et à mesure que les décharges augmentent. Les sujets désobéissent plus rapidement, sauf le cas cité précédemmment qui continue à administrer des décharges à un sujet silencieux.
  • Figure d'autorité : Les scientifiques jouent sur leur comportement et leur habillement pour accentuer leur autorité. Le port de la blouse par exemple a un effet important sur les sujets qui désobéissent moins.

Exploitation

Milgram affirme non seulement que les structures sociales sur lesquelles se fonde le fascisme n'ont pas disparu, mais qu'elles se sont modernisées, gagnant ainsi en efficacité. Il en conclut que l'exercice du libre arbitre est non seulement indispensable sur le plan intellectuel mais qu'il est salutaire dans les faits.

65% des sujets ont été au bout de l'expérience, "administrant" 450 volts à "l'élève". Stanley Milgram a qualifié à l'époque ces résultats "d'inattendus et inquiétants". L'expérience a été reproduite dans de nombreux pays avec des résultats analogues. Hommes et femmes se comportent de manière similaire.

Un point rassurant de l'étude de Milgram est que 10% à 15% de la population semble rebelle à toute forme de pression psychologique, quelle que soit son intensité. Ce même pourcentage avait été observé lors des lavages de cerveau pendant la Guerre de Corée. Les partis politiques comptant entre 5% et 20% de sympathisants (Front National, Lutte ouvrière...) arguent volontiers de ce résultat en présentant leurs sympathisants comme « non conditionnés par les idées ambiantes ». On peut supposer que l'argument serait vite oublié si ces mêmes partis atteignaient les 40% et que leurs idées devenaient les idées ambiantes.

Dans les sociétés industrielles contemporaines, l'accroissement de la population et le progrès technique se traduisent par une perte de sens critique de l'individu qui fait que ces sociétés remplissent toutes les conditions posées à l'exercice du pouvoir autoritaire : « En mettant à la portée de l'homme des moyens d'agression et de destruction qui peuvent être utilisés à une certaine distance de la victime, sans besoin de la voir ni de souffrir l'impact de ses réactions, la technologie moderne a créé une distanciation qui tend à affaiblir des mécanismes d'inhibition dans l'exercice de l'agression et de la violence ».

Georges Bernanos avait déjà fait remarquer en son temps qu' « un soudard pouvait jadis tuer une femme, dix, vingt, sans état d'âme. Mais cent. Mais mille ? La lassitude, à défaut d'écœurement l'aurait empêché de continuer. De nos jours, le pilote d'un bombardier peut déclencher la mort de cent mille personnes par un geste aussi peu chargé émotionnellement que celui consistant à boire une tasse de thé ».

Les sujets sont réduits à la simple condition d'agents, état dans lequel l'individu cesse de se voir comme responsable de ses actions et se considère comme un simple instrument à travers lequel une instance supérieure réalise son plan. On comprend dès lors pourquoi le comportement du sujet se voit si aisément contraint par l'autorité. Dès sa naissance, l'enfant est fortement socialisé selon le principe d'obéissance, à l'école, dans la famille, au service militaire et jusque dans l'entreprise.

Milgram précise à cet égard que « la propension à la désobéissance est d'autant plus grande que le niveau d'instruction augmente ; elle est plus forte chez les médecins, les avocats et les professeurs que chez les techniciens et les ingénieurs ; de même, elle est plus forte chez les protestants et les juifs que chez les catholiques. »

Une autre variante importante dans « l'obéissance acritique » s'est révélée être l'influence du groupe. Ainsi, quand la responsabilité est partagée, elle semble être diluée.

Enfin, selon Milgram, il y a lieu d'ajouter un dernier facteur, l'influence décisive du système industriel, y compris capitaliste - point où il rejoint aussi Bernanos. Les sociétés doivent actuellement faire face à l'alternative suivante :

  • encourager le sens critique de manière à rendre possible une désobéissance consciente et volontaire, avec évidemment les inconvénients que cela représente (revendications sociales plus souvent avancées),
  • ou éduquer a minima des individus qui seront certes formés à bon marché, mais soumis et obéissant à n'importe quel pouvoir à venir, aussi peu éthique soit-il. Ce second futur était pressenti comme presque inévitable par Ernest Renan, qui d'ailleurs le déplorait fortement.

C'est ce que craignent aussi des responsables de l'économie capitaliste aujourd'hui, comme Bill Gates qui décrivait récemment, devant un parterre de Gouverneurs d'Etats américains, les dangers d'un système éducatif nord-américain « obsolète » : dès le 19ème siècle, il était évident que l'école secondaire américaine ne pouvait pas offrir un enseignement de qualité à tous :

  • il fallait préparer une élite à l'université ;
  • il fallait empêcher les autres élèves de traîner dans les rues tant qu'ils n'avaient pas l'âge de travailler aux champs ou à l'usine.

Or ce type d'emploi est en situation de raréfaction aujourd'hui, mais l'école ne s'est pas pour autant adaptée dans les sociétés occidentales dites « modernes ».

Voir aussi

  • La soumission à l'autorité, ISBN 2702104576

Liens externes

Source : Wikipedia